Hypocondriaque.
Cette semaine, une personne qui m'est à la fois très proche (par les liens du sang) et très lointaine (par ce que nous partageons) a été hospitalisée. Au départ, il s'agissait de problèmes intestinaux. L'intéressé avait déjà fait des analyses dont il attendait les résultats, mais il faut savoir que l'intéressé a un gros problème non pas intestinal, mais des "boyaux de la tête". C'est à dire pour faire simple qu'avant l'ombre d'un résultat, il était déjà persuadé de mourir d'un cancer généralisé dans la semaine. Ses nerfs ont lâché, torrent de larmes 24h/24 et son médecin qui est une flèche a décidé pour rassurer tout le monde de le faire entrer en clinique. Brillante idée qui n'a fait que conforter mon proche dans ses délires d'agonie. Toute la famille a eu droit au récit indirect du néant de maladie, de l'attente angoissante, histoire de bien en faire des tonnes. Pour finir, le verdict est tombé en fin de semaine, pas la moindre trace de maladie, même pas une petite chiasse. Et ce après coloscopie, analyse de sang, d'urine, échographie et autres examens plus poussés les uns que les autres (ceci additionné à quatre jours en clinique, bravo la facture sécurité sociale). Puis notre flèche de médecin (histoire de bien enfoncer le "malade" dans l'idée cette fois d'un complot interplanétaire pour lui dissimuler sa terrible maladie) lui colle deux bonnes semaines d'arrêt. Qui lui seront bien utiles pour cogiter et pour réussir au bout du compte à ses créer une véritable belle grosse maladie, un truc bien costaud.
Je ne suis pas allée le voir. J'ai eu des nouvelles par mail, sans en demander...
Parce qu'avant les résultats, je connaissais la chute de l'histoire.
Une histoire pas drôle parce que derrière le protagoniste, il y a une femme et deux filles.
Parce qu'il y a dix ans déjà, il était sûr qu'il allait mourir dans la douleur et le désespoir.
Parce que je suis persuadée que tout vient de la tête,
et qu'il va l'obtenir sa maladie incurable et exceptionnelle qu'il tricote depuis des décennies.
Parce que de nombreuses personnes qui sont vraiment malades savent se montrer fortes, dignes et courageuses.
Je n'ai pas peur de la mort. Je sais qu'elle est là, au-dessus de nos têtes. Je ne l'oublie jamais. Je vis avec elle, je l'ai déjà vue en face mais je n'en ai pas peur. J'ai plus peur de celle de mes proches, du vide que ça laisserait, égoïstement. Mais la mienne arrivera bien assez tôt, pour que je ne la craigne et ne me pourisse la vie en l'attendant.