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Diane Groseille
11 janvier 2012

Ça s'en va et ça revient.

Huit heures, pointe le jour. Impressions printanières. Dans l'aigu du chant des oiseaux, dans la douceur de l'air.

***

La facilité de retour. Et moi qui ne saisis toujours pas ces va-et-vient d'humeur. Perrpétuelles inconstances.

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11 janvier 2012

Un banc.

Petit texte datant de juin 2011, mis en ligne aujourd'hui seulement.

"La semaine dernière, assise en plein soleil, de traviole, un pied sous les fesses, un livre d'Annie Ernaux à la main, je savoure un moment d'attente. Je constate alors que ces journées que je perçois souvent comme étant chargées ne sont qu'une succession de moments d'attente et que si l'on devait mettre bout à bout les vrais moments d'efficacité, on pourrait réduire la journée de moitié. J'attends ce jour là mes amis d'impro, devant la salle de théâtre. J'observe des scènes amusantes.

Cette petite fille d'abord qui arrive dans l'allée. Du haut de ses sept ou huit ans, le bidon en avant, elle beugle "Célia". Son cri qui se veut grave reste sans réponse ce qui de toute évidence l'agace fortement. Mais elle prend un air détaché, se baisse pour faire son lacet, se relève, crie encore une fois, crache par terre comme un vieux et part à la rencontre de la sourde avec une démarche de cow-boy.

Plus tard, quelques minutes à peine, une femme passe. Elle traîne un petit caba à roulettes derrière elle et semble chercher au sol quelque chose qu'elle a perdu. Elle me fait penser à Lu, la truffe basse, qui ne sait pas où il va.

Petit groupe d'enfants équipés d'énormes sacs d'écoles, comme des papillons qui se bousculent, ils entrechoquent leurs ailes et elurs cris.

Deux femmes voilées marchent lentement en s'appuyant sur deux poussettes, se parlant sans vraiment s'écouter. Sont dessinés sur leurs visages les soucis du quotidien, la fatigue et la lassitude.

 Mes amis arrivent, souriants, au compte-goutte, avec l'énergie et l'envie de partager ces deux heures que nous construisons chaque semaine ensemble, laissant nos préoccupations derrière nous le temps de rire et d'improviser."

***

 

11 janvier 2012

Géographie de l'enfance.

L'image la plus forte correspond à celle de la façade de la maison des voisins, le matin tôt, un jour d'été. Elle est alors encore plongée dans l'obscurité et je sais dire exactement à quelle sensation ça correspond. Je suis obligée de passer devant cette maison qui cache le soleil le matin, notamment pour aller chercher le pain à la boulangerie, pendant les grandes vacances. Et ce tronçon de rue que je traverse alors a conservé la fraîcheur de l'aurore et fait même un peu frissonner les jambes nues.

Certains lieux de mon enfance ont, je pense, à l'image de ce mur couvert de lierre, construit mon orientation, ma perception de l’espace d'adulte.

Plus tôt encore, alors que j'étais bébé, j'étais gardée dans une maison perdue au milieu de champs de maïs. Ces mêmes champs reviennent souvent jouer les décors de mes rêves. Jaunes, à perte de vue, dégageant une chaleur noyée de soleil.

Je me souviens de ce restaurant de fruits de mer, en Vendée. Ambiance un peu glauque, grandes baies vitrées donnant sur l'océan gris, déco kitsch. Avant de voir la mer, en regardant dehors, c'est un long parking que l'on voyait. Tout autour, de petites maisons identiques en construction sortaient de terre comme des champignons. Dans la même région, je me souviens de cette petite maison en brique construite comme des dizaines d'autres, qui nous a accueillis, moi et ma famille, quelques années de suite. Des amis de mes parents, propriétaires de ce petit logement avec mini terrasse et mezzanine, nous prêtaient les clés du paradis quelques jours en été. En ouvrant la porte-fenêtre, nous arrivions sur un petit chemin de gravier qui menait au camping municipal. Et tous les soirs, une musique forte nous rappelait à quel point les gens s'y amusaient. 

Mon collège aussi, grand bâtiment pour une toute jeune fille, fut le lieu de toutes les angoisses, matérialisées par de longs couloirs sans fenêtres, par des escaliers interdits à certaines heures, par des salles de classes définies par des codes couleurs, par des temples réservés aux adultes qui semblaient les protéger de nous. Je me souviens du terrain de basket en contre-bas qui nous accueillait sur les derniers jours avant les grandes vacances, des salles de langues isolées dans un autre bâtiment, de la cantine carrelée, bruyante et froide. De cette toute petite salle magique au fond d'un couloir dans laquelle nous nous rendions exceptionnellement pour y regarder un film, privilège des vacances qui approchent. Ce bâtiment qui changeait de visage au fil des saisons a recueilli mes sensations d'adolescente en ses murs.

Aujourd'hui, mon regard est attiré par ces souvenirs d'enfant. Les photos que je prends cherchent parfois à reconstruire ces souvenirs gravés quelque part, qui ne restent qu'à l'état de mémoire friable. La lumière a souvent joué un rôle majeur dans la perception de ces espaces.

6 janvier 2012

Bouclettes noires.

Je traverse une vie faites de cycles, de recommencements, de progression et de régression, de noir et de blanc. Est-ce récent, ou suis-je simplement en mesure de l'observer depuis peu ?

Trois semaines de doutes et d'angoisses, de "plus envie", de confiance en soi à zéro. Trois semaines à ne plus supporter le regard des autres, à redouter le moindre dialogue, à sursauter à l'arrivée de quelqu'un.

Tombée dans un trou, j'ai à nouveau regardé les autres d'en-dessous, toute petite et faible, avec cette impression qu'on pouvait m'écraser à chaque instant les doigts, le corps, le coeur.

Puis un matin, se réveiller, s'étirer et trouver tout ça si facile à nouveau.

J'observe les boucles, ces lignes de vie qui me mènent inlassablement, ponctuellement et sans raison vers ces périodes de peur. Peur des autres et de soi-même. Peur de ne plus savoir remonter la pente à chaque fois. Pourtant je le sais maintenant, que ce n'est que passager. Mais le doute s'installe à chaque fois.

Depuis hier matin, je vais mieux à nouveau. Mais j'ai traversé le tempête. Celle qui me ramène toujours un peu vers mon été 2009, vers le gouffre.

 

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Diane Groseille
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