Silhouette.
Je marche dans la rue, la nuit, sur un trottoir givré qui semble sans fin. Au loin, à quelques dizaines de mètres, je vois une personne qui marche. Je vois clairement ses gestes se découper dans la pénombre, en ombres chinoises, avec la lumière artificielle d'un réverbère derrière elle. Le soir est froid et figé. J'observe sa démarche, l'amplitude de ses pas, et je crois que je saurais dire, sur ces quelques longues secondes, peut-être minutes, ce que cette démarche peut révéler de cette personne, de sa détermination, mais aussi de sa tolérance, peut-être de sa gentillesse. J'avance sur cette ligne droite et pendant un long moment, j'observe cette silhouette. Je cherche à imaginer le visage perdu dans l'obscurité, effacé, éteint. Et soudain, je réalise que je suis incapable de dire si cette personne, loin là-bas, est en train de s'approcher de moi ou de s’éloigner. Incapable. Et je pense à nous. Ce personnage, ce peut être lui, ce peut être nous.