Regarde moi dans les yeux.
Étrange sensation, comme une déformation. Avec du recul, les derniers temps, j'essaye de relativiser. Une semaine ailleurs et l'écriture me fourmille dans le bout des doigts en permanence, les mots sur le bout de la langue... Je tiens un blog : un carnet virtuel. Le mien est classé dans les "journaux intimes". Beau paradoxe. Où est l'intimité ? J'étale ici probablement plus d'impressions et de détails que ce que je ne dis au quotidien à ceux qui m'entourent. Vous, lecteurs, en savez plus sur ma vie, sur mes sentiments que ma famille proche ou mes amis. C'est tellement plus facile de parler à un clavier, la parole devient alignement de lettres, à la fois plus abstraite que la réalité et tellement plus vraie que la comédie qu'on peut jouer... Je garde cette image du "miroir" depuis le début, miroir déformant, "miroir mon beau miroir." Parfois je ne sais plus si je suis là pour me montrer (mirer une image idéale) ou pour me regarder, franchement, droit dans les yeux. Regarder en face celle (moi-même) qui relira ces messages dans quelques mois ou quelques années. Quoi qu'il en soit, il y a bien un jeu de regards...
Et pourtant, malgré toute cette importance des mots ici pour moi, personne ne sait que j'écris. Seul Neb homme de moi connaît l'existence de ce carnet virtuel. Il ne me lit que rarement, il sait que je préfère qu'il en soit ainsi. Parfois il m'interroge, au détour d'une conversation, sur tel ou tel passage, mais il ne se fait jamais indiscret. Puis pour tous les autres, je ne dis rien. Il y a comme une honte qui pése sur le mot "blog", teinté de futilité et de niaiserie. Et je me sens pourtant si loin de ça, je me sens profondément adulte dans ce cheminement, grande et forte, de savoir me regarder en face, de me plier régulièrement à cette exercice de relecture des faits. Mettre des mots sur les actes, sur l'électricité qui passe en moi, sur la violence de ce qui pourrait rester fade.
Alors je continue...