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Diane Groseille
8 décembre 2008

Abstraction.

Correction de copies depuis des heures. Des sujets d'examens blancs. Des sujets que je corrige avec beaucoup de soin et de respect parce que mes élèves ont passé quatre heures sur ces sujets. Ils se sont donné du mal, ils ont rongé leurs stylos et fatigué leurs cerveaux. Je consacre plusieurs heures à chaque classe, annotant chaque copie de plusieurs lignes d'une écriture appliquée et rouge qui doit leur venir en aide, mettant en évidence chaque petite faute pour leur éviter de la refaire. Mais parfois, je deviens dingue, je pète un câble, je suis hors de moi. Certaines copies me poussent hors de moi-même, enragée, comme une espèce de Hulc au stylo rouge bavant.

C'est le cas pour Laura qui a jugé utile de mettre de la couleur partout mais qui ne sait pas faire une phrase. Pas une seule phrase dans son devoir n'a de sens. Pas en français en tout cas, peut-être dans une autre langue. Et je me demande comment la réflexion peut se faire dans sa jolie tête si elle n'est pas en mesure de formuler une idée sur le papier.

C'est le cas pour Hugo qui n'a sans doute rien écouté durant les douze dernières semaines puisqu'il a fait un truc qui lui a certainement demandé beaucoup de temps mais qui n'a absolument rien à voir avec ce qui est évalué à l'examen. C'est pas faute d'avoir répété et répété ! Idem d'ailleurs pour Pierre, Mathieu et Luc. Sans doute plus doués pour les évangiles. Et avec votre esprit !

Je ne parle même pas de la compréhension des documents, je parle juste de l'écriture et du respect des consignes. Que faire avec des étudiants qui préparent un BTS, qui ont tous plus de vingt ans et qui ne savent pas lire un énoncé ? Que faire pour eux ? Ma question est sincère et sérieuse. Pour certains, ils n'ont pas le niveau qu'avaient mes CAP il y a trois ans.  Je suis un peu perdue. Je me demande comment ils en sont arrivés là. Heureusement, certaines classes relèvent le niveau mais j'avoue qu'aujourd'hui, je suis dans le flou. Et ce site internet que j'avais créé pour mes élèves et qui ne sert visiblement que de tiroir de secours à des profs en mal d'inspiration ou avec un baobab dans la main (j'ai retrouvé mes pistes sur d'autres sites, dans des listes et sur des forums, de la part de personnes qui n'ont bien entendu pas jugé utile de préciser leurs sources, s'appropriant ainsi mes idées). Admettons, je ne travaille pas pour la gloire, mais j'avais osé espérer pouvoir intéresser davantage des étudiants qui ne se montrent curieux de rien.

Sur ce (message abstrait et sans doute aussi insipide par contagion que les dix copies que je viens de corriger), j'aime ce que je fais, énormément, malgré des coups de gueule aussi spontanés qu'inutiles... Et je suis heureuse ! Bonne nuit !

ciel_rose_et_bleu

NB : demain, journée de dix heures de cours, mais ensuite, deux jours de week-end en pleine semaine. C'est pas du bonheur ça ?

***

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22 novembre 2008

Le Prince charmant est mort.

Je parlais déjà d'elle il y a trois ans.
Elle est revenue, notre ridicule Bridget Jones à la française !
C'était tellement pathétique que Mélanie Doutey n'a pas voulu continuer à se décrédibiliser...
Pitié, épargnez nous tant de clichés !

1 novembre 2008

We don't need no education, we don't need no thought control

Qu'on nous dise qu'il faut attacher nos ceintures de sécurité et respecter les limitations de vitesse, qu'il faut mettre un préservatif pour se protéger et protéger son partenaire, que fumer tue et provoque des maladies... Soit !

Qu'on nous dise qu'il faut trier nos déchets, qu'il faut manger cinq fruits et légumes par jour, qu'il faut éteindre la lumière en quittant une pièce et limiter l'émission de gaz à effet de serre passe encore !

Mais qu'on nous rappelle qu'il faut couper son portable dans une salle de cours par respect pour les autres et qu'il faut se mettre la main devant la bouche quand on tousse, non mais, et puis quoi encore ? Les parents sont-ils à ce point démissionnaires que la radio et la télévision se doivent de jouer leurs rôles ?

Et bientôt on va nous rappeler entre le 20 heures et la météo, que Mesdames et Messieurs,  on dit bonjour, au revoir, merci, on rote pas à table et on se met pas les doigts dans le nez en public !

29 octobre 2008

La claque.

Chaque fois ça me fait pareil. J'ai beau le savoir à l'avance, m'y préparer mentalement, me dire que ça va aller, que je suis grande maintenant, que je ne dois plus avoir peur, que ça ne me fera plus rien.

Chaque fois ça me fait pareil. Une grande claque dans ma gueule. Un coup de barre en fer dans les tibias. L'impression que tout s'écroule, qu'on a tout changé et que je ne pourrai jamais m'en sortir.

Chaque fois ça me fait pareil. Envie de dormir, de rester sous la couette, de ne me réveiller que dans très très longtemps, quand tout ça sera fini.

Chaque fois, ça me fait pareil. Le changement d'heure, je ne m'y fais pas !

arbre_de_nuit
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30 août 2008

Foutage de gueule.

Je vais la faire courte : ma sœur est institutrice (il faut dire professeur des écoles, je sais). Elle travaille depuis quatre ans maintenant. Pour cela, elle a bien entendu passer un concours qui lui a demandé un certain niveau d'étude (bac+3) suivi de deux années d'apprentissage dans une autre ville que la sienne. Elle s'est retrouvée entre ces deux années sur ce que l'on appelle une liste complémentaire et on l'a envoyée enseigner (sans avoir obtenu son concours et sans aucune expérience) dans un des villages les plus hauts de notre belle région, à plus de quatre-vingts kilomètres de chez elle, qu'il pleuve, qu'il neige, ou qu'il grêle. Elle a obtenu l'année suivante son concours et on lui a confié un poste à l'autre bout de la région, à cent vingt kilomètres de chez elle. N'étant nommée sur ce poste que pour un an, elle refuse de lâcher son appartement. Elle y passe finalement deux ans, pour être ensuite mutée (sans l'avoir souhaité bien sur) encore plus loin. Elle se décide à abandonner sa vie de citadine, à contre-coeur, pour aller s'installer dans un petit village voisin. Elle atterrit alors dans une école où ses collègues, en bons fonctionnaires, se contentent du minimum : pas moyen de mettre en place un projet qui empiéterait, ne serait-ce que quelques minutes, sur leur temps de repos, donc à seize heures, plus personne.

On en était resté là. Ce n'était que pour un an et il y a ensuite eu toutes ces histoires de mouvements. Elle ne passait qu'au troisième et nous apprenions début juillet via internet qu'il serait reporté fin août faute de temps (ou d'investissement de la part des gens responsables qui ont préféré partir en vacances). Mercredi matin, alors que ma sœur rentrait de deux mois de colo à l'autre bout de la France,  nous avons appris que les fameux résultats seraient encore reportés à vendredi. Nous sommes allées voir une liste des postes disponibles et nous sommes assises sur notre impatience.

Hier, la mauvaise nouvelle est tombée. Coup de téléphone, la soeur en larmes qui parvient à peine à articuler. Elle écope d'un poste de directrice d'une grande école. Pas de classes, pas d'élèves pour elle bien entendu. Rien que de la paperasserie et un bureau dans lequel elle va tourner comme un lion en cage. Est-il utile de préciser qu'elle n'a suivi aucune formation en la matière, qu'elle n'a aucune expérience et que ce n'est pas en deux jours qu'elle va s'improviser directrice ? Pour sans aucun doute se faire taper sur les doigts dès lundi et toute l'année par des collègues qui connaissent l'école depuis des années mais qui n'ont pas voulu du poste. Je passe les détails bien sournois, les réactions inacceptables de ses interlocuteurs qui n'en ont rien à foutre et l'état de déprime avancé dans lequel elle est... Il va falloir être là pour elle cette année.

Et moi, je sais une fois de plus pour quelles raisons je n'ai pas choisi l'éducation nationale !

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2 juillet 2008

Chaud devant !

Arrivée très tôt au boulot ce matin. Déjà l'air est lourd et ce n'est que le début. Je déambule dans les couloirs déserts de mon établissement. Comme j'ai quelque chose à dire à mon directeur, je pousse la porte de son bureau, adjacent à la salle des profs. Et là, surprise : bien sur, il n'est pas encore arrivé, mais sa clim tourne à fond depuis la veille et l'air est glacé. Je suis choquée. On nous demande des économies de bouts de chandelles pour que Monsieur se rafraichisse les fesses ! Allez ensuite expliquer aux étudiants pourquoi il est important de faire des photocopies recto-verso et d'éteindre la lumière en quittant une pièce !

24 juin 2008

Quand les couteaux ne suffisent plus.

Neuf heures du mat', mon Lucien avance devant moi, lumineux dans le soleil, fier comme un pape sur les trottoirs déjà chauds de notre quartier. Le trajet est toujours le même, à gauche en sortant, arrêt au passage piéton, contournement de l'église, passage le long des hautes grilles noires du presbytère, ligne droite vers le canisite. Monsieur est attaché à ses petites habitudes. Tout à coup, une voix m'interpelle : "n'y allez pas avec votre chien, je viens d'appeler les flics". Je ne comprends pas tout de suite: une dame au loin sur le trottoir me fait de grands signes et essaye de m'expliquer ce que je ne tarde pas à comprendre finalement par moi même. Quelques mètres plus loin, une femme est assise à même le sol, ses jambes tendues, dans la boue, avec un petit corps de chien noir reposant sur ses cuisses. Un peu plus loin, un homme se tient debout et tout en observant la scène,  repousse son énorme molosse (le pléonasme est justifié) du  bout du pied. J'imagine malheureusement facilement ce qui vient de se passer, il y a quelques minutes à peine. Pas de laisse, pas de muselière pour celui qui vient d'attaquer et qui pourrait très bien récidiver. Plusieurs personnes se sont arrêtées, pétrifiées par le tableau que nous donne à voir cette femme, le visage penché vers son compagnon à quatre pattes qui vient d'être attaqué. Sa détresse, sa colère, son incompréhension arrivent jusqu'à moi. J'aimerais m'approcher, pour la réconforter, sachant à quel point le moment est difficile pour elle. Mais je ne veux pas courir de risque pour mon Lucien qui à son tour risquerait sa peau, puisque le fauve est toujours en liberté. Une voiture de police s'approche alors que je m'éloigne, bouleversée par ce que je viens de voir. L'idée bien sur me traverse : à quelques minutes près, ç'aurait pu être Lucien. Puis l'image de ces enfants qui jouent tous les jours sur les balançoires passe devant mes yeux, eux aussi auraient pu croiser le fauve.

L'histoire remonte à vendredi. Le lendemain, dans le journal, trois lignes, sur un individu interpelé dans notre quartier, avec un chien sans laisse et plusieurs couteaux sur lui. Pas un mot concernant l'agression dont ont été victimes cette femme et son chien. L'histoire m'a laissée triste et inquiète tout le week-end.

Hier, je croise une dame, que je connais bien, elle se promène souvent aux mêmes heures que nous avec un petit bouledogue français nommé Simon, Lucien le connaît très bien. Elle s'approche de moi, dit vouloir me parler, semble émue. Je comprends vite que c'était elle, ce matin là, assise par terre, je ne l'avais pas reconnue. En quelques mots qui ne peuvent être aussi forts que la scène qu'elle a vécue, elle retrace l'événement. Son chien était en laisse quand elle a vu apparaître le molosse au coin d'un buisson. Derrière lui, son maître à qui elle a demandé de tenir son chien et qui a répondu simplement que celui-ci était gentil et qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Elle n'a pas eu le temps de prendre Simon dans ses bras. Quelques secondes plus tard, il secouait le petit chien noir dans sa gueule comme un chiffon. Il l'aurait encore attaqué une fois ce dernier au sol. Elle m'annonce que son  chien est un miraculé, il est vivant, il a été réanimé par le vétérinaire malgré de cruelles morsures. Elle m'explique aussi que le propriétaire du chien a été emmené au commissariat et qu'il en est ressorti avec son chien le soir même. Je suis scandalisée et effrayée par cette situation. Elle cherche des témoins et ne savait pas que j'étais là ce jour là, elle voulait juste me mettre en garde. Elle glane des témoignages et envisage un procès qui servira peut-être d'exemple pour tous ces propriétaire de chiens qui considèrent leurs animaux comme des armes, comme un moyen d'intimidation. Depuis, la peur est là. Non pas que j'adhère à ce phénomène de mode qui consiste à entretenir par les mots, les images, les idées, un climat de violence, loin de moi cette volonté. J'aimerais juste qu'il n'arrive rien à mon Lucien.


tapis_rouge_2

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25 mai 2008

Contrariété.

Il y a une fois de plus cette importance de l'image. Cette image qui nous attache à la réalité, qui nous lie à un groupe, qui nous enclave dans une communauté. Cette image que j'essaye d'oublier. L4image n'est pas que le corps, elle est aussi chacun de nos actes, ce que nous laissons derrière nous.

L'image que je me faisais de l'été à venir, c'était les siestes et les longues lectures sous le pommier, les légumes frais qui se colorent au soleil, les petits fleurs qui agrémentent sur les bordures, le calme, le temps qui n'a plus d'emprise sur moi.

L'image que les voisins se font de la vie doit être parfaite, angulaire, perpendiculaire et à demi morte.

Alors hier matin, nous avons eu un message du propriétaire de notre jardin qui nous explique (avec des mots différents mais le contenu est là) que notre image de la vie n'est pas au goût des voisins, pour qui notre jardin est un capharnaüm trop vert et sale qui dissémine des mauvaises herbes chez eux. Ils nous perçoivent sans doute comme une bande de hippies qui se refuse à l'usage de produits chimiques et qui font leur jardin en sandales. Quelle honte ! Il faut quand même savoir que nous fauchons et désherbons deux fois la semaine, qu'il n'y a pas une herbe qui dépasse, que nous avons taillé arbres, vignes et rosiers. Mais nous n'avons, certes, pas eu les moyens, humbles locataires, de faire terrasser la parcelle et d'investir dans une tondeuse à gazon qui ferait de notre terrain le golf attendu. Et je me suis toujours, en effet, refusée à déverser des litres de désherbant sur les chemins puisque je mange les légumes qui poussent à quelques mètres et je ne comprends pas cette volonté, dictée justement par l'image renvoyée aux voisins, d'éradiquer la moindre touffe de pissenlit.

Bref, le message se terminait sur l'annonce de la rupture du bail, nous expulsant de "notre" jardin.  Il semble que ce soit un prétexte, une sombre histoire de voisinage et d'achat futur du terrain, de la diplomatie en somme. Je n'y comprends rien. Nous avons joué les gentils locataires qui ont fait sagement l'entretien et qui ont payé leur loyer et maintenant on nous jette. Bien entendu, je suis triste, mais je suis surtout écœurée de savoir que cette bande de maniaco-dépressif qui découpe leurs bordures de piscine aux ciseaux et colle des nains de jardin dans tous les recoins a eu gain de cause en allant cafter comme des élèves de sixième chez notre fouine de proprio. Et là où ça me révolte plus encore, c'est que mon potager est en pleine évolution, les tomates, les aubergines, les poivrons, les potirons, les melons, les radis, les poireaux, les carottes, les fraises et les framboises. Nous laissons tout cela en friche, c'est du temps, de l'investissement, une part de rêve et de l'argent gaspillés. J'avais prévu des bocaux de conserves, des stratégies pour le compost, des techniques pour ne pas perdre les fruits. J'ai même déjà planté des fleurs (lavandes et roses trémières) qui ne sortiront pas avant l'an prochain. On nous avait dit que c'était pour cinq ans au moins. Nous sommes tristes, en plus, de ne pouvoir joindre le proprio qui se mure dans son silence pour ne pas nous affronter.

Et comme nous ne savons pas quand sa décision prendra effet, hier soir, à la nuit tombée pour ne pas voir les sales gueules des voisins, nous sommes allés arroser, avec une boule dans la gorge, nos chers légumes. Le cœur n'y était pas et tout nous semblait tellement incohérent. A notre départ, sur le pas de la porte, je n'ai pu m'empêcher d'interpeler la voisine qui sortait arroser ses fleurs. J'ai su mettre ma rage dans ma poche pour obtenir les renseignements souhaités. Ce n'était pas elle, elle a même réagi de façon surprenante, en traitant notre proprio de salaud qui monte les gens les uns contre les autres. Nous avons pu en déduire que la plainte provenait de nos autres voisins, mais cela n'arrange en rien nos affaires. Elle nous a souhaité bonne chance, serrant son pouce de la main gauche et son arrosoir de la droite.

Depuis, rien de neuf. Aujourd'hui, nous filons chez mes  parents pour la fêtes des mères. Je vais essayer de m'assoir sur cette contrariété. Je suis surprise au final de voir à quel point l'image que les gens se font de leurs vies, de ce qu'ils renvoient aux autres, est déformée. Avoir un beau jardin, parfaitement entretenu : ça n'a pas de prix.   

***

hamacs_pommiers

5 mars 2008

Vox clamantis in deserto.

Ridicule.
Pathétique.
Plus de lecteurs.
Stat's en chute libre.
Messages à caractère soporifique.
Réflexions isolées, ternes et insipides.
Disparus tous ceux qui avaient leur mot à dire.
Petite ombre qui s'agite, trop tôt ou trop tard, toute seule sur des pages virtuelles.
Avec cette illusion de donner du relief à ses mots.
Je reprends la plume, l'encre et le papier.
Le temps que cela reprenne un sens.
Le temps qu'il faudra.
Le temps de vivre.
Mieux à faire.
Départ forcé.
Bye bye.

nuages_bleus

4 mars 2008

Petite crainte.

Je trouve dangereuse l'idée du moment qui se banalise dans le contexte électoral,
passe-partout autour de moi :
"il est dommage de perdre une voix pour un candidat qui
selon les sondages n'a de toute façon aucune chance,
alors autant donner la voix à celui qui peut gagner".
Où est la démocratie ?
Et je parle bien de la France et non de la Russie.

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