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Diane Groseille
22 septembre 2015

Des amis.

champs

Un après-midi d'été, tout occupée à tambouiller, j'ai écouté le podcast de cette émission sur l'amitié, sur l'amour. Qu'est ce qu'aimer ? Quelles sont les frontières ? Qui est l'ami, l'amoureux, l'amant ? Des témoignages amusants, pertinents, forts...

Je n'ai pas toujours eu d'amis. J'ai connu des périodes de ma vie où ils étaient absents, ou peu nombreux, ou distants. Sur ces périodes, peut-être que moi-même j'étais absente, éparpillée, distante.

Enfant, j'ai beaucoup trainé dans les jupes de ma mère. Je me fiais à ceux que je connaissais déjà, les voisins, les copains d'école. Mais je n'ai jamais su aller vers les autres. Je crois que ma mère me transmettait une espèce de crainte. Pourtant nous étions très entourés, mes parents étaient très impliqués dans des projets associatifs, il y avait toujours du monde. Il y a quelques jours, j'ai repensé à ça, alors que j'étais installée dans un parc pour un concert avec des amis, justement. L'une de ces amies était là avec son petit garçon, un adorable petit gars, métis, très poli, très calme. Il a mangé sa salade de riz, sagement installé sur son plaid, a écouté les discussions obscures des adultes et quand sa maman lui a dit "tu peux aller jouer maintenant", il a bondi, comme s'il attendait ce signal, et s'est précipité vers le petit groupe d'enfants qui jouaient là, un peu plus loin. Je demande à sa mère "tiens ? Il les connaît ?". "Non pas du tout" me répond-elle naturellement. Et pourtant, comme la plupart des enfants, en quelques secondes, il adoptait leurs codes, leurs jeux, leurs prénoms... Je n'ai jamais su faire ça, d'où me venait alors cette crainte ?

Je me souviens de ma peur, jeune collégienne qui entrait en 6eme, de ne connaître personne. Dans ma classe. Dans la cour. A la cantine. Y penser m'empêchait parfois de dormir et quand je sombrais dans le sommeil, il était agité de rêves angoissants. Pourtant j'étais entourée. Mais l'idée que mes amis puissent être absents me paniquait.

Plus tard au lycée, j'ai perdu de vue mes amis du collège. Il a fallu se faire de nouveaux amis. Cela m'a demandé des mois et des efforts considérables. J'ai souvent perçu les autres comme extrêmement différents de moi. J'ai négocié avec mes parents pour ne plus manger à la cantine, tant l'idée de devoir me tourner vers des inconnus me dérangeait. J'ai alors erré pendant des mois, solitaire, dans les bistrots du coin, dans les salles d'étude, à lire, à écrire, en mangeant froid, dans l'attente de la reprise des cours de l'après-midi. Puis au printemps de mon année de seconde, j'ai enfin su créer des liens, taisant ma méfiance. Ce sont d'ailleurs les autres qui ont fait cette démarche, qui sont venus vers moi, qui ont su m'apprivoiser.

En fac, c'est le même scénario qui s'est reproduit, encore. J'étais partie pour une ville nouvelle, pour suivre celui que j'aimais alors. Je me sentais seule et toujours différente. Je me limitais à des échanges polis dans le cadre des cours. Rarement, j'allais boire un verre avec quelqu'un ou je sortais au cinéma. J'étais alors très tournée vers ma vie de couple, premier amour fusionnel. Il a fallu que cette relation prenne fin pour que je créé à nouveau, par la force des choses, un réseau, des relations, qui sont devenus des amis. Là aussi, ce sont eux que j'ai fini par laisser venir vers moi, ils ont fait cette démarche de venir me chercher...

J'ai souvent perdu des amis. Souvent par la force des choses. Enfant, adolescent, on change si vite. Parfois aussi, parce que je me suis sentie trahie. D'autres fois, sans raison, sans comprendre et c'est peut-être le plus dur.

Aujourd'hui, je peux dire sans me tromper que j'ai des amis. Beaucoup. Des personnes sur lesquelles je peux compter. Des relations qui ne sont pas artificielles. Ma vie sociale est épanouie, plus qu'elle ne l'a jamais été. Je suis moins méfiante, et je crois que c'est simplement car j'attends moins de ces relations. Je prends mes amis comme ils sont, avec leurs différences, leurs erreurs, leurs défauts. Et je crois qu'il savent en faire de même.

Parfois, j'ai eu des "coups de foudre amicaux". Oui. Une personne rencontrée dans un contexte où rien ne se prêtait à l'amitié. Une rencontre rapide, une relation qui aurait pu être superficielle ou éphémère. Pourtant l'alchimie opère. Un rire, une façon de se positionner, un regard, l'amorce d'un dialogue... peuvent suffire à établir une curiosité, un intérêt, le point de départ de la confiance. Ce fut le cas avec Karim, en 2009. Je vivais une rupture, il était sur le point de se marier. J'ai été invitée à la cérémonie. C'est grâce à lui que j'ai rencontré Gab.

Mon ami est pour moi celui qui me respecte, celui qui me soutient, celui qui rit des mêmes choses que moi, celui qui peut se moquer de moi, celui qui écoute, celui qui donne, celui qui partage. Il est précieux. Il est un cadeau. Il est une richesse.

***

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