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Diane Groseille
18 mars 2006

Finalement.

De l'émotion que je n'attendais pas aujourd'hui.
Des remerciements sincères de certains parents.
Des étincelles dans les yeux de certains jeunes.
Des clins d'oeil, de l'humour.
Des mots qui sortent justes.
Des coupes de crémant pour l'heureux événement.
Heureux d'être ensemble.
L'efficacité et le partage.
Se connaître maintenant, ne plus avoir besoin des mots.
Se sourire.
Se sentir utile.
Importante.

Epuisée en sortant.
Découvrir que le printemps est dehors.
Que les gens sont installés par grappes sur les terrasses des cafés.
Ils s'étirent au soleil, se réveillant d'un rigoureux hiver.

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18 mars 2006

Se lever un samedi matin...

... Pour aller travailler, si l'on peut appeler cela comme ça : des gens vont défiler, par vagues, et nous allons devoir "vendre" notre formation. En espérant que l'information ait été bien faite, pour ne pas y aller pour rien du tout. De toute façon, je ne sais pas vendre, je ne sais que  transmettre.

Je bois du thé, pour réveiller mes sens. Couchée à deux heures après une soirée avec Spö et d'autres... et du mal à trouver le sommeil. Impatiente maintenant que cette journée se finisse et avec elle cette semaine que je prévoyais épuisante et qui a été pire. Tous les soirs, mes yeux se sont fermés avant que mon corps n'atteigne mon lit, souvent sans que je ne m'en rende compte, blottie sur un coin de canapé.


mesange1



... Puis il y a cette nouvelle qui reste en ligne et que personne ne commente. Je l'ai relue. Sans doute trop longue, sans doute mièvre. Je vais sûrement en venir à l'effacer.

16 mars 2006

Déformation.

Il est sept heures quand elle gare sa voiture sur la place sombre devant le bâtiment. Elle n'a pas envie d'y aller. Son patron lui a dit qu'elle était la mieux placée pour suivre cette formation, qu'elle sera aussi la plus apte à transmettre ensuite ce qu'elle aura appris à ses collègues, que de toute façon, en ce moment, elle ne croule pas sous les dossiers. Indemnités de déplacement certes mais aussi trajets à rallonges. Puis des horaires de dingues. Commencer à sept heures et demi, quelle idée ! Elle est en avance, elle cherche son regard cerné dans le rétroviseur, attache ses cheveux en un chignon haut, par des gestes mécaniques, elle passe du baume sur ses lèvres, regarde la nuit autour d'elle, ce matin d'automne froid et mouillé. Il faut quitter le cocon trop chaud de la voiture, se ruer dans ce grand bâtiment noir en se faufilant entre les gouttes et trouver la salle où elle va tuer les heures à venir. A contre-coeur, elle sort, étire ses jambes, ferme son manteau. Personne aux alentours, vraiment trop en avance. Les talons de ses bottes claquent sur le macadam et sa jupe un peu trop serrée l'oblige à faire de petits pas. La lourde porte d'entrée claque derrière elle et la laisse dans un silence de plomb obscur. Juste au-dessus d'elle le voyant lumineux "sortie". Elle se dirige vers les voix qu'elle entend au bout de ce long couloir, finit par trouver une porte entr'ouverte derrière laquelle un homme et une femme boivent du café dans des gobelets en plastique. Ils lui sourient tous les deux, "oui, oui, c'est bien ici", "en avance, vaut mieux ça que d'être en retard". Lui se présente après avoir tendu sa main moite comme étant le responsable de la formation et elle son assistante, tout en sourire jauni et cheveux gras. "Installez-vous, vous prendrez bien un café ?". Non, merci, elle ne boit jamais de café, et elle aimerait autant que les autres arrivent, qu’elle puisse se fondre dans la masse des participants, écouter d'une oreille, somnoler doucement et égarer ses pensées dans ce petit matin qui s'étire.

Quelques minutes plus tard, après de trop longs échanges de politesse avec les participants qui arrivent au compte goutte, elle s'installe enfin pour que commence la fameuse formation. Elle n'en attend rien. La fiche de présence passe autour des tables disposées en U, elle sort son bloc-notes, y met studieusement la date et un titre puis commence déjà à griffonner quelques fleurs naïves dans la marge. A peine installée dans une douce torpeur, elle sursaute presque quand, un quart d'heure plus tard, un jeune homme entre dans la salle comme propulsé de l'extérieur. Il s'excuse platement, se présente au reste du groupe avec des mots trop forts pour l'heure matinale, se faufile avec trop d'aisance pour s'installer en face d'elle. Il attire les regards de tous, même une fois assis. Son retard, mais aussi ses gestes souples dérangent. Elle l'observe, alors qu'il fouille son sac pour en extraire un portable et l'éteindre, elle remarque son petit sourire en coin, comme s'il était satisfait de son entrée.

Puis la matinée s'écoule, monotone et tiède. Elle se surprend à guetter celui qui se tient en face d'elle. Elle se surprend aussi à penser à plusieurs reprises à sa dernière nuit passée avec Manuel. Il est venu la voir avant de partir pour six mois à Berlin. Elle aurait aimé lui dire merde ce soir là, lui dire on s’arrête là, lui dire adieu, lui dire les mots qui mettent fin, les mots qui permettent de reconstruire après. Elle n'a pas su. Elle a couché avec lui, elle a dormi près de lui, et très tôt, il est parti. Elle pense à cette longue parenthèse qui s'ouvre alors, morne et hypocrite, jusqu'à son retour.

Midi arrive, une heure de pause durant laquelle elle compte arpenter les rues de la ville à la recherche d'un bistrot ou elle pourra manger un sandwich rapide. Elle ne pense à rien au moment où le jeune retardataire attrape sa main dans le couloir. "On se connaît non ?". Immédiatement déçue par la familiarité dont il fait preuve et par le peu d'originalité de son entrée en matière elle répond "non" avec un sourire et se dérobe. Soudain, son regard lui a paru moins certain, plus jeune, plus gauche. Elle se retourne quand même avant de franchir la porte qui donne sur le parking. Il est là, planté au milieu du couloir, immobile, la regardant partir. Elle passe malgré tout la porte pour rejoindre sa voiture sous une pluie battante. Une fois à l'abri dans l'habitacle, elle retire sa veste, détache ses cheveux pour les secouer. Puis soudain, elle sursaute : on tambourine sur sa vitre. C'est encore lui, sous la pluie, ses cheveux noirs gouttant devant son visage, qui lui parle en tapant sur la vitre, elle ne comprend rien. Tremblante et le coeur battant, elle lui fait signe de faire le tour et de s'installer. Il s'exécute et claque la porte derrière lui, et tout de suite ses paroles et son odeur emplissent la voiture. Ses yeux pétillent, il dit savoir, avoir trouvé, ce centre de vacances, il y a dix ans au moins, où elle était animatrice, il y était aussi, il se souvient même de son déguisement ridicule pour un jeu de piste, il avait quinze ou seize ans à l'époque, elle en avait à peine plus. Bien sur, elle y était, mais elle a tellement de mal à partager son enthousiasme sur le moment, dans ce contexte, surtout que son visage ne lui dit rien du tout. Un peu mal à l'aise, cherchant à mettre fin à son monologue, elle lui propose presqu’à contre cœur qu’ils mangent un morceau ensemble. Bien sur, il accepte et durant le trajet vers le centre ville, il ne cesse de conter ses souvenirs avec nostalgie. Ils trouvent une petite brasserie sur une place et s'installent à une minuscule table ronde nappée de rouge. Elle fume cigarette sur cigarette en l'écoutant parler. Après un kir, plus détendue, elle sourit alors à ses anecdotes qui la replongent dans cet été en pleine montagne, ses toutes premières sensations de liberté et de responsabilités. Elle remarque aussi les yeux rieurs de son interlocuteur, ses larges mains, sa bouche charnue, le petit espace entre ses dents. Elle lui trouve un charme qui la déstabilise : son assurance, son éloquence. Elle a peu d'appétit et préfère le regarder parler. Puis, en quelques mots, il lui dit sa vie du moment, les études qui l'ont mené dans la boîte où il est alors, son job, sa copine Elisabeth, ses projets. Tout cela avec beaucoup de simplicité, tellement naturellement en accompagnant parfois son rire d'une main qui vient frôler la sienne, comme pour mieux partager ses sentiments. Mais l'heure les bouscule hors du restaurant et ils se doivent de rejoindre l'austère bâtiment où cinq longues heures de formation les attendent encore.

Ils regagnent leurs places respectives. Il lui jette un regard complice avant que le responsable ne reprenne ses explications et ses hiéroglyphes au tableau. L'après-midi se montre élastique. Elle baille, gribouille sur sa feuille, fait une liste de courses dans une marge, regarde par la fenêtre. Alors que ses jambes lui semblent lourdes, presque anesthésiées et qu'elle se sent comme une éponge, elle se souvient pourquoi elle a souhaité écourter ses études, allant contre l'avis de ses parents qui lui promettaient une brillante carrière d'avocate. Incapable de tenir en place. Elle remarque le regard en face d'elle qui se fait parfois insistant. Elle ne parvient pas à le soutenir, ni à savoir si c’est celui du garçon de quinze ans ou celui de l’homme qu’il est maintenant. Et sur les derniers instants, juste avant que ne soit annoncée la fin de cette journée de formation, ce n'est plus de la complicité qu'elle lit dans ses yeux, mais quelque chose qu'elle ne parvient pas à expliquer.

Plus tard, alors que chacun quitte la salle, elle discute encore avec cette jeune femme qui était assise à sa droite, elle cherche à éviter un nouveau face-à-face qu'elle ne saurait comment gérer. Elle tente de se donner une contenance quand elle le voit finalement quitter la salle. Elle enfile son manteau, passe la main dans sa poche pour y sentir le paquet de cigarettes qui l'attend. Elle sort pour se retrouver dans une nuit profonde et froide. Plus de pluie, elle allume la cigarette qu'elle roule dans ses doigts depuis quelques secondes déjà, prend le temps pour rejoindre sa voiture, laisse le froid la dégourdir un peu. Elle fouille son sac pour y trouver ses clés et ne voit pas celui qu'elle redoutait arriver derrière elle. Il dit son prénom. Elle se retourne et sent immédiatement le parfum qui avait emplit sa voiture quelques heures plus tôt. Un mélange de tabac, son blouson en cuir, quelque chose de frais, de mentholé. Ses yeux ne sont plus rieurs et le silence qui les fige en dit long. Elle veut fuir et lui dit juste "oui ?". Il demande "je peux te suivre ?". La question lui semble à la fois déplacée de par les mots qui sonnent faux, et toute logique. Elle en comprend très bien le sens.  Sans avoir réfléchi à sa réponse, elle accepte. En fait, elle accepte plus ce que lui propose ses yeux. Un regard qui se montre presque dangereux. Impatient et cru. Elle se retourne, ouvre sa voiture, y monte et met le contact. Il s'installe à côté d'elle sans en demander l’autorisation. Les mots qui ont tant pesé à midi n'ont alors plus leur place. Elle démarre et quitte le parking, laisse sa voiture rouler dans les rues noires, ne sachant trop où aller. Elle n'ose tourner son visage vers son voisin, et pourtant elle a tellement envie de voir si ses yeux disent toujours la même chose. Il n’y a que cette chanson stupide à la radio, qui lui semble tourner en boucle.

Tout commence vraiment quand une main trop chaude se pose sur sa cuisse. La distance est cassée. Le pas est franchi. Impossible alors de faire marche-arrière. Sentant que son attention n'est plus à la route, elle gare sa voiture dans une ruelle sombre et étroite bordée de maisons anciennes, une rue en pente qui mène sur une place lumineuse. Aucune réaction de sa part pour le moment. Elle reste de marbre quand la main passe de sa jupe à ses bas, puis cherche à remonter sur l'intérieur de ses cuisses. Le contact sur le tissu est électrique, elle se sent explosive. Elle hésite encore à ce moment là entre le repousser et se laisser aller. Les doigts atteignent la bordure de dentelles épaisses, frôlent sa peau, elle sent son souffle sur sa joue. Il dit « j’arrête si tu veux, je ne crois pas que… », Mais ne parvient à finir sa phrase, elle happe sa bouche, la mord presque, l’aspire, leurs dents s’entrechoquent et leur souffles se mêlent, trop chauds dans l’air encore froid de la voiture. Leurs corps se cognent. Elle ne cesse de frissonner. Il a maintenant glissé ses doigts vers son sexe, sous le tissu, pour y trouver l’humidité qui trahit son désir. Elle écarte tant qu’elle peut ses jambes gênées par la jupe trop droite. Elle soulève ses fesses et la remonte sur sa taille, dévoilant ainsi des cuisses fines et fermes, gainées de bas noirs qui contrastent avec le blanc fragile de la chair. Il glisse son autre main dans la chaleur de son décolleté, avec une sorte d’urgence, des gestes précipités, trop rapides, il la griffe presque en cherchant les pointes érigées de ses seins. Elle se sent comme une poupée sous ses doigts, sous sa bouche. Il passe sa langue sur la peau de son cou, ouvre davantage son manteau et repousse les bretelles. Elle est débraillée, à moitié nue, les cuisses ouvertes aux doigts qui la fouillent, ses seins pigeonnant par-dessus son soutien-gorge offerts à la bouche charnue. Passive, elle se donne en fermant les yeux, attentive à toutes ces sensations. Il y a bien sur le désir qui monte en elle, comme une vague puissante, mais il y a aussi cette impression de transgression et cette crainte croustillante d’être vus par un passant. Les doigts de son amant du moment la fouillent encore, plus loin, plus fort, jouant de toutes les zones de plaisir, manipulant son sexe comme pour la rendre folle. Elle souffle des mots qu’elle n’entend pas, se montre vulgaire, en veut plus, encore et vite. Elle supplie et ce n’est plus elle qui parle, c’est son désir, trop fort. Elle le veut en elle, elle le veut fort, elle souhaite qu’il la prenne, violemment, sans aucun ménagement. Elle sent le levier de vitesse qui blesse son genou, la vitre froide contre laquelle sa nuque vient s’écraser. Elle voit dans la pénombre qu’il a sorti son sexe, dont elle devine les contours, dressé comme une déclaration, comme un aveu, qu’elle voudrait prendre dans sa bouche, dans son sexe, qu’elle aimerait remercier. Il se caresse doucement, tout en continuant à mordre sa peau, à torturer ses chairs. Elle glisse sa main vers cette promesse, mais il se dérobe, calle ses mains sous ses fesses, la soulève brusquement pour venir la placer à genoux sur lui. Sa tête cogne le plafond, dans le mouvement, elle croise son propre regard dans le rétroviseur, les cernes du matin ont fait place à une urgence, quelque chose d’animal. Elle se sent comme enivrée, coincée et obligée de se blottir encore contre ce corps, toujours habillé, qu’elle découvre. Elle parvient simplement à lui soulever son pull. Elle blottit ses bras nus dans son dos chaud. Elle ne parvient pas à capter son regard, il y a toujours cette urgence qui fait que le regard n’a pas son importance, comme les mots qui pourraient même tout gâcher de ce moment « parenthèse ». Elle s’empale sur lui, sentant ses mains chaudes soutenir ses fesses. Le contact est une fois de plus électrique. Elle se sent immédiatement emplie. Ses seins sont aspirés par une bouche gourmande, les mains chaudes se baladent maintenant sur tout son corps, rapides et agiles. Elle sent le plaisir interdit monter en elle. Elle écoute attentivement le souffle de son partenaire qui s’accélère. Et ce sont soudain ses yeux comme deux poignards qui viennent se planter en elle, elle ne les attendait plus, elle en est surprise : retrouver ce regard alors qu’il y avait entre eux deux une forme d’anonymat qui s’était installé en quelques minutes. Il est ému, il lui parait alors si fragile. Toute la violence du moment semble s’évaporer avec ce coup d’œil. Il cherche sa bouche et ses mains viennent encadrer son visage. Les gestes se font encore plus rapides, à la recherche d’un plaisir qui se laisse attendre. Il cogne en elle, mais ses yeux sont toujours là, qui semblent vouloir dire quelque chose. Puis elle explose, en fixant son regard, brusquement, sans aucun gémissement, crispée, recroquevillée sur son partenaire. Lui ne tarde pas à venir à son tour, enroulant ses bras si fort autour d’elle, le souffle court. Ils se blottissent dans l’écho de leur plaisir, l’un contre l’autre. Il soupire, fait glisser sa main dans ses cheveux. Puis elle s’éloigne rapidement, tentant de rejoindre son siège, un peu gênée, se rhabillant tant bien que mal. Il lui sourit. Elle remet le contact, constate que les vitres sont pleines de buées, sourit à son tour. Ils reprennent la route. Il lui propose un café avant que chacun ne rentre chez soi. Elle accepte de le suivre dans ce petit troquet sordide. Elle l’observe, touillant son café-crème, qui semble un peu perdu. Puis il paraît soudain interloqué, se met à rire et baisse les yeux. Intriguée, elle cherche à savoir. Il lui avoue alors qu’il vient de repenser à un petit détail très drôle. Il a gagné un pari… qui remonte à un soir de boom, dix ans en arrière : « embrasser la monitrice ». Il ne pensait pas aller aussi loin.


cigarette

15 mars 2006

Et si on oubliait que le temps passe...

Entre deux heures de cours cet après-midi, je dois me précipiter à la poste. Prise dans cette course quotidienne, je n'ai que quelques minutes pour  filer mettre dans la boîte mes deux derniers devoirs  du CNED (dont un n'a pas été fait, je souhaite juste obtenir le corrigé). J'enfile ma veste, enroule mon écharpe autour de mon cou, gestes automatisés par une saison, je dévale les escaliers, me rue sur le trottoir et là... La douceur me surprend comme quelqu'un qui viendrait derrière moi mettre ses mains sur mes yeux, celui qu'on attend depuis des mois semble pointer le bout de son nez. Et je ne m'y attendais tellement pas. Juste un petit clin d'oeil comme ça, de la caresse des rayons sur le visage. Il arrive. Enfin. A pas de loup.

14 mars 2006

Quand ça en devient physique - Suite du message à la prof d'anglais.

Dès le départ, je n'ai pas aimé sa façon de monopoliser une discussion, une personne, une pièce. J'ai d'emblée trouvé qu'elle parlait trop. Maintenant, je ne le dirais plus, c'est devenu un euphémisme. Au début, je pensais qu'elle optait pour cette attitude pour "se faire une place", arrivée après l'ensemble des profs, fallait qu'elle fasse un effort de communication. Là où j'ai commencé à m'inquièter, c'est quand elle a commencé à me suivre aux toilettes pour me raconter sa vie ou à prendre mon bras pour que je ne quitte pas la salle . Sa vie ? parlons en, c'est tout un poème. Elle en fait trois tonnes, Sous le soleil à côté, c'est platonique. Elle a des amours, des emmerdes, des exemples, des soucis, des anecdotes, des "faut que je te raconte", des amis partout qui ont tout fait-tout vu, des expériences extraordinaires, des "si tu savais". Un vrai scénario à rebondissements multiples. Puis pour suivre toujours sa vie à la seconde, parce qu'il ne faudrait pas perdre le contact en bossant trop, elle a son téléphone portable collé à l'oreille dès qu'elle ne trouve pas un interlocuteur sur place, ce qui lui donne toujours une bonne accroche, dès qu'elle raccroche pour raconter sa vie au pauvre bougre qui passait par là. "Tu sais pas ce qu'on vient de me dire au téléphone ? Nan, mais là, faut que je te raconte..."

Vous pensez que j'exagère, alors fixons le contexte actuel, sans en rajouter, juste pour l'exemple. Épisode 359: elle réalise que le type avec lequel elle vit depuis plusieurs mois (je ne saurais pas préciser la durée puisqu'elle change en fonction de l'interlocuteur) qui a les clés de son appart' profite de son absence pour faire des rencontres via sa connexion internet. Ce n'est qu'un détail dans la masse des péripéties dont elle nous inonde quotidiennement.

Puis s'il n'y avait que ça. J'ai développé une allergie. Je reste discrète sur les symptômes, mais ça devient gênant. Son parfum par exemple m'insupporte, je ne dois plus mettre ma veste sur le porte-manteaux si je veux éviter des nausées en rentrant chez moi le soir. La première fois où je m'en suis rendue compte, je rentrais à pieds et j'ai enlevé ma veste alors qu'il faisait moins dix pour ne pas être prise de haut-le-coeur. Puis il y a sa voix, mielleuse, enrobée, plastifiée avec des phrases à rallonges que Proust envierait. Elle marche comme elle parle, vite et trop. Ses talons claquent le sol, trop lourds, trop souvent, faisant ainsi résonner tout son poids dans les salles de cours en permanence.

Bien entendu, je ne dis rien. Je garde cet agacement qui enfle pour moi et je m'assieds dessus. Mais il s'est développé une sorte de réaction en chaîne auprès des autres profs. Nous ne sommes pas des langues de putes et il a donc fallu un certain temps pour que chacun se rende compte de la gravité de la situation. Mais maintenant, c'est efficace. Elle rentre dans une pièce, tout le monde en sort.

Je dois être celle qui a osé être la plus sèche avec elle, ses dérapages concernant son intimité me dérangent et je le lui fais savoir. Non pas que je sois choquée, c'est juste que je m'en bats de sa vie. Ce n'est pas parce que c'est ma collègue qu'elle en devient mon amie. Et pourtant il faut bien rester polie.


POURQUOI CERTAINS ONT BESOIN DE RACONTER LEURS VIES POUR SE SENTIR EXISTER ?

Arrêter de saouler vos collègues de travail, créez votre blog !

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13 mars 2006

Par curiosité se regarder en face.

Un jour, j'aimerais pouvoir m'assoir
dans le fond d'une salle de classe,
près d'un radiateur bien chaud,
à la fenêtre bien entendu
...
Pour assister à un de mes cours, une heure ou deux,
juste pour voir ce que ça donne
quand on est de l'autre côté du bureau.

13 mars 2006

Anticipation.

C'est une semaine très lourde qui débute ce matin. Et c'est sans compter les traditionnelles heures de cours et leur cortège de copies à corriger. Il y aura en plus les deux derniers devoirs du CNED à renvoyer avant mercredi. Aussi un cours de rattrapage de violon demain soir. Et le pompon : je bosse samedi toute la journée (rectificatif : je fais la potiche samedi toute la journée). Avant même que ça n'ait commencé, je me sens déjà dépassée, angoissée, débordée. Et il y a cette tripotée de petits détails que j'aurais aimé règlé ce week-end et qui va finalement aussi venir ponctuer la semaine : coup de fil à l'assurance pour règler l'histoire de la bosse, rendez-vous au garage, cascade de correspondance en retard, piscine, cours d'arabe qui a encore été annulé la semaine passée, factures, ... La liste est trop longue, il va falloir prendre un crayon et un papier pour soulager ma mémoire.

Dehors un jour pâle se lève. Il faut que je vive chaque seconde, sans la pourrir avec celles qui suivront. Cette semaine sera belle comme le soleil qui est en train de se pointer. Tout va si vite que j'en ai oublié mes 28 ans qui arrivent trop vite.

10 mars 2006

Giboulées

img_1771

10 mars 2006

Il y a des accords de guitare.

Il y a ces images de marché parfumé et coloré qui donnent envie de printemps.
Il y a le ciel, plus clair le matin, plus tôt.
Il y a l'odeur de la javel sur ma peau, plus souvent.
Il y a les jours qui passent sans que je ne pose de questions.
Il y les clochettes des "autorues" tous les matins vers sept heures qui tintent dirait-on.
Il y a des promesses de voyages, d'ailleurs, même si ce n'est pas le bout du monde.
Il y a plus de sourires pour les collègues.
Il y a la neige qui a fondu, faisant des rigoles boueuses à tous les coins de rue.
Il y a le printemps qui arrive... Si je vous le dis !...

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6 mars 2006

Parenthèse blanche

village_neige

Au début, on ne fait pas trop attention, on se dit que ce ne sont que quelques flocons. Puis c'est finalement le regard des autres, qui se tourne en permanence vers le ciel qui vous réveille, alors qu'ils feraient mieux de regarder où ils mettent les pieds. Les commentaires tournent tous autour de ça, près de la photocopieuse ou de la machine à café. Pour une fois qu'on a quelque chose de vrai à se dire, et qu'on a l'impression de partager l'événement. "Tous dans la même galère". Ce sont ceux qui veulent absolument en rajouter qui me font le plus sourire, comme si c'était la fin du monde. "Tu te rends compte qu'on aurait tous pu mourir". C'est vrai, ça fait trois jours que ça ressemble à l'apocalypse. L'Alsace sous plusieurs dizaines de centimètres de neige... début mars. Un bon coup de pied au cul à la routine, toutes les petites habitudes du quotidien bouleversées.


Prendre le train au lieu de la voiture car on tape tous les trottoirs, une vraie patinoire,
se retrouver coincée à la gare parce que tous les trains ont du retard,
ne pas pouvoir reprendre sa voiture même au retour pour les deux kilomètres restants
car elle est cachée sous une masse de neige et qu'elle patine tout ce qu'elle peut,
se rétamer les fesses par terre à tous les coins de rues (j'ai trouvé LA nouvelle discipline où j'excelle),
recevoir des amis qui ont été assez loufoques pour venir à pieds pour ne pas avoir à prendre la route,
faire deux heures de cours à une classe de dix élèves au lieu des 25 attendus.

autre_plan_te


Il y a une euphorie qui émane de tout ça, une sorte de contrariété du quotidien qui me fait sourire, une parenthèse dans la réalité.
C'est le fait de savoir que ce n'est qu'éphémère qui rend tout cela magique, exceptionnel.


barbel_s_blancs


Il y aura eu ces longues balades en solitaire dans la neige vierge et fraîche, avant que Neb homme de moi ne revienne hier soir. Il fallait en profiter, il fallait garder des images.

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Diane Groseille
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