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Diane Groseille
18 mai 2009

Paroles, paroles, paroles.

" Un de perdu, dix de retrouvés "
" Fais toi plaisir, drague, sors, fais la fête ! "
" Tu verras, ça va passer, c'est qu'une question de temps "
" Il ne te méritait pas "
" Oublie ! "
" Bienvenue au club des célibataires "
" T'es forte, tu vas t'en sortir "
" Ah, les mecs, tous les mêmes "
" Moi j'aurais pas eu ta patience "
" Il avait besoin d'un bon coup de pied au cul "

***

jeux_de_mains_1

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1 avril 2009

Maladie.

" Plus tard, j'appris l'étymologie du mot "maladie".
C'était "mal à dire".
Le malade était celui qui avait du mal à dire quelque chose.
Son corps le disait à sa place sous la forme d'une maladie.
Idée fascinante qui supposait que
si l'on réussissait à dire l'on ne souffrait plus. "

Biographie de la faim, Amélie Nothomb, 2004.


Je suis malade depuis plus de deux semaines. J'ai d'abord eu droit à des crampes intestinales qui ne me permettaient plus de manger normalement. Mon ventre s'était transformé en machine à liquéfier les aliments en quelques minutes. Lorsque j'ai cru que j'allais mieux, j'ai commencé à tousser. Ça s'est soldé par une bronchite qui m'a clouée au lit pendant plusieurs jours : fièvres et courbatures, nez-fontaine et quintes de toux épuisantes qui me laissaient épave. J'ajoute à ces deux semaines pleines de bonheur des réactions cutanées plus surprenantes les unes que les autres : plaques rouges, irritantes et gonflées.

Alors, puisqu'Amélie le dit, j'attends avec impatience de pouvoir formuler tous les mots qui s'étranglent pour le moment dans ma gorge, pour ne plus souffrir. Ici, l'autre jour, un grand pas en avant. C'est déjà ça !

5 mars 2009

The doors.

Contexte : salle de classe au rez-de-chaussé de mon centre de formation. Beaucoup de monde dans l'établissement puisqu'en même temps que les cours, le centre pour lequel je travaille organise une journée "portes ouvertes" (faut récupérer du monde pour l'an prochain, les temps sont durs). Avec mes deuxièmes années, nous étudions le film de Sean Penn Into the Wild*. C'est l'heure de la pause et je coupe le film pour que les toxicos de la nicotine et les petites vessies puissent rapidement soulager leurs besoins. Je leur dis que dès qu'ils sont tous de retour dans la salle, ils doivent relancer le film pour qu'on ne perde pas de temps et qu'on ait encore le temps de l'analyser en détails après. Et là me vient cette phrase, le bonheur de ma journée : "Et pensez bien à fermer les portes parce que c'est la journée portes ouvertes !"

porte_de_foret



*Faudra que j'en parle, il a sur moi un effet terrible.

25 octobre 2008

Tranchant.

Une dame d'une quarantaine d'années, ce matin, à la caisse d'un grand supermarché de ma ville. Elle semble énervée. Elle enchaine des mouvements secs. Elle grommelle d'abord puis très rapidement, ses mots deviennent clairs pour toutes les personnes autour d'elle. "Mais quelle conne, mais c'est pas possible d'être conne à ce point, mais tu le fais exprès ma parole, pauvre conne ! Nan, mais j'te jure..." Et de continuer, tout en rangeant ses courses dans ses sacs. Elle s'adresse tout naturellement à sa fille, rouge de honte, qui baisse les yeux à ses côtés. Une heure après, je suis toujours outrée par ces mots, qui semblaient vides de sens pour la mère et qui paraissaient des couteaux aiguisés pour la fille. Je suis choquée par l'impact de tels mots dans ce lieu, par les regards des gens autour de moi qui comme moi, ont assisté à la scène, pétrifiés. Comment est-il possible d'avoir tant de mépris pour ses propres enfants ?

cordages
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17 avril 2008

Bidon !

L'autre jour en classe, j'interpelle un élève fashion victime qui semble jouer avec son portable sur la table. J'entends des bip-bips et je lui demande donc de ranger l'engin. Je vois ses voisins de rang pouffer et lui ne lève pas les yeux vers moi. Je crains le pire, je m'approche avec appréhension de sa table et il me regarde enfin pour me dire : "c'est pas un portable M'dame, mais z'inquiétez pas, j'ai tout de suite fini". Et en m'approchant encore, je vois l'émetteur du bip-bip en question. Mon adorable dandy était en train de paramètrer sa ceinture abdominale électrique pour soigner sa silhouette de rêve, y compris pendant mes cours ! On arrête ni le progrès, ni la coquetterie.

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15 décembre 2007

Ingrid.

Ingrid Betancourt est notre fille, notre mère, notre sœur. Voici de larges extraits de la lettre de 12 pages qu'elle a adressée à sa famille. Blogueurs du monde entier, lisez ce texte, affichez-le sur votre site et demandez aux autres blogueurs de vous imiter afin de tenter de la sauver.

« C’est un moment très dur pour moi. Ils demandent des preuves de vie brusquement et je t’écris mon âme tendue sur ce papier. Je vais mal physiquement. Je ne me suis pas réalimenté, j’ai l’appétit bloqué, les cheveux me tombent en grandes quantités.

Je n’ai envie de rien. Je crois que c’est la seule chose de bien, je n’ai envie de rien car ici, dans cette jungle, l’unique réponse à tout est « non ». Il vaut mieux donc, n’avoir envie de rien pour demeurer au moins libre de désirs. Cela fait 3 ans que je demande un dictionnaire encyclopédique pour lire quelque chose, apprendre quelque chose, maintenir vive la curiosité intellectuelle. Je continue à espérer qu’au moins par compassion, ils m’en procureront un, mais il vaut mieux ne pas y penser.

Chaque chose est un miracle, même t’entendre chaque matin car la radio que j’ai est très vieille et abîmée.

Je veux te demander, Mamita Linda, que tu dises aux enfants qu’ils m’envoient trois messages hebdomadaires (...). Rien de transcendant si ce n’est ce qui leur viendra à l’esprit et ce qu’ils auront envie d’écrire (…). Je n’ai besoin de rien de plus mais j’ai besoin d’être en contact avec eux. C’est l’unique information vitale, transcendante, indispensable, le reste ne m’importe plus(…).

Comme je te disais, la vie ici n’est pas la vie, c’est un gaspillage lugubre de temps. Je vis ou survis dans un hamac tendu entre deux piquets, recouvert d’une moustiquaire et avec une tente au dessus, qui fait office de toit et me permet de penser que j’ai une maison.

J’ai une tablette où je mets mes affaires, c’est-à-dire mon sac à dos avec mes vêtements et la Bible qui est mon unique luxe. Tout est prêt pour que je parte en courant. Ici rien n’est à soi, rien ne dure, l’incertitude et la précarité sont l’unique constante. A chaque instant, ils peuvent donner l’ordre de tout ranger [pour partir] et chacun doit dormir dans n’importe quel renfoncement, étendu n’importe où, comme n’importe quel animal (…). Mes mains suent et j’ai l’esprit embrumé, je finis par faire les choses deux fois plus doucement qu’à la normale. Les marches sont un calvaire car mon équipement est très lourd et je ne le supporte pas. Mais tout est stressant, je perds mes affaires ou ils me le prennent, comme le jeans que Mélanie m’avait offert pour Noël, que je portais quand ils m’ont pris. L’unique chose que j’ai pu garder est la veste, cela a été une bénédiction, car les nuits sont gelées et je n’ai eu rien de plus pour me couvrir.

Avant, je profitais de chaque bain dans le fleuve. Comme je suis la seule femme du groupe, je dois y aller presque totalement vêtue : short, chemise, bottes. Avant j’aimais nager dans le fleuve mais maintenant je n’ai même plus le souffle pour. Je suis faible, je ressemble à un chat face à l’eau. Moi qui aimais tant l’eau, je ne me reconnais pas. (…) Mais depuis qu’ils ont séparé les groupes, je n’ai pas eu l’intérêt ni l’énergie de faire quoi que ce soit. Je fais un peu d’étirements car le stress me bloque le cou et cela me fait très mal.

Avec les exercices d’étirement, le split et autres, je parviens à détendre un peu mon cou. (...) Je fais en sorte de rester silencieuse, je parle le moins possible pour éviter les problèmes. La présence d’une femme au milieu de tant de prisonniers masculins qui sont dans cette situation depuis 8 à 10 ans, est un problème (…). Lors des inspections, ils nous privent de ce que nous chérissons le plus. Une lettre de toi qui m’était arrivée, m’a été prise après la dernière preuve de survie, en 2003. Les dessins d’Anastasia et Stanislas [neveux d’Ingrid], les photos de Mélanie et Lorenzo, le scapulaire de mon papa, un programme de gouvernement en 190 points, ils m’ont tout pris. Chaque jour, il me reste moins de moi-même. Certains détails t’ont été racontés par Pinchao. Tout est dur.

Il est important que je dédie ces lignes à ces êtres qui sont mon oxygène, ma vie. A ceux qui me maintiennent la tête hors de l’eau, qui ne me laissent pas couler dans l’oubli, le néant et le désespoir. Ce sont toi, mes enfants, Astrid et mes petits garçons, Fab [Fabrice Delloye], Tata Nancy et Juanqui [Juan Carlos, son mari].

Chaque jour, je suis en communication avec Dieu, Jésus et la Vierge (...). Ici, tout a deux visages, la joie vient puis la douleur. La joie est triste. L’amour apaise et ouvre de nouvelles blessures... c’est vivre et mourir à nouveau. Pendant des années, je n’ai pas pu penser aux enfants et la douleur de la mort de mon papa accaparait toute la capacité de résistance. Je pleurais en pensant à eux, je me sentais asphyxiée, sans pouvoir respirer. En moi, je me disais : « Fab est là, il veille à tout, il ne faut pas y penser ni même penser ». Je suis presque devenue folle avec la mort de mon papa. Je n’ai jamais su comme cela s’est passé, qui était là, s’il m’a laissé un message, une lettre, une bénédiction. Mais ce qui a soulagé mon tourment, a été de pensé qu’il est parti confiant en Dieu et que là-bas, je le retrouvera pour le prendre dans mes bras. Je suis certaine de cela. Te sentir a été ma force. Je n’ai pas vu de messages jusqu’à ce qu’il me mette dans le groupe de [l’otage] Lucho, Luis Eladio Pérez, le 22 août 2003. Nous avons été de très bons amis, nous avons été séparés en août. Mais durant ce temps, il a été mon soutien, mon écuyer, mon frère (…).

J’ai en mémoire l’âge de chacun de mes enfants. A chaque anniversaire, je leur chante le « Happy Birthday ». Je demande à ce qu’ils me laissent faire une gâteau. Mais depuis trois ans, à chaque fois que je le demande, la réponse est non. Ca m’est égal, s’ils amènent un biscuit ou une soupe quelconque de riz et de haricot, ce qui est habituel, je me figure que c’est un gâteau et je leur célèbre dans mon cœur, leur anniversaire.

A ma Melelinga [Mélanie], mon soleil de printemps, ma princesse de la constellation du cygne, à elle que j’aime tant, je veux te dire que je suis la maman la plus fière de cette terre (…). Et si je devais mourir aujourd’hui, je partirais satisfaite de la vie, en remerciant Dieu pour mes enfants. Je suis heureuse pour ton master à New York. C’est exactement ce que je t’aurais conseillé. Mais attention, il est très important que tu fasses ton DOCTORAT. Dans le monde actuel, même pour respirer, il faut des lettres de soutien (...). Je ne vais pas même me fatiguer à insister auprès de Loli [Lorenzo] et Méla qu’ils n’abandonnent pas avant d’avoir leur doctorat. J’aimerais que Méla me le promette. (...) Mélanie, je t’ai toujours dit que tu étais la meilleure, bien meilleure que moi, une sorte de meilleure version de ce que j’aurais voulu être. C’est pourquoi, avec l’expérience que j’ai accumulé dans ma vie et dans la perspective que donne le monde vu à distance, je te demande, mon amour, que tu te prépares à arriver au sommet.

A mon Lorenzo, mon Loli Pop, mon ange de lumière, mon roi des eaux bleues, mon chief musician qui me chante et m’enchante, au maître de mon coeur, je veux dire que depuis qu’il est né jusqu’à aujourd’hui, il a été ma source de joies. Tout ce qui vient de lui est du baume pour mon coeur, tout me réconforte, tout m’apaise, tout me donne plaisir et placidité (...). J’ai enfin pu entendre sa voix, plusieurs fois cette année. J’en ai tremblé d’émotion. C’est mon Loli, la voix de mon enfant, mais il y a déjà un autre homme sur cette voix d’enfant. Un enrouement d’homme-homme, comme celle de mon papa (…). L’autre jour, j’ai découpé une photo dans un journal arrivé par hasard. C’est une propagande pour un parfum de Carolina Herrera « 212 Sexy men ». On y voit un jeune homme et je me suis dit : mon Lorenzo doit être comme ça. Et je l’ai gardé.

La vie est devant eux, qu’ils cherchent à arriver le plus haut. Etudier est grandir : non seulement par ce qu’on apprend intellectuellement, mais aussi par l’expérience humaine, les proches qui alimentent émotionnellement pour avoir chaque jour un plus grand contrôle sur soi, et spirituellement pour modeler un plus grand caractère de service d’autrui, où l’ego se réduit à su plus minime expression et où on grandit en humilité et force morale. L’un va avec l’autre. C’est cela vivre, grandir pour servir (…).

A mon Sébastien [fils du premier mariage de Fabrice Delloye], mon petit prince des voyages astraux et ancestraux. J’ai tant à te dire ! Premièrement, que je ne veux pas partir de ce monde sans qu’il n’ait la connaissance, la certitude et la confirmation que ce ne sont pas deux, mais trois enfants d’âme, que j’ai (…). Mais avec lui, je devrais dénouer des années de silence qui me pèsent trop depuis la prise d’otage. J’ai décidé que ma couleur favorite était le bleu de ses yeux (…). Si je venais à ne pas sortir d’ici, je te l’écris pour que tu le gardes dans ton âme, mon Babon adoré, et pour que tu comprennes, ce que j’ai compris quand ton frère et ta sœur sont nés : je t’ai toujours aimé comme le fils que tu es et que Dieu m’a donné. Le reste ne sont que des formalités.

(…) Je sais que Fab a beaucoup souffert à cause de moi. Mais que sa souffrance soit soulagée en sachant qu’il a été la source de paix pour moi. (…) Dis à Fab que sur lui, je m’appuie, sur ses épaules, je pleure, qu’il est mon soutien pour continuer à sourire de tristesse, que son amour me rend forte. Parce qu’il fait face aux nécessités de mes enfants, je peux cesser de respirer sans que la vie ne me fasse tant mal. (…)

A mon Astrica, tant de choses que je ne sais par où commencer. Tout d’abord, lui dire que « sa feuille de vie » m’a sauvé pendant la première année de prise d’otage, pendant l’année de deuil de mon papa (…). J’ai besoin de parler avec elle de tous ces moments, de la prendre dans mes bras et de pleurer jusqu’à ce que se tarisse le puits de larmes que j’ai dans mon cœur. Dans tout ce que je fais dans la journée, elle est en référence. Je pense toujours, « ça, je le faisais avec Astrid quand nous étions enfants » ou « ça, Astrid le faisait mieux que moi ». (…) Je l’ai entendu plusieurs fois à la radio. Je ressens beaucoup d’admiration pour son expression impeccable, pour la qualité de sa réflexion, pour la domination de ses émotions, pour l’élégance de ses sentiments. Je l’entends et je pense « Je veux être comme ça » (…). Je m’imagine comment vont Anastasia et Stanis. Combien cela m’a fait mal qu’ils me prennent leurs dessins. Le poème d’Anastasia disait « par un tour du sort, par un tour de magie ou par un tour de Dieu, en trois années ou trois jours, tu seras de retour parmi nous ». Le dessin de Stanis était un sauvetage en hélicoptère, moi endormie et lui en sauveur.

Mamita, il y a tant de personnes que je veux remercier de se souvenir de nous, de ne pas nous avoir abandonné. Pendant longtemps, nous avons été comme les lépreux qui enlaidissaient le bal. Nous, les séquestrés, ne sommes pas une thème « politiquement correct », cela sonne mieux de dire qu’il faut être fort face à la guérilla même s’il faut sacrifier des vies humaines. Face à cela, le silence. Seul le temps peut ouvrir les consciences et élever les esprits. Je pense à la grandeur des Etats-Unis, par exemple. Cette grandeur n’est pas le fruit de la richesse en terres, matières premières, etc, mais plutôt le fruit de la grandeur d’âme des leaders qui ont modelé la Nation. Quand Lincoln a défendu le droit à la vie et à la liberté des esclaves noirs en Amérique, il a aussi affronté beaucoup de Floridas et Praderas [municipalités demandées par les FARC pour la zone démilitarisée]. Beaucoup d’intérêts économiques et politiques qui considéraient être supérieurs à la vie et à la liberté d’une poignée de noirs. Mais Lincoln a gagné et il reste imprimé sur le collectif de cette nation, la priorité de la vie de l’être humain sur quelque autre type d’intérêt.

En Colombie, nous devons encore penser à notre origine, à qui nous sommes et où nous voulons aller. Moi, j’aspire à ce qu’un jour, nous ayons la soif de grandeur qui fait surgir les peuples du néant pour atteindre le soleil. Quand nous ne serons inconditionnels face à la défense de la vie et de la liberté des nôtres, c’est-à-dire, quand nous serons moins individualistes et plus solidaires, moins indifférents et plus engagés, moins intolérants et plus compatissants. Alors, ce jour-là, nous serons la grande nation que nous voulons tous être. Cette grandeur est là endormie dans les cœurs. Mais les cœurs se sont endurcis et pèsent tant qu’ils ne nous permettent pas des sentiments élevés.

Mais il y a beaucoup de personnes que je voudrais remercier car ils ont contribué à réveiller les esprits et à faire grandir la Colombie. Je ne peux pas tous les mentionner [elle cite alors l’ex président Lopez et « en général, tous les ex présidents libéraux », Hernan Echevarria, les familles des députés du Valle, Monseigneur Castro et le Père Echeverri].

Mamita, hélas, ils viennent demander les lettres. Je ne vais pas pouvoir écrire tout ce que je veux. A Piedad et à Chavez, toute, toute mon affection et mon admiration. Nos vies sont là, dans leur cœur, que je sais grand et valeureux. [elle dédie alors un paragraphe de remerciements à Chavez, Alvaro Leyva, Lucho Garzon [ancien maire de Bogota] et Gustavo Petro, puis mentionne des journalistes]. Mon cœur appartient aussi à la France (…). Quand la nuit était la plus obscure, la France a été le phare. Quand il était mal vu de demander notre liberté, la France ne s’est pas tue. Quand ils ont accusé nos familles de faire du mal à la Colombie, la France les a soutenu et consolé.

Je ne pourrais pas croire qu’il est possible de se libérer un jour d’ici, si je ne connaissais pas l’histoire de la France et de son peuple. J’ai demandé à Dieu qu’il me recouvre de la même force que celle avec laquelle la France a su supporter l’adversité, pour me sentir plus digne d’être comptée parmi ses enfants. J’aime la France de toute mon âme, les voix de mon être cherchent à se nourrir des composants de son caractère national, elle qui cherche toujours à se guider par principes et non par intérêts. J’aime la France avec mon cœur, car j’admire la capacité de mobilisation d’un peuple qui, comme disait Camus, sait que vivre, c’est s’engager. (…) Toutes ces années ont été terribles mais je ne crois pas que je pourrais être encore vivante sans l’engagement qu’ils nous ont apporté à nous tous qui ici, vivons comme des morts. (...) Je sais que ce que nous vivons est plein d’inconnues, mais l’histoire a ses temps propres de maturation et le président Sarkozy est sur le Méridien de l’Histoire. Avec le président Chavez, le président Bush et la solidarité de tout le continent, nous pourrions assister à un miracle.

Durant plusieurs années, j’ai pensé que tant que j’étais vivante, tant que je continuerai à respirer, je dois continuer à héberger l’espoir. Je n’ai plus les mêmes forces, cela m’est très difficile de continuer à croire, mais je voudrais qu’ils ressentent que ce qu’ils ont faire pour nous, fait la différence. Nous nous sommes sentis des êtres humains (...).

Mamita, j’aurais plus de choses à dire. T’expliquer que cela fait longtemps que je n’ai pas de nouvelles de Clara et de son bébé (…). Bon, Mamita, que Dieu nous vienne en aide, nous guide, nous donne la patience et nous recouvre. Pour toujours et à jamais.


Propos sélectionnés et traduits par le Comité de soutien à Ingrid Betancourt.

5 décembre 2007

Jugement.

En salle des profs, une collègue qui fait des étirements et des mouvements larges et circulaires. Je l'observe en soufflant sur mon thé trop chaud. Bien sur, elle attend que je lui demande, alors, presque par politesse : "tu fais du yoga, de la sophrologie ?". Minute de silence qui traduit à quel point je l'ai importunée. En même temps je m'en fous, moi je demandais ça comme ça. Puis la phrase "tu peux pas comprendre, tes chakras sont fermés". Mouais, je vais y réfléchir.

Dans un autre établissement où j'interviens depuis à peine une semaine. Je suis débordée par la correction des copies d'examens blancs et je profite donc de la pause pour avancer parce que ce qui est fait dans la journée n'est plus à faire le soir. J'apprends ensuite par élèves interposés que je suis déjà considérée comme l'asociale de base à cause de mon absence en salle des profs à dix heures.

Un élève il y a quelques jours qui fait un exposé sur l'histoire de la musique et qui en vient à parler de certains mouvements de rap, en rajoutant, à titre individuel, "je rappelle tout ça exprès pour vous M'dame, parce que les autres connaissent". Merci, c'est parce que j'ai bientôt trente ans, parce que j'ai une tête à écouter Céline Dion ou juste parce que je suis assise derrière un bureau de prof ?

Jeux de regards, de jugements. Si faciles, si évidents. Gratuits.

15 novembre 2007

Polysémie.

J'ai des étudiants adorables qui pensent au bien-être de leurs professeurs. Hier, une jeune fille m'aperçoit en salle des profs, se faufile discrètement vers moi et me tend un paquet de gâteaux visiblement chaudement issu d'une boulangerie. Petit clin d'oeil, presque pas de mots, je lui en pique un et continue ma correction de copies. Plus tard dans la journée, elle me voit passer dans un couloir, les bras chargés. Elle tient toujours le paquet de gâteaux et m'interpelle en me le tendant :
"N'hésitez pas, reprenez-en un, ils sont délicieux"
Et moi, pressée mais avec le sourire :
" C'est gentil B., mais tu me gaves là !"
En un quart de seconde, j'ai vu ses yeux devenir aussi gros que ses coockies, elle a tourné les talons et s'est éclipsée. Il m'a fallu quelques secondes pour comprendre le message qu'elle avait compris... Et filer lui donner des explications.

2 novembre 2007

Egoïste.

Un étudiant mort de rire pendant un contrôle.
Tour d'horizon de la salle :
il rit seul et semble étouffer ses gloussements, avec beaucoup de mal.
Je l'interpelle pour connaître la raison de cette soudaine euphorie.
Il me répond simplement :
"c'est rien, z'inquietez pas, ça va passer, je me suis raconté une blague".

15 octobre 2007

Mes nuits sont plus belles que vos jours.

Un petit garçon hier soir au journal de 20h, tout ému par la caméra et par l'attention qu'on lui porte, à propos du violon qu'il découvre grâce à son école :

"ça me fait des frissons, et aussi ça me fait faire des rêves..."

Moi aussi, j'ai sept ans, et mes rêves sont plus fous que jamais, plus vivants et plus pénétrants... Et sans doute que la légèreté de cet instrument et le rapport sensuel que j'entretiens avec lui ne sont pas anodins... Mais il y a aussi toute ces pépites de jeu, ces pellicules de fantaisie et ces paillettes de folie qui ne trouvent pas assez de place dans mes journées, elles doivent occuper mes nuits...

tibo_et_lu

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