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Diane Groseille
21 juin 2010

Juin.

Tout file trop vite.

Sur les jours passés, j'ai visité une exposition d'art contemporain, j'ai fait un barbecue avec des copains, j'ai assisté à un tournoi de ping pong, j'ai fêté le nouveau statut de professeur de mon frère, j'ai dit "ta gueule" deux fois à Nam, j'ai donné une représentation de théâtre de princesses, j'ai rempli des centaines de bulletins, j'ai refusé de répondre au téléphone, j'ai dormi une dizaine d'heures, j'ai mangé peu et mal, j'ai lu Un cœur à l'étroit, j'ai passé des heures à jouer au Mah-jong, j'ai vu une offre d'emploi taillée sur mesure pour moi, j'ai changé mes projets pour cet été, j'ai fait des marchés aux puces, j'ai mangé au resto avec the Pooh, j'ai mangé japonais...

Sur les jours à venir, je vais manger brésilien, je vais faire la fête à un festival de musique en plein air, je vais animer mon premier match d'impro en tant que maître de cérémonie, je vais aller passer quelques jours sur une île bretonne, je vais reprendre mes fonctions d'animatrice de camp itinérant, je vais dormir un peu plus et reprendre une alimentation "normale", je vais écrire une pièce de théâtre, je vais être en vacances...

C'est tout pour aujourd'hui et c'est déjà beaucoup.

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13 juin 2010

Bagatelles.

L'été dernier, en période de doute et de fragilité, j'ai eu besoin de me rassurer. Cela est passé par le matériel. Je crois que quand les émotions nous trahissent et nous poignardent, on s'attache à de toutes petites choses, souvent inutiles et encombrantes. Pacotilles et grigris. Une espèce de superstition censée nous protéger du mauvais sort.

 

Je créé des boîtes colorées pour mes objets magiques qui à leur tour deviennent magiques. J'aime les rubans, les petits papiers, les clés. Les objets qui ont déjà eu une vie et auxquels on en propose une seconde. Souvent radicalement différente de la première. Ils en perdent leur fonction pour en retrouver une autre, à mes yeux seulement.

J'aime glisser sous mes doigts des rubans soyeux. J'aime le contact rassurant et la régularité. J'en récupère partout, mais je n'en achète pas. Et je les range, joliment enroulés sur eux-mêmes dans une petite boîte métallique, où serrés les uns contre les autres, ils attendent que je vienne les observer, les caresser et les enrouler à nouveau.

J'ai des clés. Des centaines. Elles ont ouvert des portes. Des centaines. Des portes qui donnaient sur des pièces pleines de promesses. Des clés rouillées et d'autres brillantes. Des clés petites et tordues, d'autres massives et puissantes. Elles attendent sagement d'être accrochées sur un mur, sur lequel elles ne pourront que se souvenir de leur rôle premier.

J'ai une boîte à papiers. Une grande boite noire dans laquelle je plie des papiers multicolores, de toutes tailles et de toutes textures. Eux aussi, je les récupère à gauche à droite, papier cadeaux, papier journal, papier d'emballage, papier kraft ou papier de soie. Ils trouvent tous leur place. Parfois, je m'en sers pour des courriers, pour de la déco... Mais pour la plupart, ils restent là, dan sleur boîte.

Ces petits riens, ces petits tout, constitue une richesse inutile. De petits trésors de pacotille. Des trophées sans importance que je glane et que je conserve. Parfaitement consciente de la futilité de cette pratique, je ne la partage avec presque personne. Aujourd'hui avec vous, lecteurs. Ici, c'est un lieu de futilités et de bagatelles. "Diane Groseille", c'est comme une petite boîte en ferraille dans laquelle je mets mes idées... Et que je ne suis pas la seule à ouvrir !

11 juin 2010

Hématome.

On se cogne, on se heurte à quelque chose que l'on attendait pas. Sur le moment, la douleur. Une douleur vive et surprenante. puis ensuite, avec le temps, on y pense moins. Elle s'estompe. Elle revient lorsqu'on remet le doigt dessus. Puis les jours passant, l'endroit du choc laisse apparaître une marque violacée, qui peut changer de coupleur et durer dans le temps, parfois bien au-delà de ce que l'on pouvait imaginer. C'est ensuite une douleur sournoise qui vient régulièrement se rappeler à vous et remémore le moment du choc, si inattendu.

 

La vie est faite de coups et de bleus. Elle surprend et blesse.On manque parfois d'air, on manque parfois de temps pour comprendre. On ne s'attend jamais à ce qu'elle nous prépare.

***

Il marche sur le bord des routes. Je l'ai déjà vu des centaines de fois. ses jambes nues et minces trottent dans les broussailles. Il est toujours là, divaguant dans toute la ville à la recherche de "je-ne-sais-quoi". lui même le sait-il ? Sur son dos, un sac usé à la corde qui doit contenir sa vie. Sa barbe est longue et sa peau tannée par le soleil. Cet homme a dû souvent se heurter à sa vie. Il cherche surement aujourd'hui la réponse à toutes ces questions suscitées par les chocs du quotidien. Il cherche peut-être comment ne plu_s se faire mal en se détachant de tout ça.

Peut-on éviter ces douleurs ?

7 juin 2010

Adulte.

Je sais que je vieillis. Bien sur. Il y a quelques semaines, je fêtais mes trente deux ans. Je me sens encore souvent l'âme d'une enfant. Pourtant, je sais que je vieillis et que je suis une adulte quand...

  • On m'appelle Madame dans une boutique.
  • Je reçois des factures astronomiques à mon nom.
  • Je gobe mes antidépresseurs tous les soirs.
  • Je passe un week-end toute seule chez moi et j'apprécie ça.
  • Je prends des décisions que j'assume.
  • J'entraine mon groupe d'impro et que je les vois progresser.
  • Je suis face à une salle de classe et que les mots et les idées s'enchainent avec évidence.
  • Mes élèves essayent de me donner un âge.
  • Un homme se retourne à mon passage.
  • On me considère comme une femme.
  • Je fourmille de projets que je sais aujourd'hui réalisables.
  • Je repense à la jeune écervelée que j'étais.
  • Je me tartine de crème pour gommer les effets du temps.
  • On me rappelle que je suis propriétaire.
  • Je fais le compte de mes histoires de cœur et j'en tire des leçons.
  • Je regarde mes parents vieillir, ma grand-mère perdre la raison.
  • On fait appelle à mes conseils.
  • Je parcours les photos soigneusement rangées dans des boîtes à chaussures.
  • Je retourne dans des endroits importants dans ma vie, passer sous les fenêtres d'un appartement ou j'ai vécu.
  • Je parle de certaines séries que je regardais enfant.
  • Je vote.
  • J'arrive à me positionner face à quelqu'un que je respecte.
  • Je fais des choix de vie et de consommation citoyens.
  • Je parviens à le détacher du regard des autres.
  • Je relis mes journaux intimes.
  • Je me reconnais dans certaines séries à l'eau de rose.
  • Je m'assume seule.
  • J'écoute des gens me raconter leurs problèmes.
  • Je corrige des paquets de copies.
  • ...

Mais dans ma tête, j'ai encore dix-sept ans.

  • Avoir un esprit de contradiction et d'insouciance.
  • Observer des fleurs bleues qui me sortent par les oreilles quand vient le printemps,
  • Être rongée par des envies de bonbecs et de Princes (pas charmant, non !)
  • faire des grasses matinées.
  • Etre victime de la procrastination en puissance.
  • Gâtifier avec Lucien.
  • Faire des caprices.
  • Courir dans les prés.
  • Faire des listes
  • Écrire et dessiner.
  • Regarder les mêmes séries niaises que je regardais étant petite.
  • Adopter des tenues vestimentaires improbables.
  • Faire la sieste.
  • Reprendre la cigarette.
  • Prendre des décisions à la dernière minute.
  • Faire des surprises insensées.
  • Perdre mon temps.
  • ...

C'est quoi au final "être adulte" ? Avoir des responsabilités ? Payer ses factures ? Travailler plus que de raison ? Je ne le crois pas. J'imagine que ça passe par un épanouissement, une sérénité, une volonté de regarder plus le futur que le passé. Mais je ne sais pas si j'ai une vraie réponse à cette question...

***

7 juin 2010

Mes jambes nues dans les fougères.

Deux jours merveilleux, pleins de soleil. Mise en lumière de certains éléments qui restaient dans l'ombre. 

 

Samedi soir, repas avec mon groupe de théâtre. Un parmi tant d'autres les derniers temps. C'est bon et simple d'être avec eux. Depuis la rentrée, les liens se sont faits plus forts et j'apprécie tout particulièrement leur compagnie. Nous construisons ensemble, nous partageons et bien que nos caractères soient très différents, nous arrivons à être soudés dans cette démarche. A venir, de beaux projets qui vont finaliser notre année de travail.

 

Puis, hier matin, j'ai pris la route pour la montagne. Accompagnée de Nam, de Lu et de ma belle Tine, nous avons trotté de longues heures dans les pentes des Vosges, serpentant entre les rochers, les ruisseau et dans les herbes folles et fleuries. C'était la première fois que je revoyais Nam en dehors de notre petit cercle et j'appréhendais un peu ses réactions. Il a été on ne peut plus correct, évoquant à peine parfois ce que nous avons vécu. Il y a si peu à dire sur le sujet que je n'en attendais pas moins de sa part.

J'ai aimé l'effort, le souffle coupé, les paysages magiques à cette période de l'année digne des contes de fées. Tine et moi nous attendions parfois à voir filer un gnome dans les sous bois tant le décor semblait fantastique.

 

Je connais Tine depuis longtemps. Elle est une amie du Pooh. Quand nous étions encore étudiantes, nous n'avions rien en commun et les soirées passées ensemble ne faisaient qu'appuyer ce manque d'affinité. Je profitais alors de ma jeunesse en me risquant sur des chemins excessifs, alors qu'elle traversait une vie d'étudiante modèle. D'ailleurs très souvent à l'époque, j'ai perçu des reproches, une animosité, par rapport non seulement à ma façon de faire, mais également à la mauvaise influence que je pouvais avoir sur le Pooh. Puis le temps a passé. Chacune d'entre nous a élaboré sa vie d'adulte. Je l'ai revue souvent, toujours par personne interposée. Puis l'an dernier, alors que j'en bavais et que tout me semblait insurmontable, elle traversait les mêmes difficultés. Souvent, le Pooh m'en parlait et nous avons finalement eu l'occasion d'en parler ensemble. Et comme nous vivons toutes les deux seules dans la même ville, nous avons commencé à nous voir seules, autour d'un verre, devant un film, pour une balade. Aujourd'hui, elle est une personne très proche de moi, sur laquelle je peux compter et dont j'apprécie la spontanéité et la joie de vivre.

Pendant que nous trottions, je réfléchissais aussi à mon futur, aux prochains mois. Comme chaque année, c'est une période d'incertitude. Je ne sais pas de quoi va être faite ma prochaine année scolaire. J'appréhende toujours un peu. Je veux faire des choix pour améliorer les choses, mais choisir c'est renoncer et parfois, d'autres font les choix à ma place. Alors que j'évoluais dans un pierrier réputé particulièrement dangereux et que je cherchais où poser mes pieds pour avancer en toute sécurité, ces idées me traversaient l'esprit. Je voyais chaque caillou comme une stabilité future. Et ce pierrier comme une métaphore de ma vie. Où prendre appuie pour ne pas perdre l'équilibre, quels risques prendre ?

Marcher, c'est définitivement avancer.

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3 juin 2010

Presque.

presque (adv.): à peu près, mais pas tout à fait. Quasi.

perles_et_cie

C'est le mot qui me sort par les yeux en ce moment. Je ne peux plus l'entendre. Demander à un élève qu'a le pif en l'air s'il a fini son travail, et lui de prendre un air concentré et de me répondre "presque". Je l'entends dix fois par jour. Je n'aime pas cet adverbe, cette approximation, cette suffisance qui se cache derrière. On laisse transparaître l'idée qu'on en aurait déjà fait assez. On se contentera de ça.

"Presque" est à l'image de certains de mes élèves. Ils sont trop nombreux à être "presque" quelque chose. Superficiels et pas tout à fait. Presque motivés, presque surs de savoir ce qu'ils font là, presque attentifs, presque studieux.

Pour ma part, j'essaye d'être entière, d'être à 100%, et je ne parle pas forcément ici de la performance mais de la façon d'être, alors cette superficialité me dérange. On ne la retrouve pas qu'au niveau du travail, elle est partout : dans les relations entre les personnes, dans la transmission de l'information, dans le langage. On se contente d'un "pas tout à fait". D'un "quasi". Les exigences disparaissent et laissent place à un "à peu près" qui se généralise.

Je n'aime pas "presque". Et si aujourd'hui, je peux paraître un peu réac' avec de tels propos, c'est parce que j'ai moi aussi pu être "presque" les derniers temps. Presque bien dans mes pompes, presque pas fatiguée, presque à l'heure, presque sure de savoir où je vais. Je suis finalement moi aussi victime de la presquitude. Et aujourd'hui, j'ai envie de certitude et de plénitude.

***

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