Avril, sans fil.
{ Mode brouillon / idées en vrac on }[ Plusieurs semaines que je me fais à nouveau discrète. La réflexion autour du sens et de l'enjeu de l'écriture ici (et ailleurs) est récurrente. A mon "retour" l'an passé, j'y avais vu, pleine de motivation et d'espoir, l'opportunité d'échange, de partage. Mais les quelques pages laissées ici sont souvent restées solitaires, rares ont été les réactions. Puis moi non plus, je n'interragis pas. L'identité "Diane Groseille" reste cloisonnée à ces pages blanches que je noircis. Alors souvent, depuis quelques temps, j'écris ici, mais laisse le message à l'état de brouillon, sans y réfléchir vraiment. Comme si je préférais le garder au fond d'un tiroir, projet à remodeler, plutôt que de l'exposer en vitrine. Car c'est bien cela dont il s'agit : une vitrine. On me regarde et on me lit de l'extérieur, mais la vitre me sépare de ceux qui passent ici, curieux passants silencieux. Encore les Quatre bords]
L'automne fut des plus doux et des plus simples. Je commençais cette année de travail exceptionnelle, à la rencontre de classes formidables. Tout semblait facile et l'énergie était une évidence. Janvier et février furent très difficiles, sombres, écrasés et tendus : une bonne claque après les vacances de Noël, une de celles qu'on ne voit pas venir. Début mars, nous avons pris le large pour retrouver de l'air, pour sortir de ce cadre épuisant. Et nous voilà déjà fin avril. Ces années scolaires qui me semblaient des siècles il y a peu filent maintenant si vite. Le temps de tourner une page. Le temps de corriger une copie.
J'ai justement terminé hier soir mon traditionnel marathon de correction. Chaque année, sur la même période, il s'agit de corriger en quelques jours seulement des dizaines, que dis-je, des centaines de copies d'examen blanc, de les faire remonter dans les bulletins. A cela s'ajoutent en général les copies dont je n'ai pas encore pu me débarrasser. Et comme chaque année, je dois condenser tout ça sur quelques jours, nuits courtes, fatigue, tension. Hier soir, à onze heures, je validais mes dernières remarques sur mes derniers bulletins, laissant échapper un cri de victoire.
Il me reste maintenant deux jours et demi de cours avant de filer pour la tout aussi traditionnelle semaine entre filles dans le Sud. La tradition s'est installée il y a quatre ans : a quatre, nous descendons pour une dizaine de jours sur la Riviera, dans un appartement magique, des terrasses, vue sur le bleu de la mer, farniente, jeux, siestes, apéros. Une parenthèse turquoise d'insouciance et de nonchalance...
Les autres années, ces deux "traditions" précédemment évoquées se chevauchaient et je partais donc souvent avec plusieurs paquets de copies et ma mauvaise conscience sous le bras. Cette année, c'est légère et détendue que j'aborde ces dernières journées de travail, ma tête déjà un peu en vacances, pleine de vent salé et de grains de sable.
Mon corps, ces derniers temps, me questionne beaucoup. Je chute moins, il semblerait que j'ai retrouvé le sens de l'équilibre, peut-être grâce à mes ateliers du jeudi soir. Mais j'interroge souvent ma carcasse. J'ai fêté mes trente-sept ans il y a quelques jours. Cet hiver, j'ai eu l'impression d'avoir pris dix ans. Mon visage est plus marqué, des lignes sombres cerclent mes yeux. La fatigue est parfois plus installée, indécrottable. Je m'ébroue comme mon Lu pour m'en débarrasser, mais elle est incrustée à mes chairs. La vieillesse.
Je me pose aussi beaucoup de questions liées à une volonté d'avoir un enfant. La question est vaste, étendue, sournoise. On la contourne, on ne l'affronte pas, mais elle se représente à nous, souvent. Il faudra l'évoquer ici de façon plus... Sérieuse. Un jour, plus tard.
Puis comme je l'ai déjà évoqué ici, ma silhouette est source d'une réflexion bien ancrée.
Alors, face à toutes ces questions, j'ai changé mes habitudes. J'envisage d'ailleurs de confirmer/compiler tout cela dans un "journal de corps", car ces réflexions sont importantes. L'on pourrait y voir une simple fascination égocentrique pour mon image, mais c'est bien plus que cela. C'est même autre chose. C'est que voilà, à bientôt quarante ans (il m'en aura fallu du temps) je comprends que c'est moi. Je saisis à quel point cette enveloppe est importante. Bien plus qu'une enveloppe, une entité : je suis mon corps, il me parle et je dialogue avec lui. Je l'écoute, calmement, même quand ses messages sont douloureux. J'apprends de lui, beaucoup. { Mode brouillon / idées en vrac off }
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