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Diane Groseille
28 avril 2007

Comment sauver une vie.

Ou "Ce qu'il fallait dire le premier jour".
***

artifice

Parfois, je suis trop pleine, débordante d'émotions, de mots, de sensations. Des éclairs. De choses qu'on ne peut pas expliquer avec des mots, qui ne pourraient que transparaître ou transpirer dans des divagations verbales, et encore, à la limite...

Parfois, c'est comme un souffle éphémère et si puissant qui me traverse, qui me gonfle comme une voile, qui me rend exponentielle, emplie d'une force d'existence. Parfois c'est comme la vibration d'une guitare électrique. Parfois c'est la chair de poule d'une seconde.

Parfois, c'est une voix, des notes de musiques, la volonté de se rattacher à un moment, parce qu'on sait bien qu'il est unique et magique.

Parfois, c'est juste le contraste avec de grandes parenthèses vides et transparentes, soudain, un éveil.

Parfois, c'est une envie de hurler, de courir, de sauter, de danser, de s'oublier, de serrer quelqu'un fort dans ses bras, à l'étouffer.

Parfois c'est une ivresse, un moment de grand soleil éblouissant, des sourires gratuits et fragiles, faciles, la certitude que ça peut être éternel, le goût de la bière sur ma langue, sur mes lèvres, l'herbe humide sous mes pieds, ses doigts sur ma peau, la plénitude.

Parfois, ça ne prévient pas, vous êtes là, en train d'attendre quelqu'un devant une bibliothèque, ou en sortant de huit heures de cours, ou devant votre glace le matin, et ça vous traverse comme une lance.

Parfois, c'est logique et précieux comme une pierre brillante qui roule sur votre parquet. Comme dans un rêve.

Parfois, vous voudriez arrêter le moment, le fixer sur du papier photosensible ou vite le dire aux gens qui sont près de vous, que c'est en train de vous arriver, que c'est là, maintenant, est-ce qu'ils le voient ? est-ce qu'ils le sentent ? mais ils ne comprendraient pas.

Parfois, ça vient de très loin, rupture de l'espace temps, téléportation, ubiquité. De pays que vous n'avez jamais visités, de périodes si lointaines. De cette maison, de ce jardin où vous êtes allés jouer une fois quand vous étiez petite, avec un enfant qui n'était même pas un ami. De ce champ de maïs à perte de vue derrière la maison de la gardienne. Il y a vingt-cinq ans. Il est toujours là.

Parfois, c'est cette odeur de javel qui vous emplit les narines, venue de nulle part, de votre imagination, et pourtant bien présente. Depuis l'enfance. Toujours surprenante.

Parfois. Le plus souvent en fait. Tout part de la lumière. De sa verticalité ou de son horizontalité. De son inclinaison. De sa force ou de ses nuances. De ce qu'elle peut transmettre. De ce qu'elle peut réciter à votre oreille. Certainement magique.

corbeau

 

Parfois. Divagations...

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Commentaires
B
Bonjour, Diane. Je lis cet article, attiré par le lien de ton article de ce jour. Il est très juste. J'aime beaucoup cette phrase "Parfois, vous voudriez arrêter le moment, le fixer sur du papier photosensible ou vite le dire aux gens qui sont près de vous, que c'est en train de vous arriver, que c'est là, maintenant, est-ce qu'ils le voient ? est-ce qu'ils le sentent ? mais ils ne comprendraient pas." Dire, transmettre l'Instant Poétique, celui qui nous comble d'émotion, de sensation, c'est une des choses les plus difficiles, et parfois les plus décourageantes. Mais aussi des plus stimulantes, car ce besoin nous pousse à la maîtrise de la langue, de la musique, de la peinture...
M
J'aime, c'est ça les émotions, c'est comme ça que je ressens je crois...
D
Etonnée que tu sois la seule à commenter ce post, et ravie que ça te touche. C'est sans doute selon moi le plus important depuis la naissance de ce blog. Mais surement que je n'ai toujours pas trouvé les (bons) mots pour dire ce que c'est...
M
...alors je dis vagations ...<br /> et je reconnais ces sensations que tu décris.<br /> j'aime.
Diane Groseille
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