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Diane Groseille
30 mars 2009

Une fille et un garçon.

Tout a commencé par une rencontre virtuelle. Quelques mots apparaissant sur des écrans d'ordinateurs qui semblaient réduire la distance et la différence. Des mots dans lesquels chacun pensait lire un idéal. Ils y voyaient la possibilité de se découvrir sans prendre de risques et en prenant leur temps. Elle avait si peur de refaire les mêmes erreurs qu'elle pensait que cette option la protégerait.

Puis très vite, trop vite sans doute, le bouclier est tombé. Elle a voulu le voir, le toucher, savoir si cette alchimie existerait aussi en vrai, mettre fin à cette comédie des mots creux. Elle a pris sa voiture et est partie le rejoindre, loin là-bas, là-haut, seule. Elle a entendu sa voix pour la première fois, quelques minutes seulement avant de le voir, il lui indiquait le chemin. Puis tout s'est accéléré, il vivait dans une maison en bois, de grandes fenêtres laissaient entrer le soleil, il avait un sourire adorable et tout paraissait si simple à ses côtés. Il travaillait beaucoup mais accordait tout son temps libre à celle qui avait fait l'effort de venir le voir. Elle a voulu y croire et voir comme lui la simplicité, sans calculer. Ce premier séjour là-bas fut comme une parenthèse dorée et quand arriva le temps de rentrer chez elle, elle su qu'elle reviendrait forcément. De retour dans sa région, les mots sur les écrans sont à nouveau venus effacer la distance, mais cette fois-ci, ils étaient concrets et correspondaient à une réalité qu'ils avaient voulue tous les deux. Dès qu'elle le pouvait, elle retournait le voir, loin là-bas, pour des week-ends souvent trop courts et réglés comme du papier à musique, par les horaires de la SNCF.

Le printemps est venu et avec lui la volonté de réduire les distances. Il vint vivre chez elle et choisit d'y rester. Les années qui suivirent furent belles. Les premières furent faciles et accompagnées de décisions rapides car évidentes. Les suivantes un peu moins, car ternes et fades. Avec elles, des déceptions s'installèrent. Cette maudite routine, toujours la même qui s'insinue partout, dans tous les recoins. Puis les efforts qu'ils n'ont plus faits, les envies qu'ils n'avaient plus. Cette impression te,ace de s'être trompé effacée par la volonté d'y croire quand même. Les blessures, les peines, les "vieux dossiers."  Et l'incompréhension, les cris, les dialogues de sourds. Passer l'éponge et reconstruire sur des bases trop fragiles, trop de fois.

Elle a pris la décision au bout de cinq ans de vie commune. Elle a choisi de s'arrêter là. Elle avait trop souffert et savait qu'avec cette décision elle souffrirait encore. Il n'a pas voulu comprendre et écouter. Il a pensé qu'il avait encore le temps, que tout cela n'était qu'un caprice, qu'elle était juste "compliquée". Il pensait que tout cela était acquis : l'appartement, le futur et elle avec. Il n'avait pas vu non plus que son choix de démission un an plus tôt et son inactivité avait ébranlé leur couple. Il pensait que rien n'était grave, que tout était encore possible. Il voulait juste ne pas vivre seul. Et elle ne voulait pas de ce compromis, la solitude n'avait jamais été un problème et même si tout ce qu'elle avait construit devait s'effondrer, elle ne pouvait plus continuer comme ça.

***

Presque un mois a filé depuis ma décision. Nous vivons toujours sous le même toit car nous n'avons pas d'autre solution pour le moment. Il n'a pas de travail et l'appartement nous appartient à tous les deux. C'est sans doute le plus dur : ne pas pouvoir vraiment tourner la page. Nous ne sommes pas fâchés, juste tristes. Nous avons de toute évidence des vies très différentes aujourd'hui. Je me suis sans doute trompée. je crois que je le savais depuis longtemps mais que je ne voulais pas le voir.

J'ai fêté eu trente-et-un ans ce week-end. Je sors d'une bronchite carabinée (d'ailleurs je tousse encore comme une tuberculeuse) et la semaine précédente, je m'étais littéralement liquéfiée de l'intérieur. Je suis épuisée. Je reprends le boulot aujourd'hui après cinq jours de congés que j'ai passés au lit. Je voulais fuir un temps au bout de la France mais ma petite santé et la météo m'ont immobilisée chez moi. J'ai l'impression d'avoir touché le fond. Je me dis que maintenant je vais pouvoir avancer. Et surtout j'ai trouvé les mots pour le dire...

 

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Commentaires
A
Le début de l'histoire ressemble à une histoire que je vis.
D
Vos encouragements et vos réactions me vont droit au cœur. Je savais que vous seriez encore là. <br /> <br /> Caz, belle métaphore, j'espère avoir la force et la détermination des groseilliers !<br /> <br /> Zia, Bertrand, désolée de vos surprendre ainsi!<br /> <br /> Estelle, je voudrais pouvoir avancer, et donner du volume à cette décision qui pour le moment complique les choses plus qu'elle ne les simplifie. J'aimerais voir déjà le bout du tunnel, pour le moment, c'est tout sombre !<br /> <br /> Mathilde, Raphaelle, Rdt, Dorsi, c'est bon de voir que vous êtes toujours là !
C
Les pousses des groseilliers commencent à voir apparaitre leurs premières feuilles, c'est résistant ces arbustes. Coupés en fin d'été l'année dernières, plantés à la va-vite dans les orties du compost, pas d'eau, pas de soins, mais à la sortie de l'Hiver, Ils sont toujours là, avec leurs feuilles vert tendres, l'été donnera ses fruits. Comme un cycle qui repart.<br /> Pensées amicales, pleines de réconfort.
Z
Bah mince alors !
E
Les mots après les maux. Je ne pourrais pas dire grand chose qui ne soit pas cliché comme par exemple que malgré tout, cette histoire part d'une belle rencontre. Qu'il vaut mieux s'en être aperçu maintenant plutôt qu'après. Que la réalité est parfois dure à accepter mais qu'il est nécessaire de le faire pour avancer.<br /> Avancer, tu le fais.<br /> Même si votre situation n'est pas la mieux pour tourner la page et en commencer une autre.<br /> Ce n'est que le début.<br /> Courage ... "Sunrise ..."
Diane Groseille
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