Hommage à un soleil couchant.
*** Là
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*** Là
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Elle est revenue,
elle va bien,
même si toute les nouvelles ne sont pas bonnes,
je suis rassurée...
La virtualité peut nous lier si fort et nous éloigner si vite.
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Il y a ces matins où tout est plus difficile. D'abord, bien sur, il y a ces réveils trop précoces et de plus en plus désagréables. A cinq heures et demi, les gens normaux dorment. Plus moi. Je m'affaire trop machinalement à des tâches que mon corps effectue sans réfléchir. L'autre matin, j'ai passé un coton de dissolvant sur mes yeux, parce que je m'étais trompée de flacon. Mes rêves me poursuivent plus tard dans ce trajet en voiture que je fais machinalement, slalomant entre des camions que je ne vois plus. Encore plus tard, le thé se dilue trop lentement dans ma tasse blanchâtre sous les néons de la salle des profs. Le grognement de la photocopieuse tend à me rendormir. Les gloussements puérils émanant des couloirs me fatiguent déjà. L'envie de dormir me terrasse. Mes épaules semblent trop lourdes.
Et ce matin, pourtant plus difficile encore que les autres, quelques minutes avant de rejoindre ma salle de classe, les mots sont revenus. Comme le printemps après l'hiver, comme le soleil après la nuit. Tout naturellement. J'avais voulu les chasser. J'avais voulu ne plus vivre à travers eux. Je voulais que chaque instant soit à l'état brut. Je ne voulais plus de ce filtre. Il avait fallu désenclencher les réflexes, chasser les mauvaises habitudes. Puis c'était arrivé. Ne plus voir en chaque instant les mots qui l'ont grattera sur la papier, les lettres que l'on tapotera sur le clavier. Je m'étais aussi posé trop de questions sur la valeur des mots ici, sur cette zone de dialogue qui n'en est peut-être pas une. Puis les questions se sont évaporées, laissant place à nouveau à la spontanéité.
Alors, me revoilà.
Bien entendu, je suis un courant d'air.
Mes mots ici se font rares comme le soleil de ce mois d'avril.
Je profite malgré tout d'une demi-journée d'école buissonnière
pour lancer un avis de recherche.
Pas de nouvelles de Manu depuis plus d'un mois.
Et j'avoue être inquiète.
Ses mots me manquent, ses silences me traquassent.
Que celui qui est en mesure de me rassurer parle au plus vite !
Ridicule.
Pathétique.
Plus de lecteurs.
Stat's en chute libre.
Messages à caractère soporifique.
Réflexions isolées, ternes et insipides.
Disparus tous ceux qui avaient leur mot à dire.
Petite ombre qui s'agite, trop tôt ou trop tard, toute seule sur des pages virtuelles.
Avec cette illusion de donner du relief à ses mots.
Je reprends la plume, l'encre et le papier.
Le temps que cela reprenne un sens.
Le temps qu'il faudra.
Le temps de vivre.
Mieux à faire.
Départ forcé.
Bye bye.
Je trouve dangereuse l'idée du moment qui se banalise dans le contexte électoral,
passe-partout autour de moi :
"il est dommage de perdre une voix pour un candidat qui
selon les sondages n'a de toute façon aucune chance,
alors autant donner la voix à celui qui peut gagner".
Où est la démocratie ?
Et je parle bien de la France et non de la Russie.
Et aussi, pour poursuivre la liste, les petits plus qui me boostent en ce moment :
J'ai lu ce post il y des semaines... J'ai trouvé un peu de moi chez elle, comme à chaque fois que le lis ses mots. Et une fois n'est pas coutume, je fais une liste de ce qui m'aide à bosser, de ce qui me motive le matin à aller enchainer quelque dix heures de cours :
Elle est omniprésente, tous les jours de ma vie.
Je sais que toute petite, elle était déjà là, j'ai souvenir de certaines de ses ritournelles.
Aujourd'hui, elle est toujours là, trop fidèle, trop présente.
Je la croise à tous les coins de rue.
Elle vient chez moi aussi, parfois même pour me réveiller le matin.
Les derniers temps, je trouve qu'elle hausse le ton, comme si elle avait peur qu'on ne l'écoute plus.
Elle m'a souvent fait rire, fait réfléchir aussi
mais j'avoue que les derniers temps elle m'agace.
Elle est même parvenue à me faire détester certains morceaux que j'adorais.
Ce qui m'agace, c'est sa capacité à être partout, à monopoliser le dialogue.
Je n'aime pas l'idée qu'elle devienne une source de référence, qu'elle impose des codes.
Je n'aime pas savoir que tout le monde la connaît,
qu'elle sait se faufiler dans les têtes de chacun, y compris dans la mienne.
Je n'aime pas le fait de me sentir "cerveau disponible" à cause d'elle...
Publicité,
sors de ma vie !
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