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Diane Groseille
25 mai 2008

Contrariété.

Il y a une fois de plus cette importance de l'image. Cette image qui nous attache à la réalité, qui nous lie à un groupe, qui nous enclave dans une communauté. Cette image que j'essaye d'oublier. L4image n'est pas que le corps, elle est aussi chacun de nos actes, ce que nous laissons derrière nous.

L'image que je me faisais de l'été à venir, c'était les siestes et les longues lectures sous le pommier, les légumes frais qui se colorent au soleil, les petits fleurs qui agrémentent sur les bordures, le calme, le temps qui n'a plus d'emprise sur moi.

L'image que les voisins se font de la vie doit être parfaite, angulaire, perpendiculaire et à demi morte.

Alors hier matin, nous avons eu un message du propriétaire de notre jardin qui nous explique (avec des mots différents mais le contenu est là) que notre image de la vie n'est pas au goût des voisins, pour qui notre jardin est un capharnaüm trop vert et sale qui dissémine des mauvaises herbes chez eux. Ils nous perçoivent sans doute comme une bande de hippies qui se refuse à l'usage de produits chimiques et qui font leur jardin en sandales. Quelle honte ! Il faut quand même savoir que nous fauchons et désherbons deux fois la semaine, qu'il n'y a pas une herbe qui dépasse, que nous avons taillé arbres, vignes et rosiers. Mais nous n'avons, certes, pas eu les moyens, humbles locataires, de faire terrasser la parcelle et d'investir dans une tondeuse à gazon qui ferait de notre terrain le golf attendu. Et je me suis toujours, en effet, refusée à déverser des litres de désherbant sur les chemins puisque je mange les légumes qui poussent à quelques mètres et je ne comprends pas cette volonté, dictée justement par l'image renvoyée aux voisins, d'éradiquer la moindre touffe de pissenlit.

Bref, le message se terminait sur l'annonce de la rupture du bail, nous expulsant de "notre" jardin.  Il semble que ce soit un prétexte, une sombre histoire de voisinage et d'achat futur du terrain, de la diplomatie en somme. Je n'y comprends rien. Nous avons joué les gentils locataires qui ont fait sagement l'entretien et qui ont payé leur loyer et maintenant on nous jette. Bien entendu, je suis triste, mais je suis surtout écœurée de savoir que cette bande de maniaco-dépressif qui découpe leurs bordures de piscine aux ciseaux et colle des nains de jardin dans tous les recoins a eu gain de cause en allant cafter comme des élèves de sixième chez notre fouine de proprio. Et là où ça me révolte plus encore, c'est que mon potager est en pleine évolution, les tomates, les aubergines, les poivrons, les potirons, les melons, les radis, les poireaux, les carottes, les fraises et les framboises. Nous laissons tout cela en friche, c'est du temps, de l'investissement, une part de rêve et de l'argent gaspillés. J'avais prévu des bocaux de conserves, des stratégies pour le compost, des techniques pour ne pas perdre les fruits. J'ai même déjà planté des fleurs (lavandes et roses trémières) qui ne sortiront pas avant l'an prochain. On nous avait dit que c'était pour cinq ans au moins. Nous sommes tristes, en plus, de ne pouvoir joindre le proprio qui se mure dans son silence pour ne pas nous affronter.

Et comme nous ne savons pas quand sa décision prendra effet, hier soir, à la nuit tombée pour ne pas voir les sales gueules des voisins, nous sommes allés arroser, avec une boule dans la gorge, nos chers légumes. Le cœur n'y était pas et tout nous semblait tellement incohérent. A notre départ, sur le pas de la porte, je n'ai pu m'empêcher d'interpeler la voisine qui sortait arroser ses fleurs. J'ai su mettre ma rage dans ma poche pour obtenir les renseignements souhaités. Ce n'était pas elle, elle a même réagi de façon surprenante, en traitant notre proprio de salaud qui monte les gens les uns contre les autres. Nous avons pu en déduire que la plainte provenait de nos autres voisins, mais cela n'arrange en rien nos affaires. Elle nous a souhaité bonne chance, serrant son pouce de la main gauche et son arrosoir de la droite.

Depuis, rien de neuf. Aujourd'hui, nous filons chez mes  parents pour la fêtes des mères. Je vais essayer de m'assoir sur cette contrariété. Je suis surprise au final de voir à quel point l'image que les gens se font de leurs vies, de ce qu'ils renvoient aux autres, est déformée. Avoir un beau jardin, parfaitement entretenu : ça n'a pas de prix.   

***

hamacs_pommiers

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Commentaires
D
Mamzelle Zia, c'est sans aucun doute une sombre histoire de fric, de vue sur le terrain qui serait passé en zone constructible très récemment et les accusations ridicules ne seraient que des prétextes, c'est évident. Les heures passent, les jours, et je vois presque d'un bon œil l'idée de quitter le terrain, car y rester dans ces conditions, sous le regard de vautour des voisins, me laisse un goût d'amertume dans la bouche. Ce serait malsain. Nous cherchons aujourd'hui autre chose. Nous allons faire de petits billets que nous allons distribuer et coller à gauche à droite dans les quartiers maraichers de notre ville, en espérant voir se produire un miracle, car aujourd'hui, tout le monde veut son carré de verdure.<br /> <br /> J'en oublie toutes les règles de savoir vivre : bienvenue à toi Isa, toi qui passes ici depuis deux ans et qui est toujours restée silencieuse. en espérant que tu sauras te montrer plus bavarde.
M
Qu'est ce que je peux détester les gens qui n'assument pas leurs décisions !!!! (Je parle du proprio bien sûr !)A mon avis c'est une histoire du genre que le voisin en question veut acheter le terrain ou un truc du genre et le proprio sachant qu'il ne peut rompre le contrat ainsi invente une pauvre histoire de terrain non entretenu.... Installez-vous dans vos hamacs et profitez de votre jardin jusqu'à ce qu'il ose enfin pointer le bout de son nez et vous dire les choses franchement !!!! Non mais !!!
D
Tristoune oui, et en colère aussi, c'est toujours ce que provoque en moi l'incompréhension, comme quand, il y a quelques mois, cette maman d'élève m'avait appelée pour me dire simplement "c'est plus la peine de revenir" et de me raccrocher au nez... Aujourd'hui, j'ai essayé de voir les choses autrement, d'imaginer comment occuper tout ce futur temps gagné : plus de rando, des vacances plus longues, pas besoin de rester sur place, plus de liberté...
I
je lis votre blog depuis environs 2 ans, et la lecture de ce post me pousse à reagir. Si vous avez signé un bail,que vous payez le loyer votre proprietaire ne peut vous expulser de votre jardin ainsi , cela n'est pas legale, si le bail que vous avez signé est de 5 ans, il y a seulement 2 motifs de rupture avant terme possible: 1) les loyers ne sont pas payer<br /> 2) le proprietaire veut recuperer son bien pour le transmettre à sa famille, et dans ce cas il doit respecter un préavis de 3 mois.<br /> quoi qu'il en soit, il ne faut pas se laisser faire, car on ne peut expulser quelqu'un d'un jardin sous pretexte qu'il ne correspond pas à la pelouse d'un terrain de golf.<br /> courage
E
Moi qui regarde aussi mon potager (enfin notre potager puisque c'est aussi celui de mes élèves) pousser à vue d'oeil, qui comme toi l'arrose et le désherbe avec amour, je dois dire que je suis vraiment triste pour toi, que je trouve ça injuste, et que je compatis à ta peine... les gens sont vraiment cons des fois.
Diane Groseille
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