L'autre jour, durant un cours de deuxième année, une petite parenthèse étymologique s'est ouverte. Je ne sais plus comment nous en étions arrivés là. Les mots suffixés en -phage et en -vore. Une liste rapide se dessine au tableau, je mets en évidence les suffixes en rouge. Les réponses fusent : "omnivore, phytophage, herbivore, sarcophage...". Explications brèves car c'est hors-sujet et que je suis déjà en retard avec cette classe. Le programme, toujours le programme. Je pose une dernière colle : "Comment appelle-t-on celui qui mange son semblable ?". Ils cherchent tous, très concentrés, conscients de connaître la réponse, quand soudain mon champion du monde dans le fond de la salle gueule le mot. "Holocauste". Il résonne étrangement dans la salle de cours à ce moment là. Tous les regards perplexes se tournent vers lui. Bien entendu, tous attendent ma réaction car ce n'était pas du tout le mot qu'ils cherchaient dans leurs petits tiroirs de mémoire. Je pose gentiment mon feutre rouge, et je m'installe pour écouter les explications qui vont accompagner cette réponse saugrenue.
" - Explique moi ce qui te laisse penser que c'est la réponse à ma question.
- Ben j'ai vu un film où les gens y devaient tous se bouffer dans la jungle, et ça s'appelait Cannibal Holocaust, c'était vraiment gore."
Finalement, il a fallu élargir la parenthèse, au détriment du fameux programme, pour des explications qui s'imposaient vraiment.