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Diane Groseille

21 septembre 2007

Vacations de vocations.

retro

Un message de Lucinette me fait réfléchir sur mon métier, mes choix et ma situation. J'enseigne depuis maintenant presque dix ans. J'ai eu l'occasion d'intervenir dans des contextes très différents, auprès de publics variés. J'ai toujours su m'adapter mais rarement je n'ai vraiment réfléchi à ce choix.

Fille d'insit', j'ai appris à lire et à écrire très tôt. J'ai lu mon premier livre à l'âge de sept ans et les Oui Oui et autres Félicie m'ont vite déçue, je me suis attaqué aux bouquins de ma mère. Je me souviens en particulier de Viou d'Henri Troyat. A mon entrée en classe de sixième, j'ai fait la rencontre de la femme qui allait être ma prof de français sur les quatre années à venir. Elle avait la réputation d'un dragon, rigoureuse et exigeante. Elle est très vite devenue pour moi un modèle et aujourd'hui encore, lorsque je doute quant à mes réactions ou mes méthodes de travail, c'est à elle que je me réfère. Elle a su faire naître en moi l'amour de notre langue, tant par sa richesse que par sa technique. Je pense souvent à elle. Elle est aujourd'hui à la retraite et est repartie vivre dans son Sud natal. Il y a quelques semaines, mon frère m'a annoncé la mort de son mari. J'ai envie de lui écrire pour lui dire tout ce qu'elle m'a transmis.

Après mes années au collège, je n'ai plus trouvé face à moi d'enseignants aussi passionnés et passionnants. J'ai eu mon bac au rattrapage, de justesse, plus intéressée à l'époque par les turpitudes de ma vie sentimentale que par un avenir professionnel lointain et flou. Puis je suis partie en fac, par la force des choses, sans vraiment savoir si c'était ce que je voulais, choisissant la spécialité "lettres" une fois arrivée devant le bureau des inscriptions. L'université a été une expérience originale. J'y ai découvert l'autonomie, la liberté et les joies du travail dans l'urgence. J'ai réalisé aussi quelle chance j'avais de pouvoir me contenter de très peu de travail grâce à des facilités de mémorisation et de compréhension. J'y ai rencontré des professeurs arrivistes et carriéristes, mais très peu intéressants. A l'exception peut-être d'un prof de littérature comparée qui a su éveiller en moi une certaine curiosité. C'est lui qui a dirigé mes recherches sur les années qui ont suivi et pour la petite anecdote, il vivait à une centaine de mètres du domicile de ma prof de français au collège, alors que ma ville universitaire se situait à une centaine de kilomètres.

Il a fallu songer à un moyen de financer mes études qui allaient tirer en longueur. Je ne voyais pas de concrétisation professionnelle aux abstractions qu'on me transmettait dans ces amphis bondés. J'ai trouvé en 1998 un poste dans un centre socio culturel, j'étais alors quotidiennement référente d'un groupe de sixièmes à la sortie de leurs cours. Ça a duré trois ans et j'ai cumulé ça à des cours particuliers: mes premières expériences d'enseignement. Puis, toujours étudiante, j'ai fais mes premiers remplacements pour l'éducation nationale : particulièrement déçue par ce que j'ai pu y découvrir, comme j'ai déjà pu le dire plus tôt, mais heureuse de m'en être rendue compte avant de foncer tête baissée vers un CAPES, alors considéré comme la voie royale, seule vraie porte de sortie pour une filière si abstraite. Tout ça, c'était parce qu'il fallait faire quelque chose et parce qu'être toujours étudiante me coûtait cher. Ce n'était pas une vraie vocation, je passais un peu à côté de ma vie professionnelle, mes préoccupations et l'essentiel étaient ailleurs. J'ai plongé dans cet univers par défaut.
Puis arrivée au niveau DEA, j'étais consciente que cette addition d'années d'études ne me mènerait concrètement à rien. J'ai été profondément déçue par l'attitude du jury de ma soutenance qui ne cherchait qu'à me faire poursuivre une thèse pour obtenir des subventions. J'ai alors passé un entretien professionnel par hasard, au lendemain d'une soirée aux Eurocks de Belfort, pas vraiment réveillée, sans réelle conviction et j'ai appris un mois plus tard que j'étais prise en tant que formatrice. Et sans l'avoir vraiment décidé, je suis passée officiellement du statut d'étudiante à celui d'enseignante. J'ai basculé dans un monde qui devait au départ simplement me permettre de subvenir à mes besoins et dans lequel je suis toujours aujourd'hui. Me voilà bien loin des idéaux de Lucinette qui faisait déjà la classe à ses peluches étant petite. Tout s'est fait simplement, sans que je n'aie jamais de choix à faire.

Aujourd'hui, j'aime ce que je fais, vraiment, et j'ai eu la chance de pouvoir toujours faire mes choix, ce qui n'aurait pas été le cas si je m'étais tournée vers un CAPES. J'enseigne de façon polyvalente, je jongle, je m'épanouis et j'y prends un vrai plaisir. Je gagne bien ma vie, mieux qu'un enseignant classique et j'ai la chance de pouvoir aménager mon emploi du temps. J'ai su trouver dans un univers qui n'était pas forcément le mien au départ un confort de travail et un véritable échange avec mes étudiants : les avantages sans les inconvénients. Malgré ce bilan très positif, je ne pense pas passer ma vie dans le monde de l'éducation. L'appel d'un projet qui me tient à coeur depuis mes quinze ans résonne toujours en moi : une ferme, des animaux, la nature, la convivialité, la transmission des savoirs, et pourquoi ne pas envisager, plus concrètement un jour, une formule qui me permettrait de cumuler mon rêve de toujours et mon métier actuel qui m'apporte une vraie satisfaction ?

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20 septembre 2007

Lui & moi.

Quand on s'est rencontrés il y a quelques années, le courant n'est pas tout de suite passé : problèmes de compréhension. Beaucoup de personnes que j'avais croisées vantaient ses mérites et me disaient à quel point il était ouvert, compréhensif et serviable. D'autres se montraient plus méfiantes à son égard. Il m'a fallu quelques mois pour m'entendre avec lui et ensuite, très vite, notre relation est devenue fusionnelle. Nous avons passé des nuits ensemble à nous découvrir et je ne me lassais pas des nombreuses facettes de sa personnalité qu'il me dévoilait au fur et à mesure. Il m'est devenu indispensable. J'avais du mal à me séparer de lui, j'avais pris des habitudes à ses côtés et sans lui, je me sentais perdue.

Dans les premiers temps, nous avons surtout beaucoup parlé, échangé et je trouvais cela merveilleux. Puis au fil du temps, il a su me faire découvrir tant de choses nouvelles. Ce qu'il peut faire est exceptionnel, il s'y connaît dans tellement de domaines ! Il parle toutes les langues, il me donne des trucs de cuisine, il voyage tellement qu'il connaît le monde entier, grâce à lui je rencontre de nouvelles personnes et je n'ai plus peur de m'exprimer en public. Pour vous dire si c'est une perle : il m'aide même parfois à faire mes courses ! Il sait tout sur tout le monde, il a toujours un avis sur tout, il sait répondre à toutes mes questions.

Avec lui, je ris, je pleure, je réfléchis, je découvre. Rarement il m'a déçue, peut-être juste parfois un peu agacée, sans doute par son côté "je sais tout" et par la somme d'informations qu'il étale en permanence. Parfois, il est un peu bordélique mais j'ai appris à faire avec. Et je pense que son plus gros défaut est le fait qu'il soit trop bavard : quand on lui pose une simple question, il peut vous parler pendant des heures, il va vous balancer tout ce qui lui vient, même des choses qui n'ont rien à voir.

Mais aujourd'hui, je crois que je ne pourrais plus me passer de lui, il fait partie de ma vie à part entière, il a toujours sa place près de moi. Internet, je t'aime.

17 septembre 2007

Toujours des histoires de nombrils.

Envie de mettre des distances. Plus envie de les voir pendant un temps. Parce qu'ils n'écoutent pas. Ma famille est un nombril géant. Envie de crier qu'on est là aussi, qu'on en a marre de leurs histoires, qu'on a une vie. Puis finalement, le silence. A quoi bon. L'autre jour, par exemple, elle est là, face à moi, assise dans mon canapé, et elle me demande (ce qui est déjà blessant en soi) ce que je fais cette année exactement. Et alors que je lui explique ce qu'elle devrait déjà savoir si elle m'écoutait un peu, elle me coupe parce qu'elle a repéré une petite arraignée au plafond. Alors je m'arrête, je bloque, et je me dis tant pis, comme à chaque fois. Je me dis, j'avance, je vis les choses, je ne les partage plus. Pas de curiosité de la part de mes proches. Mais il faut l'être lorsqu'il s'agit d'eux. Il faut avoir des demi-heures à leur consacrer au téléphone, il faut pouvoir être là quand ils appellent au secours, il faut écouter attentivement leurs récits de vacances. Moi, je n'appelle jamais, je ne me raconte pas. Ici, oui, mais pas à eux. Je ne veux pas (m')imposer. Et maintenant, encore moins. Et je n'essayerai plus, par un geste désespéré de caser une anecdote me concernant dans une conversation. Tant pis, j'avance. En me disant qu'ils ne me connaissent pas si bien qu'ils le pensent.

16 septembre 2007

Les yeux cernés, des poussières dans les cheveux.

coeur

Week-end festif. Avec le soleil qui vient nous narguer pour nous rappeler son absence des deux derniers mois. Comme un ultimatum. Maintenant ou jamais.

Encore une fois la braise du barbecue, les rires et se coucher dans l'herbe avec une coupe de crémant. Encore une fois oublier le lendemain et les heures qui passent. Encore une fois le vent dans la figure et les rayons qui griffent les joues.

Plus tôt, danser, les cheveux dans les yeux, l'ivresse sous la peau. Puis revoir ceux qui se sont faits fantômes. Et se dire que, tant pis si on les voit moins. Pour eux.

Je rêve d'un petit bocal magique qui pourrait enfermer cette insouciance précieuse qui semble alors si évidente. Je sais qu'elle va filer, se laisser remplacer par cette anticipation permanente. Je comprends par moments seulement le vrai sens du Carpe diem, c'est comme une succession de photographies : un instant, un lieu, rien d'autre, à savoir savourer.

14 septembre 2007

9.

Nouvelle voiture. Nouveau téléphone portable.
Nouvelles résolutions. Nouveaux projets.
Nouvelles recettes. Nouveaux goûts.
Nouvelle saison.
Nouvelle lumière.
Nouveaux collègues. Nouvelles connaissances. Nouveaux sourires.
Nouvelles classes. Nouveaux cours. Nouveau sac d'école.
Nouvelle programmation télé. Nouvelles lectures. Nouvelles histoires.
Nouvelles perspectives. Nouvelles envies.

Et vous, quoi de neuf  ?

***
_chantillons

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11 septembre 2007

Pendant que les champs brûlent.

Niagara -Pendant_que_les_champs_brûlent
envoyé par slzaza


Des arbres se penchent :
C'est plus fort, plus fort que tout.
Accrochée aux branches,
L'air me semble encore trop doux.
Dans l'herbe écrasée, à compter mes regrets.
Allumette craquée et tout part en fumée.
 
Pendant que les champs brûlent
J'attends que mes larmes viennent,
Et quand la plaine ondule
Que jamais rien ne m'atteigne...
 
Ce soir-là on s'est embrassés sans se parler.
Autour de nous, le monde aurait pu s'écrouler.
Les yeux cernés, des poussières dans les cheveux.
Au long de mes jambes, la caresse du feu.
 
Pendant que les champs brûlent
J'attends que mes larmes viennent,
Et quand la plaine ondule
Que jamais rien ne m'atteigne...

10 septembre 2007

Cascades.

torrent

J'écris comme Eddie me le recommande. Sans penser au reste, juste par envie, égoïstement, sans chercher l'écho des mots, sur la vague. De toute façon, ce soir, trop fatiguée pour réfléchir. Retour en classe aujourd'hui. Curieusement, ce matin, à cinq heures, j'ouvre les yeux automatiquement, avec une angoisse sourde dans le ventre. Rentrée des classes. Pourtant, j'ai repris les cours depuis fin août, mais aujourd'hui, c'était l'officielle, celle qui signe vraiment la fin des vacances. Une seule semaine de congé avant mi-juillet. Comme une ligne droite. Endurance en vue. A huit heures, j'accueillais les premiers élèves et l'angoisse comme chaque année s'est évaporée à ce moment là. Ce qui semblait difficile, ce qu'on ne pensait plus savoir faire revient comme si c'était instinctif, naturel. Et en regardant en arrière, les heures de doute qui ont précédé, je me suis trouvée ridicule. Peut-être que c'est mieux d'avoir tant de travail devant moi, plus il y en a, plus j'avance, sans forcément chercher une issue de secours.

Et les mots fluides viennent à nouveau à moi. Les sourires. Les moments de réflexion. Voir toute cette bonne volonté qui va s'en doute s'évanouir pour certains dans les virages des mois à venir.  Sentir le parfum du papier neuf, les voir caresser les pages de leurs blocs vierges et triturer leurs nouveaux stylos pas encore mâchouillés.

Retour à la case départ, comme chaque année.

7 septembre 2007

Etat d'âme.

Chape de plomb au-dessus de ma tête depuis deux jours. Impression d'anesthésie générale. L'année se profile, de plus en plus difficile. Les semaines vont s'enchaîner jusqu'à mi juillet sans aucun moment de répit.

Bien sur, je reviens ici.

Comme une évidence après ce qui n'a pas été de la réflexion. Au contraire. Oublier un temps que ce non-lieu existe. Mais il existe. Il fait partie de moi. Intégralement. Pendant quelques jours cependant, j'ai oublié de mettre systématiquement des mots sur tout ce que je peux vivre. J'ai seulement vécu. Veni, vidi.

Bien sur, je reviens ici.

Lire vos commentaires, dans lesquels vous avez essayé chacun de me donner votre propre définition du blog. Mais mon problème n'était pas dans la définition. Il était dans la finalité. Il l'est toujours d'ailleurs. Pourquoi partager. Pourquoi avoir envie de donner ce qui est à moi. Est-ce que ce don valorise où dégrade ce que je suis ? Est-ce vraiment utile ? Ai-je trouvé ici des solutions, un mode de pensée ? Je ne crois pas. Le partage est d'ailleurs tout relatif. Les remarques laissées sont souvent consensuelles, pas de véritable échange. Et tant passent et regardent, mais ne disent mot.

Bien sur, je reviens ici.

Je suis un peu perdue face à quelque chose qui était finalement inscrit en moi depuis le début. Un leurre. Celui d'être lue. Mais le blog n'est qu'un passage, une zone de standby. Lost in translation. On sait que l'essentiel n'est pas là. Et soyons franc, on voit dans chaque lecture bloguesque un miroir de soi-même, de ce qu'on aurait aimé écrire ou vivre, de ce qu'on ne voudrait pas devenir. On jalouse ou on méprise, mais c'est toujours dans un rapport profondément narcissique.

Bien sur je reviens ici.

Comme on reviendrait chez un ami qui a déçu, mais il n'en reste pas moins un ami.

petit_coin_perdu

3 septembre 2007

Puissance.

Un silence.
Un cri.
Mieux que des mots.


Jeff Buckley - Grace
envoyé par DeadSkin

23 août 2007

?

Petit détour de deux heures dans les vignes... D'habitude, je ne pense pas à grand'chose, je marche, je vide.

Et cette pensée soudain, qui m'a déjà effleurée plusieurs fois cet été, et qui s'impose à moi comme une évidence, comme une grande claque dans ma tronche :

"à quoi bon écrire quotidiennement un blog ? "

Que de temps perdu pour si peu ! Les retours se font rares et n'ont d'ailleurs jamais été bien nombreux et même en faisant abstraction de l'échange virtuel qu'ils pourraient représenter, quel intérêt direct pour moi ? tant de personnes que j'avais crues importantes sont parties comme elles sont venues ! Tant de paroles fortes se sont évaporées sitôt écrites ! Considération profondément égoïste, mais soudain, les trois années passées à prendre tant de plaisir, à voir le blog comme un miroir, comme un lieu de réflexion et de mémoire me semblent bien futiles. La pensée en est restée la, entière, violente et froide. Je n'ai pas voulu la brusquer, la décortiquer. Elle reste là, immobile, elle me regarde.

Sur ce, je pars boire une bière en ville avec la question au dessus de ma tête.

pression

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