Watch out, the world's behind you
Y'a toujours un moment où on s'arrête.
Comme un dimanche matin où on va prendre le temps, parce qu'on arrivait plus à dormir et que finalement ça tombe bien.
Alors, on fait du pain, on laisse le temps à la pâte de monter et de respirer sa bonne odeur partout dans la maison.
On lance une machine de linge.
On regarde des clips à la télé, pas encore réveillée, la bouche ouverte devant la souplesse de Madona ou les déchirements de Chimène Badi.
On corrige un paquet de copies et c'est bon de savoir qu'après, il ne faudra pas courir pour les rendre aux élèves.
On se fait un thé rouge, une théière pleine pour avoir le temps de la siffler, siroter, voir la tasse fumer sur le coin de la table.
On traîne sous la douche, toujours trop chaude, même depuis qu'ils ont changé le chauffe-eau, passer de la crême sur la peau qui tire et qui vieillit.
On prend le temps d'aller s'allonger près de lui qui dort encore, de le regarder respirer, de passer une main sur sa joue.
On lit trois pages d'un bouquin acheté il y a trois mois et on le repose.
On caresse son violon, on en tire quelques notes, on le repose et on le regarde parce qu'il a quelque chose de rassurant là, sur cette commode, comme pour dire "tu as su le faire".
On feuillette le Nouvel Obs'.
On vient ici taper quelques mots sans importance.
On ne pense surtout pas à la suite.
Et ça me trotte dans la tête depuis le premier janvier, j'aimerais avoir moins peur des gens, ces gens qui me poussent à l'intérieur de moi-même trop souvent.