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Diane Groseille
30 août 2008

Foutage de gueule.

Je vais la faire courte : ma sœur est institutrice (il faut dire professeur des écoles, je sais). Elle travaille depuis quatre ans maintenant. Pour cela, elle a bien entendu passer un concours qui lui a demandé un certain niveau d'étude (bac+3) suivi de deux années d'apprentissage dans une autre ville que la sienne. Elle s'est retrouvée entre ces deux années sur ce que l'on appelle une liste complémentaire et on l'a envoyée enseigner (sans avoir obtenu son concours et sans aucune expérience) dans un des villages les plus hauts de notre belle région, à plus de quatre-vingts kilomètres de chez elle, qu'il pleuve, qu'il neige, ou qu'il grêle. Elle a obtenu l'année suivante son concours et on lui a confié un poste à l'autre bout de la région, à cent vingt kilomètres de chez elle. N'étant nommée sur ce poste que pour un an, elle refuse de lâcher son appartement. Elle y passe finalement deux ans, pour être ensuite mutée (sans l'avoir souhaité bien sur) encore plus loin. Elle se décide à abandonner sa vie de citadine, à contre-coeur, pour aller s'installer dans un petit village voisin. Elle atterrit alors dans une école où ses collègues, en bons fonctionnaires, se contentent du minimum : pas moyen de mettre en place un projet qui empiéterait, ne serait-ce que quelques minutes, sur leur temps de repos, donc à seize heures, plus personne.

On en était resté là. Ce n'était que pour un an et il y a ensuite eu toutes ces histoires de mouvements. Elle ne passait qu'au troisième et nous apprenions début juillet via internet qu'il serait reporté fin août faute de temps (ou d'investissement de la part des gens responsables qui ont préféré partir en vacances). Mercredi matin, alors que ma sœur rentrait de deux mois de colo à l'autre bout de la France,  nous avons appris que les fameux résultats seraient encore reportés à vendredi. Nous sommes allées voir une liste des postes disponibles et nous sommes assises sur notre impatience.

Hier, la mauvaise nouvelle est tombée. Coup de téléphone, la soeur en larmes qui parvient à peine à articuler. Elle écope d'un poste de directrice d'une grande école. Pas de classes, pas d'élèves pour elle bien entendu. Rien que de la paperasserie et un bureau dans lequel elle va tourner comme un lion en cage. Est-il utile de préciser qu'elle n'a suivi aucune formation en la matière, qu'elle n'a aucune expérience et que ce n'est pas en deux jours qu'elle va s'improviser directrice ? Pour sans aucun doute se faire taper sur les doigts dès lundi et toute l'année par des collègues qui connaissent l'école depuis des années mais qui n'ont pas voulu du poste. Je passe les détails bien sournois, les réactions inacceptables de ses interlocuteurs qui n'en ont rien à foutre et l'état de déprime avancé dans lequel elle est... Il va falloir être là pour elle cette année.

Et moi, je sais une fois de plus pour quelles raisons je n'ai pas choisi l'éducation nationale !

***

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Commentaires
C
C'est donc pour ça que ça ne tourne pas rond... Non parce qu'il n'y a pas que les professeurs qui en bavent. Je suis lycéen, et j'ai découvert les joies de l'inefficacité de l'administration d'un lycée... Bien sympathique ce blog, je rajoute ton adresse sur mon blog !
T
Je passe souvent par là et cette fois, je tiens à laisser une trace ...<br /> Je suis aussi professeur des écoles ... mais étant en Essonne, les risques d'éloignement sont moins grands. <br /> Je trouve ça lamentable et scandaleux ces histoires de mouvement ... Je suis T1 à la rentrée et pareil, je ne connais pas ma classe. J'ai l'inconvénient d'être trop jeune ... et oui, j'ai tout réussi du premier coup ! Bref ...<br /> Cela me fait d'autant plus peur que les postes de directeurs ne sont pas imposés normalement. Qu'elle se renseigne auprès des syndicats !<br /> Courage ... et surtout gardons l'espoir !
E
Alors là je ne sais pas quoi dire... enfin si, que je trouve ça lamentable bien sûr, mais je ne suis pas surprise (je commence à comprendre comment ils fonctionnent à l'EducNat!). Je pense surtout à ta soeur, et j'imagine l'état dans lequel elle doit être! J'espère qu'elle va trouver des collègues sur qui s'appuyer et surtout, qu'elle prenne contact au plus vite avec les syndicats et les assos de directeurs. Dans le tas elle trouvera de l'aide! Et puis ensuite, qu'elle hésite pas à faire chier l'inspection (où alors elle fait comme moi elle fayote en offrant des chocolats!;) dès qu'elle a une question/un problème/un truc qu'elle sait pas... bon courage à elle en tout cas!!!
H
C'est honteux! lamentable et révoltant... plus je vois ce qui se passe à l'EducNat, et plus largement dans la classe politique française, plus je me dis que je vais aller voir de l'autre côté du Rhin si j'y suis.<br /> Courage à ta soeur, courage pour faire chier les bureaucrates en torpillant leur "boulot"!
Diane Groseille
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