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Diane Groseille
24 septembre 2014

La fin du journal.

J'ai fait une rentrée exceptionnelle. De très bonnes classes, un emploi du temps qui se goupille bien et une ambiance de travail détendue. J'ai pris un rythme très appréciable, je me sens motivée dans beaucoup de domaines : l'écriture, le sport, la vie associative, la culture. Je relis par hasard hier mes inquiétudes laissées ici les mois passés et elles me semblent gommées, comme par magie...

Il y a quelques jours, en travaillant avec une de mes classes préférées, je retombe sur ces quelques lignes du Journal d'Anne Frank, les dernières...

"Je ne supporte pas longtemps qu’on fasse à tel point attention à moi, je deviens d’abord hargneuse, puis triste et finalement je me retourne le coeur, je tourne le mauvais côté vers l’extérieur, et le bon vers l’intérieur, et ne cesse de chercher un moyen de devenir comme j’aimerais tant être et comme je pourrais être, si... personne d’autre ne vivait sur terre."

enfant-course

Et je reconnais sous ces mots si justes (si pertinents pour une enfant de treize ans) la méfiance et la douleur qui m'animaient il y a quelques mois encore. "Si personne d'autre ne vivait sur terre". J'avoue avoir souvent silencieusement, pour moi même, évoqué cette idée. Presque honteusement, je me suis imaginé quelle serait mon attitude si je n'avais à composer avec le regard de l'autre, avec tous ces codes, toutes ces règles, avec cette peur constante du jugement. Aujourd'hui, peut-être ponctuellement seulement, je me sens plus forte. Et je suis justement à l'aise avec l'idée de tous ces autres qui vivent et gravitent autour de moi. Réconciliée avec mon image, mon estime de moi...

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23 septembre 2014

Chronique de la violence ordinaire.

Un fait divers "ordinaire" : quatre adolescentes en agressent une cinquième dans un parc à Nancy. Elles ont si peu de jugeote qu'elles partagent la vidéo sur laquelle on les identifie clairement, fières et souriantes. Traînée de poudre : elles sont mises en garde à vue et les réseaux sociaux s'enflamment.

***

Début des années 90. La fin d'une année scolaire, du soleil, un banc qui surplombe ma verte vallée. Dans mon dos, mon collège que je viens de quitter plus tôt que prévu car un prof est absent. J'ai onze ou douze ans. Mes amies viennent de partir, leurs parents ont pu les chercher. Je crois que j'attends ma mère, ou le bus ou les grandes vacances, ou l'amour. Insouciance, mon univers est encore celui où tout le monde est gentil, où la méchanceté gratuite n'existe pas, où mes codes moraux correspondent à ceux dictés par Charles Ingalls. Puis l'incident. Trois filles arrivent. Elles doivent avoir treize ou quatorze ans mais je les perçois alors comme des références. Elles me parlent de mon regard, de mon insolence. Et de ce banc sur lequel je suis assise et qui est le leur. Ça me parait crédible. Je me lève, je m'excuse, je ne savais pas. Je me sens toute petite et toute merdeuse. L'une d'elle me bouscule, elle me demande si j'ai peur. Bien sur, j'ai peur. Elle me demande si j'ai du fric ou des clopes. Elle veut vérifier dans mon sac. Elle me dit de ne pas la regarder. Puis elle crie "mais regarde moi quand je te parle". Toutes rient et se moquent de moi. Une autre m'approche et me gifle. Je me souviens être surprise car ça ne fait pas ce bruit net et clair que l'on entend dans les films. C'est une claque molle, silencieuse mais douloureuse qui résonne pourtant dans mon oreille. Elle est ratée, au cinéma on aurait sans doute refait la prise. Pourtant elle est efficace : je me sens humiliée, écrasée. Jusqu'à ce jour, personne n'avait touché ainsi mon visage. Elles finissent par partir, me laissant sonnée, engourdie de honte et d'incompréhension.

Je rentre chez moi, je ne me souviens plus comment. J'ai honte, mais j'en parle à mes parents. Ils sont en colère et je ressens alors une culpabilité. Comme si ma faute avait été de me laisser faire. Je ne sais plus quelles furent les suites de l'histoire. J'imagine que ma mère-poule en a parlé au principal et qu'elle m'a ensuite conseillé de rester accompagnée. Je me souviens surtout que mes parents ont tout fait pour que la situation ne vire pas au drame, me faisant comprendre que ce n'était pas très grave, que ça pouvait arriver, qu'il fallait que j'apprenne à ne pas me laisser faire.

Au début des années 90, y'avait pas de facebook, pas de twitter, pas d'articles en ligne. J'ai grandi sans "revoir" ces images, elles ne persistent que dans ma mémoire, je suis la seule à les avoir vues et je ne les ai donc pas lues dans les yeux de tous ceux que j'ai croisés ensuite. L'anecdote, certes douloureuse, s'est limité aux cercles des personnes concernées et la blessure s'est refermée. Ce souvenir est aujourd'hui inscrit en moi, mais je ne l'assimile pas à un traumatisme, je dirais même qu'il m'a permis de me construire, de me méfier, de comprendre que le monde des bisounours n'était bon que pour la télé.

***

Aujourd'hui, je me sens mal en lisant un article sur le sujet et en visionnant malgré moi la vidéo qui l'accompagne. Non pas que ça ravive de mauvais souvenirs, mais je me sens un peu sale, je pense que ça ne me regarde pas, je n'apporte aucun soutien à cette jeune fille triste en apprenant ce qu'elle a vécu et en visionnant sa détresse, comme un passant qui ne ferait rien. Je ne me reconnais pas dans ce "pseudo soutien" qui semble s'organiser inutilement et j'imagine que ce que souhaite cette frêle jeune fille blonde est simplement qu'on efface toute trace de cet épisode. Un droit à l'oubli. Et je suis écoeurée de voir ce déchaînement de violence et cette surenchère de haine dans les commentaires qui suivent l'article. On parle de rétablir la peine de mort, de raser le crâne de la coupable en place publique ou de la pendre, on mobilise les foules pour aller lui régler son compte chez elle, on l'insulte, la traite de grosse vache, de grosse truie (qu'est-ce que sa silhouette vient faire là-dedans ? Est-ce que ça accentue sa méchanceté ?)... Cette jeune fille semble condenser toute la méchanceté du monde et en devient une icône éphémère du mépris, petite image sur laquelle on peut cracher toute sa colère de façon définitive et radicale, exutoire de ce sentiment d'injustice et de trahison. Pourquoi vouloir répondre à la violence par la violence ? Bien entendu, elle respire la bêtise et la méchanceté, elle mérite d'être punie et de prendre conscience de ses actes, mais pourquoi imaginer que se comporter comme elle pourra régler la situation ? Triste, je referme la fenêtre de cet article. Inquiète aussi. Un peu moins confiante et souriante que je ne pouvais l'être avant ma lecture... Et c'est peut-être ça qui m'effraye le plus, au-delà de toute cette violence, c'est cette perte de confiance en l'humanité.

banc

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19 septembre 2014

Coquilles & bourdons.

" Retirez le Q de la coquille, vous avez la couille et ceci constitue précisément une coquille "

Boris VIAN

coquillages2

Il y a quelques semaines, alors que poussée par un souffle créatif et motivée, je reprenais les rênes de ce blog, m'est tombé sous le nez un commentaire dur mais juste, me rappelant à l'ordre et à la rigueur en listant des erreurs. Honte à moi : on relève dans ces pages des coquilles, des bourdons, voire un mépris pour cette chère et respectée langue française. Je présente mes excuses les plus plates et les plus consternées à cette lectrice et à tous ceux qui se sont reconnus dans la colère de son commentaire. Non mais c'est vrai, qu'est ce que c'est que cette "soit-disant" prof de lettres qui prend sans doute un malin plaisir à saquer de son stylo rouge ou d'un bon mot chaque écart de ses étudiants et qui n'est pas foutue de se relire ? Comment imaginer un instant que vos chères têtes blondes aient un avenir assuré et solide avec une telle enseignante ? Trêve d'ironie, la remarque était justifiée et elle a eu sur moi l'effet d'une douche froide. Mes bonnes intentions de régularité et d'assiduité en étaient refroidies. Depuis, les mots ont repris leurs distances. Et ma réflexion s'est souvent portée sur cette colère : aucune indulgence pour les maltraitances de la langue française. Et c'est au quotidien que je le mesure sur les réseaux sociaux et dans les commentaires d'articles en ligne. On passera volontiers sur la haine, l'intolérance ou même la bêtise, on trouvera des excuses à l'approximation, aux données erronées, aux insultes en tout genre. Mais pas de pitié pour la faute de frappe ou d'orthographe ! Il y a donc là encore du respect pour cette pauvre langue et ses défenseurs aujourd'hui, investis d'une mission honorable sont légion, parcourant inlassablement blogs, forums et autres pages à la recherche de l'honteuse coquille ! Je veux y voir de l'espoir : on ne peut en toute impunité massacrer notre verbe !

***

1 septembre 2014

Mariage heureux.

C'est un soir d'été qu'on annonce pluvieux. Pourtant les épaules des convives sont dorées, parfois même rougies par l'émotion et le soleil. La magie du lieu fait pousser des Oh" de surprise et de "Ah" de plaisir. Les couleurs et les codes s'emballent et trépignent de bonheur : un mirabellier aux fruits roses, un agneau noir de trois jours, une mariée pieds nus, un baiser lointain sur les vagues de la colline, des jupes qui volent et des sachets de thé sur cartes postales... Les sourires se répondent et le temps se suspend à la ligne verte des montagnes. L'espace du temps d'un double oui, c'est le partage d'un projet de vie.

Le lendemain, autour d'une autre table, j'ai levé un verre de bulles aux quarante ans de mariage de mes parents.

Moi qui ai souvent vociféré et grogné pour faire savoir à quel point je détestais les mariages, j'ai trouvé cet été un peu de beauté, un peu de sens.

coiffure

colline2

pieds1

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