Petit trésor.
Hier soir, fin d'un cours, un remplacement, une classe de bac pro que je ne reverrai plus, je m'étais fait plaisir avec eux, pas de règles à instaurer, pas de gros yeux à imposer, parce que pas de futur commun, alors on a pu laisser une part importante à l'humour et le courant est très bien passé, avec quelques bonnes heures de travail efficace. En moi à ce moment là, une angoisse. Toujours pas d'appartement, l'impression de jouer l'interim professionnellement, pas de certitude sur le futur, tant de nouveautés, la rencontre de mes nouveaux collègues qui se profile sur la demi-heure à venir.
Un jeune homme s'avance vers moi alors que la classe s'est vidée et que je range encore mes affaires. C'est ce moment où on est fier de soi, où on entend encore sa propre voix se répercuter sur les murs. Il fourre ses mains dans ses poches et me dit "c'est dommage". Il a un sourire en coin. "Non, vraiment, vous êtes une très bonne prof, c'est dommage qu'on ne continue pas l'année avec vous...". Et je souris, flattée mais embarrassée, farfouillant dans mon sac pour me donner une contenance. "Merci, vous étiez une bonne classe aussi... A bientôt peut-être".
Plus tard, les nouvelles sont mauvaises, plus que contrariantes (emploi du temps très décevant, avis d'imposition dans la boîte aux lettres...) et en me couchant hier soir, c'est la voix de ce jeune homme qui vient me réconforter, m'aider à trouver un sommeil qui joue à cache-cache. Parce que s'il dit vrai, j'ai toujours une raison d'être là, et j'ai sans doute fait le bon choix...