Ce soir tu seras la plus belle pour aller danser...
Vélo toute la journée. Soixante
kilomètres. Monter dans les Vosges. Sentir ses cuisses dire "merde". La
sueur sur son front. La petite voix au fond de soi qui dit "encore un
effort". Et tant de paysages magnifiques. L'air. Le vent sur le visage.
L'odeur du foin qui sèche au soleil. Les descentes, grisantes. Les
courses pour arriver avant les autres, essoufflée.
Puis
maintenant, je suis seule. J'ai laissé l'amie chez elle avec Lilou. Mon
homme et le sien sont allés se saouler à une fête du vin. Étrange
solitude après les rires de la journée. Mais je n'avais pas envie de
les suivre, pas envie de m'enivrer, pas envie de voir des têtes de
fantômes. Ma fenêtre est grande ouverte et donne sur un ciel rose et
frais. Dehors un téléphone qui sonne. Une voix impatiente, "allo". Des
voitures qui se garent, des gens qui rient. Un samedi soir sur la
terre.
Moi, je reste là. Je reçois mes élèves lundi matin. Pas la moindre tension (c'est d'ailleurs suspect), mais quelques détails à fignoler. Puis des photos à classer. Envie d'une douche froide et d'un bon film.