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Diane Groseille
22 septembre 2006

Dans la lumière mouillée du matin.

Levée tôt ce matin.
Pris le chien sous le bras et suis partie.
Pourtant pas de travail, pas de cours en vue.
Besoin de liberté.
Dans les champs de maïs, dans la rosée.
Oublier un instant tout ce à quoi on donne de l'importance.
Retrouver la "vraie" importance.
Mon chien qui court.
La soleil qui s'étire en se levant.
La chaleur sur ma peau.

vapeurs

pr_cision

lu_mais

artifice

tresse

rosee

r_union

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7 septembre 2006

Festival d'automne, festival fashion.

Rock_S_B_W

Plus d'une semaine a passé et c'était sans doute le temps nécessaire pour laisser toutes les émotions se décanter. Il y a donc douze jours,  nous nous rendions au festival Rock en Seine de Paris. C'était bien entendu pour Radiohead que nous nous lancions dans ce périple et l’excitation nous avait déjà pris au ventre une semaine avant le départ. Nous avions appris quelques jours auparavant que nous ne pourrions avoir accès au camping qui était complet. Ce point avait déjà éveillé notre curiosité : comment un festival peut ne pas prévoir un camping accessible à tous ses festivaliers. Pas découragés pour autant, nous nous étions équipés de couettes et de couvertures avec l'intention courageuse de dormir dans notre voiture. Sans nous douter un instant de ce qui nous attendait sur place : un festival parisien.

Premier jour. Surprise en arrivant sur place après avoir récupéré le frangin à la gare de Lyon. Pour accéder au festival, on franchit un portail somptueux en fer forgé, et on roule sur un dédale pavé qui serpente dans un jardin à la française. On se gare et on accède au festival après une gentille promenade à travers une forêt de conte de fée. Nous ne savons où poser nos bouteilles de bières en arrivant devant l'entrée-public. Il y a d'habitude un alignement de canettes, mais là, rien, et nous on ne veut pas salir. On a du mal à trouver nos repères et ça ne s'arrange pas une fois sur le site. Nous avons l'impression tenace d'être entrés dans une soirée privée, un peu fashion, un vernissage ou une soirée tendance, un truc people quoi. Tout sauf un festival. J'exagère à peine. Quand je vais à un festival, je mets mon jean et mes baskets, un T-shirt confort et un pull autour de la taille. Je pense aux bons moments que je vais passer, mais aussi, aux pauses-pipi qui tiennent de l’exploit Kho Lanta (petites cabines en plastique puant la mort), au coup de froid quand vient la nuit, aux coups de chaud devant une scène. Les parisiennes se rendent à un festival comme elles se rendraient à un défilé de mode ou sur les Champs Elysées. Et quelle originalité ! Nous n'avons pu compter les lunettes de mouches et les talons compensés, les jupettes à volants et les dos-nus. Ceci dit, le parisien n'est pas mieux : T-shirt moulant et couleurs flashys, lunettes de Magnum dans ses meilleurs épisodes. J’insiste sur l’importance des lunettes, alors que le soleil a boudé une bonne partie du festival. Et notez d’ailleurs chers provinciaux que les lunettes se portent même la nuit, il pourrait y avoir des flashs, ne sait on jamais ! On se sent un peu décalés dans ce contexte, ça pue la consommation et le m'as-tu-vu. En quelques heures fleurissent sous nos yeux les T-shirts du festival, toutes les couleurs et toutes les tailles, mais il fallait l'avoir, l'acheter à tout prix. Question de prix d'ailleurs souvent à l'honneur. Pour l'exemple, trois euros cinquante juste pour se garer. Tout juste s'il ne faut pas payer pour aller pisser. D'ailleurs, de ce côté là, ça ne semble pas vraiment au point. Parisiens, les cabines plastiques sont has been, il serait temps de se mettre à l'algeco ! La patience de ma vessie après plusieurs bières étant plus que limitée, j'ai pour habitude d'aller chez les hommes, pour faire plus vite, parce que c'est souvent libre puisqu'ils ont la chance de faire pipi debout (je suis jalouse) et je ne suis d'habitude pas la seule à opter pour cette solution de secours. Loin de moi l'idée de court-circuiter qui que ce soit... Et bien je me suis fait gronder plusieurs fois, par des garçons qui trouvaient inacceptable que je puisse pénétrer leur territoire. Je leur ai fait savoir que je ne prenais pas leur place, et que s'il y avait urgence de leur côté, ils resteraient prioritaires, mais non, ils ne rentrent pas là dedans, c'est juste par principe. J'en déduis que le parisien, en plus d'être fashion, ne fait pas caca. Et ceci dit, je précise bien pour ceux qui pouvait émettre un doute, je n’avais aucune intention « voyeuse », c’était juste un gain de temps.

Parlons musique, même si ce n'est pas facile. Comme beaucoup, nous étions là pour voir Radiohead et nous faisions partie de ces prudents qui avaient pris des pass deux jours pour être tranquilles. Alors le premier jour, musicalement, on a fait les touristes. Pour ne pas rentrer dans les détails, c'est Patrice qui m'a le plus touchée. Une belle énergie, une espèce de douceur et de cohérence dans sa musique. Pas de pluie le premier jour. Drôle d’impression cependant de voir tout le monde quitter le site après le concert trop court de DJ Shadow. Pas un seul rappel, tout semble chronométré et la foule se rue de façon bien disciplinée sur la sortie dès la dernière note jouée. A peine moyen de boire encore une bière.

Après hésitation, nous décidons de ne pas aller claquer notre argent dans les lieux "tendance" de Paris, nous avions eu notre dose. Nous regagnions notre voiture, qui allait être notre petit nid pour la nuit. Bien moins confortable que ce que nous avions pu espérer. Avons dormi recroquevillés sur nous-même, réveillés toutes les heures par deux abrutis (spéciale dédicace) qui insistaient pour planter leur tente au beau milieu du parking, ce qui n’était pas pour plaire à la police municipale qui zonait. Le jour s’est levé sous la pluie, ce qui nous a paniqué pour la suite des événements. Certes, nous avions prévu K-way, sacs poubelle et autres protections en cas de déluge, mais l’éventualité de devoir attendre plusieurs heures sous la pluie nous contrariait. Dans l’attente du meilleur, nous sommes allés déambuler dans les rues parisiennes. Métro et gambettes, parce qu’il était hors de question de sortir la voiture et de repayer trois euros cinquante pour se garer. Avons fait des provisions pour la soirée, avons mangé une pizza, avons traîné à la FNAC (monstrueuse FNAC des Halles, un géant au ventre gargouillant qui vous attire à lui). Pour l’anecdote, j’ai aussi bu la bière la plus chère de ma vie. Les parisiens ne s’en offusqueront pas, mais ici, avec quatre euros quatre vingt, j’en bois deux.

Nous avons regagné le site vers seize heures, avons squatté par terre une petite heure, mangé des crocodiles, bu et fumé. Des amis savoyards sont venus nous rejoindre. Nous nous sommes préparés psychologiquement à l’épreuve de patience qui nous attendait. Puis, courageux, nous avons fendu la foule, jusqu’au plus près de la scène, jusqu’à ne plus pouvoir bouger, jusqu’à avoir du mal à respirer. Et c’est là que mon envie de faire pipi s’est manifestée. Juste là, au début de tout. Je l’ai ignorée soigneusement pendant les heures qui ont suivi, car il était hors de question que je ne laisse ma place à quelqu’un d’autre pour quelque raison que ce soit (pas même une implosion de vessie). Les premiers mouvements de foule se sont fait sentir au début du concert de Beck. Merveilleux moment où les marionnettes prennent la place du groupe sur le premier titre « Loser ». Un petit jeu qui a duré tout le temps du concert, superbement orchestré, avec beaucoup d’humour. Vidéos et jeux de scène, déguisements et parodie. Un très bon moment, à en oublier que des milliers de personnes poussent derrière moi pour se rapprocher de la scène. Le concert s’achève, chacun pense pouvoir souffler un peu, mais personne ne bouge, chacun reste bien campé sur ses positions. Nous ne sommes plus qu’une masse compacte qui attend. Je suis fatiguée par une nuit sans repos, pas les kilomètres parcourus dans la journée, mais je ne bronche pas. Mon frère mange toujours des crocodiles, il me sourit, me parle, discute avec deux cinglés qui parlent de Lac Vert me semble-t-il. Je vacille un peu, mais personne ne s’en rend compte, ils me soutiennent sans le savoir. Je sens le souffle de cette jeune femme derrière moi sur ma nuque, je sens l’haleine de mon voisin, j’écoute les commentaires de droite et de gauche, je ne dis plus rien, en mode « éponge » pour ce qui va suivre. Une odeur de terre mouillée remonte du sol, âcre, forte, quelque chose de proche de la betterave pourrie. Une terre malmenée, étouffée par des milliers de pieds qui se bousculent. Les miens ne touchent plus le sol lorsque le concert commence. Je reste vers Neb, l’accrochant du bras, mais tous les autres sont emmenés comme par un flot loin de moi, devant ou derrière, je ne les vois plus. C’est un souffle énorme qui vient de la fosse lorsque Radiohead jouent les premières notes d’Airbag. Et je voudrais que ce moment s’arrête, que chaque moment de ma vie soit le début d’un concert de Radiohead. Il y a une bombe lumineuse qui s’allume en moi et qui va battre pendant presque deux heures. Je ne vois pas toujours tout, mais parfois, fermer les yeux et sentir tout mon corps vibrer sous les bass me permet de voir mieux. Je n’ai pas envie d’en faire la play list ou d’entrer dans les détails, c’est un tout, un moment magique et parfait, toute douleur, toute faiblesse s’efface. Je suis pleine, entière et unique à ce moment de ma vie. Comment expliquer. J’ai oublié tout le reste, je ne vis que ce moment, chaque seconde qu’ils me donnent. Des gens chantent, ou essayent, des paroles étouffées montent parfois de cette masse, les lumières nous rendent vivants. Puis la fin arrive. Je le sais, c’est Karma Police. Je le sens, nous pourrons hurler tant que nous voudrons, ils ne reviendront plus.

Nous quittons le site, je suis sonnée, par la fatigue et l’émotion. Oui, je peux vraiment parler d’émotion. J’ai presque eu du mal à me reconnaître. Sensation indescriptible. Nous avons repris la route cette nuit là, refusant d’abord l’idée de passer une nouvelle nuit dans la voiture. Puis, éreintés, nous avons finalement dormi sur une aire routière à quelques dizaines de bornes de Paris, le cœur gros, parce que le « après », on ne voulait pas trop y penser, et pourtant, on y était déjà. Le retour en Alsace s’est fait sous des trombes d’eau glacée, pour nous plonger définitivement dans cette ambiance automnale et triste.

29 août 2006

Garder les mots pour plus tard...

anis__toil_

bancs

champs_elys_es

carousel

attente

paris_by_night

rubans

29 août 2006

Chut, ça commence, oublie que tu existes, absorbe...

in the next world war
in a jackknifed juggernaught
i am born again
in the neon sign
scrolling up and down
i am born again

in an interstellar burst
i am back to save the universe

in a deep deep sleep
of the innocent
i am born again
in a fast german car
i'm amazed that i survived
an airbag saved my life
in an interstellar burst
i am back to save the universe


Airbag, Radiohead.

16 août 2006

Fiat lux.

Aube  lune

au_dessus

Orange

verres_luisants

averse

couleurs_chaudes

Mauvemena_ant

transparent

parallele

Bleu_ciel

ebloui

fa_ades

Herbe

lune_I

lux

nuances

tot

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13 août 2006

Liban, son pays.

" Le ciel gronde, le bruit est incessant. Les volets fermés, cloîtrés dans une maison que la chaleur de l'été a rendu étouffante, la peur rode à présent dans tous les esprits. Le temps, le soleil ont laissé leur empreinte sur ces "créateurs de nuit" qui vous imposent l'obscurité en plein jour. Par ses traces du temps qui passe, pareilles à une érosion inarrêtable, s'engouffrent dans le lieu angoissant les rayons d'un soleil brûlant, indiquant aux occupants que la nuit n'est pas encore tombée. On ne peut distinguer de flash lumineux, de trainées électriques déchirant le ciel avec majesté. Lorsque l'on glisse un oeil inquiet à travers la meurtrière, on est rapidement ébloui par la beauté du ciel, l'absence de nuage. Quel est donc ce grondement qui vient ainsi poser un masque sur le visage de ses habitants tétanisés? Pour le savoir, il faut aller dehors, oser sortir de cette torpeur. Seule la folie peut vous entrainer dans les ruelles de Baalbeck à cet instant. Un bruit, il s'intensifie, augmente encore, devient assourdissant, déchire les tympans. Puis il se convertit en image, celle d'un oiseau de fer venu faire regner l'enfer sur cette ville de l'est libanais. La peur vous paralyse sur place, sans doute parce que l'esprit a déjà compris qu'il n'était pas de taille à lutter. Le combat est bien plus qu'inégal, il est surhumain. Des dizaines de jambes engourdies par l'émotion face à ce monstre de malheur, prêt à tout dévaster. Dès lors tout va très vite et, dans un nuage de poussière et d'effroi, le prédateur d'acier s'en retourne aussi soudainement qu'il était arrivé. Le grondement laisse place à un nuage de poussière, duquel s'échappe déjà des ruines de construction, survolées par des cris de femmes effondrées. Il faut s'approcher de la scène. Bientôt, le rouge ne tardera pas à venir recouvrir ce théâtre macabre. Des rivières de ce liquide devenu noir avec la poussière tapissent déjà le sol. Elle est à genoux, hurle, la douleur semble intense, indescriptible. Dans sa main, une autre, déchirée, déchiquetée, décharnée, au bout de laquelle gît une enfant de 5 ans. Son visage est écrasé sur la terre ocre de la rue. Ses yeux sont encore grands ouverts, comme hallucinés par cette chose venue l'arracher à la vie. Là bas, un homme attend des secours qui arriveront trop tard. Il n'a pas eu le temps d'apporter le poulet à sa famille, il s'est montré trop imprudent, ou n'a pas eu de chance pour certains médias. Dans la maison, le dos de l'homme est trempé de sueur. Appuyé contre le mur, il a sous ses bras ses deux petites filles. Elles n'ont que 8 et 4 ans. Dans un concert de larmes, elles s'interrogent, se perdent de confusion et de peur. Dans leur tête, l'image de l'été précédent, jouant dehors et gambadant dans le parc. Robuste, le père n'arrive pas à calmer ses enfants, il ne sait pas ou plus trouver les mots pour apaiser ces craintes incessantes. La plus grande semble avoir compris. Lui, se remémorant les mêmes attaques lorsqu'il avait 15 ans sait que l'horreur peut frapper à chaque porte. Alors, lorsque le grondement recommence, il sait que seul le ciel et ce dieu auquel il a fait allégeance pourra le grâcier. Mais pour combien de temps encore ?

Le visage halé, les épaules larges, M. se tient debout, comme pour garder une fierté qui semble l'abandonner chaque jour un peu plus. C'était la semaine dernière, le jour de la trève, celui où le ciel n'a pas résonné de peur. Il en a profité pour fuir dans sa belle famille à Baalbeck. Mais avant, il se doit de vérifier une chose. L'édifice est situé non loin de l'aéroport de Beyrouth, pilonné dès le début du conflit par l'armée de Tsahal. Lorsque le taxi s'arrête dans le quartier, M. est inquiet. Il est saisi d'une angoisse indescriptible. Cela fait 25 ans qu'il travaille au sein de cet établissement banquaire libanais. 25 ans d'économie, de souffrance, de courage, pour arriver au rêve, devenir propriétaire. Tout cet argent durement gagné, lui et sa femme l'ont donc investi dans leur troisième bébé, cette construction sans chichi d'une centaine de mètres carré censée abriter la famille pour les nombreuses années de bonheur à venir. Mais lorsque l'homme s'avance dans la rue, le spectacle ressemble plus à une apocalypse qu'à un ensemble de construction. Ses mains se replient sur elles mêmes, elles serrent les clés de la porte du bonheur. Il lui faudra encore parcourir 50 mètres avant de comprendre que cet objet lui sera désormais inutile. Debout face à l'Histoire, M. contemple les "dommages collatéraux" d'une guerre programmée. Lui n'a jamais possédé de fusil, il n'en a jamais eu. Lui qui aspirait juste à vivre en paix avec sa famille dans ce quartier de la capitale libanaise. Lui qui a toujours condamné la violence au proche-orient d'une parole mature et sage. Lui qui espérait encore que le sort aurait épargné son bonheur. Déjà un goût salé lui envahit la bouche. Les lèvres n'ont pas pu rester hermétiques, entre ouvertes pour laisser passer la douleur, de petits gémissements sortent de sa cage thoracique. A ses pieds, le sol s'humidifie au compte goutte. Déjà les larmes ont dessiné leur chemin sur le visage de ce père désabusé, s'engouffrant dans la bouche ou venant s'écraser par terre. Des sons, il n'y aura que des sons, parce qu'il n'y a pas de mots, parce qu'il n'y a plus de force, même pas celle de parler. Le rêve vient de s'envoler à jamais. Il n'y aura pas d'expert, pas de dédommagement, car il n'y a pas d'assurance au Liban. L'homme a tout perdu. Mais il faut faire vite, Baalbeck est à 4 heures de route, des routes qui sont déjà massivement encombrées par des civils en fuite, profitant de l'acalmie qui leur est offerte pour préparer leur barricade. Il s'engouffre déjà dans un taxi, laissant la chaleur de l'été sécher ses larmes, et rejoignant en vitesse sa femme et ses deux filles qui l'attendent patiemment. Lorsque M. sort de la voiture, toute la famille vient aux nouvelles. Il porte alors la petite sur ses épaules, se laisse embrasser, et se force à dessiner sur son visage un sourire laissant penser que tout va bien qu'ils seront bientôt de retour. La famille est rassurée. Il voit de la vie dans les yeux de ses deux filles pour la première fois depuis 10 jours. Il sait que la vérité éclatera tôt ou tard, mais il sait aussi que c'est sans doute ça qui aidera ses enfants à tenir les prochains jours. Le poing serré, M. regarde sa femme charger la voiture encerclée par ses deux petits êtres revigorés par la nouvelle qu'elles viennent d'apprendre. Il doit maintenant retenir ses larmes...

F., le coeur en arabe. Celui de mon grand père dont c'est aussi le prénom. Assis dans le salon il semble chercher des réponses dans les yeux de sa femme qui l'accompagne depuis maintenant plus de 50 ans. A Tripoli, au nord, la guerre n'a pas encore tué trop de civils. Les dégâts sont pourtant déjà largement visibles. Des routes éventrées, des ponts écroulés, des immeubles détruits. Les images de la guerre lui reviennent en tête à une vitesse folle. Il se souvient lui aussi d'avoir eu à protéger ses enfants. Il se souvient des missiles qui s'écrasaient non loin. Il se souvient de cette horreur que les mots les plus vils ne serviraient à exprimer. Il a vécu dans la guerre, ne semble pas avoir trouver la paix à près de 75 ans. La vie lui a laissé toute sa tête, et une santé de fer. Mais F. est fatigué, il n'a plus la force. Celle d'entendre ses enfants au téléphone lui assurer que tout va bien, qu'ils sont en vie, celle de se lever chaque matin pour établir le même constat, depuis dejà tant d'années. Jamais le Liban ne sera en paix, jamais mes enfants ne le seront eux aussi. Déjà une semaine que l'un des fils ne donne plus de nouvelles. L'inquiétude commence à se lire sur le visage du vieil homme. Ses traits trahissent soudain une lueur d'espoir lorsque le téléphone sonne. Sa main décroche fébrilement le combiné. C'est M., il lui dit que tout va bien, que la maison est intacte, et qu'il part rejoindre Baalbeck avec sa femme et ses deux filles dans la journée. F. est rassuré, mais si son fils va bien, ce n'est pas lui qu'il espérait avoir au bout du fil. A ce moment, il est épris d'une étrange émotion. Comment ne peut il pas se réjouir pour son fils ? Ce n'est pas ça, il est juste terriblement inquiet pour l'autre... F., ma grand-mère, prépare le thé et le narguilé. Elle sait que son enfant n'a pas donné de nouvelles. Elle sait aussi que son mari s'en va doucement. L'envie a disparu, elle a abandonné ses yeux. Quand la nouvelle s'abattra, qu'elle drainera avec elle toute la tristesse et la violence de la mort, il n'y survivra sans doute pas. Elle le sait, le sent. Il faut déjà qu'elle s'apprête à perdre deux hommes dans sa vie, si tant est que l'un ne soit pas déjà parti. Lorsqu'elle prépare le tabac dans la cuisine, F. ne peut, elle aussi, retenir ses larmes... Une question la taraude déjà : à quoi bon donner la vie si la guerre vous la reprend ?

Au même moment, un jeune homme assis dans son canapé, regarde honteux et inquiet les informations du jour. Le Liban fait la une. Toujours les mêmes images, la même horreur. Et puis, aussi, toujours ces pseudo tentatives d'explications stupides et saugrenues. Quiconque connait un tant soit peu l'actualité au proche orient sait que tout ceci était déjà planifié, du jour où la Syrie s'est vu chassée du pays du cèdre. Voilà donc une situation que la famille E. H. n'a sans doute pas bien accepté. Tout le reste n'est que manipulation et autres intimidations. Alors, entre deux pseudo commentaires éclairés sur la situation, le jeune homme sent sa main se crisper sur la télécommande en prenant conscience que quelques soit les raisons de ce conflit, ce sont toujours les mêmes qui en paient le prix, les civils. Ce jeune homme, c'est moi. Inquiet, soucieux, perdu, je me demande comment va ma famille, si ils sont encore en vie ? j'ai été rassuré il y a 3 jours, mais, en temps de guerre, ces heures vous paraissent une éternité. Je m'imagine le pire. Et puis je me reprends, non, je n'ai pas le droit. Je dois me montrer aussi courageux qu'eux et garder la tête haute. Mais je manque de courage, de force, de volonté. Je sais que je ne les reverrais peut-être jamais. Je sais, je sens que l'Histoire me vole la moitié de moi même, qu'elle marque au fer rouge la chair de gens qui me sont si proches et si étrangers en même temps. Drôles de vacances où je n'ai envie de rien. Le sourire délaisse chaque jour un peu plus mon visage. Moi aussi je n'ai plus envie. Oui, j'ai de la chance d'être dans un pays en paix, mais je suis écoeuré. Honteux de voir ce que le monde entier cautionne tout en nous faisant croire qu'il s'indigne. L'hypochrisie règne en maître sur le monde de l'argent, et j'ai de plus en plus de mal à penser pouvoir m'épanouir dans ce monde là. Aujourd'hui, moi aussi, mon rêve s'est brisé. Je ne peux pas retenir longtemps les larmes qui caressent mes joues et qui ne peuvent révéler à elles seules la tristesse dont je suis épris... Je suis désolé pour ces mots...  "

10 août 2006

Sa vie sans elle.

ma_vie_moi

J'ai vu ce film l'autre soir. Un peu par hasard. L'histoire d'une jeune femme de 24 ans, mère de deux filles qui apprend qu'elle est condamnée par un cancer et qu'il lui reste quelques mois à vivre. Décrit comme ça, ça a le goût d'un mauvais téléfilm mélo de M6, mais c'est loin d'être le cas. J'ai été touchée par la sensibilité des images, par la poésie et par la force des phrases. Il me reste des images de doigts glissant sur des bords de verres, de perles qui tintent, des plans de regards perdus. Je n'ai pu m'empêcher de penser à elle, à plusieurs reprises, que je lis depuis si longtemps et dont la poésie est proche de celle du film, mais qui est bien présente dans sa vie, avec force et grace. Je me suis demandé comment je réagirais à la place de l'héroïne : cacher tout à mes proches pour préserver nos derniers moments ? Sans doute que non, pas assez forte pour ça...

Qu'attendez vous pour réaliser vos rêves ?

9 août 2006

Intégration.

J’ai un problème d’intégration
Un don certain pour l’imperfection      
Un jour sur deux une grosse tête de con
Et j’contrôle pas toujours mes pulsions
J’ suis pas un robot multifonctions
J’ai pas de raisons de me jeter du pont
Bébé j’suis pas un de tes héros de films d’action
Et on n’a pas forcément la même opinion
On n’a pas que des atomes crochus
Je t’ai plu puis  t’es plus éblouie
Déçue tu t’ai dis quel peigne cul
On s’est perdu de vue et tu es partie dans la rue
Pis on a rangé ça dans le tiroir de notre vécu
C’était pas Disneyland et pis c’est tant mieux
Quand c’est trop mielleux souvent c’est douteux
Ça mène au foireux à trente fous furieux
Mais j’suis pas blaser j’aime encore ce jeu

Et j’taime bien quand même et tu m’aimes bien quand même ho
J’taime bien quand même et tu m’aimes bien quand même et
J’m’aime bien quand même et tu t’aimes bien quand même et
Tu t’aimes bien quand même et j’m’aime bien quand même
Qu’est ce qu’on s’aime quand même ho yé
Qu’est ce qu’on s’aime quand même ho yé
Qu’est ce qu’on s’aime s’aime s’aime s’aime s’aime
quand même

On doit vivre avec nos frustrations
On est tous dépendant du pognon
Ya un grave problème de pollution
On peut l’régler mais non
Pis c’est pas tout les jours drôle comme facile à chanter
Ça donne envie d’se barrer
D’se battre ou bien d’pleurer
J’ai du mal à respirer
Vénère comme un nouveau né
Pour m’exprimer j’ai l’habitude de brailler
Ça m’pose un problème de communication
A mes proches un problème de compréhension
C’qui nous mène à cette situation
Où l’on perd toute motivation
J’ai un problème d’intégration
Peu d’résistance à la pression
Mais j’demande aucune compassion
Pour mes problèmes de digestion

Et j’taime bien quand même et tu m’aimes bien quand même ho
j’taime bien quand même et tu m’aimes bien quand même et
J’m’aime bien quand même et tu t’aimes bien quand même et
Tu t’aimes bien quand même et j’m’aime bien quand même
Qu’est ce qu’on s’aime quand même ho yé
Qu’est ce qu’on s’aime quand même ho yé
Qu’est ce qu’on s’aime s’aime s’aime s’aime s’aime quand même

On s’aime quand même

Et j’taime bien quand même et tu m’aimes bien quand même ho
J’taime bien quand même et tu m’aimes bien quand même et
J’m’aime bien quand même et tu t’aimes bien quand même et
Tu t’aimes bien quand même et j’m’aime bien quand même
Qu’est ce qu’on s’aime quand même ho yé
Qu’est ce qu’on s’aime quand même ho yé
Qu’est ce qu’on s’aime s’aime s’aime s’aime s’aime quand même

On s’aime quand même...


Anis, Intégration.

groseille

13 juillet 2006

A découvrir.

A écouter au plus vite.
Du grand Thom Yorke.
Tout seul.
N'efface rien.
Sublime.

eraser

18 juin 2006

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Diane Groseille
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