Brûler mes os, faire transpirer mes sentiments.
Jour férié, jour anesthésié. Je suis sortie tôt, pour courir avec Lu, dans les rues des alentours, dans les quartiers ouvriers, petites maisons alignées. Tout était encore endormi, quelques lueurs derrière les carreaux et ce jour qui ne veut pas se lever. Deviner les gens attablés devant leur petit dej', savourant l'idée de n'avoir rien à faire aujourd'hui. Ma respiration-buée se fondant dans le brouillard trop épais et Lu, langue pendante, qui fait chauffer ses coussinets sur le bitume. Courir, chercher la limite, sentir l'air presque acide dans ma poitrine.
Puis rentrer à la maison, qu'on trouvait froide ce matin et qui est si chaude par rapport au dehors. Boire une tasse de thé debout, en étirant les gambettes et regarder d'un oeil les infos, prendre une douche brûlante. Savoir, comme les autres, qu'aujourd'hui je ne compterai pas les minutes. Neb est parti pour la journée, histoire de famille, anniversaire à fêter. Aucune envie de l'accompagner, plus envie de faire des efforts ou des compromis pour des gens que je n'aime pas, que je ne respecte pas (lui par exemple). Alors aujourd'hui, je suis seule, avec mon Lu roulé en boule dans son panier, avec mes mots qui vont trouver leur place ici (après dix jours de silence) et ailleurs, avec des images qui vont défiler*, des univers, le froid dehors, un pain qui gonfle dans le four, le temps...
*Pas le choix faut y'aller, session de rattrapage.