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Diane Groseille
13 février 2015

Le lecteur.

Une salle de classe, quinze élèves, des têtes baissées sur des copies qui viennent d'être distribuées et qui seront ramassées. Un contrôle de lecture sur le livre de Philippe Claudel, La petite fille de Monsieur Linh. Une vingtaine de questions simples pour qui a lu. La première, un cadeau, pour y répondre, on n'avait même pas besoin d'ouvrir le livre (que je suis gentille et bienveillante !) : il faut me donner le nom de l'auteur. Un élève lève la tête et avec toute sa sincérité me beugle " Mais Madame, vous aviez pas précisé qu'il fallait lire la couverture !"

Je fais un métier formidable.

livres3

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13 février 2015

Se lever et dire la paix.

J'étais dans une voiture, sur la route, sur le point de m'insérer sur une voie rapide. J'ai trouvé le silence pesant, j'ai allumé la radio. En entendant les faits égrenés par cette voix féminine qui disait toute la gravité en appuyant chaque consonne, j'ai dit "encore", c'était mon premier mot. Ensuite, je suis restée presque muette, longtemps, de longues heures, de longs jours. Est-ce que je me souviendrai toute ma vie de ce 7 janvier, comme de ce 11 septembre 2001, où devant France 3 je voyais la fumée noire et opaque trouer un ciel bleu ?

Plus tard, j'ai eu peur, bien sur. Je me suis sentie seule et triste. Basculer dans un silence mental solitaire et incompréhensible.

Le dimanche 11 janvier, je suis allée marcher avec Gab. Je me suis demandé où étaient tous ces gens les derniers mois, alors qu'autour de nous l'islamophobie, l'antisémtisme et la xénophobie sous toutes ses formes alimentaient le débat public. Je me suis demandé où j'étais, moi, pourquoi j'étais restée silencieuse, pourquoi j'avais laissé faire ça. 

Gab m'a dit ce jour là sa méfiance, là où il ne voulait pas se réjouir trop vite. Je lui en ai voulu de gâcher avec ses mots ce moment si particulier, où pouvait naître un espoir fou et violent. Je ne voulais pas entendre de projections "demain", pour n'écouter que cette voie unique et forte. Mais je savais, intimement, que nous n'étions pas tous un seul. Ce même jour, j'ai passé une bonne partie de l'après-midi à me saouler d'images du monde entier, hypnotisée par des messages de tristesse mêlée de colère et d'espoir. Les slogans et les visages hagards ont défilé sur mon écran, miroir de moi-même, laissant filer de longues heures oisives et creuses. J'ai essayé de comprendre ce qui ne s'explique pas vraiment.

Plus que jamais, je comprends "l'amour qui peut sauver le monde". Je crois, avec force, que c'est notre seule solution.

La semaine suivante, j'ai souhaité évoqué le sujet avec une de mes classes dont la séquence en cours portait sur l'image? C'est sous cet angle que j'ai lancé le débat. Depuis mercredi 7 janvier, des questions avaient forcément été posées par plusieurs étudiants, qui dans l'ensemble connaissent mal, voire pas du tout Charlie Hebdo. Mais ce matin, c'était un peu différent. Très vite, les propos tenus sont affirmatifs, radicaux et écoeurants. Effrayants. Les idées s'éloignent vite de la question de la liberté d'expression et du pouvoir de l'image et malgré ma volonté de recentrer le débat, certains s'égarent. Lorsque la difficulté de l'intégration est évoquée par certains, on y répond par les termes "expulsion", ou pire encore "désintégration". Ce n'est même pas un amalgame maladroit qui est fait alors mais une imbrication volontaire et systématique. Les paroles sont nourries de peur et de haine.

Plus d'un moi s'est écoulé. Qui est encore vraiment Charlie ? Chacun est redevenu un autre, indifférent, silencieux.

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J'étais là tu vois,
lui à côté de moi,
on avait 6 ans,
on jouait comme des enfants
au docteur, au docteur
j'étais là je voyais sur son corps
les plais, les marques, les bleus,
j'en croyais pas mes yeux, mes yeux
Et lui qui m'disait j'suis un dur tu vois mes brûlures, là sur mes bras
j'lai sens pas, j'lai sens pas.
J'étais là j'ai rien dis
et puis j'suis partie de chez lui,
si j'y suis retournée? plus jamais, plus jamais
J'étais là comme lui, j'avais 15 ans à peine
on était dans la cave chez ses parents,
je l'aimais tant, faut dire qu'il était beau
mais il se piquait mon héros à l'héro
J'étais là quand sa mère est venue nous dire
ça y est on l'enterre lundi, lundi
J'ai pleuré bien sûr oui j'ai pleuré
puis j'ai recommencé à traîner dehors, dehors


J'étais là en octobre 80,
après la bombe de Copernic,
oui j'étais à la manif, avec tout mes copains
J'étais là, c'est vrai qu'on n'y comprenait rien,
mais on trouvait ça bien, ça bien.
Oui j'étais là pour aider pour le SIDA,
les sans papier, j'ai chanté, chanté
Sûr que j'étais là pour faire la fête
et j'ai levé mon verre à ceux qui n'ont plus rien
encore un verre, on n'y peut rien
j'étais là devant ma télé à 20H,
j'ai vu le monde s'agiter, s'agiter
j'étais là, je savais tout de la Somalie
du Bangladesh et du Rwanda, j'étais là
J'ai bien vu le sort que le NORD réserve au SUD
bien compris le mépris,
j'étais là pour compter les morts.
J'étais là et je n'ai rien fait
et je n'ai rien fait
j'étais là pourtant j'étais là et je n'ai rien fait
je n'ai rien fait

*

Zazie

11 février 2015

... Mais à part ça tout va très bien.

Définition

Avoir un petit souci, un tracas.

Prononciation

p'tite crotte su'l coeur

Nota bene

Légèrement enfantin.

- See more at: http://www.wikebec.org/avoir-une-petite-crotte-sur-le-coeur/definition/#sthash.5ixaQbFg.dpu

coucher-de-soleil2

p'tite crotte su'l coeur
p'tite crotte su'l coeur

Journée de lumière froide. Après deux heures de cours tôt ce matin, je suis libre toute la journée. Alors je prends le temps de mettre à jour, d'écrire, de dire. J'écoute aussi, je relativise, je cherche le sourire. Dans l'après-midi, aller traîner dans les vignes, dégourdir les muscles. Avec mes trois poilus. Prendre le soleil et plisser les yeux de tant de lumière. Puis à notre retour, nous nous sommes vautrés sur le canapé, dans la luminosité de notre petit appartement, un roïbos et de la chaleur, nous nous sommes lu des nouvelles du recueil de Ray Bradburry ... Mais à part ça tout va très bien, notamment Sur la route et Qui se souvient de Sacha

...

On attend la douceur. On se ménage de petits moments de répit. On se décourage pas. On avance.

11 février 2015

Homme ou bête ?

vache1

Avoir davantage pitié des bêtes que des hommes, c'est pas très bien vu chez les hommes. C'est considéré comme une sorte de désertion, de trahison, voire de perversion ou d'infirmité mentale. Mais bon dieu, nous sommes hommes par hasard. Tant mieux, j'aime bien comprendre le monde. Et c'est justement parce que je suis homme que je puis transcender cet instinct grégaire, irréfléchi, purement animal qui fait se serrer les coudes aux hommes, les incite à diviniser l'homme par-dessus toute créature. Réflexe spontané, réflexe normal. Normal chez une oie, chez un phoque, chez un hareng. Un homme devrait aller plus loin. C'est parce que j'essaie d'être vraiment, pleinement homme, c'est-à-dire une bête avec un petit quelque chose en plus, que je mets sur un pied d'égalité ce qui est homme et ce qui ne l'est pas.

M'emmerdez pas avec votre St François d'Assise, j'ai pas de paradis à gagner. Mon amour des bêtes est bien autre chose qu'un attendrissement devant le mignon minet, bien autre chose qu'une lamentation devant les espèces, j'm'en fous, je ne suis pas collectionneur d'espèces, des millions d'espèces ont disparu depuis que la première lave s'est figée. Seuls m'intéressent les individus. Mon horreur du meurtre, de la souffrance, du saccage, de la peur infligée fait de ma tranche de vie une descente aux enfers. Nous tous, les vivants, ne sommes-nous donc pas des passagers de la même planète ? L'homme n'a pas besoin de ma pitié : il a largement assez de la sienne propre. S'aime-t-il le bougre ! la littérature, la religion, la philosophie, la politique, l'art, la publicité, la science même n'intéressent les hommes que lorsqu'ils les mettent au premier plan, tous ne sont qu'exaltation de l'homme, incitations à aimer l'homme, déification de l'homme. Les bêtes n'ont pas, si j'ose dire, la parole. Elles n'ont pas d'avocat chez les hommes. Elles ne sont que tolérées. Tolérées dans la mesure où elles sont utiles, ou jolies, ou attendrissantes. Ou comestibles. Les hommes les ont ingénieusement classées en animaux « utiles » et animaux « nuisibles ». Utiles ou nuisibles pour les hommes, ça va de soi. Les chinois ont patiemment détruit les oiseaux parce qu'ils mangeaient une partie du riz destiné aux chinois.

De quel droit les chinois sont-ils si nombreux qu'il n'y a plus de place pour les oiseaux ? Du droit du plus fort, hé oui ! Voilà qui est net ! Ne venez plus m'emmerder avec votre supériorité morale. Ni avec vos bons dieux, faits à l'image des hommes, par les hommes, pour les hommes. Si les petits cochons atomiques ne mangent pas l'humanité en route, il n'existera bientôt plus la moindre bête ni la moindre plante « nuisible » ou « inutile ». Le travail est déjà bien avancé et le mouvement s'accélère. La mécanisation libèrera -peut-être - l'homme du travail « servile ». Elle a déjà libéré le cheval : il a disparu. On n'a plus besoin de lui pour tirer la charrue, il n'existe quasiment plus à l'état sauvage, adieu le cheval. Oui, on en gardera quelques-uns, pour jouer au dada, pour le tiercé, pour le ciné, pour la nostalgie. L'insémination artificielle a déjà réduit l'espèce « boeuf » à ses seules femelles. Un taureau féconde -par la poste- des millions de vaches. Oui, on s'en garde quelques-uns pour les corridas, spectacle d'une « bouleversante grandeur » où l'homme, intelligence « sublime », affronte la bête, les yeux dans les yeux ... oui, on se garde quelques faisans, quelques lapins, quelques cerfs ... pour la chasse. On se garde quelques éléphants pour que les petits merdeux aillent les voir dans les zoos, et quelques autres dans des bouts de savane pour que les papas des merdeux aillent y faire des safaris-photos après le déjeuner d'affaires. Pourquoi je m'énerve comme ça ? Parce que je les voudrais semblables à ce qu'ils se vantent d'être, ces tas : un peu plus, un peu mieux que les autres bêtes. Mais non, ils le sont, certes, mais pas assez. Pas autant qu'ils croient. A mi-chemin. Et à mi-chemin entre ce qu'est la bête et ce que devrait être l'homme, il y a le con. Et le con s'octroie sans problème la propriété absolue de la Terre et de tout ce qui vit dessus, et même l'univers entier, tant qu'une espèce plus forte ou plus avancée techniquement mais tout aussi con ne l'aura traité lui-même comme il traite ce qui lui est « inférieur » « inférieur ». Rien que ce mot ! Il y a même toute une hiérarchie ....

François Cavanna

11 février 2015

Vertige bleu.

Je suis dans une salle de cours, il me semble que c'est arrivé il y a longtemps. Élèves agréables, contenus inconnus. Puis soudain, nos cinq sens brutalisés. On déverse dehors dans un fracas puant des tonnes de déchets, objets non identifiés. On entre dans la salle et on nous demande de la quitter au plus vite. Un danger ? On se rassemble dans la rue (une rue familière, à côté de chez moi). On attend.

Plus tard, nous réalisons que l'école a été transformée en parking souterrain. En y entrant, je comprends devoir payer mon emplacement. J'évolue dans des galeries sombres puis je me retrouve dans une salle de théâtre, un hémicycle à ciel ouvert, avec des gradins en pierre. Je m'installe, je reconnais des amis, ceux de ma troupe de théâtre. On vient nous expliquer sur scène que c'est notre nouvelle salle, qu'il faudra la partager avec une autre troupe. Je réalise à ce moment que je tiens dans mes mains une petite peluche de lion orange. Son visage est cerclé de plastique et sa fourrure est synthétique. Je tente de le manger mais ses poils m'étouffent, je suffoque. Je cherche de l'eau et je trouve en haut des gradins une fontaine faite de grosses pierres blanches. Je me dis que l'eau n'est peut-être pas potable, je repense alors au monticule de déchets infectes et  puants... Et je déglutis. Et je sens le pelage de cette affreuse peluche qui m'étrangle. Je manque d'air. Je finis par l'avaler. Au bas des gradins, je retrouve C. et C. qui attendent pour payer. Oui, il faut aussi payer pour ressortir.

Plus tard, je marche avec mes deux chiens sur un chemin de montagne. Tout est calme, blanc et beau. Puis, arrivant sur un carrefour, je vois un attroupement. Une personne est blessée au sol. Une femme debout parle de clavicule cassée. Je ne regarde pas, je ne veux pas gonfler les rangs des voyeurs déjà présents, je poursuis mon chemin en choisissant de partir à gauche, sur une petite voie étroite qui descend. Mais il me faut quelques pas seulement pour me rendre compte que sous mes pieds, le sol se dérobe. Il semble couvert de neige, mais sous mes pas, je vois du vide, matérialisé par un ciel bleu et impeccable. Je glisse, vers le néant bleu clair. Je peux juste me raccrocher au chemin. Je murmure pour appeler une des femmes présentes auprès du blessé. J'ai peur que seule ma voix me fasse tomber. Elle s'approche de moi et chuchote elle aussi comme si nous étions sur le point de désamorcer une bombe. Elle porte une combinaison violette, et son visage rond est entouré de cheveux courts et bruns qui font comme un soleil. Je lui dis que mes chiens sont avec moi. Elle me répond en souriant qu'il n'y a pas de soucis s'ils sont en laisse. Elle s'accroche aux jambes d'une autre femme et à elles deux, elles m'extirpent du vide qui semble vouloir m'avaler. Je me retrouve debout et m'empresse d'appeler mes chiens. Je vois s'approcher ma petite demoiselle-chien, mais Lu ne revient pas...

neige

Réveil à 5h30, sueur. Impression de lourde fatigue. Mais soulagement en ouvrant la porte de ma chambre, de trouver mes deux amis-chiens frétillant dans le couloir.

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11 février 2015

Le mauvais jour sale.

Allez, debout ! Yeux collés. Pas le temps. Jamais le temps. Étouffement. Suffocation mentale. Radar. Un pied devant l'autre. Une douche très chaude. Trouver des vêtements. Rien à foutre que ce soit joli. Chauds et confortables. Je voudrais m'habiller avec une couette. Boire un thé. Faudrait l'aromatiser à la cocaïne. Sortir, s'éjecter du cocon. Trop tard. Encore. Pressée. Comme poussée dehors par un gros coup de pied au cul. Découvrir ses cernes dégueulasses dans l'ascenseur, miroir taché, lumière crue qui semble crier. Cette simple gueule dans la glace justifierait d'aller se recoucher tout de suite. Sur mon arrêt de travail, on écrirait "3 jours d'AT - Motif, gueule à faire peur". Un personnage cruel s'amuse toutes les nuits à dessiner autour de mes yeux des lignes sombres, des poches gonflées de tout ce temps qui me manque, de ces mots que je n'ai pas le temps de dire. Chaque matin, je masque les ombres, maquillée comme à la craie. Mais on avance. Une porte s'ouvre sur le dehors. Et ça crie encore dedans. De petites pointes de glace mouillée viennent griffer mon visage. Le froid monte du sol. S'installer au volant de la voiture. Tout est froid et dégueulasse. Révoltant ou décourageant. Tout ce qui vient du dehors me pousse au dedans. Le volant qu'il faut bien tenir cisèle mes doigts. Le ciel est un plafond bas, un couvercle sur la vie. Et l'autre à la radio qui répète depuis des jours Je ne tiens pas debout, le ciel coule sur mes mains.

C'est une journée criblée de contrariétés et d'imprévus. De ces imprévus qui frappent dans le dos et déstabilisent. Rien ne marche. Ordinateur, câbles, accès à internet, vidéo projecteur, ... Tout semble s'être ligué contre moi. Les yeux de mes collègues me renvoient le reflet de ma mauvaise humeur et de ma pâleur. Je me voudrais transparente, légère, inexistante, éteinte. En mode Off. mais je suis là, lourde, dans le passage, incompétente, maladroite. Inscrite dans une journée que je voudrais gommer. Les heures passent. tout semble concentré sur une idée. Finir. Rentrer. Dormir. Le champs de vision se rétrécit. On écoute moins. On entend pas. Et tout ce qui vient s'ajouter à la longue liste des incidents et du moche ne compte même plus. Les épisodes de la journée s'emboitent mal. Chagement de lieu, changement d'heure, mêmes constats. Que l'impatience comme certitude.

Dans la rue, je regarde sur le trottoir d'en face une femme qui vient de finir un beignet dégoulinant de confiture. Elle en a plein les doigts. Elle se débrouille pour sortir de son sac un paquet de mouchoirs. Elle en extirpe un, s'essuie. Le jette au sol. Fait pareil avec un deuxième. Puis un troisième. Elle s'éloigne, satisfaite. Les paroles s'étranglent dans ma gorge. "Hé, espèce de grosse vieille dégueulasse, ça te trouerait le cul de ramasser la merde que tu laisses derrière toi ?". Je m'étouffe avec mon silence, aussi dégeulasse que son geste. Alors que d'autres renoncent, je descends deux enfers plus loin. Je ne dis rien. Je ne dis rien non plus quand ces étudiants me toisent et me provoquent. De ces seuls étudiants cette année avec lesquels le courant ne veut pas passer, les connexions ne se font pas. On ne parvient pas à travailler ensemble. Seule classe sur quatorze. Une question d'alchimie peut-être... Ou de bétise. Je ne dis rien, encore. Silence pendant ce conseil de classe à midi où la colère de certains se mesure au tic-tic de leur bic sur la table. Se taire encore en découvrant que le repas de midi commandé par ma directrice contient du jambon (je ne mange plus de viande depuis deux ans). Et ne rien manger jusqu'au soir, parce que pas le temps de commander autre chose. En voiture à nouveau, plus tard, cette femme qui me fait une queue de poisson, son fils est assis à sa droite, un petit garçon de moins de dix ans. Je suis obligée de faire un écart, pour qu'elle ne tape pas ma carrosserie. Je klaxonne. Son majeur se lève, droit et fier, blanc dans la pénombre qui tombe trop tôt.

Ces journées sont elles programmées ? Provoquées peut-être par une espèce d'élan de faiblesse, une contagion de négatif. Pour que tout ce qui peut être décourageant se précipite sur nous en même temps ?

tunnel

* ça ne tient pas debout, sur mes pieds le ciel revient *

2 février 2015

Lyon, dans le coton.

Deux jours trop courts à Lyon, une fin de novembre, dans le coton. Deux jours coincés et bousculés dans un calendrier chargé à bloc. C'est un groupe de potes qui vont faire du théâtre. Qui vont rencontrer un autre groupe de potes, sur une scène. On part tôt, le samedi, vers le Sud.

On arrive en début d'après-midi après des heures d'autoroute. On étire ses bras, ses jambes, ses idées. Gab est avec moi, ça me fait plaisir qu'il m'accompagne. Avant notre spectacle, nos hôtes nous proposent une visite de cette ville. Elle est alors écrasée de brouillard. A une semaine de la fête des lumières, elle est éteinte. On se faufile dans les traboules, on hume l'humidité des murs et les parfums de pralines roses. On trébuche sur les pavés séculaires, sur notre fatigue souriante. Ça papote, ça piaille et certains écoutent à peine les explications de notre guide Julien, passionné par sa ville, fier de nous dire ce qu'il aime. Plus tard, au moment de rejoindre la salle de spectacle en banlieue, nous trouvons les grilles du métro fermées. Un meeting du FN est organisé dans la ville, des manifestations fourmillent sur tous les grands axes. Après évaluation de la situation, la seule solution qui s'impose à nous est la marche. Nos pas se font alors plus pressés, la déambulatoin touristique est remplacée par l'urgence de rejoindre notre scène, à une heure à pieds. Sur notre chemin, des vitrines explosées, des arrêts de bus brisés, des gens qui errent, inquiets de toute cette violence, d'autres qui courent ou qii crient avec leur téléphone.

On finit par rejoindre le lieu de la représentation. Le soir, fatigués, on souffle sur notre créativité pour qu'elle prenne. On sautille, on partage, on rit. Ce jour là, en mangeant des bonbons, alors que l’émoustillement nous engourdit le corps, je ressens plus que jamais, très fort, les liens d'amour qui me lient à cette troupe. C'est presque physique, c'est presque palpable. On est très heureux d'être ensemble, de vivre ça les uns avec les autres. Après une attente un peu trop longue, arrivent  les lames de parquet noir, les projecteurs, l'improvisation, le jeu. On erncopntre ces autres comédiens comme s'ils étaient des amis, comme si nous les connaissions de longue date. On donne à ceux qui sont confortablement installés du rire, des mots, des histoires. Deux heures durant. Puis, un peu engourdis, nous rejoignons notre chambre d'hotel, draps blancs et frais pour border cette journée.

Le dimanche, on s'égare seuls dans les rues de la ville. Les amis ont déjà pris la route du Nord. Gab et moi, on s'installe dans un petit troquet, un bouchon, pour y déguster des quenelles. Il fait chaud, notre petite table est coincée sous l'escalier, les murs sont jaunes, Gab sourit. Dans la voiture au retour, Gab roule, et je lis Tout s'est bien passé d'Emmanuèle Bernheim. Des larmes coulent sur mes joues et je pense à mon père. Je dis à Gab que ce livre est bien, qu'il devrait le lire, et je le surprends à lire quelques lignes volées. Je ris.

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