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Diane Groseille

27 mars 2006

Printemps, petits bonheurs...

tulipes_rouges

biquettes1

tarte_aux_fraises

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27 mars 2006

Phage et Vore sont dans un bateau.

L'autre jour, durant un cours de deuxième année, une petite parenthèse étymologique s'est ouverte. Je ne sais plus comment nous en étions arrivés là. Les mots suffixés en -phage et en -vore. Une liste rapide se dessine au tableau, je mets en évidence les suffixes en rouge. Les réponses fusent : "omnivore, phytophage, herbivore, sarcophage...". Explications brèves car c'est hors-sujet et que je suis déjà en retard avec cette classe. Le programme, toujours le programme. Je pose une dernière colle : "Comment appelle-t-on celui qui mange son semblable ?". Ils cherchent tous, très concentrés, conscients de connaître la réponse, quand soudain mon champion du monde dans le fond de la salle gueule le mot. "Holocauste". Il résonne étrangement dans la salle de cours à ce moment là. Tous les regards perplexes se tournent vers lui. Bien entendu, tous attendent ma réaction car ce n'était pas du tout le mot qu'ils cherchaient dans leurs petits tiroirs de mémoire. Je pose gentiment mon feutre rouge, et je m'installe pour écouter les explications qui vont accompagner cette réponse saugrenue.
" - Explique moi ce qui te laisse penser que c'est la réponse à ma question.
   - Ben j'ai vu un film où les gens y devaient tous se bouffer dans la jungle, et ça s'appelait Cannibal Holocaust, c'était vraiment gore."
Finalement, il a fallu élargir la parenthèse, au détriment du fameux programme, pour des explications qui s'imposaient vraiment.

26 mars 2006

Mise à jour.

Quelques nouveautés. Petit dépoussièrage de printemps qui s'impose. J'ai commencé par rajouter quelques photos dans mes albums et je vais m'empresser de faire un tri dans mes liens dont on me me signale que certains ne sont plus valides.

J'en rajoute un au passage. Un petit nouveau qui se lance dans l'univers blogesque de canalblog, avec des mots chargés de sensualité.  Il fait preuve de courage aussi, pour se lancer dans ce monde maintenant saturé. Diane Groseille avait nettement moins de mérite à ses débuts. A suivre de près.

Puis je lance une nouvelle catégorie que j'intitule "Dixit". Pour toutes ces phrases de mon quotidien qui tombent dans l'oubli et qui méritent pourtant leur petite minute de gloire. Premier exemplaire de la catégorie à paraître avant la fin de la journée si la forêt ne me retient pas trop longtemps dans ces branchages bourgeonnants.

26 mars 2006

Des nouvelles...

24 mars 2006

Violet foncé.

Je ne suis pas allée travailler aujourd'hui. Ma tête semble squattée par un marteau-piqueur. Depuis hier après-midi, j'ai l'impression que des vers se tortillent derrière mes paupières, que quelque chose gonfle dans ma boîte crânienne et cherche à en sortir par n'importe quel moyen, que l'on tape constamment à l'intérieur. La lumière que j'aime tant d'habitude m'agresse et me repousse, me force à fermer les yeux.

Malgré tout, je suis sortie hier soir, pour fêter l'anniversaire de P., avec R., dans un petit restaurant charmant tout proche d'ici dont j'ignorais l'existence. J'ai du rentrer tôt car je n'arrivais plus à soutenir une conversation, les paroles des autres tables résonnaient jusque dans mes mains et je sentais ma tête battre. Les propositions de R. pour prolonger la soirée jusqu'au bout de la nuit m'auraient d'habitude tentée, mais hier soir, ma tête ne voulait pas. Je suis arrivée ici pour trouver un appartement vide, Neb homme de moi étant sorti de son côté. Envie de fracasser mon crâne contre les murs. Le sommeil s'est fait fuyant et je ne me sentais pas d'attaque ce matin pour les traditionnelles six heures de cours du vendredi. Trop faible, comme "occupée", pas moi même.

Alors depuis ce matin, je somnole, enveloppée dans ma couverture bleue, laissant filer autour de moi ces heures dont je compte normalement chaque minute.

Enfermée à l'intérieur.


violet_fonc_1

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23 mars 2006

Tableau blanc.

Gros clash avec ma prof lundi soir. Voilà six mois que je suis ses cours et son incompétence cette fois ci m'a poussée hors de moi. Et ça m'a fait du bien ! Comme à chaque fois, elle n'a pas de feutre pour écrire au tableau, elle se pointe les mains dans les poches, elle prétexte une grippe pour excuser son manque d'énergie et la fainéantise qui lui colle le cul sur sa chaise. Elle passe son temps à renifler et à se racler la gorge (pour faire plus vrai sans doute). Mais là où je sors de mes gonds c'est quand elle nous apporte pour la Xeme fois ses éxplications vaseuses concernant la conjugaison. Voilà quatre mois que j'essaye d'y comprendre quelque chose et qu'elle me baragouine des règles, s'attaquant en même temps aux marques du féminin, du pluriel, du passé et du futur. Alors, jusqu'à maintenant, je me disais que j'allais bien finir par comprendre, mais cette fois (alors que nous n'étions plus que quatre dans la salle, contre dix-huit en début d'année) j'ai gueulé après avoir constaté que personne autour de moi ne comprenait rien. Jusqu'à présent, elle me répondait systématiquement que j'étais trop logique et je ne devais pas chercher à comprendre. Faut pas me prendre pour une idiote. Madame nous met des mots de vocabulaire bidon au tableau, elle ne fait pas la différence entre un verbe et un adjectif (dans la phrase "le soleil brille", "brille" est un adjectif) et on se fait enguirlander quand on ne comprend pas son charabia. J'attends un minimum de préparation et de connaissances de la part d'une personne qui se considère comme enseignante. Alors, gros coup de gueule, sur ses approximations, sur son manque de pédagogie, sur ses incompétences, ses retards et ses absences. Je lui ai gentiment expliqué devant tous les autres (trois) que j'étais là dans le but de faire valider un examen dans moins de deux mois, que j'avais un rapport à écrire sur ses cours et que pour le moment, ça ressemblait plus à du babillage qu'autre chose. J'ai rajouté qu'en tant qu'apprenants, nous avions des attentes et que c'était de son devoir de les entendre et d'y répondre, et qu'elle nous devait un minimum de respect. Madame s'est montrée très susceptible, elle s'est vexée comme un vieux pou et du haut de ses grands chevaux m'a dit que je n'étais pas là pour préparer un doctorat et que si je n'étais pas satisfaite, elle ferait en sorte que mes cours soient remboursés. Ah non ma grande, le fric, je m'en fous, il faut que j'aille au bout du mon année, alors tu vas me faire le plaisir de m'apprendre comment on conjugue ces putains de verbes... Si je pouvais ouvrir un bouquin, ce serait déjà fait, mais mon rapport doit porter sur la pédagogie et non sur le contenu... Et pour le moment, je n'ai pas la moindre heure de cours construite, et aucune trace de pédagogie. Je désespère.

cours_arabe

21 mars 2006

Courant d'air.

dentelle_noire

18 mars 2006

Finalement.

De l'émotion que je n'attendais pas aujourd'hui.
Des remerciements sincères de certains parents.
Des étincelles dans les yeux de certains jeunes.
Des clins d'oeil, de l'humour.
Des mots qui sortent justes.
Des coupes de crémant pour l'heureux événement.
Heureux d'être ensemble.
L'efficacité et le partage.
Se connaître maintenant, ne plus avoir besoin des mots.
Se sourire.
Se sentir utile.
Importante.

Epuisée en sortant.
Découvrir que le printemps est dehors.
Que les gens sont installés par grappes sur les terrasses des cafés.
Ils s'étirent au soleil, se réveillant d'un rigoureux hiver.

18 mars 2006

Se lever un samedi matin...

... Pour aller travailler, si l'on peut appeler cela comme ça : des gens vont défiler, par vagues, et nous allons devoir "vendre" notre formation. En espérant que l'information ait été bien faite, pour ne pas y aller pour rien du tout. De toute façon, je ne sais pas vendre, je ne sais que  transmettre.

Je bois du thé, pour réveiller mes sens. Couchée à deux heures après une soirée avec Spö et d'autres... et du mal à trouver le sommeil. Impatiente maintenant que cette journée se finisse et avec elle cette semaine que je prévoyais épuisante et qui a été pire. Tous les soirs, mes yeux se sont fermés avant que mon corps n'atteigne mon lit, souvent sans que je ne m'en rende compte, blottie sur un coin de canapé.


mesange1



... Puis il y a cette nouvelle qui reste en ligne et que personne ne commente. Je l'ai relue. Sans doute trop longue, sans doute mièvre. Je vais sûrement en venir à l'effacer.

16 mars 2006

Déformation.

Il est sept heures quand elle gare sa voiture sur la place sombre devant le bâtiment. Elle n'a pas envie d'y aller. Son patron lui a dit qu'elle était la mieux placée pour suivre cette formation, qu'elle sera aussi la plus apte à transmettre ensuite ce qu'elle aura appris à ses collègues, que de toute façon, en ce moment, elle ne croule pas sous les dossiers. Indemnités de déplacement certes mais aussi trajets à rallonges. Puis des horaires de dingues. Commencer à sept heures et demi, quelle idée ! Elle est en avance, elle cherche son regard cerné dans le rétroviseur, attache ses cheveux en un chignon haut, par des gestes mécaniques, elle passe du baume sur ses lèvres, regarde la nuit autour d'elle, ce matin d'automne froid et mouillé. Il faut quitter le cocon trop chaud de la voiture, se ruer dans ce grand bâtiment noir en se faufilant entre les gouttes et trouver la salle où elle va tuer les heures à venir. A contre-coeur, elle sort, étire ses jambes, ferme son manteau. Personne aux alentours, vraiment trop en avance. Les talons de ses bottes claquent sur le macadam et sa jupe un peu trop serrée l'oblige à faire de petits pas. La lourde porte d'entrée claque derrière elle et la laisse dans un silence de plomb obscur. Juste au-dessus d'elle le voyant lumineux "sortie". Elle se dirige vers les voix qu'elle entend au bout de ce long couloir, finit par trouver une porte entr'ouverte derrière laquelle un homme et une femme boivent du café dans des gobelets en plastique. Ils lui sourient tous les deux, "oui, oui, c'est bien ici", "en avance, vaut mieux ça que d'être en retard". Lui se présente après avoir tendu sa main moite comme étant le responsable de la formation et elle son assistante, tout en sourire jauni et cheveux gras. "Installez-vous, vous prendrez bien un café ?". Non, merci, elle ne boit jamais de café, et elle aimerait autant que les autres arrivent, qu’elle puisse se fondre dans la masse des participants, écouter d'une oreille, somnoler doucement et égarer ses pensées dans ce petit matin qui s'étire.

Quelques minutes plus tard, après de trop longs échanges de politesse avec les participants qui arrivent au compte goutte, elle s'installe enfin pour que commence la fameuse formation. Elle n'en attend rien. La fiche de présence passe autour des tables disposées en U, elle sort son bloc-notes, y met studieusement la date et un titre puis commence déjà à griffonner quelques fleurs naïves dans la marge. A peine installée dans une douce torpeur, elle sursaute presque quand, un quart d'heure plus tard, un jeune homme entre dans la salle comme propulsé de l'extérieur. Il s'excuse platement, se présente au reste du groupe avec des mots trop forts pour l'heure matinale, se faufile avec trop d'aisance pour s'installer en face d'elle. Il attire les regards de tous, même une fois assis. Son retard, mais aussi ses gestes souples dérangent. Elle l'observe, alors qu'il fouille son sac pour en extraire un portable et l'éteindre, elle remarque son petit sourire en coin, comme s'il était satisfait de son entrée.

Puis la matinée s'écoule, monotone et tiède. Elle se surprend à guetter celui qui se tient en face d'elle. Elle se surprend aussi à penser à plusieurs reprises à sa dernière nuit passée avec Manuel. Il est venu la voir avant de partir pour six mois à Berlin. Elle aurait aimé lui dire merde ce soir là, lui dire on s’arrête là, lui dire adieu, lui dire les mots qui mettent fin, les mots qui permettent de reconstruire après. Elle n'a pas su. Elle a couché avec lui, elle a dormi près de lui, et très tôt, il est parti. Elle pense à cette longue parenthèse qui s'ouvre alors, morne et hypocrite, jusqu'à son retour.

Midi arrive, une heure de pause durant laquelle elle compte arpenter les rues de la ville à la recherche d'un bistrot ou elle pourra manger un sandwich rapide. Elle ne pense à rien au moment où le jeune retardataire attrape sa main dans le couloir. "On se connaît non ?". Immédiatement déçue par la familiarité dont il fait preuve et par le peu d'originalité de son entrée en matière elle répond "non" avec un sourire et se dérobe. Soudain, son regard lui a paru moins certain, plus jeune, plus gauche. Elle se retourne quand même avant de franchir la porte qui donne sur le parking. Il est là, planté au milieu du couloir, immobile, la regardant partir. Elle passe malgré tout la porte pour rejoindre sa voiture sous une pluie battante. Une fois à l'abri dans l'habitacle, elle retire sa veste, détache ses cheveux pour les secouer. Puis soudain, elle sursaute : on tambourine sur sa vitre. C'est encore lui, sous la pluie, ses cheveux noirs gouttant devant son visage, qui lui parle en tapant sur la vitre, elle ne comprend rien. Tremblante et le coeur battant, elle lui fait signe de faire le tour et de s'installer. Il s'exécute et claque la porte derrière lui, et tout de suite ses paroles et son odeur emplissent la voiture. Ses yeux pétillent, il dit savoir, avoir trouvé, ce centre de vacances, il y a dix ans au moins, où elle était animatrice, il y était aussi, il se souvient même de son déguisement ridicule pour un jeu de piste, il avait quinze ou seize ans à l'époque, elle en avait à peine plus. Bien sur, elle y était, mais elle a tellement de mal à partager son enthousiasme sur le moment, dans ce contexte, surtout que son visage ne lui dit rien du tout. Un peu mal à l'aise, cherchant à mettre fin à son monologue, elle lui propose presqu’à contre cœur qu’ils mangent un morceau ensemble. Bien sur, il accepte et durant le trajet vers le centre ville, il ne cesse de conter ses souvenirs avec nostalgie. Ils trouvent une petite brasserie sur une place et s'installent à une minuscule table ronde nappée de rouge. Elle fume cigarette sur cigarette en l'écoutant parler. Après un kir, plus détendue, elle sourit alors à ses anecdotes qui la replongent dans cet été en pleine montagne, ses toutes premières sensations de liberté et de responsabilités. Elle remarque aussi les yeux rieurs de son interlocuteur, ses larges mains, sa bouche charnue, le petit espace entre ses dents. Elle lui trouve un charme qui la déstabilise : son assurance, son éloquence. Elle a peu d'appétit et préfère le regarder parler. Puis, en quelques mots, il lui dit sa vie du moment, les études qui l'ont mené dans la boîte où il est alors, son job, sa copine Elisabeth, ses projets. Tout cela avec beaucoup de simplicité, tellement naturellement en accompagnant parfois son rire d'une main qui vient frôler la sienne, comme pour mieux partager ses sentiments. Mais l'heure les bouscule hors du restaurant et ils se doivent de rejoindre l'austère bâtiment où cinq longues heures de formation les attendent encore.

Ils regagnent leurs places respectives. Il lui jette un regard complice avant que le responsable ne reprenne ses explications et ses hiéroglyphes au tableau. L'après-midi se montre élastique. Elle baille, gribouille sur sa feuille, fait une liste de courses dans une marge, regarde par la fenêtre. Alors que ses jambes lui semblent lourdes, presque anesthésiées et qu'elle se sent comme une éponge, elle se souvient pourquoi elle a souhaité écourter ses études, allant contre l'avis de ses parents qui lui promettaient une brillante carrière d'avocate. Incapable de tenir en place. Elle remarque le regard en face d'elle qui se fait parfois insistant. Elle ne parvient pas à le soutenir, ni à savoir si c’est celui du garçon de quinze ans ou celui de l’homme qu’il est maintenant. Et sur les derniers instants, juste avant que ne soit annoncée la fin de cette journée de formation, ce n'est plus de la complicité qu'elle lit dans ses yeux, mais quelque chose qu'elle ne parvient pas à expliquer.

Plus tard, alors que chacun quitte la salle, elle discute encore avec cette jeune femme qui était assise à sa droite, elle cherche à éviter un nouveau face-à-face qu'elle ne saurait comment gérer. Elle tente de se donner une contenance quand elle le voit finalement quitter la salle. Elle enfile son manteau, passe la main dans sa poche pour y sentir le paquet de cigarettes qui l'attend. Elle sort pour se retrouver dans une nuit profonde et froide. Plus de pluie, elle allume la cigarette qu'elle roule dans ses doigts depuis quelques secondes déjà, prend le temps pour rejoindre sa voiture, laisse le froid la dégourdir un peu. Elle fouille son sac pour y trouver ses clés et ne voit pas celui qu'elle redoutait arriver derrière elle. Il dit son prénom. Elle se retourne et sent immédiatement le parfum qui avait emplit sa voiture quelques heures plus tôt. Un mélange de tabac, son blouson en cuir, quelque chose de frais, de mentholé. Ses yeux ne sont plus rieurs et le silence qui les fige en dit long. Elle veut fuir et lui dit juste "oui ?". Il demande "je peux te suivre ?". La question lui semble à la fois déplacée de par les mots qui sonnent faux, et toute logique. Elle en comprend très bien le sens.  Sans avoir réfléchi à sa réponse, elle accepte. En fait, elle accepte plus ce que lui propose ses yeux. Un regard qui se montre presque dangereux. Impatient et cru. Elle se retourne, ouvre sa voiture, y monte et met le contact. Il s'installe à côté d'elle sans en demander l’autorisation. Les mots qui ont tant pesé à midi n'ont alors plus leur place. Elle démarre et quitte le parking, laisse sa voiture rouler dans les rues noires, ne sachant trop où aller. Elle n'ose tourner son visage vers son voisin, et pourtant elle a tellement envie de voir si ses yeux disent toujours la même chose. Il n’y a que cette chanson stupide à la radio, qui lui semble tourner en boucle.

Tout commence vraiment quand une main trop chaude se pose sur sa cuisse. La distance est cassée. Le pas est franchi. Impossible alors de faire marche-arrière. Sentant que son attention n'est plus à la route, elle gare sa voiture dans une ruelle sombre et étroite bordée de maisons anciennes, une rue en pente qui mène sur une place lumineuse. Aucune réaction de sa part pour le moment. Elle reste de marbre quand la main passe de sa jupe à ses bas, puis cherche à remonter sur l'intérieur de ses cuisses. Le contact sur le tissu est électrique, elle se sent explosive. Elle hésite encore à ce moment là entre le repousser et se laisser aller. Les doigts atteignent la bordure de dentelles épaisses, frôlent sa peau, elle sent son souffle sur sa joue. Il dit « j’arrête si tu veux, je ne crois pas que… », Mais ne parvient à finir sa phrase, elle happe sa bouche, la mord presque, l’aspire, leurs dents s’entrechoquent et leur souffles se mêlent, trop chauds dans l’air encore froid de la voiture. Leurs corps se cognent. Elle ne cesse de frissonner. Il a maintenant glissé ses doigts vers son sexe, sous le tissu, pour y trouver l’humidité qui trahit son désir. Elle écarte tant qu’elle peut ses jambes gênées par la jupe trop droite. Elle soulève ses fesses et la remonte sur sa taille, dévoilant ainsi des cuisses fines et fermes, gainées de bas noirs qui contrastent avec le blanc fragile de la chair. Il glisse son autre main dans la chaleur de son décolleté, avec une sorte d’urgence, des gestes précipités, trop rapides, il la griffe presque en cherchant les pointes érigées de ses seins. Elle se sent comme une poupée sous ses doigts, sous sa bouche. Il passe sa langue sur la peau de son cou, ouvre davantage son manteau et repousse les bretelles. Elle est débraillée, à moitié nue, les cuisses ouvertes aux doigts qui la fouillent, ses seins pigeonnant par-dessus son soutien-gorge offerts à la bouche charnue. Passive, elle se donne en fermant les yeux, attentive à toutes ces sensations. Il y a bien sur le désir qui monte en elle, comme une vague puissante, mais il y a aussi cette impression de transgression et cette crainte croustillante d’être vus par un passant. Les doigts de son amant du moment la fouillent encore, plus loin, plus fort, jouant de toutes les zones de plaisir, manipulant son sexe comme pour la rendre folle. Elle souffle des mots qu’elle n’entend pas, se montre vulgaire, en veut plus, encore et vite. Elle supplie et ce n’est plus elle qui parle, c’est son désir, trop fort. Elle le veut en elle, elle le veut fort, elle souhaite qu’il la prenne, violemment, sans aucun ménagement. Elle sent le levier de vitesse qui blesse son genou, la vitre froide contre laquelle sa nuque vient s’écraser. Elle voit dans la pénombre qu’il a sorti son sexe, dont elle devine les contours, dressé comme une déclaration, comme un aveu, qu’elle voudrait prendre dans sa bouche, dans son sexe, qu’elle aimerait remercier. Il se caresse doucement, tout en continuant à mordre sa peau, à torturer ses chairs. Elle glisse sa main vers cette promesse, mais il se dérobe, calle ses mains sous ses fesses, la soulève brusquement pour venir la placer à genoux sur lui. Sa tête cogne le plafond, dans le mouvement, elle croise son propre regard dans le rétroviseur, les cernes du matin ont fait place à une urgence, quelque chose d’animal. Elle se sent comme enivrée, coincée et obligée de se blottir encore contre ce corps, toujours habillé, qu’elle découvre. Elle parvient simplement à lui soulever son pull. Elle blottit ses bras nus dans son dos chaud. Elle ne parvient pas à capter son regard, il y a toujours cette urgence qui fait que le regard n’a pas son importance, comme les mots qui pourraient même tout gâcher de ce moment « parenthèse ». Elle s’empale sur lui, sentant ses mains chaudes soutenir ses fesses. Le contact est une fois de plus électrique. Elle se sent immédiatement emplie. Ses seins sont aspirés par une bouche gourmande, les mains chaudes se baladent maintenant sur tout son corps, rapides et agiles. Elle sent le plaisir interdit monter en elle. Elle écoute attentivement le souffle de son partenaire qui s’accélère. Et ce sont soudain ses yeux comme deux poignards qui viennent se planter en elle, elle ne les attendait plus, elle en est surprise : retrouver ce regard alors qu’il y avait entre eux deux une forme d’anonymat qui s’était installé en quelques minutes. Il est ému, il lui parait alors si fragile. Toute la violence du moment semble s’évaporer avec ce coup d’œil. Il cherche sa bouche et ses mains viennent encadrer son visage. Les gestes se font encore plus rapides, à la recherche d’un plaisir qui se laisse attendre. Il cogne en elle, mais ses yeux sont toujours là, qui semblent vouloir dire quelque chose. Puis elle explose, en fixant son regard, brusquement, sans aucun gémissement, crispée, recroquevillée sur son partenaire. Lui ne tarde pas à venir à son tour, enroulant ses bras si fort autour d’elle, le souffle court. Ils se blottissent dans l’écho de leur plaisir, l’un contre l’autre. Il soupire, fait glisser sa main dans ses cheveux. Puis elle s’éloigne rapidement, tentant de rejoindre son siège, un peu gênée, se rhabillant tant bien que mal. Il lui sourit. Elle remet le contact, constate que les vitres sont pleines de buées, sourit à son tour. Ils reprennent la route. Il lui propose un café avant que chacun ne rentre chez soi. Elle accepte de le suivre dans ce petit troquet sordide. Elle l’observe, touillant son café-crème, qui semble un peu perdu. Puis il paraît soudain interloqué, se met à rire et baisse les yeux. Intriguée, elle cherche à savoir. Il lui avoue alors qu’il vient de repenser à un petit détail très drôle. Il a gagné un pari… qui remonte à un soir de boom, dix ans en arrière : « embrasser la monitrice ». Il ne pensait pas aller aussi loin.


cigarette

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