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Diane Groseille
25 août 2005

Précieux.

Je suis allée le voir. Il n'était pas loin, et ce n'était pas difficile, pourtant en moi ronflait une sorte de nervosité, une angoisse, une excitation. Il travaille dans un atelier lumineux, à deux immeubles de chez moi, les planchers craquent et gondolent, partout des étagères avec des flacons de verres, de tailles différentes, contenant poudres, cristaux ou liquides mystérieux. Et eux, accrochés partout, reposant sur des établis, en pièces parfois. Je ne peux pas toucher. je n'ai jamais touché. Il y a quelque chose de sacré dans cette pièce. Je remarque un flacon d'ambre. Il me dit qu'il dilue pour vernir.

Il semble timide, plus artisan que commerçant. Même sans doute artiste. Il a un accent allemand très prononcé et son nom est imprononçable. Il me dit "tout de suite?". Je cache ma jubilation et réponds un simple "si c'est possible oui, mais je peux aussi repasser". Il me prépare l'instrument. Le choisit parmi des centaines, sans hésiter, comme s'il s'était manifesté. Comme s'il y avait un code.  Il l'installe dans un coffre, le manipule avec soin. Je crains qu'il me demande de le tenir. Mes mains tremblent. Je veux le toucher seule, chez moi, le découvrir en silence, sans regards. Un chéque, quelques explications et je repars avec le "précieux" se balançant au bout de mes bras.

Maintenant, il est là. Je l'ai carressé du bout des doigts, comme pour ne pas le réveiller. Il va falloir attendre encore une bonne semaine avant de l'apprivoiser.

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Diane Groseille
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