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Diane Groseille
7 mai 2016

Une ouverture.

C'est une porte qui s'ouvre.  Sur de la lumière, sur de l'air frais. Sur la suite.

C'est un éclatement intérieur qui vient souffler du néant.

C'est du sens soudain dans un vide de tout.

C'est une quête nouvelle.

C'est de l'espoir.

C'est beau.

 ***

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6 mai 2016

"Je ne vois personne".

canapé

***

Quand on souffre, on se perd, on coule, on est pris dans le courant, on essaye de s'accrocher aux branches, pour ne pas sombrer complètement. On est seul, contre tous, contre soi-même. On entend à peine le soutien, les échos des paroles apaisantes, le murmure de ceux qui veulent aider se perd dans la douleur. .

Pourtant, autour de moi, des dizaines de bonnes volontés. Les mots se trouvent réconfortants. Je veux bien admettre que je suis "malade", et que ça se soigne. Je concède. Parce que c'est plus simple à accepter que l'échec. Alors, de loin me vient cette multiplication de "guides". Et chacun y va de son "bon" conseil. Ça commence en général par "tu vois quelqu'un ?"...

... Arrive ensuite un patchwork des plus colorés...

 

"J'ai vu un accupuncteur, quelqu'un de merveilleux, je me suis sentie très fatiguée tout de suite après et ensuite, tout allait mieux"

"C'est une kinésiologue, tu verras, elle est très efficace"

"Repose-toi, dors, ça va passer tout seul"

"Il m'a manipulé, je ne lui ai même pas parlé et il m'a dit que tout ça remontait à 7 ans, quand j'ai rompu avec mon ex, il dit que je porte encore cette culpabilité physiquement"

"Seroplex, c'est radical"

"Il faut que tu te fasses suivre"

"Je fais de la danse intuitive, ça a changé ma vie"

"Il te faut une psychanalyse, une vraie"

"Les accords toltèques, c'est bouleversant"

" Un psychiatre, je te dis, les psychologues, c'est pas remboursé"

"Attaque, va aux prud'hommes, bats-toi, ça va te permettre d'extérioriser toute cette colère. Le reste, c'est des foutaises"

"Ne fais rien, plus rien, attends, prends le temps"

"Ma soeur a vu un sophrologue fantastique, il l'a conseillé sur son alimentation, son sommeil et depuis elle n'est plus la même"

"Il a vu un type qui fait de la médecine chinoise, rien que des plantes, c'est sensationnel"

"T'as essayé l'homéopathie ?"

"Moi, j'ai fait une détox sévère et je suis passée au cru, tu sais, il parait que tout vient du ventre, on est ce qu'on bouffe"

"Y'a dix ans, j'ai fait Compostelle, je me suis retrouvé. Marche, y'a que ça de vrai"

"Et sinon, je connais une somatothérapeute, tu veux son adresse ?"

***

Face à ce torrent de bonnes volontés, je me suis perdues dans mon torrent de désespoir. Plutôt que de choisir, pendant de longues semaines, je n'ai rien fait. J'ai boudé les antidépresseurs que m'avait prescrits mon médecin et je n'ai contacté personne. JE N'AI VU PERSONNE. J'ai complètement bloqué sur l'idée de "me faire suivre" et de "voir quelqu'un". Sans doute trop de clichés associés à toutes ces notions. D'un côté, le stéréotype du psy classique et moi sur un divan, de l'autre, une espèce de belle soupe de développement personnel à tendance "dérive sectaire" qui ne m'attire pas du tout. Dans le doute, on est con, on s'abstient. Et quand on constate que, oh merde, ça passe pas tout seul, et bien il faut bien prendre une direction. Un remplaçant de mon médecin m'a aiguillée vers le millepertuis qui d'après lui avait fait ses preuves à fortes doses. Puis j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai eu la chance de trouver un psy prêt à me prendre dans un mois et demi (il semblerait que ce soit proche du miracle) et remboursé par la sécu. J'ai pas fait grand chose, mais ça m'a semblé insurmontable. maintenant, j'attends.

***

J'ai relu les mots abandonnés ici il y a 7 ans, alors que je vivais ma première dépression. J'y vois toute l'innocence de cette première rencontre avec la bestiole. Je n'avais alors pas voulu la nommer, pendant des mois, j'ai voulu croire à autre chose : simplement ce corps trop lâche qui me lâche. Puis il a fallu admettre, je tombais de la hauteur de mes certitudes. Moi ? Forte et courageuse ? Dépressive ? Je me suis alors soignée à "grands coups" d'antidépresseurs (doses de cheval pour état inquiétant). Les mots ont manqué, on a masqué les maux. Je me suis jetée à corps et à esprit perdus dans une nouvelle vie, celle sans Neb, parce qu'il fallait reconstruire. Mais sans doute que les bases étaient fragiles. Le chimique a permis de se relever, aveugle. Sur les mois, et même les années qui ont suivi, j'ai souvent été guettée par cette peur de la rechute. Elle me scrutait, je l'apercevais souvent dans un geste, une émotion, une fatigue. Puis j'ai arrêté de me questionner, j'ai avancé, les yeux fermés.

En regardant dans le rétro, elle a toujours été là. Je crois, qu'une dépression est une bestiole qui vous suit. Elle attend la faille pour se jeter sur sa proie. Je regarde les sept années écoulées et je crois que des dizaines de fois, j'aurais pu basculer, j'ai douté, je me suis battue sans le savoir. Je me souviens de la Grèce en 2011, où si fatiguée, je partais sur les Cyclades pour m'y perdre. La bestiole avait sans doute trouvé sa place dans mon sac à dos. Je me souviens de ces hivers interminables durant lesquels j'ai douté de tout, elle était là, dans le manque de lumière et de confiance. Je me souviens de cette rupture avec Gab en 2012, démunie, épuisée, anéantie. Bien sur qu'elle était là, la bestiole.

Aujourd'hui, elle ne se cache pas, elle m'a eue. J'ai perdu. Elle est installée à côté de moi sur ce banc en bois au moment même où j'écris ces quelques mots, elle me sourit, satisfaite.

 

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***

 

5 mai 2016

Sardinia.

En janvier, en pleine course absurde et déraisonnable. Gab me dit "calme-toi, ça va bien se passer". Il me fait le décompte de "ce qui reste". Je me sens comme un boxeur sur un ring, je viens me poser, défoncée, les idées en sang, entre deux raclées interminables, sur le petit tabouret dans l'angle droit et je crache ma fatigue et ma tristesse dans une bassine. Il me dit "tu sais quoi ? Il te faut des vacances".

Une soirée noire, entre deux paquets de copies à corriger, traces de stylo rouge sur ma vie, nous réservons une semaine en Sardaigne. Les images de ces plages paradisiaques viennent s'imprimer quelques secondes à peine sur fond de douleur, comme un ailleurs de dessin animé, un monde qui n'exsite pas. Commence alors le vrai décompte, que Gab n'oublie pas, qui me semble irréel. "Courage, il te reste trois mois". J'entends, "baisse pas les bras, ça va durer 10 ans".

Entre temps, j'ai été déclarée KO debout. Je suis descendue du ring (on m'a poussée de force) et j'ai continué à morfler. Puis est arrivé ce 8 avril, jour de ma fête, jour de départ. Je ne l'avais pas préparé, je n'y avais même pas pensé. Valise vide, tête vide. Cet espoir d'exotisme aurait pu panser ma souffrance, mais c'était comme mettre un sparadrap Dora l'exploratrice sur la gueule explosée de Mohamed Ali. Alors, soudain, on est montés dans un avion, et on a débarqué une heure et demi plus tard sur ces plages qui n'existaient qu'en A6, couleurs trop saturées, trop contrastées.

Dans la réalité, nous étions juste à côté de la carte postale. La saison n'avait pas commencé, les touristes se comptaient sur les doigts de l'hotesse qui nous annonçait qu'il faisait 25°C à Olbia. Nous avons erré dans les rues de cette bourgade qui n'a presque pas de raison d'être sans ses touristes. Puis nous avons loué une petite fiat 500 qui nous a menés où nous voulions, sous le soleil juste en dessous, là où le ciel et la mer s'embrassent. Cités balnéaires désertiques, plages de naufragés solitaires, résidences "fantôme".

Qu'il fut étrange de retrouver, à mes côtés, si loin de mon univers, la bestiole, fidèle au poste, efficace, collée à mes basques. En regardant les photos, parfois, il me semble voir son ombre dans toute cette luminosité.

église2

glycine

olbia-rue

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crique

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façade

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eau

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port

rue

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Diane Groseille
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