Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Diane Groseille
11 mai 2006

Elodie.

Hier soir, près de la gare, mon regard est attiré par le visage d'une jeune femme. Elle marche sur le trottoir en venant vers moi, porte une longue tunique noire sur un jean brut, un grand sac de cuir en bandoulière. Son visage est fermé, sa peau claire, presque transparente. Je m'arrête alors que je suis sur le point de traverser la route avec mes collègues en zigzaguant entre les voitures énervées des heures de pointes. Je fixe ses yeux. Je reste bloquée. Mon cerveau s'est mis en mode recherche, je sais que je la connais, je ne ferai pas un pas de plus tant que je n'aurais pas son nom sur la langue. Ses yeux croisent enfin les miens et son sourire se réveille, c'est lui qui me donne la solution. Il s'agit d'une élève que j'ai eu en cours, elle me dit bonjour, passe à côté de moi, je traverse la route pour rejoindre P. et R. qui m'attendent sur le trottoir voisin. Puis je suis déçue, je voudrais faire marche arrière et aller parler avec elle. Mon cerveau cherche toujours. La classe, l'année, l'établissement. 3eme, 2000. Gérard de Nerval ou Victor Schoelcher ? Autre calcul, elle doit avoir une bonne vingtaine d'années maintenant. Je suis émue et fière. Émue qu'elle m'ait reconnue. Fière parce qu'en la regardant s'éloigner, je la trouve belle, forte et épanouie. Elle ondule, elle est femme.

Plus tard, installée devant une bière sur la terrasse en face de la gare, je perds le fil de la discussion qui concerne comme trop souvent cette peste de Tête de Brique. Je cherche du regard la jeune fille, me disant qu'elle a du passer par là pour prendre un train. Des souvenirs me reviennent, les cours du jeudi après-midi dans la salle d'art plastique. C'était une bonne classe, elle en était le meilleur élément. Interventions toujours discrètes et intelligentes, déjà épanouie, souriante. Je me souviens l'avoir croisée il y a quelques temps déjà, peut-être l'année qui a suivie mon remplacement. Elle m'avait surprise lors d'un festival, "eh Madame, vous vous souvenez de moi". Bien sur, encore maintenant. Puis ce n'est que ce matin que me revient son prénom. J'aimerais la revoir.

Publicité
Publicité
Commentaires
L
J'ai enseigné pendant 2 ans avant de changer de profession et je dois dire que très souvent encore des visages me reviennent, des situations, et il m'arrive aussi fréquemment de croiser des gens qui ont un air de untel ou unetelle mais ce que c'est réjouissant de les revoir des années plus tard et si émouvant!J'en profite pour te féliciter, ton blog est captivant.
A
Les joies du metier...il en faut de temps en temps!
Diane Groseille
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 279 752
Publicité