Bougon. décidément. Pourtant le soleil
revient et faudrait que je mette les contrariétés de la veille au
placard. Je fais tout pour. J'écoute Bogaerts: "c'est des
rhododendrons, ça sent bon". Je fais des efforts. J'ai souris
aujourd'hui. Plein. A tout le monde. Pour rien. Juste pour y arriver au
bout du compte sans y penser, pour y croire.
D'ailleurs P. me fait sourire. Jaune. Lui aussi il a un gros nombril.
Alors il demande aux gens "comment tu vas". Il demande tout le temps,
plusieurs fois par jour. Mais la réponse, il s'en pête comme de l'an
douze. C'est comme un trampoline pour parler de lui. Vous remarquerez
d'ailleurs, les gens, quand on leur demande comment ils vont, répondent
sans même y réfléchir "ça va". Par pudeur, par politesse par économie
de temps. Parce qu'on se voit mal répondre, qu'en fait, non, ça va pas
fort, personne ne nous écoute, on a les impôts à payer, cette facture
de gaz, plus une tune pour le plaisir, la vidange à faire et qu'en plus
on est constipé (ce ne sont bien sur que des exemples). C'est plus
simple de répondre "ça va". C'est plus simple quand on a pas P. en
face. Parce qu'avec P., il vaut mieux raconter sa vie avant qu'il ne
le fasse, ou alors se sauver vite. J'opte de plus en plus souvent pour cette deuxième solution. Et pas seulement pour P. en fait. Je fuis les gens.
Puis, oui, tiens, j'ai mal aux dents. Et merde. Vaut mieux que je la ferme.