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Diane Groseille
13 septembre 2008

It's raining outside.


Tasse de thé et gouttes de pluie. Plusieurs semaines déjà ont filé. J'ai aimé les retrouvailles avec mes étudiants. Je les retrouve comme si je ne les avais jamais quittés. Tous pareils et pourtant si différents. Cette année encore je me retrouve face à l'évidence : c'est mon métier. Et les projets de toujours attendront encore. Ça a plus de formes, de précision et de contours que ça n'en a jamais eu. Je sais où je vais, ce que je veux pour eux et je me montre plus exigeante et rigoureuse que jamais. La façon dont ils vont me percevoir a moins d'impact encore et elle n'en avait jamais eu beaucoup. Et paradoxalement, alors que je leur en fais baver toute l'année pour l'obtention de cet examen, ils me remercient. J'aime leurs sourires, leurs envies, leur motivation de mois de septembre qui va s'envoler comme les feuilles des arbres.

Ce matin encore trop de pluie. On avait osé espérer un été indien, un sursis, des week-ends de randonnée dans les Vosges. On se retrouve cloîtré avec un travail assommant et des idées plein la tête. Je pense au marché qui se tient sur la place en bas de chez moi et que je n'ai aucune envie d'aller fréquenter ce matin. J'imagine ces pauvres gens sous leurs abris, se frottant les mains pour se réchauffer. Je vais travailler toute la journée, comme hier. Hier, c'était pour avancer dans mes propositions de cours, histoire de ne pas me retrouver coincée dans l'année. Aujourd'hui, je corrige un mémoire professionnel d'une quarantaine de pages qui va me demander quelques bonnes heures de réflexion.

Heureusement, il n'y a pas que le travail. J'écris beaucoup et je lis toujours autant. J'ai retrouvé la Sylvie Testud de mes vacances alpines. Elle est parmi les seules à me faire rire les derniers temps. Je ne dis pas "sourire", je dis bien "rire". Un rire de lecture, voilà un moment exceptionnel !

Puis je mincis, encore. Je ne pensais pas que ce serait aussi efficace sur mon mental. Voilà quelques mois que je ne me sentais vraiment plus à l'aise. Je n'avais jamais eu le courage de faire des efforts, donnant trop d'importance à la place de la nourriture dans ma vie. : une récompense, une douceur, un plaisir... J'aime tant cuisiner et manger ! Puis finalement, c'est facile et très positif comme expérience. Je mange moins et mieux. Je me fais toujours plaisir en cuisinant. Et je me sens vraiment mieux dans ma peau. Mon objectif est de "récupérer" ma silhouette d'il y a quelques années, celle qui me permettait de mettre ce levi's que je garde dans mon placard depuis, comme un défi personnel. Je me réjouis à l'idée de courir de nouveau, d'aller à la piscine et de retrouver cette satisfaction et ces ondes positives...

tomates_cerise

Et le petit jardin de balcon est plus beau que jamais, même sous la pluie....


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1 septembre 2008

Fragile.

Cette nuit, le ciel est tombé sur notre toit, en gros grondements colériques et en menaces lumineuses. J'ai observé tout cela sous ma couette, bien blottie, à l'abri. Ce matin au réveil, mon balcon-jardin est lavé de toute la poussière des jours trop chauds, les plantes rayonnent et ça sent la rentrée...

Aujourd'hui justement, c'est la pré-rentrée de ceux qui suivent le calendrier de l'éducation nationale. Naturellement, j'ai le cœur un peu serré pour ma petite sœur qui se jette dans l'arène, dans l'inconnu parce qu'on la pousse violemment dans le dos. On la pousse à la faute, à se retrouver à mal faire son travail. C'est normal, ce n'est pas son travail. Et si elle n'y va pas, elle perd le bénéfice de son concours. Je repense à toutes ces fêtes de fins d'années auxquelles j'ai assisté : elle, resplendissante, les enfants, épanouis, le résultat d'une année de complicité, de progression, de courage, de travail. On lui enlève ça et on l'enferme dans un bureau, elle qui s'est battue pour en arriver là, qui n'a jamais moufté malgré les incohérences des décisions du rectorat. Je suis avec elle par la pensée depuis mon réveil.

De mon côté, je profite du temps qui ne m'est pas encore compté, je passe des heures à lire, à ronronner sous la couette. Pas de mauvaise conscience, je sais que c'est du luxe par rapport à ce qui va suivre : les journées chronométrées, les courses effrénées avec le temps et ses ruses sournoises. Je passe en ce moment du temps avec La Part de l'autre d'Éric Emmanuel Schmitt que je suis en train de finir, histoires torturées et parallèles, écriture fluide et évidente. Une pile de livres m'attend sagement sur ma table de chevet et je compte bien poursuivre cet élan estival qui m'a précipitée dans des univers nouveaux et surprenants... J'ai redécouvert cet été l'art de prendre mon temps, de ne plus le compter, de ne plus lui courir après. Le fait de ne plus avoir le jardin à joué en ma faveur, plus de culpabilité parce que ce qui est à faire n'est pas fait. J'avais les années passées ce besoin de "rentabiliser" mon été et je courais toujours après autre chose, envie de nouveauté, d'activités, de cumul, comme pour créer un album de souvenirs qui me permettait d'attaquer au mieux les mois gris. Tout cela pour arriver à la rentrée essoufflée. Et de toute façon, j'ai décidé que cette année, j'avais le temps ! Fini les bonnes résolutions en pagaille qui nous obligent au final à galoper et nous collent mauvaise conscience quand on les tient pas.  Elles viendront spontanément. Cette année, je respire !

On commence dès ce soir : nous retrouvons Coldplay. Quatrième concert pour moi. C'est comme de retrouver des bons copains, rien n'a été prévu, on est une bonne bande à se retrouver sur place, réjouissance !

gramines

25 août 2008

Sac d'école et nouveau cahier.

Je me disais que j'aurais le temps. Je me le dis encore d'ailleurs. Mais l'échéance est proche. Demain matin : rentrée des classes. Quelques heures me séparent encore des premiers mots écrasés sur le tableau.

Ce sera avec quelques élèves seulement. Je commence demain matin dans un nouvel établissement de ma ville. Je commence avec deux heures  de cours qui seront hebdomadaires et qui vont filer vite (j'ai l'habitude de tranches de quatre heures) Par contre, c'est un nouveau lieu, il y aura des nouveaux collègues, une nouvelle photocopieuse, de nouvelles habitudes à prendre... Puis demain après-midi, par contre, beaucoup plus sereinement,  je retrouverai mes marques, je vais faire ma troisième rentrée à Mulhouse. Là-bas, je fais presque partie des meubles. Je connais tout le monde y compris les élèves que j'ai déjà eu en première année.

Alors voilà comment se profile l'année : jonglerie entre les deux établissements. On rajoutera la-dessus les cours de théâtre dès octobre. Je garde bien sur mes quelques heures hebdomadaires avec Nicolas (les points ont été mis sur les i avant les vacances car il baissait les bras, je suis curieuse de voir quelle sera son attitude après un mois et demi de vacances). Peut-être quelques autres cours particuliers viendront se greffer dessus, mais je laisse les gens venir à moi, je ne veux pas reproduire le schéma de l'an passé et me retrouver avec des semaines puzzle impossibles à boucler. Il y aura sans doute quelques élèves très satisfaits de l'an passé (notamment de leurs notes au bac français) qui feront appel à moi ponctuellement. Par contre, plus de FLE, j'en ai trop sué avec cette boîte américaine qui me payait après quatre mails de rappel et en dollars s'il vous plait !

Alors on relance la machine. Avec cette certitude que ça ne durera pas comme ça, même si c'est plaisant et très avantageux. La vie de vacataire a ses inconvénients à long terme...  Je regarde en arrière ces quelques semaines de vacances. Depuis notre retour des Alpes, beaucoup de pluie, comme pour nous faciliter l'idée que les vacances s'achèvent. Nous avons malgré tout connu une semaine de bringue avec des amis venus de Grenoble : la collocation, les repas à pas d'heure, les fiestas, les abus... Je sais que mon emploi du temps du mois de septembre est toujours light, les premières années n'arrivent qu'en octobre, j'ai donc encore de belles journées devant moi...

aubure_de_loin

***

7 août 2008

Définitif.

De retour, après trois semaines de vadrouille. J'arrive chez moi cette nuit comme une invitée. Rien n'a bougé malgré notre locataire apprenti jardinier estival. Pourtant la maison semble changée, plus grande, comme ailleurs. Le courrier est empilé sur le meuble de l'entrée, des journaux, des enveloppes qui me rappellent à ma réalité, la rentrée dans une vingtaine de jours qui va me projeter dans dix mois d'une nouvelle course : je sais qu'elle sera plus sereine cette année. Déjà des réunions en vue, un planning, des épreuves blanches à prévoir... Des idées ont trotté dans ma tête, des envies, des nouveaux projets de mots, de partage. Je pense que pour tous les profs, les bonnes résolutions se prennent à la rentrée et non le 1er janvier. Décalage temporel.

  • Des centaines de photos à trier et à traiter.
  • Paperasse à régler.
  • Jardin de balcon à rafraichir.
  • Prendre soin de moi, je ressemble à une vagabonde tannée par le soleil.
  • Voiture à poser au garage pour ce fameux voyant qui a stressé nos vacances.
  • Petit colis surprise à concocter pour frère et sœur si loin vers l'Océan.
  • Préparer la semaine qui vient : du monde tout le temps, des potes, de la famille.
  • Peindre le mur de la chambre d'amis en bleu lavande.
  • Vider le garage.
  • S'appropier un nouveau moleskine.
  • Mettre en place un atelier d'écriture virtuel pour les déçus de l'automne dernier que je n'ai pas pu suivre faute de temps...
  • Piscine, marchés, rando, restau, bistrot, le temps encore.

20 juillet 2008

Ne plus s'appeler Madame.

Blottie sous la couette, dans une chambre sombre et fraîche, volets mi-clos, à six cents kilomètres de chez moi, en fin d'après-midi : ça ne ressemble pas à des vacances et pourtant, qu'est ce que c'est bon ! Je n'en demandais pas plus. Dehors, d'impressionnants coups de tonnerre se succèdent depuis des heures, nous cloitrant à l'intérieur, comme des menaces pour tous ceux qui auraient voulu s'aventurer au dehors, grondements sourds qui prennent de la puissance sur les pentes des montagnes environnantes. Les projets de balade se sont évanouis dès midi. Par moment, des trombes d'eau bruyantes viennent rincer et écraser la nature, je les entends par la fenêtre ouverte, comme un souffle, et les rigoles des murmures se formant derrière lui, je laisse rentrer les courants d'air frais de l'été. C'est comme une journée de pause où toute fainéantise est autorisée. Tout doux d'être à l'abri, de savoir que demain le soleil reviendra, avec lui la chaleur des jours passés. J'observe Lucien roulé en boule dans son panier au pied du lit, sa présence me fait du bien. Je lis beaucoup depuis notre arrivée ici. J'ai dévoré hier en quelques heures le livre de Laurence Tardieu Puisque rien ne dure, et j'ai attaqué ce matin dans un prolongement de grasse matinée le merveilleux Gamines de Sylvie Testud. J'ai ri, seule dans mon lit, grâce à ses mots, et ça fait du bien. D'autres petits livres de poches piqués au hasard sur un présentoir d'un magasin grenoblois m'attendent sur ma table de chevet. Parfois, au détour de quelques lignes, je m'endors, pour me réveiller plus tard, sans importance accordée au temps. Descendre dans la cuisine, y boire deux gorgées d'eau, regarder la pluie dessiner des arabesques sur la surface de l'eau de la piscine, manger un abricot en pensant à autre chose, assise sur les marches en pierre de l'escalier. En oublier tout le travail de l'année, les urgences, les échéances, les formalités, les convenances.

Nous sommes chez les parents de Neb, comme depuis quatre ans, nous venons y passer une semaine au moins. Du temps pour lui avec sa famille. Mais cette année, sans doute n'allons nous pas rester trop longtemps. Depuis notre arrivée, notre présence semble plus gênante, pesante. Il y a comme un malaise. Ces conversations qui s'arrêtent net lorsqu'on rentre dans une pièce, les traits tirés de sa mère, son rapport si particulier à la nourriture qui nous culpabilise en permanence, une angoisse sourde que nous ne comprenons pas, des gestes brusques entre eux. Alors on rase les murs, on se fait discret, on s'éclipse dès que possible vers d'autres lieux, on fait en sorte d'alléger le poids de notre présence en rendant service, le plus possible... Et on prépare déjà les jours qui suivront plus loin encore, plus au Sud, plus libres. En espérant que le temps sera plus clément, parce que ce qui peut être drôle ici le sera sans doute moins sous une toile de tente.

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3 juillet 2008

Andiamo !



Mes plantes sur le balcon sont agacées par toute cette pluie, de grosses gouttes brutales viennent bousculer leurs feuillages. Je me réveille à peine après une nuit trop longue, mes yeux sont encore tout gonflés de sommeil et de rêve. Préparation d'une tasse de thé, étirements de chat, Lucien tourne en rond pour me faire savoir son envie d'aller se balader mais une averse au dehors nous oblige à attendre. Coup de tonnerre. La fraîcheur monte de la rivière, ça nous change de la moiteur des derniers jours. J'aime les orages du matin qui isolent tout de suite la journée dans une espèce de parenthèse originale. Je vais sans doute rester ici, obligation de me retrancher dans mes appartements. Beaucoup de choses à y faire : ranger et nettoyer, cuisiner (quelques recettes en attentes), trier mon linge (beaucoup de choses qui prennent de la place et que je compte donner), traiter quelques photos, et surtout préparer nos affaires pour ce week-end...

Deux concerts de Radiohead en deux jours. Le timing est serré puisque ça se fait à 24 heures d'intervalle, et bien entendu à quelques heures de route. Puis il nous faudra être de retour pour lundi soir. C'est donc un joyeux périple qui nous attend. Histoire de ne pas compliquer les choses, nous avons ciblé deux hébergements confortables, dont un camping avec piscine. pour la deuxième nuit Je croise les doigts pour que les orages du moment ne se poursuivent pas ce week-end. Le départ à trois pour la Belgique est prévu samedi matin très tôt, les derniers détails se sont précisés cette semaine. Nous avons notamment regardé de plus prêt les horaires des autres groupes pour savoir ce qu'il nous sera permis de voir. Nous ne voulons pas prendre le risque de ne pas être aux premières loges. J'ai révisé les setlists des précédents concerts donnés en France (Nîmes et Paris), préparé tous leurs disques dans une petite pochette, et je m'imprègne de leur univers en écoutant encore et encore les nombreux albums. Je fais  dans ma tête ma setlist idéale qui est différente chaque jour depuis des semaines.  Il nous reste quelques courses à faire pour "les vivres" et ensuite, il nous suffit d'attendre. La pression monte. Déjà je vois des notes de couleurs et des éclats de musique.

Cet après-mi', un entretien d'embauche pour un complément d'emploi du temps dans ma ville. Plus de cours cette semaine. Plus que deux demi-journées de boulot la semaine prochaine. Je suis déjà en vacances mentales. Il reste bien ces deux paquets de copies sur un coin de commode qui pourraient me contrarier, mais même elles ont du mal. C'est sans doute cette période la meilleure, les plus longues journées de l'année, les vacances n'ont pas encore vraiment débuté, le petit compte à rebours n'est pas encore déclenché, et pourtant, déjà toute cette insouciance.

eglise_saint_joseph

P.S. : Une pensée particulièrement émue pour Ingrid.

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24 juin 2008

Sinistre matinée.

8h42. Debout depuis 5h30. Derrière moi, déjà une douche froide, un rangement de cuisine, un ravalement de façade (ma tronche à cause de l'heure à laquelle je me suis couchée), cinquante kilomètres vers le Sud, une bonne centaine de bâillements, une vingtaine de minutes dans les bouchons à cause des travaux sur le pont, des bises à gauche à droite, en pilote automatique, deux tasses de thé et de l'impatience. Je savais que ce n'était pas la peine. Je suis assise dans ma salle de classe depuis huit heures et mes élèves ne sont pas là. J'attends, mais je sais pertinemment qu'ils ne viendront pas. Ils sont peu nombreux et voilà des mois qu'ils se démotivent les uns les autres. Et moi, je suis là et j'attends. Orage dans l'air, au propre comme au figuré.

Quelques souvenirs de la soirée d'hier, comme des éclats de lumière : anniversaire de Mat', il a trop bu, on a ri et parlé trop fort, sur la terrasse d'un restaurant de l'autre côté de la frontière. Et j'ai souris en pensant à ce cher Mat' qui est toujours le premier à se plaindre de l'attitude hautaine des touristes étrangers sur la terrasse de son café. Je l'aime beaucoup, il occupe une place importante dans nos vies. Il va d'ailleurs s'installer chez nous pendant que nous serons en vadrouille. Il aura la responsabilité des plantes et un appartement de célibataire pendant plusieurs semaines.

Notre départ est d'ailleurs prévu pour mi-juillet, une fois que les quelques festivals et festivités prévus seront derrière nous. Nous partons à l'aventure, sans destination définie, sans doute vers les endroits désertés par les masses, ce sera  d'ailleurs peut-être le seul objectif. Je rêve de rivières aux vasques vertes, de petits marchés noyés de soleil et saturés de parfums sucrés-salés, de sous bois silencieux pour y faire des siestes, de randonnées dans l'immensité qui coupe le souffle. Ensemble de clichés, mais j'ai envie de simplicité. J'ai besoin de solitude, de me débarrasser des convenances et des regards qui me pèsent toute l'année. En position "exposition" pendant trop longtemps. Et Neb et moi avons besoin de cette parenthèse : quelques semaines loin de tout, loin du "nous" de l'année, pour nous retrouver.  Il y a beaucoup de choses à dire, tant de choses à faire et finalement, si peu.

9h04. Je suis fatiguée. J'ai juste envie de me rouler en boule et de dormir. Je vais profiter de ces heures creuses pour mettre à plat les quelques projets d'écriture qui me chatouillent depuis des semaines.


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6 juin 2008

Pourtant soulagée.

Finalement, pas de jardin pour cet été. Une semaine de tracasseries, d'angoisses, à nous demander si notre tyran de proprio allait faire preuve de générosité et quelles en seraient les conditions. Il a fini, après une longue attente, par nous fixer rendez-vous sur place sans rien préciser de sa décision. L'idée d'aller là-bas nous faire taper sur les doigts et nous faire coller le nez dans ce que les voisins considèrent comme de la merde nous a fortement déplu. L'idée même que ce soit ces mêmes voisins qui sont à l'origine de tout cela et que nous donner ainsi en spectacle serait pour eux pure satisfaction m'a dégoutée. Puis ça ne faisait pas partie du contrat au départ alors nous refusons ce cumul de pression "si vous ne faites pas mieux vous dégagez". J'ai trouvé malsaine l'idée de continuer à déambuler là-bas sous l'œil critique, hypocrite et cafteur des deux vieux. Nous n'avons pas voulu céder à ce chantage. Alors nous avons simplement envoyé un recommandé avec accusé de réception pour signaler que nous résilions le bail. Nous avons simplement devancé sa décision, qui nous avait été annoncée par mail sans précision de date, pour ne pas être dépendants de lui. Cette situation ne devait pas durer comme ça. Il est ainsi pris à son propre piège (il va devoir trouver au plus vite quelqu'un qui pourra s'en occuper et qui aura fait de hautes études de jardinage puisque la barre est fixée très haut) et nous sommes libérés de cette contrainte. Il nous reste moins d'un mois pour récupérer les outils, le barbecue, la pompe et quelques légumes qui vont venir nous rejoindre sur le balcon (pieds de tomates, de poivron, fraises, courgettes et melons, quelques herbes aromatiques et quelques fleurs).

Et ce qui me semblait bien triste au départ est au final une idée agréable. Nous allons pouvoir être plus libres cet été, partir sans rendre de comptes, sans trouver de volontaire pour pomper et arroser tous nos légumes. L'appartement sera sans doute laissé pendant nos vagabondages à un ami qui pourra ainsi s'occuper de nos "légumes de balcon" et profiter de la proximité du centre ville.  Nous étions l'autre jour en montagne, profitant de quelques rares rayons de soleil et nous avons déjeuné sur le bord d'une rivière étincelante. Lucius s'est baigné, petite torpille. Nous avons trainé dans les herbes hautes, nous avons trotté sur les petits sentiers parfumés et je n'ai cessé de me dire que le vert était là, que c'était ça la nature que je voulais sentir et pas ce jardin qu'on nous impose net et traité chimiquement. Toute une farandole d'idées de détours et de vagabondages danse dans ma tête : la Savoie bien sur, mais aussi la Bretagne et la Normandie qui m'ont mis l'eau à la bouche cet hiver, et en vrais baroudeurs, pour avoir les doigts de pieds dans l'herbe dès le matin.

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29 mai 2008

Mardi soir.

Je sors d'un conseil de classe et d'une bonne poignée d'heures de cours. Je me rends à mon atelier de théâtre, souffle de ma journée, de ma semaine. La ville est lourde, moite. J'ai attaché mes cheveux qui me collaient la peau. J'erre quelques minutes encore dans le quartier, j'aime cette ville, ma ville de jeune adulte, ma ville de huit ans, ses quartiers, sa vie, ses tensions, ses irrégularités. Je l'aime plus encore en été.

Je préfère arriver avant tout le monde, pour m'imprégner de la salle, cette immense bâtisse, ancienne église comme une grande dame, me reçoit à chaque fois comme une visiteuse particulière. Et j'aime savoir que moi et les autres, nous allons la faire vibrer deux heures durant. Ce soir là, le contraste est saisissant. La fraîcheur du dedans pince la peau. Je m'installe sur le coin de la scène, au sol, en tailleur. Je griffonne quelques éléments de structure du cours dans mon grand cahier rouge, ces mêmes éléments qui me trottent dans la tête depuis le matin, qui ont à chaque fois besoin de la journée pour s'organiser. Et je me réjouis à l'idée de ce dernier cours, de cette dernière joie avec eux, déjà un peu nostalgique, parce que même si cela reprend à la rentrée, ce ne sera jamais tout à fait pareil. Un resto est prévu juste après, parce que l'alchimie a opéré et que mon groupe est très soudé.

J. est la première à arriver. Elle s'installe sur le bord de la scène, nous échangeons quelques banalités à propos du temps et de je ne sais quels détails du quotidien. Puis arrive M., je l'avais croisé quelques minutes plus tôt, dans la rue, il m'avait dit tout ce stress qui avait rongé sa journée. Il s'installe près de moi, il sourit, il soupire. Je lui dis en plaisantant qu'il dégage de mauvaises ondes, qu'il doit respirer et se détendre, que le cours lui fera du bien. Il dit oui, qu'il attend ça depuis ce matin. Puis la fatigue semble le submerger. Il bascule en arrière, ses bras semblent avoir du mal à le suivre. Sa nuque d'abord se crispe et tout son dos. Je crois à une mauvaise blague de la part de l'apprenti comédien mais je réalise vite que ce n'est pas drôle. Je m'approche de lui, me place au-dessus de son visage pour l'interpeler mais il reste silencieux malgré ses yeux grand ouverts qui semblent tourner seuls dans leurs orbites puis se figent, sans me voir. Sa gorge se noue pour laisser échapper un râle effrayant et au même moment ses doigts se vrillent. J'aimerais le bouger, le déplacer sur le côté pour le protéger, mais il est sur le bord d'une estrade et il tomberait au sol. Le moment ne dure que quelques secondes. Une absence paniquante qui paraît s'éterniser. Tout à coup, ses yeux me voient en même temps que son corps se détend, et il me demande juste combien de temps il est parti. Il est très pâle et en quelques secondes il se couvre de sueur. Il me dit se sentir tellement bien, comme s'il avait dormi. On lui donne de l'eau, on le questionne, mais il est ailleurs. Les autres participants arrivent au compte gouttes. Ils ne le voient pas forcément, réjouis par ce qui les attend. G. qui est très jeune arrive en beuglant à qui veut bien l'entendre un résumé de ses épreuves d'options bac passées la semaine précédente. M. reste silencieux prés de moi tandis que le groupe se forme. Il rentrera chez lui après m'avoir promis de m'envoyer un message rassurant à son arrivée. Et je commencerai mon cours, avec cette angoisse sourde et lourde qui aura besoin d'une bonne demi-heure pour quitter mon corps.

***

16 mai 2008

Le temps ralentit, me laisse des moments à moi,

Le temps ralentit, me laisse des moments à moi, des grasses matinées, des siestes dans le hamac sous le pommier, de la lecture... Les éclats de lumière se déplacent sur ma peau.

Mes week-ends sont plus longs que mes semaines, les cours qui me restent sont des plus agréables, même si l'ambiance dans mon centre de formation est tendue : la lettre envoyée à mon directeur a été transmise à l'équipe administrative sans que je ne le sache. Je découvre le talent caché de manageur de mon directeur, qui a fait preuve sur ce coup de beaucoup de tact !  Autant dire que je ne me suis pas fait des amis. Au moins, j'ai dit ce que j'avais à dire (contrairement à ceux qui distillent leur venin en douce en salle des profs) et cela semble avoir déjà des répercussions positives (retour de la communication, réunions pédagogiques enfin constructives...)

Mes étudiants ont passé jeudi après-midi leur examen et je suis soulagée car le sujet évalué avait été largement traité. Quelques retours positifs déjà de leur part... En cette fin d'année, la question du futur tourne en boucle. Vais-je rester dans cet établissement qui, pour le moment, a une réputation aussi lamentable que celle d'une maison de passe, à raison d'un plein à 72 euros par semaine (et c'est que le début !)... Ou vais-je à nouveau prendre un nouveau départ ? Rencontrer de nouveaux collègues, les règles d'un nouvel établissement où il faut se faire sa petite place.

Puis il y ces journées où l'on oublie, ça devient secondaire, les graines deviennent verdure, les fêtes de famille se succèdent, le soleil dore les épaules et les genoux, la lumière s'installe sur les journées. Il y a de beaux projets en vue : nos deux concerts de Radiohead approchent à grands pas, je ne compte pas les jours, mais les notes viennent me rappeler au quotidien que tout va aller très vite. Puis il y aura un séjour parisien un peu plus tard... Dans l'immédiat, une sieste, une balade en ville et un tour des musées de la ville plus tard... Enfin prendre le temps à nouveau.

***

aneth

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