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Diane Groseille

4 septembre 2010

Quand on se tate le bulbe.

Parenthèse refermée. Enfin, c'est ce qu'on dit. Une réponse est arrivée mardi soir. Il était temps. Avec le peu de recul que j'ai, je trouve le personnage détestable. Je résume la situation. Mi-juin, je prends mon courage à deux mains pour lui exprimer avec difficultés les "sentiments" que j'ai pour lui. Il me répond en toute franchise (ce que j'apprécie) qu'il n'est pas prêt et ce, avec le traditionnel couplet "tu es une fille exceptionnelle et nous resterons toujours amis". Parenthèse refermée. Deux mois et sept mille kilomètres plus tard, il me dit que la situation n'est pas si simple, qu'il y a beaucoup réfléchi et qu'il a encore besoin de temps. Parenthèse rouverte. Nait en moi un espoir qui me bouffe rapidement. Partagée entre la nécessite de me protéger et les papillons d'une possibilité, je ne mange plus pendant près d'une semaine. Gamine poireautant à côté de son téléphone. Bien entendu, celui-ci ne sonne pas. Il faut que moi-même je mette fin par mail à cette macération douteuse pour qu'il en vienne à m'écrire que lui aussi en était arrivé à la même conclusion : ça n'évoluera pas. Détestable parce qu'il m'a fait joué le rôle d'une ado de quinze ans. Pourquoi avoir fermé puis rouvert, puis refermé cette porte ? J'en viens à me dire que moi-même je n'aurais jamais du l'ouvrir, que je m'étais sans doute trompée sur sa personne. Je voyais quelqu'un de fort, de déterminé, de spontané. Je vois aujourd'hui quelqu'un de torturé et d'indécis, un courant d'air. Il avait raison sur un point : il ne sait pas où il en est. Mais qui le sait ?

Cette dernière boucle qui finit en cul-de-sac me conforte encore dans cette idée décidément tenace que je ne suis pas faite pour une histoire à deux. Mon histoire s'écrira seule dans les prochains temps. Nam avait déjà tracé les premières lignes de cette réflexion, j'y mets un point. A quoi bon chercher à construire ou à connaitre l'autre quand cela génère tant de doutes et d'affres ? La tranquillité et la sérénité passent par la solitude. Une indépendance qui me permet tellement de choses.

Je passe le week-end chez mes parents absents. Je suis de garde de Grand-mère. J'avais lancé les invitations à gauche à droite, mais personne ne semble bien motivé. Je suis d'ailleurs agacée de devoir courir après les gens pour obtenir des réponses. Je vais sans doute troquer un week-end festif contre deux jours de solitude à la campagne. Curieusement, la seule personne à m'avoir répondu avec certitude, c'est lui, l'homme aux mille questions. Pas de nouvelles de lui jusqu'à maintenant. Viendra-t-il ? J'en doute. Se savoir seul face à moi, alors qu'il n'a pas su m'affronter les derniers jours, va certainement lui coller une belle frousse. J'aurais eu des questions à lui poser : pourquoi avoir agi ainsi, pourquoi m'avoir fait languir, qu'est ce qui a pu susciter ces doutes ? Mais je sens qu'il ne viendra pas et que je n'ai pas besoin de poser ces questions. Et finalement, l'idée de passer deux jours seule me convient. J'ai besoin de temps pour moi, je me sens mieux maintenant que la question ne se promène plus au-dessus de ma tête, je mange à nouveau et je pense avec joie aux événements à venir.

J'ai eu mes premières classes. Ils sont pleins de bonnes résolutions et de motivation pour attaquer cette rentrée. J'ai été surprise de les voir fourmiller de questions et de projets. Bien que l'idée de poursuivre les cours à M. ne m'enchantait pas, les premiers contacts que j'ai eus avec eux m'ont donné envie de m'engager sur une nouvelle année. Une année qui s'annonce plus légère que la précédente : moins d'heures de cours, plus de temps pour moi, pour des projets qui s'éloignent un peu de l'enseignement. Le théâtre fait partie de mes priorités. Interventions pour des associations, mise en scène, création de nouveaux ateliers... L'écriture aussi. Si je parvenais à trouver le temps, à m'aménager des moments à moi, j'aimerais donner naissance à des écrits concrets : nouvelles, pièces de théâtre...

***

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30 août 2010

Médocs.

Reprise des cours. Reprise de la structure. Se retrouver cadrée à nouveau par des horaires, des priorités, des objectifs. Peut-être qu'il était temps. La semaine passée n'a été que temps perdu et insouciance. Besoin de projets concrets à nouveau. Je retrouve mes repères. Je remarque, amusée, qu'enseigner est un réflexe. Des semaines que je ne me suis pas retrouvée ici et je reprends en quelques secondes mes marques, mes attitudes, l'inflexion de ma voie et ma répartie. Les objectifs aussi, si importants : mener tout ce petit monde à l'examen et faire en sorte qu'ils soient les mieux armés.

Armée, pour ma part, je pensais l'être avec mes médicaments. Je les ai pris consciencieusement durant de longs mois. le rituel de la petite pilule blanche du soir. Celle qui assure la stabilité, la constance et l'équilibre. Puis cet été, il y a eu tous ces mouvemnts, moi catapultée ailleurs, dans d'autres sphères, victime de failles spatio-temporelles. Puis les petits pilules blanches sont restées fourrées au fond mon sac de rando. Je me souviens de la course de ce samedi matin, dans les rues parisiennes, juste avant mon départ pour l'Europe de l'Est. Et je me revois entrant dans une pharmacie, petite moi, surmontée de cet énorme sac au sommet duquel culminait mon sac de couchage. Et la tête hilare du pharmacien constatant que j'avais du mal à passer la porte de son officine. Je venais me procurer la plaquette de "stabilité", la sécurité que je m'octroyais depuis presque un an. Puis ensuite, tout est allé si vite. J'ai du prendre mon traitement quatre ou cinq fois, épisodiquement. Trop fatiguée le soir et trop pressée le matin, je remettais toujours à plus tard le moment de gober la gélule miracle. Puis finalement, je ne les ai plus prises, emportée par cet élan d'euphorie, de nouveauté et de découverte. Je craignais un peu le retour, les conséquences. Bien que l'arrêt ait été progressif, il s'est fait sans aucun avis ou suivi médical.

Voilà plus d'un mois que je suis à nouveau naturelle:  plus d'artifices, plus de chimie magique. Et aucune différence remarquable. Peut-être plus de difficultés à me motiver pour certaines activités, mais les projets, les envies et le dynamisme sont toujours là. Je repense à ce reportage vu par hasard il y a quelques semaines : on y montrait des souris gavées d'antidépresseurs. Elles pédalaient comme des hystérique dans leurs roues. Dans la cage voisine, celles qui n'étaient pas traitées se décourageaient très rapidement et allaient se reposer. Il est peut-être temps que je ralentisse mon pédalage, tout simplement. Le reportage , paradoxalement, voulait mettre en évidence l'inefficacité des antidépresseurs et allait même plus loin en démontrant qu'ils pouvaient être à l'origine de suicides. Je n'ai pas tenu à approfondir le sujet. Aucune envie d'être influencée. Je savais juste que ça avait eu sur moi une certaine efficacité, peut-être la fameuse béquille dont m'avait parlé le médecin. Peut-être juste de l'auto-suggestion, effet placebo ou autre. Quoi qu'il en soit, j'arrivais à nouveau à avancer.

Aujourd'hui, je vais bien. J'essaye de ne pas penser à un risque de rechute. J'essaye de positiver et de me dire que je suis à nouveau moi-même et que peut-être même, je l'ai toujours été, au delà de cette crainte d'artificiel.

Prochaine étape : arrêter de fumer.


28 août 2010

Vitamine C.

De retour chez moi. Moi, de retour. J'ai un peu été une autre tout l'été et il a fallu se retrouver. Pas une autre fausse, simplement une moi-même que je ne connaissais pas et que je ne soupçonnais pas. Le retour s'est accompagné de tout un tas de sorties, de vadrouilles et de délires. Un atterrissage en douceur. Puis cette semaine, je suis restée chez moi, sortie si peu. Il a fallu ces quelques journées de solitude pour faire le point avant de rependre une année qui sera peut-être finalement très proche de la précédente. J'ai essayé de trouver d'autres employeurs, d'autres pistes de travail, mais mes demandes restent pour le moment sans réponses.

Autre piste, qui me semblait bloquée et qui ne l'était peut-être pas tant que ça. La question de fin juin, celle qui s'était soldée par une réponse négative, s'est reposée, sans que je ne m'y attende. Le week-end dernier, j'ai retrouvé des amis pour deux jours en montagne. Je savais qu'il serait là, mais je taisais cet espoir qui chuchotait. Je craignais simplement une gène. puisque nous ne nous étions pas vus depuis les mots. Finalement, la soirée a filé, tout était naturel et j'étais heureuse. Puis est arrivée l'heure où chacun est parti se coucher. Nous passions la nuit sur place, j'avais décidé de me faire une nuit seule à la belle, alors que les gars rejoignaient leurs douces couettes. Je suis partie chercher mes affaires restées dans ma voiture. A mon retour, il était seul et m'attendait, tous les autres ayant déserté les lieux pour une bonne nuit de sommeil. Le lendemain, une belle rando nous attendait. Lui, il était toujours là, et il voulait parler, à ma grande surprise, puisque pour moi, la porte avait été  gentiment refermée. Les mots sont sortis aisément me semble-t-il, l'alcool ingurgité toute la soirée aidant. D'ailleurs, tout ce qui me reste de ces échanges est un peu confus. Je sais qu'il m'a prise dans ses bras, qu'il voulait en savoir plus sur moi, sur cette "déclaration". Impossible pour moi de traduire cela avec des mots précis, ça reste un patchwork d'impressions et de sensations. Nous nous sommes couchés des heures après, sans qu'une conclusion viennent mettre fin à cet échange.

Le lendemain, ce fut une des rando les plus dures de ma vie. J'en ai bavé, au propre comme au figuré. L'alcool de la veille, les quelques rares heures de sommeil, les clopes m'ont coupé le souffle. J'aurais aimé revenir sur les mots de la nuit, mais les circonstances ne le permettaient pas. Je suis donc rentrée éreintée dimanche soir avec des questions pour me ronger le ventre. J'ai su rester silencieuse jusqu'à lundi soir  (quelle patience) et j'ai pondu un de mes traditionnels mails, de ceux qui viennent dire ce que je suis incapable d'articuler. Le mail est resté sans réponse jusqu'à ce matin et autant dire que j'ai passé une semaine à me torturer le cidoulot. A tourner en rond dans mon appart', à fumer et à danser, à commencer des activités que j'étais incapable de terminer, concentration impossible, à alterner colère, espoir et résignation. Puis finalement, une réponse qui n'en est pas une est arrivée ce matin. Il n'y a pas de "oui", pas de "non" et pas même de "peut-être". Il n'y a pas de "maintenant" et pas de "plus tard". Il baigne dans le doute, je ne parviens pas à savoir ce qui le perd à ce point et le savoir dans une telle situation me fait presque regretter d'avoir parlé. Pour moi, il n'y avait que deux options, question simple oblige. Il a réussi à se perdre entre les deux. Et me voilà moi aussi larguée. Je me dis qu'il faut que je me préserve de ça, que je n'ai pas envie de jouer, j'y ai déjà perdu quelques plumes l'automne dernier. Et j'ai passé l'âge de ce genre de triturage de cerveau. La balle est dans son camp et je ne dois pas attendre qu'elle revienne. Si facile à dire. A ce stade de questionnement, j'aurais préféré qu'il me dise "merde"...

To be continued... Ou pas.

27 août 2010

Voilà où j'en suis.

boucle

Presque un mois et demi que Diane Groseille se tait. Pourtant, elle est toujours là.

Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage et s’est retourné plein d’usage et raison. Mais je ne vais pas vivre entre mes parents le reste de mon âge. Au contraire, bien au contraire.

Assise sur la moquette bleue et moelleuse d’un appartement avec vue sur l’Océan Atlantique, je pianote sur le clavier de mon netbook les quelques mots que je n’ai pas pu écrire depuis des semaines. Devant moi, un écran de télévision carte postale diffuse un reportage sur la naissance de la musique pop. Je retrace les dernières semaines sur fond de Beatles, de Bob Dylan et de Stones.

Je mettrai fin dans quelques jours à peine à un mois de vadrouille intense. Moi qui craignais de voir se reproduire cet été le néant affreux de l’an dernier, j’ai finalement construit, avec culot et peut-être même inconscience, un été de surprises et de nouveautés, radicalement différent du précédent.

Le mois de juin tout d’abord a été celui de toutes les festivités. Je n’ai rien refusé et j’ai ainsi multiplié les sorties, les rencontres, les fiestas en tout genre. Aux côtés de mon groupe d’impro, mais aussi avec Tine, le Pooh et d’autres. J’ai souvenir en particulier de ce festival plein de spontanéité avec quatre improvisateurs dans le vent, où chacun a su se lâcher et danser et chanter jusqu’au bout de la nuit. Avec cette impression de symbiose et de facilité. Il y a eu aussi ces nombreuses soirées à gauche à droite, celles aussi où j’aurais aimé me dédoubler pour être à deux endroits en même temps et même celles où j’ai su me multiplier pour profiter au maximum de chaque instant. Malgré ce vent de folie, j’appréhendais l’arrivée de l’été. Je savais que beaucoup allaient mettre les voiles vers d’autres horizons et je m’imaginais déjà seule et abandonnée, livrée aux idées noires qui apparaissent dans le vide.

D’abord, j’avais eu l’idée de faire du wwoofing dans une ferme avec des chèvres. Je voulais de l’air et de la solitude. Je voulais quelque chose de nouveau, quelque chose que je n’avais jamais vécu et dont je pourrais tirer un vrai enrichissement. Puis le temps a passé, je n’ai pas su m’informer. Ces longues semaines de printemps enfin arrivé ont filé si vite que le début du mois de juillet est venu sans que je n’aie aucune possibilité à l’horizon. Autour de moi, on me demandait avec scepticisme ce que j’allais faire de ces deux mois de vacances bien mérités. Je lisais le doute dans les yeux de mes interlocuteurs à l’annonce de mes projets. Et moi-même, je finissais par ne plus y croire. Puis un soir, ma sœur m’a parlé de colonies de vacances. Bien sur, c’était une option. Depuis 2003, plus de jolies colonies de vacances pour moi. Ma relation avec Neb avait définitivement fermé cette porte. Puis je pensais avoir passé l’âge. J’ai cependant très rapidement jeté un œil curieux sur un site de petites annonces. Et perdues au milieu de nombreuses offres classiques, quelques propositions ont su attirer mon attention. J’ai passé quelques coups de fils innocents, envoyé quelques CV sans vrai espoir et un jeudi soir, alors que je venais de donner mes dernières heures de cours, on m’annonçait que je partais le samedi matin pour trois semaines à travers l’Europe de l’Est. En urgence, j’ai dévalisé le Décathlon, j’ai fourré dans un sac à dos les affaires qui me tombaient sous la main, j’ai réglé les factures qui trainaient sur mon bureau, Lu a été casé chez mon frère pour être par la suite rapatrié chez mes parents. J’ai pris un billet de train et je suis partie.

Le samedi suivant, à 5h37, je montais dans un train sans savoir vraiment où il me menait, mais ça n’avait pas d’importance, parce que j’y allais. J’ai passé trois semaines à travers l’Allemagne, la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, la République Tchèque, l’Autriche. Je suis partie dans des pays qui paradoxalement ne m’attiraient pas plus que ça. Pays souvent sources de préjugés et qui m’ont montré un visage que je ne présageais pas : moderne, courageux, souriant. Ce périple s’est effectué avec sept jeunes de quinze à dix-sept ans. Un petit groupe magique (on aurait du les choisir qu’on aurait pas fait aussi bien). Impossible cependant d’expliquer en détails ce que cela a été de joie, de surprise et de découverte. Je me suis dit à plusieurs reprises que j’étais devenue celle que j’avais voulu être et que je n’imaginais pas pouvoir devenir. Plus de limites, plus de peur, tout devenait possible.

Je suis rentrée vendredi dernier à minuit. Samedi soir, je repartais en pleine nuit avec Tine pour une traversée de la France qui allait nous mener à l’autre extrémité de l’Europe : la pointe Bretonne et sa fraicheur immuable. Celle qui n’a pas changé depuis mon enfance, celle synonyme pour moi de vacances depuis que je suis toute petite. Rien ne lui arrive à la cheville. Je retrouve le kouing aman, le caramel au beurre salé, les cartes postales écrites sur la plage, les balades dans les ruelles de petits villages fleuris d’hortensias et de roses trémières, les fars aux pruneaux, et les phares sans pruneaux, la bruine, ces paysages que l’on croit reconnaitre et qui peuvent se métamorphoser au moindre coup de vent.

Dans deux jours, je serai de retour chez moi. Difficile de m’imaginer dans ma région, dans ma ville, dans mes meubles après un mois d’errance. Ni tout à fait la même, ni tout a fait une autre. Sans aucun doute grandie et sereine quant à ce qui va suivre. Humble aussi d’avoir vu et appris tant de choses, grâce à ces gens rencontrés, ces pays traversés dont je me suis imprégnée.

Côté cœur (mais c’est de quel côté au juste ?), rien de nouveau sur ma planète. Enfin, tout reste possible car même dans ce domaine, je ne me suis pas reconnue. Depuis de longues semaines, pour ne pas dire des mois, j’étais sous le charme (je le suis toujours) d’un garçon (faut-il dire un homme ?) de mon entourage proche. Tout me plaisait en lui et je me reconnaissais (pourquoi l’imparfait d’ailleurs puisque c’est toujours le cas et que d’ailleurs je le trouve parfait). Il est celui que je ne cherche plus, il me plait. Alors, un soir, ou plutôt une nuit, disons même au petit matin, l’ivresse des heures passées aidant, je lui envoie un message. Il dort à ce moment là à quelques mètres de moi, dans une autre pièce et je viens de le quitter. Je sais que nous allons nous retrouver à notre réveil, je veux qu’il sache ce que j’ai sur le cœur, dans la tête ou ailleurs. Prétérition, je ne peux lui dire ces mots que je ne parviens à formuler et je lui dis que j’aimerais lui parler. Tout cela reste mystérieux, pour lui comme pour moi. Les mots ne viennent pas, il ne veut de toute évidence pas que je les dise. Le petit jeu dure quelques jours. Je sais que lui avouer mes impressions présente deux risques : la réciprocité qui demanderait à ce que l’on s’engage ou l’indifférence qui me laisserait un goût amer et qui en plus risquerait de gâcher la complicité très forte que nous avions jusqu’alors. J’ai finalement tenté le coup, pleine de franchise et très directe bien que je ne puisse nommer avec précision les sentiments que j’ai pour lui. Je lui trouve ce petit grain de folie que je trouve rarement et qui me séduit tant, je lui trouve ce charme unique qui fait de lui quelqu’un de si particulier. Il a finalement répondu ne pas savoir où il en était, avoir besoin de temps pour se trouver, ne pas savoir de quoi sera fait son futur (mais qui le sait ?). Exactement les mots que j’aurais pu moi-même choisir dans pareilles circonstances. Cette réponse arrivait le 22 juin. Il partait alors pour un périple un peu mystique de trois semaines. Je faisais de même deux semaines plus tard. Un voyage à la recherche de soi-même. Un voyage à travers lequel on s’oublie au profit de l’autre et de l’instant dans l’espoir de finalement mieux se retrouver.

Durant mes longues trottes à travers les rues des capitales européennes, le long du Danube ou sur le Pont Charles, sur les plages de galets ou sur les sentiers hongrois, dans les rues bourgeoises de Vienne ou sur les trottoirs chargés d’histoire de Cracovie, je me suis surprise à penser à lui, un clin d’œil, imaginer sa bouche, penser à ses yeux, une fraction de seconde à chaque fois provoquant un petit sourire à l’intérieur. Pourtant, sa réponse est négative et connaissant sa détermination, elle le restera, mais je ne sais expliquer ce qui provoque malgré tout cette petite étincelle. Peut-être la satisfaction d’avoir osé lui dire ce que je voulais exprimer. Impression de force.

Je rentre dimanche. Neb débarque lundi. Mardi au plus tard. Il m’a annoncé ça alors que j’étais encore sur les routes. J’ai cru comprendre sans y prêter trop attention qu’il passerait la semaine chez moi. Je suis heureuse de le voir. J’aimerais juste que ce ne soit pas trop dur, que les choses soient claires. J’aimerais qu’il ait compris tout ça sans que j’aie besoin de le lui dire. Et il y a comme un pressentiment. Ses sentiments sont-ils toujours les mêmes ? Pense-t-il que nous avons encore quelque chose à faire ensemble ? Un bout de chemin, une nuit, un futur ? Pour ma part, je le répète, la boucle est bouclée. Je l’apprécie beaucoup, mais ça ne va pas plus loin et je ne peux effacer toutes les déceptions vécues, subies, douloureuses.

La rentrée va arriver à pas de géants. Aucune certitude quant à ce qui m’attend. J’aimerais ne plus travailler à M. parce que les choses s’y sont mal passées cette année, et parce que cela me demande beaucoup de temps (la route, les classes surpeuplées, les copies à corriger dans des délais très courts). J’aimerais pouvoir accorder plus de temps à mon Lu, au théâtre, à des loisirs, du sport... L’an passé a été trop difficile : impression récurrente de passer à côté de moi-même, de m’oublier.

Voilà où j'en suis après des semaines de désertion de blog. Voilà où j'en suis après des mois de doutes. Voilà où j'en suis et je n'y suis déjà plus.

21 juin 2010

Juin.

Tout file trop vite.

Sur les jours passés, j'ai visité une exposition d'art contemporain, j'ai fait un barbecue avec des copains, j'ai assisté à un tournoi de ping pong, j'ai fêté le nouveau statut de professeur de mon frère, j'ai dit "ta gueule" deux fois à Nam, j'ai donné une représentation de théâtre de princesses, j'ai rempli des centaines de bulletins, j'ai refusé de répondre au téléphone, j'ai dormi une dizaine d'heures, j'ai mangé peu et mal, j'ai lu Un cœur à l'étroit, j'ai passé des heures à jouer au Mah-jong, j'ai vu une offre d'emploi taillée sur mesure pour moi, j'ai changé mes projets pour cet été, j'ai fait des marchés aux puces, j'ai mangé au resto avec the Pooh, j'ai mangé japonais...

Sur les jours à venir, je vais manger brésilien, je vais faire la fête à un festival de musique en plein air, je vais animer mon premier match d'impro en tant que maître de cérémonie, je vais aller passer quelques jours sur une île bretonne, je vais reprendre mes fonctions d'animatrice de camp itinérant, je vais dormir un peu plus et reprendre une alimentation "normale", je vais écrire une pièce de théâtre, je vais être en vacances...

C'est tout pour aujourd'hui et c'est déjà beaucoup.

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13 juin 2010

Bagatelles.

L'été dernier, en période de doute et de fragilité, j'ai eu besoin de me rassurer. Cela est passé par le matériel. Je crois que quand les émotions nous trahissent et nous poignardent, on s'attache à de toutes petites choses, souvent inutiles et encombrantes. Pacotilles et grigris. Une espèce de superstition censée nous protéger du mauvais sort.

 

Je créé des boîtes colorées pour mes objets magiques qui à leur tour deviennent magiques. J'aime les rubans, les petits papiers, les clés. Les objets qui ont déjà eu une vie et auxquels on en propose une seconde. Souvent radicalement différente de la première. Ils en perdent leur fonction pour en retrouver une autre, à mes yeux seulement.

J'aime glisser sous mes doigts des rubans soyeux. J'aime le contact rassurant et la régularité. J'en récupère partout, mais je n'en achète pas. Et je les range, joliment enroulés sur eux-mêmes dans une petite boîte métallique, où serrés les uns contre les autres, ils attendent que je vienne les observer, les caresser et les enrouler à nouveau.

J'ai des clés. Des centaines. Elles ont ouvert des portes. Des centaines. Des portes qui donnaient sur des pièces pleines de promesses. Des clés rouillées et d'autres brillantes. Des clés petites et tordues, d'autres massives et puissantes. Elles attendent sagement d'être accrochées sur un mur, sur lequel elles ne pourront que se souvenir de leur rôle premier.

J'ai une boîte à papiers. Une grande boite noire dans laquelle je plie des papiers multicolores, de toutes tailles et de toutes textures. Eux aussi, je les récupère à gauche à droite, papier cadeaux, papier journal, papier d'emballage, papier kraft ou papier de soie. Ils trouvent tous leur place. Parfois, je m'en sers pour des courriers, pour de la déco... Mais pour la plupart, ils restent là, dan sleur boîte.

Ces petits riens, ces petits tout, constitue une richesse inutile. De petits trésors de pacotille. Des trophées sans importance que je glane et que je conserve. Parfaitement consciente de la futilité de cette pratique, je ne la partage avec presque personne. Aujourd'hui avec vous, lecteurs. Ici, c'est un lieu de futilités et de bagatelles. "Diane Groseille", c'est comme une petite boîte en ferraille dans laquelle je mets mes idées... Et que je ne suis pas la seule à ouvrir !

11 juin 2010

Hématome.

On se cogne, on se heurte à quelque chose que l'on attendait pas. Sur le moment, la douleur. Une douleur vive et surprenante. puis ensuite, avec le temps, on y pense moins. Elle s'estompe. Elle revient lorsqu'on remet le doigt dessus. Puis les jours passant, l'endroit du choc laisse apparaître une marque violacée, qui peut changer de coupleur et durer dans le temps, parfois bien au-delà de ce que l'on pouvait imaginer. C'est ensuite une douleur sournoise qui vient régulièrement se rappeler à vous et remémore le moment du choc, si inattendu.

 

La vie est faite de coups et de bleus. Elle surprend et blesse.On manque parfois d'air, on manque parfois de temps pour comprendre. On ne s'attend jamais à ce qu'elle nous prépare.

***

Il marche sur le bord des routes. Je l'ai déjà vu des centaines de fois. ses jambes nues et minces trottent dans les broussailles. Il est toujours là, divaguant dans toute la ville à la recherche de "je-ne-sais-quoi". lui même le sait-il ? Sur son dos, un sac usé à la corde qui doit contenir sa vie. Sa barbe est longue et sa peau tannée par le soleil. Cet homme a dû souvent se heurter à sa vie. Il cherche surement aujourd'hui la réponse à toutes ces questions suscitées par les chocs du quotidien. Il cherche peut-être comment ne plu_s se faire mal en se détachant de tout ça.

Peut-on éviter ces douleurs ?

7 juin 2010

Adulte.

Je sais que je vieillis. Bien sur. Il y a quelques semaines, je fêtais mes trente deux ans. Je me sens encore souvent l'âme d'une enfant. Pourtant, je sais que je vieillis et que je suis une adulte quand...

  • On m'appelle Madame dans une boutique.
  • Je reçois des factures astronomiques à mon nom.
  • Je gobe mes antidépresseurs tous les soirs.
  • Je passe un week-end toute seule chez moi et j'apprécie ça.
  • Je prends des décisions que j'assume.
  • J'entraine mon groupe d'impro et que je les vois progresser.
  • Je suis face à une salle de classe et que les mots et les idées s'enchainent avec évidence.
  • Mes élèves essayent de me donner un âge.
  • Un homme se retourne à mon passage.
  • On me considère comme une femme.
  • Je fourmille de projets que je sais aujourd'hui réalisables.
  • Je repense à la jeune écervelée que j'étais.
  • Je me tartine de crème pour gommer les effets du temps.
  • On me rappelle que je suis propriétaire.
  • Je fais le compte de mes histoires de cœur et j'en tire des leçons.
  • Je regarde mes parents vieillir, ma grand-mère perdre la raison.
  • On fait appelle à mes conseils.
  • Je parcours les photos soigneusement rangées dans des boîtes à chaussures.
  • Je retourne dans des endroits importants dans ma vie, passer sous les fenêtres d'un appartement ou j'ai vécu.
  • Je parle de certaines séries que je regardais enfant.
  • Je vote.
  • J'arrive à me positionner face à quelqu'un que je respecte.
  • Je fais des choix de vie et de consommation citoyens.
  • Je parviens à le détacher du regard des autres.
  • Je relis mes journaux intimes.
  • Je me reconnais dans certaines séries à l'eau de rose.
  • Je m'assume seule.
  • J'écoute des gens me raconter leurs problèmes.
  • Je corrige des paquets de copies.
  • ...

Mais dans ma tête, j'ai encore dix-sept ans.

  • Avoir un esprit de contradiction et d'insouciance.
  • Observer des fleurs bleues qui me sortent par les oreilles quand vient le printemps,
  • Être rongée par des envies de bonbecs et de Princes (pas charmant, non !)
  • faire des grasses matinées.
  • Etre victime de la procrastination en puissance.
  • Gâtifier avec Lucien.
  • Faire des caprices.
  • Courir dans les prés.
  • Faire des listes
  • Écrire et dessiner.
  • Regarder les mêmes séries niaises que je regardais étant petite.
  • Adopter des tenues vestimentaires improbables.
  • Faire la sieste.
  • Reprendre la cigarette.
  • Prendre des décisions à la dernière minute.
  • Faire des surprises insensées.
  • Perdre mon temps.
  • ...

C'est quoi au final "être adulte" ? Avoir des responsabilités ? Payer ses factures ? Travailler plus que de raison ? Je ne le crois pas. J'imagine que ça passe par un épanouissement, une sérénité, une volonté de regarder plus le futur que le passé. Mais je ne sais pas si j'ai une vraie réponse à cette question...

***

7 juin 2010

Mes jambes nues dans les fougères.

Deux jours merveilleux, pleins de soleil. Mise en lumière de certains éléments qui restaient dans l'ombre. 

 

Samedi soir, repas avec mon groupe de théâtre. Un parmi tant d'autres les derniers temps. C'est bon et simple d'être avec eux. Depuis la rentrée, les liens se sont faits plus forts et j'apprécie tout particulièrement leur compagnie. Nous construisons ensemble, nous partageons et bien que nos caractères soient très différents, nous arrivons à être soudés dans cette démarche. A venir, de beaux projets qui vont finaliser notre année de travail.

 

Puis, hier matin, j'ai pris la route pour la montagne. Accompagnée de Nam, de Lu et de ma belle Tine, nous avons trotté de longues heures dans les pentes des Vosges, serpentant entre les rochers, les ruisseau et dans les herbes folles et fleuries. C'était la première fois que je revoyais Nam en dehors de notre petit cercle et j'appréhendais un peu ses réactions. Il a été on ne peut plus correct, évoquant à peine parfois ce que nous avons vécu. Il y a si peu à dire sur le sujet que je n'en attendais pas moins de sa part.

J'ai aimé l'effort, le souffle coupé, les paysages magiques à cette période de l'année digne des contes de fées. Tine et moi nous attendions parfois à voir filer un gnome dans les sous bois tant le décor semblait fantastique.

 

Je connais Tine depuis longtemps. Elle est une amie du Pooh. Quand nous étions encore étudiantes, nous n'avions rien en commun et les soirées passées ensemble ne faisaient qu'appuyer ce manque d'affinité. Je profitais alors de ma jeunesse en me risquant sur des chemins excessifs, alors qu'elle traversait une vie d'étudiante modèle. D'ailleurs très souvent à l'époque, j'ai perçu des reproches, une animosité, par rapport non seulement à ma façon de faire, mais également à la mauvaise influence que je pouvais avoir sur le Pooh. Puis le temps a passé. Chacune d'entre nous a élaboré sa vie d'adulte. Je l'ai revue souvent, toujours par personne interposée. Puis l'an dernier, alors que j'en bavais et que tout me semblait insurmontable, elle traversait les mêmes difficultés. Souvent, le Pooh m'en parlait et nous avons finalement eu l'occasion d'en parler ensemble. Et comme nous vivons toutes les deux seules dans la même ville, nous avons commencé à nous voir seules, autour d'un verre, devant un film, pour une balade. Aujourd'hui, elle est une personne très proche de moi, sur laquelle je peux compter et dont j'apprécie la spontanéité et la joie de vivre.

Pendant que nous trottions, je réfléchissais aussi à mon futur, aux prochains mois. Comme chaque année, c'est une période d'incertitude. Je ne sais pas de quoi va être faite ma prochaine année scolaire. J'appréhende toujours un peu. Je veux faire des choix pour améliorer les choses, mais choisir c'est renoncer et parfois, d'autres font les choix à ma place. Alors que j'évoluais dans un pierrier réputé particulièrement dangereux et que je cherchais où poser mes pieds pour avancer en toute sécurité, ces idées me traversaient l'esprit. Je voyais chaque caillou comme une stabilité future. Et ce pierrier comme une métaphore de ma vie. Où prendre appuie pour ne pas perdre l'équilibre, quels risques prendre ?

Marcher, c'est définitivement avancer.

3 juin 2010

Presque.

presque (adv.): à peu près, mais pas tout à fait. Quasi.

perles_et_cie

C'est le mot qui me sort par les yeux en ce moment. Je ne peux plus l'entendre. Demander à un élève qu'a le pif en l'air s'il a fini son travail, et lui de prendre un air concentré et de me répondre "presque". Je l'entends dix fois par jour. Je n'aime pas cet adverbe, cette approximation, cette suffisance qui se cache derrière. On laisse transparaître l'idée qu'on en aurait déjà fait assez. On se contentera de ça.

"Presque" est à l'image de certains de mes élèves. Ils sont trop nombreux à être "presque" quelque chose. Superficiels et pas tout à fait. Presque motivés, presque surs de savoir ce qu'ils font là, presque attentifs, presque studieux.

Pour ma part, j'essaye d'être entière, d'être à 100%, et je ne parle pas forcément ici de la performance mais de la façon d'être, alors cette superficialité me dérange. On ne la retrouve pas qu'au niveau du travail, elle est partout : dans les relations entre les personnes, dans la transmission de l'information, dans le langage. On se contente d'un "pas tout à fait". D'un "quasi". Les exigences disparaissent et laissent place à un "à peu près" qui se généralise.

Je n'aime pas "presque". Et si aujourd'hui, je peux paraître un peu réac' avec de tels propos, c'est parce que j'ai moi aussi pu être "presque" les derniers temps. Presque bien dans mes pompes, presque pas fatiguée, presque à l'heure, presque sure de savoir où je vais. Je suis finalement moi aussi victime de la presquitude. Et aujourd'hui, j'ai envie de certitude et de plénitude.

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Diane Groseille
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