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Diane Groseille

19 novembre 2009

Zombies.

Peu de sommeil les derniers temps. Je repense à la marmotte que j'étais l'an passé. Je me couchais parfois dès mon retour du boulot pour ne me réveiller que le lendemain matin, toute pâteuse. Cette année, je ne suis pas fatiguée, je suis portée par une énergie inconnue. Par contre, mes nuits sont toujours si agitées. Les antidépresseurs me collent des sueurs froides impressionnantes. Je me réveille en sursaut, trempée jusqu'à l'os et glacée.

Cette nuit, j'ai évolué dans un monde étrange. J'étais accompagnée de nombreuses personnes dont je me sentais proche et responsable. Nous étions obligés de fuir et de nous méfier de nous-même. Je ne sais pas pourquoi, mais certains d'entre nous pouvaient devenir des dangers pour les autres et nous étions alors obligés de les abandonner. C'était la nuit. Je me souviens avoir couru, être passée de maison en maison, avoir sauté du haut de balcons, prise de vertiges douloureux, même en rêve, m'être heurtée à des portes closes. Je me souviens également de la peur, si réelle.

Ce matin, j'ai tapé sur mon réveil lorsqu'il a sonné, sans m'en rendre compte je l'avais éteint. Je me suis rendormie. J'ai tout de même su être à l'heure et sans même paniquer. Pas besoin de sauter de mon balcon.

L'autre jour, j'ai rêvé qu'on me coupait les cheveux. Et cette idée m'avait paniqué bien plus encore que l'idée de fuir.

cheveux_longs

***

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19 novembre 2009

Checkpoint.

Je vais vraiment mieux. Aujourd'hui, je peux l'affirmer. J'arrive à relativiser. Je comprends mieux ce qui a pu se passer, même si j'ai encore beaucoup de mal à me l'expliquer, à mettre des mots dessus. Physiquement également, je me suis rétablie. Stabilité. j'ai moins peur, même si les vieux démons sont toujours là. J'ai repris une certaine confiance en moi. Je me questionne par contre très souvent sur la valeur de ce bien être : réalité ou masque chimique ? Je me revois assise il y a une semaine en face de mon médecin alors que je l'interrogeais sur les parts de force et d'illusion de mon état : "impossible de le savoir pour le moment, et d'ailleurs, on ne veut pas le savoir". Je poursuivrai le traitement jusqu'au printemps, m'a-t-il dit. Je n'ai toujours pas rencontré le psy qu'il m'avait conseillé, rendez-vous très difficile à obtenir. Il me dit que c'est un signe de sérieux, de professionnalisme, c'est quelqu'un qui s'engage auprès de ses patients. Je ne suis de toute façon pas impatiente de le rencontrer, je n'en ressens pas le besoin et je suis même gênée à l'idée de devoir lui déballer ma vie. A vrai dire, j'en aurais sans doute eu besoin cet été, alors que j'étais envahie par tant de doutes. Aujourd'hui, alors que je me sens mieux, je ne vois pas ce que je vais pouvoir lui dire et comment tout cela pourrait s'articuler.

Ma vie avance alors que je la voyais au point mort il y a quelques mois à peine.

Les choses semblent évoluer avec Neb. J'avais mis des distances pendant plusieurs semaines pour y voir plus clair. Aujourd'hui, mes sentiments pour lui semblent moins confus. Je vois de façon plus claire ce que nous avons vécu, je comprends mieux les liens qui ont pu nous unir jusqu'au bout, malgré tant de tensions. Je ME comprends mieux au travers de cette histoire. Il aura fallu du temps. Et pour lui tout semble encore abstrait. Je crois qu'il a toujours des sentiments pour moi. Je crois qu'il sait avoir gâché beaucoup de choses. J'espère sincèrement qu'il réussira à se reconstruire. Je tiens beaucoup à lui et je voudrais le (sa)voir heureux.

De mon côté, je construis. Les projets que je jugeais bien trop ambitieux il y a quelques semaines encore sont en train de prendre forme. En particulier mon association d'impro. J'en suis très fière. Je ne pensais pas être ainsi suivie et soutenue dans l'élaboration de cet atelier. Aujourd'hui, nous sommes une vingtaine, motivés et prêts à affronter d'autres équipes. Tout cela pourra prendre des formes très différentes et ça me laisse une liberté de mouvement par rapport aux années passées : je ne suis plus salariée mais présidente ! Les relations au sein du groupe se renforcent de semaine en semaine.

Autre point qui m'a fait peur tout l'été : ma situation professionnelle.  Javais tout vu s'écrouler en juin lorsqu'on m'avait appris que j'aurais nettement moins d'heures. Ma situation de vacataire qui ne présentait jusqu'alors que des avantages montrait son vrai visage. Je craignais cette année de rencontrer de vraies difficultés financières. J'ai commencé l'année avec très peu d'heures de cours et une motivation ras des pâquerettes. Puis j'ai su il y a quelques semaines que j'allais créer cette année des supports pédagogiques pour un site de soutien scolaire sur internet. Et hier, j'ai eu un entretien qui s'avère concluant pour de nouvelles interventions dans un autre centre de formation. Seul point noir au tableau : je vais avoir de très nombreuses heures et je ne sais pas comment je vais pouvoir gérer mon Lucien dans de telles conditions, cela va demander une certaine organisation.

Puis il y a mon rapport aux autres qui a considérablement évolué : j'échange, je partage, je ris, j'écoute, je me positionne sans plus de peur de ce qu'on va penser de moi, j'affirme, je m'oppose, je donne, je crois, je fais confiance, je rassure, je soutiens, je séduis, j'aide, j'accepte. Je prends du plaisir à être avec certaines personnes, je savoure les instants passés avec les gens qui m'entourent : mes élèves, ma famille, mes amis... De nouveaux liens se sont tissés : certains qui me semblent pouvoir devenir très forts, d'autres dont je dois apprendre à me méfier. Certaines personnes, je le sais, cherchent à jouer, et la petite crétine fragile que je suis en ce moment est la proie idéale pour qui veut s'amuser à manipuler. La séduction est là, omniprésente avec certaines personnes. Je reste prudente même si j'ai parfois l'impression de jouer avec le feu (il faudra que je mette des mots plus concrets sur cette situation particulière, mais cela reste délicat pour le moment).

Mes relations avec ma famille me semblent également de plus en plus fortes. Les difficultés estivales nous ont rapprochés, même si mon frère et ma sœur n'étaient pas là à ce moment là. Je sens qu'on se considère responsable de moi, qu'on s'inquiète, et j'essaye de me montrer forte et à la hauteur  pour ne pas les décevoir. Ma sœur a déménagé il y a deux semaines. Elle vit maintenant en plein cœur de la ville dans laquelle je travaille, dans un petit appartement tout douillet. Cela représente un pied à terre pour moi, la possibilité de trouver du réconfort sur une journée de boulot qui tire en longueur, le moyen également d'éviter certains trajets parfois inutiles. J'ai d'ailleurs dormi chez elle cette nuit.

J'ai retrouvé l'écriture aussi. Celle spontanée, impulsive. Celle qui fait du bien, qui fait sourire. Celle qui illumine et qui dynamise. Les listes, les petits mots, les gribouillages sur des coins de serviettes en papier, les petits mots dans l'agenda...

Et somme toute, j'ai la patate. Des envies de faire la fête, de profiter de chaque instant. Je dors peu, je mange par phases : glouton ou moineau. Je m'écoute. Il était temps !

17 novembre 2009

Les blessures.

C'est un truc que tu ne voulais pas. Tu voulais te protéger parce que les blessures sont encore là. Tu avais ton armure pourtant. Tu ne voulais pas que ça puisse arriver. Puis un jour, tu pensais être assez forte, rétablie, tu t'es dit alors "pourquoi ne pas jouer ?" Et très vite, les vieilles douleurs sont ressorties. Tu as commencé à trembler, à attendre, à espérer. Pour le moment, simplement un rappel. C'est pas grand chose mais ça peut faire bien mal. Souviens-toi. Tu ne te méfies jamais assez.

w71

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16 novembre 2009

Pic & pic & colagram !

Il y a deux jours, passage rapide dans un supermarché. Rapide, car je suis attendue et déjà très en retard. J'ai trois articles lorsque j'arrive à la caisse : une bouteille de crémant d'Alsace, un pain de campagne et une boîte de 24 préservatifs. Devant moi, une fille de mon âge accompagnée d'un homme plus âgé qui pourrait être son père. Ils rient en déversant sur la tapis des tonnes de courses, j'ai l'impression que leur chariot n'a pas de fond.  Je patiente et lorsque vient mon tour, Je pose mes achats sur le tapis. Derrière moi, un homme arrive. Il pose la petite barre censée séparer nos achats sur le tapis, semble inspecter ce qui s'y trouve et me regarde droit dans les yeux. Il dit "je passerai bien les deux prochaines heures avec vous". Et moi de rougir sans trouver un mot à dire.

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1 novembre 2009

En manque.

Voilà des mois que je vis sans lui. Au début, je me disais que je pourrai m'en passer, que je finirais par l'oublier. J'ai fait le deuil du plaisir qu'il avait pu me procurer. J'étais si perdue que je n'y pensais plus. Puis avec le temps, la frustration est née : le manque, l'absence se faisaient trop lourds.

Partout, tout le temps, je pensais à lui. Une image, une luminosité, un instant me rappelaient le vide qu'il avait laissé dans ma vie.  Plus possible de m'étourdir auprès de lui, de prendre du plaisir grâce à lui. Et il ne me restait que le souvenir du bonheur que ç'avait été de poser mes doigts sur lui, avec un résultat toujours plaisant, voire parfois spectaculaire.

J'ai eu envie de le retrouver. Une ou deux fois, par hasard, j'en ai eu l'occasion très brièvement. Ce n'était qu'une joie de courte durée, gâchée par l'idée trop présente qu'il allait bientôt à nouveau me quitter. J'ai su trouver, de façon éphémère, le plaisir auprès d'autres que lui. Mais ce n'était jamais pareil. La complicité que nous avions ne saurait être effacée ou remplacée par d'autres.

Le désir est toujours là. Voilà des mois que je n'ai plus d'appareil photo.

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27 octobre 2009

Analepse.

Je me suis décidée hier a publier des messages écrits il y a plusieurs semaines,
durant mes journées très sombres...
Ils sont postés à la date où ils ont été écrits, tels qu'ils ont été écrits.
Je ne sais pas si c'est une bonne chose,
mais j'ai l'impression de m'en débarrasser en vous les livrant...

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26 octobre 2009

Le sourire de Mona Lisa.

Je suis assise devant eux : une dizaine d'élèves, de ceux avec lesquels j'aime vraiment travailler. Ils écrivent calmement, ils retranscrivent tout ce qui a été dit avant la pause, je les surveille car c'est un travail personnel. Je me sens sereine, j'ai cette impression du travail bien fait, d'avoir dit ce qu'il fallait dire, d'avoir fait comme il fallait. Il y a ma tasse de thé à ma droite et des stylos éparpillés sur la table. Je rêve, je m'égare un instant de la salle de cours, je respire dans ma tête, une grande bouffée d'air frais. Je ne sais pas où j'en suis exactement de mes pensées quand le regard d'un élève me rappelle à ma réalité. Je l'interroge sur la raison de cette insistance. Il me répond avec un sourire naïf "vous ressemblez  la Joconde !". Et tous les autres de lever la tête et de confirmer dans un brouhaha joyeux.

A mon tour d'afficher un sourire naïf... Énigmatique diront certains...

Mona_Lisa

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19 octobre 2009

Comme sa bouche est immense quand elle sourit.

Il fait froid.

J'ai trainé mes pieds dans les feuilles mortes, dorées et rousses, qui se soulèvent dans l'air frais.
J'ai remis le chauffage et cette odeur douçâtre de poussière brûlée a empli mon appartement.
J'ai mangé les premières clémentines, les premiers pains d'épices, les premières soupes du dimanche soir.
J'ai ressorti mon manteau et j'ai pris du plaisir à blottir mon nez dans son col lorsqu'il y avait un vent mordant.
J'ai repris l'habitude de fermer les volets la nuit, à la recherche d'une chaleur intérieure, d'un nid douillet, tout de couvertures et de bouillottes.
J'ai cueilli mes dernières tomates sur le balcon, pas encore tout à fait rouges et je les ai posées sur le bord de la fenêtre de la cuisine pour qu'elles s'y réchauffent et rougissent.

Je vais bien.

J'ai retrouvé une sérénité que je pensais perdue. A tout jamais. Je n'imaginais pas que c'était possible. je reviens de loin. Je reconstruis tout ce qui a été cassé. Petit morceau par petit morceau. En prenant tout mon temps, calmement. Il y a de nouvelles choses dans ma vie. Pour beaucoup positives. Il faudra que je prenne le temps d'en parler : l'association, ce nouveau travail qui vient compléter à merveille mon emploi du temps, mon corps qui a tellement changé et avec lequel je me réconcilie...

J'avance. Je remonte. J'espère comme je le disais plus tôt que ce n'est pas artificiel.

6 octobre 2009

Artificiel.

Je vais mieux. Je le chuchote car j'ai peur que le dire trop fort ne fasse vaciller cette stabilité qui semble revenue. J'ai peur aussi que tout ça ne soit pas moi-même, mais les simples réactions chimiques que les médicaments provoquent sur mon cerveau. Pourtant je recommence à m'entendre avec celle que je deviens. Alors, je me dis que sans doute, je n'étais pas moi-même avant. J'ai tellement peur que cette force qui gonfle lentement à l'intérieur de moi ne soit qu'un leurre.

J'ai laissé filer les deux saisons que je préfère, enfermée à l'intérieur de ma tête. Je n'ai pas vu l'herbe vert tendre du mois d'avril, les cerisiers  et les magnolias en fleurs. Je n'ai pas vu la lumière des journées les plus longues de l'année, j'étais alors plongée dans l'obscurité. J'ai l'impression maintenant que ces deux saisons ont duré une éternité. Et en même temps ce n'est qu'une longue parenthèse creuse. Du temps gâché.

Mais j'essaye de rattraper ce qui a été perdu. Je sais à nouveau sortir de mon cocon. Et pas seulement pour aller travailler. Je sais m'investir auprès des gens qui m 'entourent, les écouter, me détacher de moi-même. Je sais à nouveau donner et recevoir. Je sais oublier les angoisses de la veille, celles qui me rongeaient. Je sais même sourire et rire parfois.

Puis dans cette tempête, j'ai aussi perdu des choses auxquelles je ne tenais pas. Les angoisses liées à Neb, celles qu'il me transmettait sans le vouloir. Et quelques lourds kilos qui en s'envolant ont affiné très nettement ma silhouette. Je me sens plus légère.

Et j'ai des centaines de mots, d'histoires qui naissent à nouveau derrière mes yeux clos et que je ne vais pas tarder à coucher ici.

7 septembre 2009

Vingt huit jours plus tard.

Une nouvelle rentrée. Très différente des précédentes. Je suis faible, je me sens vulnérable. J'attaque cette année sans savoir un instant où je vais, comment les choses vont évoluer. J'ai rencontré les premières classes, de nombreuses autres arrivent encore. J'ai du mal à trouver mes repères, les automatismes des années passées semblent s'être dilués dans ces derniers mois.

Je prends des médicaments depuis quelques semaines. Dans un premier temps, les contours de ma vie sont devenus flous. Les anxiolytiques me faisaient dormir et gommaient ma réalité. Une espèce de brouillard froid. J'ai très vite cessé de les prendre, tenant à ma lucidité. Quant aux antidépresseurs, on dit volontiers qu'ils représentent une béquille, et j'ai en effet cette impression. Je ne me sens ni heureuse ni triste, mais au moins stable. Ils ont neutralisé mes idées noires en levant le lourd voile de tristesse qui pesait sur moi. J'ai l'impression de pouvoir avancer à nouveau, sans parler encore de construire ou de connaitre la destination, mais j'arrive à me lever le matin, à me concentrer sur un film, à envisager une sortie, à croire pendant une minute que tout ira peut-être mieux bientôt.

Beaucoup de personnes autour de moi ont critiqué mon choix de me tourner vers les médicaments. Je dois dire que ce n'est pas un choix. Il n'y avait pas d'autres possibilités. Aucune alternative. J'étais en danger. Les mots semblent forts mais j'ai eu très peur de l'état dans lequel j'étais. Ce fut très dur pour moi de me rendre chez un médecin et de reconnaître mon incapacité à m'en sortir. Je suis fière, je veux donner l'image de quelqu'un de fort, de solide. Et là... Échec. Faiblesse. Déchéance. Je n'avais jamais connu ça.

Aujourd'hui, je ne remonte pas la pente. J'ai juste arrêté de descendre. Je m'habitue doucement à ma nouvelle vie. Sans Neb. Pourtant je vis dans l'appartement qui nous a unis. Je sors peu, je m'entoure de personnes de confiance, celles que j'aime depuis longtemps et que je sais être fiables, fortes et bienveillantes pour moi. Je ne me frotte pas encore aux "autres". La vie me fait peur. Je reste dans mon cocon douillet et sécurisant, avec mon chien, mes habitudes, ma tranquillité. Je panse mes blessures. Je pense moins. Je me recroqueville sur les tout petits trésors que j'arrive encore à trouver au fond de moi-même.

***

PS : le message a été écrit le 7 septembre. Je ne le poste qu'aujourd'hui car mon ordinateur n'a plus voulu s'allumer pendant une semaine.

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