The view from the afternoon*.
Il y a eu comme un grand soulagement hier quand vers dix heures du matin je me suis avancée avec ce grand sac plastifié Super U dans le bureau de Tête de Briques. Un vent d'insouciance m'a parcouru quand je l'ai posé à ses pieds. Il contenait les Quatre cent quatre vingts sujets d'examens corrigés, classés et annotés. Un sourire sarcastique a du éclairer mon visage alors qu'elle me parlait et que je ne l'écoutais qu'à moitié. Elle récupérait toute cette merde, à elle maintenant de rentrer les notes pour le rectorat. Puis elle m'a fait rire encore quand elle m'a parlé du classement alphabétique général. J'ai passé six heures moi, juste pour le classement. Qu'elle se régale, c'est à son tour, je lui ai laissé le bébé, d'autant plus soulagée de savoir que c'est la dernière année que je me tape cette horreur.
Alors je suis sortie de son bureau, une grande page tournée, vingt kilos de merde en moins sur les épaules, gambadant en sifflotant du Beethoven dans les escaliers. Toute guillerette toute la journée, légère. Une petite sieste bien méritée dans l'après-midi. Détour à la SPA en début de soirée pour m'inscrire en bénévole (flash sur un petit chien jaune qui s'appelle Vagabond, je retourne le voir demain, mais pour le moment il est en fourrière). Courses gargantuesques. Puis passage obligé sur la terrasse désormais culte de ce petit bistrot juste en-bas de chez nous où nous avons bien pris nos marques. R. était là et ça sentait l'été, les gouttes qui perlent sur les verres de bière, nos peaux moites et les hirondelles qui piaillaient au-dessus de nos têtes. On est rentrés, on s'est affalés sur le canapé rouge, on a fait l'amour sauvagement, puis on a mangé des blinis avec du saumon et de la crême fraîche en regardant d'un oeil les Poupées Russes. Tout ça légerement, parce que ...
... plus de contraintes...
... je suis à mi-temps ...
... j'ai plus de copies à corriger ...
... plus de bulletins à remplir ...
... plus d'obligations...
Minuit moins cinq. On est toujours le vingt juin et une idée affreuse traverse furtivement mon cerveau de poisson rouge anesthésié qui a voulu tout zapper. C'était mon dernier jour pour enregistrer ma déclaration de revenus sur internet. Cinq minutes de gros speed. Neb galope avec moi, pour retrouver les papiers, le site, pour télécharger le formulaire. Puis les différents clochers alentours sonnent leurs douze coups. Je ne me suis pas transformée en soubrette, mais je suis sans doute majorée de 10%. Connasse.
* Artic Monkeys.