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Diane Groseille
11 juillet 2014

Le contact.

C'était en décembre, une salle de danse pour y faire du théâtre (d'autres font de la danse sur des scènes de théâtre). Un parquet flottant, de grands miroirs et une vingtaine de personnes autour d'un comédien pour découvrir de belles choses. Pendant deux jours, on a travaillé le corps, la voix, l'espace, les masques, l'énergie. Beaucoup de magie est née entre ces quatre murs et le temps a semblé s'écouler différemment, comme prisonnier d'une bulle.

Ce qui me reste des mois plus tard, au-delà du sourire de ce comédien - petit elfe, personnage enfant/androgyne plein de charme - c'est un exercice. Des bases on ne peut plus simples : il s'agit pour deux personnes de se rejoindre en traversant la salle. L'exercice se fait en commun, tous les binômes sont séparés et se rejoignent à des rythmes différents. Le moment de la rencontre est chorégraphié, on se regarde, on s'enlace, l'un des deux glisse au sol, puis en marche arrière, chacun rejoint sa place. Une fois l'exercice réalisé, le comédien a souhaité qu'un binôme se mette en scène sous les yeux des autres. Et Charlotte et moi nous sommes avancées. Je ne connaissais pas Charlotte et je ne la connais toujours pas. C'est une fille bien plus jeune que moi, plus petite, avec un corps fin et noueux, très féminin, de grands yeux sombres et inquiets, un nez pointu. Le comédien a mis de la musique et nous avons commencé le jeu. Soudain, sous le regard de nos spectateurs, une intensité bien différente s'est construite. Les gestes se voulaient plus vrais et plus précis encore, les regards sincères. Et le corps de Charlotte, à plusieurs reprises, avec force est venu s'écraser contre le mien. J'ai réfléchi plus tard au fait que jamais on n'enlace un inconnu dans la vie de tous les jours. Connaît-on vraiment quelqu'un qu'on a jamais serré dans ses bras ? Dans la contexte du théâtre et de l'improvisation, je suis "poussée" au contact physique avec des corps que je ne connais pas très souvent...

Il y a quelques jours, sur un trottoir de ma ville, j'ai aperçu le corps de Charlotte. Je l'aurais reconnu parmi des centaines, sa démarche un peu voûtée, la façon d'avancer ses bras avant son buste. Je n'ai pus l'interpellé, enfermée que j'étais dans l'habitacle de ma voiture, mais j'ai ressenti quelques secondes, la chaleur et la force de son étreinte.

freehugs1

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Diane Groseille
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