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Diane Groseille
15 février 2007

La sagesse du Paternel.

"Pour bien gagner ta vie ma fille, tu devrais passer le CAPES"

Voilà dix ans que j'entends ça. Mon père, qui ne veut que mon bonheur, mon épanouissement, ma sécurité de l'emploi, mes vacances pour "quand t'auras des gosses, parce que t'as beau dire, ça va bien finir pas arriver" trouve toujours moyen de me caser sournoisement sa petite rengaine. Mais moi, j'en ai jamais voulu de ce CAPES après lequel tout le monde court. Les mauvaises langues diront que j'ai la trouille... Ou peut-être même que j'ai pas le niveau. Et bien, je vais vous dire une chose, ce qui me fait le plus peur avec l'idée de passer le CAPES, c'est... De l'avoir. Je suis désolée si mes paroles blessent ces pauvres bougres qui passent toutes leurs nuits sur des textes d'ancien français sans même savoir à quoi ressemble un élève de quatrième (et les hormones qui vont avec). Encore plus désolée pour ceux qui ont déjà perdu trois ans de leur vie, voire plus (et même que c'est sans doute pas fini) à essayer vainement d'obtenir le "précieux" qui vous envoie tout droit pour deux ou trois ans dans une banlieue charmante bien loin de vos amis, votre région, votre famille.

Puis c'est l'idée de "gagner sa vie". Je gagne de l'argent moi, pas de la vie. Ma vie, je vais pas dire qu'elle est ailleurs, mais elle a pas grand chose à voir avec mon compte en banque. Et d'ailleurs le paternel est bien placé pour le savoir, il est le premier à dire que l'argent, faut en avoir juste assez pour ne pas y penser. Après, ça devient tout de suite encombrant. Mes plus grands bonheurs n'ont rien à voir avec l'argent. C'est souvent les gens, mes élèves, mes amis. La lumière, la chaleur, un regard. Quelques graines qui poussent dans un pot. Là où je risque vraiment de blesser mes lecteurs, c'est en leur annonçant que de toute façon, je gagne plus qu'avec un CAPES.

Et je suis libre. Certes, quelques journées sont sans fin. Mais quel enseignant de l'éducation nationale peut prétendre à des journées de liberté quand bon lui semble, à un emploi du temps qu'il aménagerait lui même à sa guise, à deux mois de vacances en été, à des élèves qu'il choisit en fonction de leurs motivations, de leurs attentes...

pa

Alors non Papa, je ne passerai pas le CAPES, même pas pour te faire plaisir.

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Commentaires
M
Mince et j'ai oublié de te dire, c'est cette ressemblance dans le regard avec ton père! Même regard clair, profond, sondeur.
M
Moi je le voulais ce concours. Je le voulais parce que je crois à l'école telle que je l'ai vécue. Peut être oui que j'aurais pu enseigner sans. Encore que, j'ai essayé dans la région de travailler sans le concours, en CFA, en lycée pro, et le problème c'est qu'il y a trop de profs d'espagnol en Provence.<br /> Et puis il y a autre chose, en fin de compte, je me rend compte que j'aime la façon dont j'entre dans le métier, formée, aidée, chouchoutée par my Super PiCiPi. Je crois que pour certaines choses je suis audacieuse (comme partir vivre à l'étranger) mais pour d'autre, j'aime être encadrée. Enfin, le jour ou j'ai dit à mes parents "je l'ai", plus que pour la licence, plus que pour la maitrise, j'ai vu que pour eux ça voulais dire quelque chose, pour ma maman qui n'a été à l'école que jusqu'à 15 ans, pour mon papa qui a un BTS, ça voulait dire, "elle a réussi", et je suis heureuse de leur avoir donné "ça".Dans tous les cas je t'admire, d'avoir commencé dans des conditions je suis sure difficiles, et d'être aussi libre, du coup j'ai un peu honte de mon besoin d'être certifiée. Mais foi de Manu, je jure de ne pas devenir un des ces dinausaures de l'EA, de toujours m'investir comme je le fais aujourd'hui, et j'espère ne pas regretter trop vite ce que je dis aujourd'hui
L
Les papas ne veulent que notre bonheur ... je donnerai n'importe quoi pour que le mien me gonfle avec ses conseils.
D
Onedime, as tu franchement l'impression, avec les arguments que j'avance plus haut, que je joue juste à être têtue face aux arguments de mon père pour le faire enrager ? Je crois que j'ai passé l'âge, mais c'est vrai qu'à une époque, ça m'a beaucoup amusée.<br /> <br /> Merci Stéphane, je me suis fait plaisir avec ce nouveau classement...<br /> <br /> Mélusine et Marie, oui, vous m'avez comprise, ce n'est qu'une question d'ivresse, de liberté et de partage, pas de reconnaissance, de statut social, d'image, et encore moins de salaire et de vacances...
O
Attention toutefois; j'ai eu une réaction comme toi une fois Diane et, pour tout te dire, cela n'a été que regrets.<br /> Pourquoi ? Parce qu'il faut bien faire la différence entre refuser parce qu'on ne veut pas et refuser pour ne pas faire ce que quelqu'un autre attend de nous...<br /> Je ne défends pas ton père en disant cela, non, je te défends toi, je te défends de faire une bêtise.
Diane Groseille
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