Une sieste.
Allongée. Pièce obscure, rideaux tirés. Dehors, le vent se lève annonçant l'orage qui mettra fin à de longues heures trop chaudes. J'entends le bruit de la rue, de cette journée de semaine, moteurs et klaxons, voix sur un trottoir, échanges de banalités, cris aigus et excités de cour de récréation à deux patés de maison. Toute cette compote de bruits est étouffée par les voilages et les ombres de la chambre. Ici, presque le silence. Et qu'il est doux et précieux, alors que le dehors court pour répondre aux urgences du quotidien, aux injonctions de la ponctualité, aux exigences sournoises de la bienséance, de se laisser aller à la somnolence d'un moment creux, suspendu.
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Mieux, moins, moi.
On voudrait...
Moins d'écrans. A limiter, oublier, remplacer. Regarder ce qui n'est pas limité à quatre bords.
Manger moins, mieux.
Du sport, du yoga, s'essouffler, mieux connaître son corps, sentir ses muscles, ses articulations, ses poumons. Les airs, de l'air, mon air.
De rien.
Dormir, plus et encore, mieux. Lire, écrire, décomposer, créer, dessiner. De l'eau, des couleurs, des instantanés. A chaque moment, n'importe où, n'importe quand.
Parler, raconter, transmettre. Laisser une trace. Avoir le temps, le voler, le prendre, en priorité.
Rire et faire le vide. Ecouter, absorber, ce qui est autour, ce qui est dedans. Penser maintenant, ni hier, ni demain.
Et oublier parfois de respecter le programme, arrêter les exigences..
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