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Diane Groseille
19 mars 2010

Tomber est permis, se relever est ordonné.

tulipes_floues

Une fin de semaine. Encore de longues heures de surveillance devant moi et je file chez le Pooh. Nous nous rendons ce soir au concert de Gérald. Comme un vieil ami que l'on retrouve. Elle est fan depuis des années, depuis le début. Et je la suis, à chaque fois, avec le même plaisir. Puis je la vois si peu que chaque moment passé avec elle est précieux.  Je pense à sa vie qui a tant changé les dernières années. Elle vit maintenant avec ce grand gaillard si gentil, ils ont acheté une maison, ils ont un chien et un chat, ils voudraient un enfant, mais la nature leur complique un peu la tâche. Ce soir, il sera forcément doux de passer ce moment avec elle.

Et puis des nouvelles de cette truffe de Nam malheureusement. J'avais perdu mon portable pendant deux jours, il s'était faufilé sous le siège de ma voiture. Lorsque je l'ai retrouvé hier soir, il y a avait plusieurs messages de lui : "il faut qu'on parle", "je te rappellerai"... Je ne comprends pas. Pour ma part, les ponts sont coupés depuis son retour calamiteux début janvier. Tout avait été si décevant, j'en étais arrivée à le trouver insupportable, arrogant et torturé (les trois étant liés). Après lui avoir clairement expliqué mon point de vue sur la situation, j'avais simplement mis fin à tout échange avec lui et je pensais que les choses étaient ainsi suffisamment explicites, que tout avait été dit. Il y avait eu si peu entre nous qu'il n'y avait rien à regretter, bien au contraire... Mais il insiste. Je ne donne pas suite. Rien de plus à dire. Je suis cependant obligée de le voir dans un contexte bien différent (celui où je l'ai rencontré) et ce qu'il peut y proposer est de plus en plus navrant. Est-ce un moyen pour lui de me faire réagir ?

Le contexte en question : le théâtre d'impro. Depuis septembre, je suis à la tête d'une association. Nous sommes une petite vingtaine et les choses prennent forme tout doucement. Il est tellement gratifiant d'en être arrivée là. Lundi soir, nous avons fait nos premiers pas devant un public. Tout le monde a été excellent. J'étais si fière d'eux ! Mais au milieu de ce tableau, il fallait une touche sombre : ce fut Nam.  Je n'arrive pas à savoir pourquoi, mais il a fait n'importe quoi ! Aucune écoute, aucun respect des règles, froid, distant, agressif. Ensuite, nous sommes tous allés célébrer notre réussite autour d'un bon repas, et lui en a profité pour boire plus que de raison (il lui en faut si peu d'ailleurs). Il est parti avec une tête de chien battu que personne n'a comprise.  Je ne pensais pas avoir encore l'occasion de développer autour de ce sujet, mais je suis abasourdie par tant de bêtise et de puérilité !

Mais tout cela ne parvient pas à me pourrir la vie, plus cette fois. Je suis forte et je garde mon énergie. Il ne me fera pas plier. Le rhume qui m'a plongée trois jours en apnée non plus. L'absence de Lu et le silence de Neb à ce sujet : je n'y pense pas. Les factures que j'ai du mal à payer  : et alors ? Pas même ces tas de copies qui s'amoncellent sur mon bureau !

***

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9 mars 2010

Tous les matins du monde.

Avoir un peu de temps devant soi. Je redécouvre ça ce matin. Après les courses folles des derniers temps, j'ai su prendre mon temps : regarder les gens sur les trottoirs, m'arrêter dans cette boulangerie pour y prendre un croissant aux amandes, souffler sur mon thé trop chaud avant mes premières heures de cours. J'avais juste oublié que c'est facile.

Puis qu'il est rassurant aussi le soir de quitter son lieu de travail dans la lumière du jour qui s'échappe ! A la fin du mois, je fêterai mes trente deux ans avec du soleil en plus tous les soirs : le début de la belle saison comme cadeau d'anniversaire ! Je me contente d'éléments simples pour me dire que tout va aller mieux. J'ai trébuché, mais ça va aller, je n'ai pas perdu la face. Je sais que je suis plus forte que ça, que ma confiance n'est pas si loin. Je m'impatiente de voir arriver la douceur du printemps

Lucien mon bon chien n'est plus là depuis des semaines : garde alternée, il est avec Neb. Celui-ci m'assure qu'il va me le ramener bientôt. Il me manque : sa présence câline, les longues balades avec lui, ... Neb aussi me manque parfois. Voilà presque un an que nous sommes séparés. Il y a eu la tempête, les mots trop forts qu'on ne voulait pas prononcer, les nuits blanches, les larmes, les cris. Puis il y a eu le calme, le silence imposé. Aujourd'hui, il vit chez ses parents. Il n'y avait pas d'autres solutions alors il a rejoint ses alpages. Nos relations semblent être devenues plus saines, plus faciles, même si tout ce que nous avons vécu et raté ne peut pas s'effacer d'un revers de manche. Je pense souvent à notre vie commune, à nos moments de quotidien partagé. Certains éléments ont été gommés. de ma mémoire. Je vis maintenant seule et j'aime ça. Je ne me vois pas repartager un jour autant. C'est sans doute ce qui nous a gâché la vie : cette intimité qu'il n'est pas naturel de faire subir à l'autre, plus de séduction, plus de passion, plus d'envies, plus de défi. Tout est acquis ! Puis pour nous en plus, tous les problèmes qui se sont greffés par-dessus...

Je me demande souvent comment j'aurais fait pour relever la tête s'il n'y avait pas eu les médicaments. Je sais que tout ne venait pas de cet échec avec Neb, qu'il y a eu d'autres facteurs. Je ne sais pas ce que j'aurais du faire pour que ça se passe autrement. Énigme.

***

2 mars 2010

Un peu de légerté.

Soulagée depuis ce matin. Une décision difficile à prendre mais le mail est parti. Il fallait que j’allège un peu ma vie. J’étais devenue une espèce de robot qui aligne les heures de cours, plus de temps pour manger, à peine le temps de dormir. Et a trop vouloir en faire, je faisais mal. Incapable de respecter des délais et des contenus. Pourtant, je travaillais en continu. Plus de temps pour moi. Peu de temps pour mes proches. Et cette impression cruelle que dès que je déconnectais un peu de tout ça, je n'étais plus à ma place. Mauvaise conscience. Alors ce matin, après m’être fait remonter les bretelles, j’ai envoyé un message à l’une de mes responsables et j’ai mis fin à notre collaboration. J’étais de toute façon incapable de répondre à ses exigences. J’espère que cette décision me permettra de reprendre pied et d’avoir un peu plus de temps pour moi…

C’est ce week-end qu’elle a muri en moi. Voilà quatre mois que je préparais ça : les trente ans de ma sœur. En octobre, l’idée avait germé. Une surprise avec ses amis, ses proches. Il a fallu contacter tout le monde, et attendre patiemment des réponses qui parfois ont tardé. Il a fallu louer une salle, choisir un menu, des animations, des éléments de décor. Surtout, il a fallu faire diversion et multiplier les petits et les gros secrets durant des semaines. Le week-end dernier, pour noyer le poisson, sa meilleure amie et moi l’avons embarquée au bout de la France, dans la baie de Somme. Elle ne savait pas où elle allait et a adoré, trois jours durant, aller de surprises en surprises : balade sur la plage, tour en vélo, petits bonheurs, plateau de fruits de mer, invité de dernière minute, virée à Paris au retour, Sacré Cœur et coucher de soleil, puis Spectacle du Roi lion pour clore le bal ! Après ça, elle ne se doutait pas une seconde de la chouille d’enfer qui l’attendait huit jours plus tard ! Nous l’avons kidnappée samedi soir et trainée les yeux bandés à l’autre bout du département où elle a poussé des cris devant plus de trente de ses amis les plus proches. La soirée a été pleine de tendresse et d’émotion. Beaucoup de joie et de simplicité. Une belle salle aux couleurs printanières et un excellent repas. Du bonheur, si ce n’est les remarques déplacées et les exigences de certains invités qui se croyaient au resto. Heureusement, je suis la seule à les avoir entendues. Puis au milieu de toute cette effervescence, ma mauvaise conscience (celle qui me titille dès que je ne suis pas en train de travailler) s’est évaporée. Et j’ai su profiter pleinement des instants passés avec mes proches, mes parents, ma sœur et mon frère. Ce fut si doux. Et hier soir, alors que je retrouvais mon appartement, je me suis dit que tout cela ne pouvait plus durer, que rien ne justifiait que je sacrifie ainsi ma santé, mon moral, mes amis, ma famille : tout cela ne doit plus être secondaire et ça fait pourtant des mois que je les range dans la colonne « plus tard ». Je veux retrouver l’insouciance et la simplicité de ce début d’année scolaire. Lorsque j’avais encore du temps. Depuis que le mail est parti, je me sens plus légère. Et je dirais même que les douleurs aux cervicales que je traine depuis des semaines semblent s’atténuer.

Ce matin, grand soleil et douceur de l’air. Je suis sortie sans ma veste. J’ai aimé sentir la chaleur sur mes joues et le vent frais dans mes cheveux. J'aurais aimé m'arrêter là sur le trottoir, pour prendre le temps de savourer ce moment. J’ai repensé à des détails de la soirée. Au sourire de ma sœur, ses larmes de joie, tous nos amis, notre famille. J’ai également repensé au mains de R. sur ma peau. Que dire de lui. Voilà plus de sept ans que nous gravitons l’un autour de l’autre. Quelques mois avant de rencontrer Neb, il y avait encore eu des doutes, des possibilités, de la tendresse, des interrogations entre nous. Il y en a toujours eu. Puis samedi soir, dès mon arrivée, j'ai remarqué ses regards soutenus. Il y a eu toutes ses petits remarques, ses sous-entendus. Il y a eu ses mains sur mes épaules, longuement, ses doigts qui ont glissé dans mes cheveux. J'ai essayé de m'en éloigner, car il avait bu, qu'il est installé depuis peu avec une charmante demoiselle (absente ce soir là) et qu'il aurait été plus que facile de profiter de la situation. Mais j'ai tellement apprécié sa tendresse, toujours les mêmes gestes, ceux d'autrefois, ceux qu'il faits spontanément. Au moment de se coucher, il a attrapé mon bras et m'a attirée vers lui. Nous avons dormi côté à côte, il a fait glissé ses mains sur mes joues, sur mes cheveux, ses doigts sur ma bouche et nous nous sommes endormis longtemps après, main dans la main. Au réveil, il était toujours aussi tendre, et j'étais gênée de son attitude par rapport à nos proches qui étaient toujours là. Depuis, j'ai cru comprendre qu'il ne se souvenait pas de tout, j'ai donc bien fait de ne pas céder à ses avances. De toute façon, il est presque un frère pour ma sœur (donc pour moi aussi, indirectement) et il y a toujours eu ça entre nous, comme une barrière, une impossibilité. Je retiens de cela que j'ai aimé cette sensualité simple, presque enfantine, qui n'attendait pas plus. Je suis un peu perdue par rapport à mes attentes sentimentales. je veux croire qu'il n'y en a pas, que je suis tellement bien seule. Mais je réalise que la tendresse et les gestes d'attention, lorsqu'ils se produisent peuvent provoquer des vagues en moi. Je voudrais de la simplicité, sans l'attachement...

***

4 février 2010

Quid novi sub sole ?

Des jours plus difficiles. J'ai trébuché. On appelle ça "rechute". Mon médecin avait voulu réduire les doses. J'étais confiante. J'avais presque fini par croire que cette force en moi ne pouvait venir que de moi. Mais non, une feinte de la part des médicaments. C'est venu vite. D'abord, du mal à se lever le matin. Des envies qui se font plus timides : aller travailler, se faire à manger, sortir voir du monde...

Puis l'autre soir, après l'atelier théâtre, comme tous les lundis soirs, nous nous sommes retrouvés autour d'une table. En fin de repas, alors que nous parlons de l'amour avec un grand A, Christophe me dit qu'il me souhaite "bonheur et douceur". Je rétorque comme à chaque fois, convaincue, que je suis heureuse comme ça. Plus tard, je monte dans ma voiture pour le trajet retour. Je me sens fatiguée, lassée. En roulant, sans réfléchir, je sens cette vague qui gronde en moi. Je ne veux pas pourtant, mais je sais que je ne peux rien y faire. Les mots de Christophe résonnent. Puis elles arrivent, douloureuses et rassurantes à la fois, les larmes qui n'avaient pas coulé depuis des mois. Ça a duré toute la soirée et je me suis endormie avec des sanglots dans la gorge. Le matin au réveil, elles étaient toujours là, plus sournoises, lancinantes.

J'ai filé chez le médecin. Il m'assure que c'est une erreur de sa part, qu'il était sans doute trop tôt, que les failles étaient encore là. Il dit que ce n'est pas un signe de dépendance, simplement la preuve que la dépression était sérieuse et que les médicaments sont efficaces. J'ai besoin de temps pour me reconstruire. Je me sentais pourtant si bien. Alors je suis repartie pour trois mois de traitement comme au début.

Je me sens seule. Il y a encore quelques semaines, quelques jours à peine, je trouvais cette solitude douce et tellement confortable. Puis là, une présence me manque, je suis prise de panique parfois. Je ne parviens pas bien à gérer le temps lorsque je suis chez moi toute seule. Je retrouve les angoisses de cet été que je pensais disparues à jamais. J'ai du mal à me mettre au travail, j'ai l'impression d'être toujours débordée.

Côté Nam, silence radio. Enfin, j'ai réussi à me débarrasser de cette histoire. Il y avait quelque chose de plaisant à l'idée de séduire mais je savais depuis le début qu'il ne pourrait rien y avoir entre nous. Il a fait "ses preuves" en rentrant de son voyage au bout du monde. Il s'est montré plus odieux que jamais (et pourtant, il avait déjà été bien lourd). J'ai senti la distance se creuser entre nous, j'ai compris que je ne voulais vraiment rien attendre de lui. Je l'ai écouté parlé seul, j'ai pris conscience de la dimension de son égo. J'ai observé patiemment tous ses défauts qui en sont devenus très vite insupportables (sa façon de claquer ses talons au sol, de manger la bouche ouverte, ses ronflements, ses trous de mémoire pour tout ce qui ne le concerne pas, son air blasé...). Il a insisté pour que je ne sois pas sévère avec lui, pour que je lui laisse des chances. Nous avons cumulé des soirées durant lesquelles je n'ai pu qu'affronter l'évidence : un boulet ! Il a fini par me dire que sa séparation était la décision de son ex' et qu'en prime celle-ci était enceinte (ça je l'ai su plus tôt). J'ai fini par lui envoyer un mail pour qu'il ait sous les yeux les mots qu'il ne voulait pas entendre : je ne souhaite plus le voir et maintenant, il sait exactement pourquoi.

Je ne vois pas grand chose devant (là aussi un point commun avec mon état d'esprit estival). Un voyage de quatre jour à l'autre bout de la France, du travail, des échéances sur les quelques projets en cours. Le printemps aussi. Et je gobe tous les soirs ma petite pilule en espérant que mes repères se redessinent.

Mousse_et_glace

2 janvier 2010

Connexions bienveillantes.

La machine ralentit. Tout doucement. Je réalise que j'ai été prise dans un tourbillon. Très agréable pour une fois, plein de paillettes, de sourires, de tendresse, de chaleur et de surprises. Le temps est élastique et j'ai su trouver la place pour tant de nouvelles choses alors que j'avais l'impression de saturer avant. Je voulais sans arrêt cloisonner, anticiper et ça ne me permettait plus de vivre chaque instant. Tout semble plus facile aujourd'hui. Les dernières semaines ont été évidentes : pas d'accrochages, pas de contrariétés ou si peu. Je dis oui quand on me propose quelque chose sans trop réfléchir, sans plus anticiper. Toutes les portes restent ouvertes. J'ai l'impression de m'être (r)éveillée.

Mon premier semestre touche à sa fin, je m'en sors, malgré ce nouvel employeur qui me donne quinze heures hebdomadaires en plus. Les paquets de copies s'entassent et je suis obligée de solliciter la patience de mes étudiants et de certains employeurs aussi qui donnent des délais très courts pour les bulletins et les remises de notes. Heureusement, j'aime ce que je fais. En ce moment en particulier, alors que je retrouve une certaine confiance, je suis souvent emplie par cette sensation d'efficacité et d'utilité. Lorsque je les vois réfléchir, travailler, poser des questions.

Nam est parti mi décembre au bout du monde. Tout est passé si vite. Il m'a fait parvenir quelques mails , mais ce fut une parenthèse silencieuse. J'avoue que je n'en suis pas étonnée. L'exotisme du lieu et l'omniprésence de sa copine m'ont sans doute complètement effacée. Je pense souvent à son retour et je me questionne sur la teneur de notre relation à ce moment là. Il était si tendu avant son départ.

J'ai revu Neb souvent les derniers temps et je l'ai senti si perdu et si fragile. J'ai de la peine pour lui, je n'ai pas pu lui apporter le réconfort dont il aurait eu besoin, je n'ai pas pu être là. Ce n'est sans doute plus à moi de l'être. Pourtant, je me sens toujours responsable. Je crois et j'espère avoir fait pour lui tout ce que j'ai pu. Maintenant, il part rejoindre ses montagnes. Plus rien ne le rattache à ma région, il dit ne plus avoir sa place ici. Bien sur, il reviendra pour voir Lu et ses amis.

J'ai effectué la transition 2009-2010 chez mes parents. Ils sont partis en Italie et je me suis occupée de ma grand-mère. Comme cet été. Il a été doux de se retrouver dans ce cocon d'habitude si agité par la vie familiale, les rires. Là, il n'y a eu que moi et Lu. Le calme de cette grande maison vide. Ma grand-mère vit juste à côté. J'ai essayé de lui tenir compagnie, mais ses propos sont de plus en plus incohérents et elle ne parvient plus a suivre le fil d'une conversation. Parfois, je vois le vide dans ses yeux et j'imagine ces grands ciseaux dorés dans sa tête qui ont coupé le fil. Parfois, c'est arrivé et elle m'a simplement dit "ça y est, c'est de nouveau parti". Je me pose beaucoup de question sur la matérialisation des pensées, comment voit-elle les choses, que comprend elle encore. La vieillesse est quelque chose qui m'interroge : à la fois la difficulté de voir son corps et son esprit ralentir, mais également la perception de ces personnes par la société, si différentes dans d'autres cultures.

J'attaque cette nouvelle année sereine et positive. Cette date n'est que symbolique mais j'espère qu'avec elle se tourne définitivement la page grise de cette période si difficile. J'en ai bavé et je regarde maintenant tout cela avec beaucoup de questions. Comment ai-je pu me sentir si mal, si loin, comment n'ai je pas réussi à trouver les ficelles pour m'en sortir, où étaient passées ma détermination et ma force. Les épreuves n'ont pourtant pas été si dures. Là aussi, les mystères du cerveau me laissent sans voix.

***

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1 décembre 2009

Birdy Nam.

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Derniers jours lourds d'événements et d'émotions, de retournements de situation.

Pour reprendre les choses depuis le début, appelons le protagoniste Nam et situons les principales étapes d'une histoire qui n'en est pas vraiment une. Je connais Nam depuis trois ans. C'est quelqu'un que j'ai toujours connu en colère : une crispation froide et difficile à cerner. L'an dernier, j'apprends qu'il s'est séparé de la fille qui vivait à ses côtés depuis six ans. Je le découvre alors fragile et différent Cet été, alors que je suis en pleine dépression, je me force à voir du monde. Je suis chez mes parents absents, j'organise une soirée : j'envoie des mails à gauche à droite, je passe des coups de fil. Beaucoup sont en vacances. Nous nous retrouvons une petite dizaine autour d'un barbecue. Je suis éteinte, assommée par les médicaments et je m'en veux de m'être imposé cette mascarade. Tout le monde m'avait dit que ça pouvait me faire du bien. Je me sens plus seule encore, coupée de tout et impatiente de voir tout ce petit monde repartir. Il est là, il entre un peu plus dans mon univers. Quelques jours plus tard, un mail. Nam me propose d'aller boire un verre. Il dit vouloir me connaître mieux. Jusque là, nous n'avions que des rapports que l'on peut qualifier de professionnels. Je réponds oui, peut-être, à l'occasion. Mais rien ne se fait malgré de nombreuses relances, je trouve toujours de bonnes excuses pour remettre ça à plus tard.

Début octobre, alors que tout le monde semble s'enfoncer dans une déprime saisonnière, je me remets doucement sur pieds. Nous passons un week-end en montagne avec tout notre groupe et il me reparle de ce fameux verre. Je lui dis oui, et cette fois-ci, nous arrêtons une date. On se voit quelques jours plus tard, dans le café situé au pied de l'immeuble dans lequel j'ai vécu huit ans. Ce soir là, je le trouve distant, nerveux, égocentrique, il me parle de lui, trop, et parvient à me transmettre son angoisse. Il me parle aussi d'un voyage à venir, me demande comme ça, si je serais prête à le suivre, sur un coup de tête.

Par la suite, il y a des mails. Il éveille ma curiosité. Il me fait des compliments. Il joue à me provoquer et à me séduire. Il me propose de passer une soirée avec lui dans une ville de l'autre côté de la frontière. Je ne la connais pas, j'ai envie de le suivre. Nous passons là-bas un très bon moment. Je le découvre plus détendu, naturel et spontané, il me fait partager ce qu'il aime, des endroits, des idées... Deux jours plus tard, il me dit être de passage dans ma ville. Nous nous retrouvons sur des tabourets de bar à siffler des bières les unes après les autres. Je réalise qu'il ne tient pas l'alcool. Il m'embrasse, plusieurs fois. Nous finissons chez moi, il n'est bien entendu plus en état de rentrer chez lui. Il passe la nuit dans mon lit à me ronfler dans les oreilles. Au petit matin : impression d'avoir dormi avec une tronçonneuse. Lui est malade, il fait une migraine carabinée, il en vomit et je dois l'emmener chez le médecin. Je réalise qu'il ne tient vraiment pas l'alcool : il a tout oublié de la veille ! Quelques jours plus tard, il est de passage en train, il rentre d'une conférence sur S. et je sors d'un conseil de classe. Nous nous retrouvons au même endroit, je le sens fatigué et angoissé. Il a quelques chose à me dire, mais n'y parvient pas. Il boit trop et trop vite, se crispe davantage et finit même par se montrer agressif. Comme la fois précédente, nous finissons la soirée chez moi et alors qu'il s'endort sur mon canapé, il m'appelle par le prénom de son ex. J'en ris beaucoup. Il me parle mais ce qu'il articule n'a ni queue ni tête. Je passe une nuit blanche car il ronfle comme un sonneur et je ne parviens pas à trouver le sommeil. Au petit matin, nous faisons l'amour, il se montre maladroit et brutal, je déteste ça. Je pars ce jour là en cours, sonnée et j'attaque une journée de boulot pleine de points d'interrogation. Je décide finalement de mettre fin à cette mise en scène stupide. Tout cela me fait finalement sourire : cet homme aura été capable de cumuler sur deux rendez-vous tellement d'erreurs... J'officialise ma décision un soir, en sortant de cours, devant un thé à la menthe. Il dit vouloir savoir ce que je lui reproche. Un mail part le lendemain dans lequel je liste tout : ses maladresses, ses fautes de jeu, son indécision, ses trous de mémoire, la sensation désagréable d'être son jouet. Je pense alors vraiment que "l'histoire" s'arrête là. Mais je reçois trois jours plus tard une révélation : un message qui met en lumière beaucoup de choses. il m'apprend que depuis fin septembre, il n'est pas seul. Il a rencontré une femme. En lisant ce message, je suis prise d'un fou rire que j'ai du mal à maîtriser. La cerise sur le gâteau ! Puis je repasse en mémoire toutes ses bourdes, toutes ses hésitations : je comprends. Il me dit que bien entendu, quand il était venu me chercher, les premières fois, il était seul. Qu'il m'a vue distante et froide. Qu'à contre cœur, il a lâché l'affaire. Elle s'est trouvée sur sa route et il s'est trouvé bien avec elle. Quand, revenue à moi-même, je suis venue à lui, il s'est d'abord dit que tout cela n'était pas raisonnable, que c'était trop tard. Mais il a voulu savoir quand même : ce que ça aurait pu être, ce qu'il avait perdu. La suite est évidente.

Ce qui me fait beaucoup rire dans un premier temps me froisse finalement. Je lui répète alors que je préfère que tout cela cesse. Et cette fois-ci, c'est par peur d'y perdre des plumes. Il se pointe après avoir sauté en urgence dans un train jeudi soir. Il a plein de choses à me dire : il veut continuer à me voir. Il dit avoir besoin de mieux me connaître. Il souhaite que les ponts ne soient surtout pas coupés. Je dis non et il repart comme il est venu, en courant vers son train.

Et la balle est revenue dans mon camp. Comme un boomerang. Il y a d'abord eu ce silence puis mes mots et toute la réflexion qui a suivi. Je pensais que c'était mieux ainsi. C'était peut-être le cas. Vendredi, nous nous sommes vus à midi car il avait oublié des affaires chez moi. Il a voulu que nous prenions le temps de parler. Nous sommes allés manger japonais, très vite car je reprenais les cours tôt. Mais ce fut une coupure dans cette journée trop rapide. Des tables basses laquées, des coussins à même le sol. J'ai vraiment apprécié. Je lui ai réitéré ce jour là mes propos de la veille, ma volonté de couper les ponts pour me protéger. Il m'a dit encore à quel point il est bien avec moi.

La suite se fait dans la virtualité des mails. Certains à travers lesquels j'ai même pu lire son sourire. Il me propose de l'accompagner à une expo d'art contemporain. Je ne veux pas. Les heures passent, je ne réponds pas. Vendredi soir, je retrouve mon cocon douillet après une semaine de course. Pas de Lu, maison vide sans lui, il est chez mes parents, je préfère le savoir au grand air alors que j'aligne des journées de plus de huit heures de cours. Je m'endors sur le canapé en repensant à Nam.

Samedi matin, je suis réveillée par le téléphone : ma mère en larmes. Le chat est mort. Il avait quinze ans. Une crise cardiaque. Quelques heures plus tard, j'ai ma sœur au téléphone. Je comprends à sa voix guillerette qu'elle n'est pas au courant. Je le lui dis, tout de suite. Plus de voix, elle raccroche. Et débarque chez moi. Elle me fait appeler notre frère, elle ne se sent pas de le faire, ma mère non plus. Les heures qui suivent sont larmoyantes. J'ai allumé une petite bougie sur la table du salon et ma sœur la fixe avec ses yeux humides. Je finis par la motiver pour aller se balader. Nous trainons en ville. Dans un rayon, je trouve deux exemplaires d'occas' de La nuit des temps de Barjavel et des Voleurs de beauté de Bruckner. Deux livres que j'ai adorés. Dans la soirée arrivent les cop's pour une désormais traditionnelle soirée de gonzesses : bonne bouffe, crémant à volonté et blind test...  Depuis quelques mois, je me suis rapprochée d'elles, nous aimons nous voir, nous soutenir, échanger et rire. On se lâche et je n'avais pas imaginé cet été que les choses puissent devenir aussi simples. La joie d'être ensemble gomme un peu la tristesse de la journée. Je leur parle de Nam car elles sont de bon conseil. Elles me mettent en garde.

Bien sur, je devrais me méfier mais ça faisait si longtemps que je n'avais pas eu droit à de petits bonheurs si évidents. Malgré toutes les tensions et les erreurs qu'il a pu commettre, malgré la situation plus que difficile, les moments passés avec lui sont doux et simples. En particulier depuis qu'il joue la carte de la sincérité, bien sur. Et je me dis que tout cela pourrait me convenir. Je ne veux de toute façon pas d'engagement, rien de sérieux après ce que je viens de vivre. Il est vrai que je déteste l'idée qu'il mente à cette fille, bien que je ne la connaisse pas du tout. Je me dis que peut-être un  jour, c'est moi qui serai à sa place, c'est à moi qu'il dissimulera des vérités. Mais j'aime sa façon d'être, sa façon de voir le monde comme un tissu de possibilités. J'aime sa prise d'initiative et sa maturité (même si la situation qu'il se/nous fait vivre n'en est pas la meilleure illustration)...

Je décide finalement de ne pas me mettre de barrière. Il veut me voir, il veut mieux me connaitre : je serai là, opportuniste, à prendre ce qu'il y a à partager en tachant de me protéger et de ne pas fondre comme un sucre d'orge.

Dimanche, après un repas familial chez les parents, je m'éclipse pour l'accompagner finalement à cette exposition. J'y passe encore un délicieux moment. Sa compagnie est juste évidente. Il n'y a plus aucune tension, les choses semblent naturelles. Nous parlons, nous rions. Nous choisissons nos toiles préférées. Je reste émue devant celle ci et rêveuse devant cette autre. Nous évoluons dans les couloirs feutrés de cet immense labyrinthe. Nous nous séparons, nous nous retrouvons. Je l'observe. Plus tard, nous marchons dans les rues de la ville de S., celle que j'ai tant de mal à apprécier. Je lui explique d'ailleurs pourquoi. Nous pénétrons dans la cathédrale, je m'y sens toujours si écrasée. Je crois que c'est une première vraie soirée où nous sommes réellement nous mêmes. plus de jeu, plus de règles. Passage dans un bistrot, puis petit restaurant d'habitués. Nous rentrons en voiture, il s'endort durant le trajet et j'en profite pour caresser ses mains chaudes. Je suis censée le déposer à la gare mais nous passons finalement la nuit ensemble. Hier matin, douceur du réveil avec lui. Nous faisons la route ensemble jusqu'à M. Sur le trajet, je me dis que j'ai l'impression (sans doute fausse) de très bien le connaître. Pourtant je sais si peu de lui. Ce matin, c'est encore avec lui que je me suis réveillée. Dans son lit cette fois et un peu tard.  Mais nous parlions depuis six heures et je n'ai pas vu le temps passer. Course dans les rues de la ville pour être à l'heure.

Je suis consciente que tout cela pourrait très vite devenir compliqué et douloureux. D'autant plus qu'il part au bout du monde avec elle dans deux semaines et ce pour un mois. Sans doute que cela nous permettra d'y voir plus clair. A lui comme à moi. Chacun de nous pourra sans doute savoir plus précisément ce qu'il veut. Pour le moment je sais surtout ce que je ne veux pas. Pas de promesses. Pas de précipitation. Pas d'engagement. Et je ne veux surtout pas qu'il prenne la décision de la quitter pour moi, ce qu'il pourrait regretter par la suite.

A côté de ça, il y a d'autres personnes. Ceux qui reviennent à la charge. Ceux qui sont encore en période d'approche. Ceux qui n'osent pas et qui regrettent. Des prétendants. Il est amusant de voir le contraste avec les douleurs de cet été. La fermeture, ce devait être écrit sur mon visage, tout mon corps devait exprimer ce mal-être.

Puis je me sens mieux aussi professionnellement, tellement mieux que l'an passé. J'ai rencontré la semaine dernière mes nouvelles classes, celles qui miraculeusement viennent compléter mon emploi du temps. Je vais faire cette semaine plus de quarante-cinq heures. Et paradoxalement, ça ne me fait pas peur. Je ne connais plus la fatigue de l'an passé, j'ai des trésors d'énergie dont je ne connais pas l'origine.

J'aime finalement le virage que j'ai pris. Je pensais tout cela impossible. J'ai retrouvé de la force et je n'ai plus peur de vivre.

***

"Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait"

Mark Twain.

27 novembre 2009

Game over.

Assez joué. Voilà des semaines que cette histoire traine. Une espèce de jeu sournois, un labyrinthe dans lequel j'avançais en aveugle .  Les obstacles qui se dressaient devant moi, entre lui et moi, alors que tout semblait facile. De l'indifférence au départ, puis de l'amusement et au final peut-être déjà des bribes d'attachement. Les éléments de compréhension ne sont arrivés qu'au goutte-à-goutte.

Je n'étais pas prête pour tout ça, pas assez solide, pas assez stable. J'aurais pu tomber si cela avait dû devenir plus sérieux. Je ne voulais rien de sérieux, je ne voulais pas être bousculée. Mais je me suis prise au jeu : la séduction, la tendresse, l'attente.

Je me sens soulagée aujourd'hui. J'ai pu dire hier soir ce que j'avais sur le cœur. Même si cela reste confus et absurde, j'ai su trouver les mots. Ceux qui mettent fin à cette mascarade. Ceux qui me libèrent de lui. La balle est dans son camp et je n'attends plus qu'elle revienne à moi. Je suis fière de moi, car j'ai été sincère et j'ai trouvé l'exactitude pour transmettre mes impressions. Lui n'avait pas su être clair et depuis le début, il y avait ces zones d'ombre. Je les ai toutes gommées et j'ai mis fin à la partie. Une partie qui ne menait de toute façon à rien, perdue avant d'être commencée.

Il me reste à prendre de la distance avec d'autres pour ne pas reproduire le même schéma. Il est trop tôt et tout cela n'est qu'une mise en scène, une mise en abyme, certes rassurante et flatteuse pour moi, mais inutile et parois même dangereuse.

***

19 novembre 2009

Checkpoint.

Je vais vraiment mieux. Aujourd'hui, je peux l'affirmer. J'arrive à relativiser. Je comprends mieux ce qui a pu se passer, même si j'ai encore beaucoup de mal à me l'expliquer, à mettre des mots dessus. Physiquement également, je me suis rétablie. Stabilité. j'ai moins peur, même si les vieux démons sont toujours là. J'ai repris une certaine confiance en moi. Je me questionne par contre très souvent sur la valeur de ce bien être : réalité ou masque chimique ? Je me revois assise il y a une semaine en face de mon médecin alors que je l'interrogeais sur les parts de force et d'illusion de mon état : "impossible de le savoir pour le moment, et d'ailleurs, on ne veut pas le savoir". Je poursuivrai le traitement jusqu'au printemps, m'a-t-il dit. Je n'ai toujours pas rencontré le psy qu'il m'avait conseillé, rendez-vous très difficile à obtenir. Il me dit que c'est un signe de sérieux, de professionnalisme, c'est quelqu'un qui s'engage auprès de ses patients. Je ne suis de toute façon pas impatiente de le rencontrer, je n'en ressens pas le besoin et je suis même gênée à l'idée de devoir lui déballer ma vie. A vrai dire, j'en aurais sans doute eu besoin cet été, alors que j'étais envahie par tant de doutes. Aujourd'hui, alors que je me sens mieux, je ne vois pas ce que je vais pouvoir lui dire et comment tout cela pourrait s'articuler.

Ma vie avance alors que je la voyais au point mort il y a quelques mois à peine.

Les choses semblent évoluer avec Neb. J'avais mis des distances pendant plusieurs semaines pour y voir plus clair. Aujourd'hui, mes sentiments pour lui semblent moins confus. Je vois de façon plus claire ce que nous avons vécu, je comprends mieux les liens qui ont pu nous unir jusqu'au bout, malgré tant de tensions. Je ME comprends mieux au travers de cette histoire. Il aura fallu du temps. Et pour lui tout semble encore abstrait. Je crois qu'il a toujours des sentiments pour moi. Je crois qu'il sait avoir gâché beaucoup de choses. J'espère sincèrement qu'il réussira à se reconstruire. Je tiens beaucoup à lui et je voudrais le (sa)voir heureux.

De mon côté, je construis. Les projets que je jugeais bien trop ambitieux il y a quelques semaines encore sont en train de prendre forme. En particulier mon association d'impro. J'en suis très fière. Je ne pensais pas être ainsi suivie et soutenue dans l'élaboration de cet atelier. Aujourd'hui, nous sommes une vingtaine, motivés et prêts à affronter d'autres équipes. Tout cela pourra prendre des formes très différentes et ça me laisse une liberté de mouvement par rapport aux années passées : je ne suis plus salariée mais présidente ! Les relations au sein du groupe se renforcent de semaine en semaine.

Autre point qui m'a fait peur tout l'été : ma situation professionnelle.  Javais tout vu s'écrouler en juin lorsqu'on m'avait appris que j'aurais nettement moins d'heures. Ma situation de vacataire qui ne présentait jusqu'alors que des avantages montrait son vrai visage. Je craignais cette année de rencontrer de vraies difficultés financières. J'ai commencé l'année avec très peu d'heures de cours et une motivation ras des pâquerettes. Puis j'ai su il y a quelques semaines que j'allais créer cette année des supports pédagogiques pour un site de soutien scolaire sur internet. Et hier, j'ai eu un entretien qui s'avère concluant pour de nouvelles interventions dans un autre centre de formation. Seul point noir au tableau : je vais avoir de très nombreuses heures et je ne sais pas comment je vais pouvoir gérer mon Lucien dans de telles conditions, cela va demander une certaine organisation.

Puis il y a mon rapport aux autres qui a considérablement évolué : j'échange, je partage, je ris, j'écoute, je me positionne sans plus de peur de ce qu'on va penser de moi, j'affirme, je m'oppose, je donne, je crois, je fais confiance, je rassure, je soutiens, je séduis, j'aide, j'accepte. Je prends du plaisir à être avec certaines personnes, je savoure les instants passés avec les gens qui m'entourent : mes élèves, ma famille, mes amis... De nouveaux liens se sont tissés : certains qui me semblent pouvoir devenir très forts, d'autres dont je dois apprendre à me méfier. Certaines personnes, je le sais, cherchent à jouer, et la petite crétine fragile que je suis en ce moment est la proie idéale pour qui veut s'amuser à manipuler. La séduction est là, omniprésente avec certaines personnes. Je reste prudente même si j'ai parfois l'impression de jouer avec le feu (il faudra que je mette des mots plus concrets sur cette situation particulière, mais cela reste délicat pour le moment).

Mes relations avec ma famille me semblent également de plus en plus fortes. Les difficultés estivales nous ont rapprochés, même si mon frère et ma sœur n'étaient pas là à ce moment là. Je sens qu'on se considère responsable de moi, qu'on s'inquiète, et j'essaye de me montrer forte et à la hauteur  pour ne pas les décevoir. Ma sœur a déménagé il y a deux semaines. Elle vit maintenant en plein cœur de la ville dans laquelle je travaille, dans un petit appartement tout douillet. Cela représente un pied à terre pour moi, la possibilité de trouver du réconfort sur une journée de boulot qui tire en longueur, le moyen également d'éviter certains trajets parfois inutiles. J'ai d'ailleurs dormi chez elle cette nuit.

J'ai retrouvé l'écriture aussi. Celle spontanée, impulsive. Celle qui fait du bien, qui fait sourire. Celle qui illumine et qui dynamise. Les listes, les petits mots, les gribouillages sur des coins de serviettes en papier, les petits mots dans l'agenda...

Et somme toute, j'ai la patate. Des envies de faire la fête, de profiter de chaque instant. Je dors peu, je mange par phases : glouton ou moineau. Je m'écoute. Il était temps !

19 octobre 2009

Comme sa bouche est immense quand elle sourit.

Il fait froid.

J'ai trainé mes pieds dans les feuilles mortes, dorées et rousses, qui se soulèvent dans l'air frais.
J'ai remis le chauffage et cette odeur douçâtre de poussière brûlée a empli mon appartement.
J'ai mangé les premières clémentines, les premiers pains d'épices, les premières soupes du dimanche soir.
J'ai ressorti mon manteau et j'ai pris du plaisir à blottir mon nez dans son col lorsqu'il y avait un vent mordant.
J'ai repris l'habitude de fermer les volets la nuit, à la recherche d'une chaleur intérieure, d'un nid douillet, tout de couvertures et de bouillottes.
J'ai cueilli mes dernières tomates sur le balcon, pas encore tout à fait rouges et je les ai posées sur le bord de la fenêtre de la cuisine pour qu'elles s'y réchauffent et rougissent.

Je vais bien.

J'ai retrouvé une sérénité que je pensais perdue. A tout jamais. Je n'imaginais pas que c'était possible. je reviens de loin. Je reconstruis tout ce qui a été cassé. Petit morceau par petit morceau. En prenant tout mon temps, calmement. Il y a de nouvelles choses dans ma vie. Pour beaucoup positives. Il faudra que je prenne le temps d'en parler : l'association, ce nouveau travail qui vient compléter à merveille mon emploi du temps, mon corps qui a tellement changé et avec lequel je me réconcilie...

J'avance. Je remonte. J'espère comme je le disais plus tôt que ce n'est pas artificiel.

6 octobre 2009

Artificiel.

Je vais mieux. Je le chuchote car j'ai peur que le dire trop fort ne fasse vaciller cette stabilité qui semble revenue. J'ai peur aussi que tout ça ne soit pas moi-même, mais les simples réactions chimiques que les médicaments provoquent sur mon cerveau. Pourtant je recommence à m'entendre avec celle que je deviens. Alors, je me dis que sans doute, je n'étais pas moi-même avant. J'ai tellement peur que cette force qui gonfle lentement à l'intérieur de moi ne soit qu'un leurre.

J'ai laissé filer les deux saisons que je préfère, enfermée à l'intérieur de ma tête. Je n'ai pas vu l'herbe vert tendre du mois d'avril, les cerisiers  et les magnolias en fleurs. Je n'ai pas vu la lumière des journées les plus longues de l'année, j'étais alors plongée dans l'obscurité. J'ai l'impression maintenant que ces deux saisons ont duré une éternité. Et en même temps ce n'est qu'une longue parenthèse creuse. Du temps gâché.

Mais j'essaye de rattraper ce qui a été perdu. Je sais à nouveau sortir de mon cocon. Et pas seulement pour aller travailler. Je sais m'investir auprès des gens qui m 'entourent, les écouter, me détacher de moi-même. Je sais à nouveau donner et recevoir. Je sais oublier les angoisses de la veille, celles qui me rongeaient. Je sais même sourire et rire parfois.

Puis dans cette tempête, j'ai aussi perdu des choses auxquelles je ne tenais pas. Les angoisses liées à Neb, celles qu'il me transmettait sans le vouloir. Et quelques lourds kilos qui en s'envolant ont affiné très nettement ma silhouette. Je me sens plus légère.

Et j'ai des centaines de mots, d'histoires qui naissent à nouveau derrière mes yeux clos et que je ne vais pas tarder à coucher ici.

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Diane Groseille
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