Le courage.
Du brouillard ce matin. Mais les journées sont de toute façon teintées de brouillard. Je mange pour manger mais rien n'a de goût. Tout est anesthesié cet hiver. Je veux quitter ce boulot. Echéance de deux semaines devant moi. Il y a des annonces sur internet. De la formation pour adultes, des étrangers. Ce sont des CDD. "Folle de quitter un CDI" me diront certains. Si je ne prends pas de risques maintenant, je resterai dans cette boîte toute ma vie, lâche, avec des jeunes dont je connais déjà les limites et le peu de motivation. Que ceux qui y croyaient s'en aillent, je ne suis pas cette prof qui fait des miracles, qui défend les faibles et les opprimés, qui lutte coûte que coûte pour ses élèves. Ils m'ont épuisée, lassée, je travaille trop souvent seule devant une salle de classe qui compte les minutes restantes avant la sonnerie... Il faudrait que j'attende la fin de l'année pour cette fuite, mais ça me ronge un peu plus chaque jour.
Puis il y a eu cette réunion hier soir : on nous impose encore du travail supplémentaire, que je juge parfaitement inutile. Avec cette petite phrase qui blesse "les deux premières années, on vous a laissés tranquilles". Oui, ce n'est pas comme si on avait eu les cours de deux niveaux à mettre en place à raison de douze classes. Une fois de plus, aucune reconnaissance du travail effectué et des heures supplémentaires. C'est à contre coeur que je me rends là-bas depuis plusieurs semaines. Tête de Brique y est pour beaucoup aussi. Je n'ai pas relaté ici le dernier épisode de vulgarité et de violence ordinaire, mais on a encore élevé tout ça d'un cran.
Alors je vais PARTIR.
N.B. : encore cette nuit dans mon rêve, un petit chien noir et frisé qui court derrière moi.