Douce torpeur.
Écriture en pause depuis de longues journées. Autre chose à faire. Tant de choses à faire. Ne rien faire !
Et de nombreux fidèles lecteurs ont mis les voiles, les statistiques sont en chute libre. Besoin de nouveauté constante pour ces curieux éphémères. Or ici, rien n'a bougé les derniers temps. Alors on échoue ici en tapant dans un moteur de recherche la requête "à quoi sert un DEA de littérature comparée ?" par exemple. Tu apprendras cher internaute qu'il ne mène à rien : voie de garage, cul de sac, morceau de papier cartonné sans valeur aucune. Il t'apportera sans doute beaucoup sur le plan personnel et saura peut-être flatter ton ego mais ne vaut pas un clou sur le marché du travail. Et je me dis que si ces quelques égarés ne venaient plus ici par hasard, ce blog s'éteindrait sans doute comme la flamme d'une allumette.
Si ce n'est cette misérable vie virtuelle, la vraie vie est belle et épanouissante. Je suis en vacances depuis deux semaines et j'en ai profité, il me reste la journée avant la reprise, et curieusement, ces six longs mois qui m'attendent avant les prochains congés ne me font pas peur cette fois-ci !
Mon mois de décembre a pourtant été difficile, ce qui explique mon silence. J'ai cumulé en deux semaines la correction de toutes les copies d'examen blancs du moment (une centaine de copies, chacune me demandant environ une demi heure de correction puisque elles ont été composées en quatre heures d'examen, faites le calcul) et mes heures de cours habituelles. Donc réveils à l'aube, (que dis-je, bien avant) et couchers souvent très tardifs ! Il y aura eu de nombreuses paniques de dernières minutes, des notes manquantes, des fichiers qui ne passent pas par mail, des copies introuvables... Et il y a aussi eu cette belle guerre ouverte avec un de mes employeurs qui ne m'avait pas payée depuis octobre et qui trouvait cela tout a fait excusable, se cachant derrière une situation économique difficile (non, parce que nous on roule sur l'or, hein !) et des bobards plus monstrueux les uns que les autres (j'ai eu droit à une nouvelle version à chaque coup de fil, il aurait au moins pu faire l'effort de ne pas changer de disque à chaque fois, pour la crédibilité, ç'aurait été mieux.) J'en suis quand même arrivée à passer un coup de fil à l'inspection du travail et les prud'hommes ne sont pas loin. Au final, les interventions ont été payées, mais il a fallu hausser le ton et menacer. Beaucoup de temps et d'énergie perdus, et je ne parle pas de l'ambiance pourrie qui règne maintenant !
Les vacances sont arrivées comme un cadeau avant l'heure après toute cette course. La première semaine aura été familiale. Ma sœur a passé deux jours avec nous. Mon père nous a installé les éléments de la cuisine qui manquaient toujours. Puis nous avons passé trois jours chez mes parents. Ce fut cette année un vrai flash back en enfance. Des heures de discussion, passées au coin du feu, des films regardés en famille (merveilleux Jean de Florette et Manon des sources par exemple), dévorage de bredeles et autres friandises, siestes blotties sur un canapé. Insouciance du temps qui passe. Noël a été festif : oncles, tantes et cousines, mais aussi Boucle d'or qui nous rejoints tous les ans depuis quelques années. Je lis encore la surprise sur le visage de certains à l'ouverture des cadeaux. Le lendemain encore, alors que nous nous étions couchés très tard, les monticules de cadeaux sous le sapin, plus farfelus les uns que les autres, m'ont fait rire.
Je lisais alors La honte d'Annie Ernaux. Elle y revient sur un épisode noir de son enfance et par la force des choses tente de fixer par les mots tout ce qui a composé cette période de sa vie : les objets, le langage, son rapport aux autres. Et j'ai moi même, par décalcomanie, essayé de retrouver ces petites miettes de mon enfance.Les mots, les jouets, les vêtements, ces petits détails qui marquent une époque de vie.
Après trois jours, il a cependant été agréable de rentrer chez nous. L'ambiance était tendue. Ma grand mère vit chez mes parents. Elle est fragile, elle s'accroche à la vie mais ne sait plus franchement pourquoi. Sa santé, pourtant pas si mauvaise, lui devient un prétexte pour s'éloigner de nous, pour ne plus faire d'efforts. Il a été question d'hospitalisation. L'idée a crispé tout le monde. Mon père en particulier qui a abusé de sa grosse voix et de son autorité pour l'occasion, gratuitement. J'ai été bien contente aussi de rentrer pour retrouver mes draps ! J'ai en effet fait une allergie violente à la lessive de ma mère : visage boursoufflé, couvert de cloques et démangeaisons atroces. Il m'aura fallu une semaine pour m'en débarrasser, et encore ! Y'a qu'à moi que des trucs pareils arrivent !
Puis depuis, nous prenons soin de notre appartement (de gros rangements ont été mis en place et nous ont permis d'y voir plus clair). Incroyable de se dire que ça fait deux ans déjà qu'on vit ici. Nous avons longuement hésité à prendre le large pour fêter la nouvelle année (La Normandie nous avait fait tant de bien l'an dernier) mais nous sommes finalement restés ici, bien au chaud, avec notre Lu et de bons petits plats. A minuit, après avoir regardé la Croisée des mondes, nous avons regardé les feux d'artifice par la fenêtre. Même pas envie de sortir. Pas envie de faire comme tout le monde, parce que c'est comme ça, de fêter quelque chose qui n'a pas d'importance, qui ne correspond au final qu'à un mouvement de planètes. Cette semaine encore, j'ai beaucoup lu, pas de scrupules à me mettre sous la couette, à somnoler, à regarder de bons films, à faire des gâteaux et mitonner de bons petits plats. Je découvre aussi les petites joies que peut procurer une Wii (mon cadeau de Noël). Je joue comme quand j'étais petite, redécouvrir la joie simple de jouer. Et j'aime cet hiver qui est vrai, le froid est vif et sain, j'avais détesté les précédents, fades et humides.
La rentrée se profile pour demain, une semaine courte pour recommencer. Curieusement, ça ne me contrarie pas. Les mois à venir seront faciles, ils vont nous mener vers des journées plus longues, plus lumineuses. J'ai de nouveaux projets pour ce nouveau semestre : j'ai été contactée par une personne qui souhaite faire de l'impro avec un groupe de son village, ils ont entendu parler de moi par le bouche à oreille et sont visiblement très motivés.
Je pense aussi fort à mon frère, qui fête aujourd'hui ses vingt-et-un ans et qui monte cet après-midi dans un avion pour l'Australie. Je suis heureuse pour lui, j'imagine tout ce qu'il va pouvoir trouver là-bas, en un mois. Sans aucun doute bien plus que des boomerangs et des kangourous. Je repense à mon escapade de 2000, à tout ce que ça m'a apporté, tellement plus que le cliché des cartes postales. Pourvu qu'il se montre prudent !
Je finis ce long message (trop long sans doute) par vous : que cette année 2009 vous soit douce et belle, qu'elle vous apporte ce qui vous manque, de bonnes surprises, de la satisfaction, un épanouissement personnel constant, une évolution professionnelle, la santé et un minimum d'argent pour ne pas avoir à y penser. De grosses bises virtuelles à ceux qui sont toujours là, malgré mes silences, mes coups de gueules et mes doutes.
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