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Diane Groseille
11 octobre 2005

Le côté obscur du bureau.

_criture

Hier soir, première fois depuis des années, je suis passée de l'autre côté du bureau. Ce que je me suis sentie mal ! J'ai pourtant occupé pendant des années les bancs d'écoliers, usé mes fonds de culottes, gravé les tables de mon nom pour la postérité. J'ai résisté bien plus que la moyenne aux soporifiques discours de profs. Même que le jour où on m'a dit que je pouvais m'arrèter, j'ai continué. Je traîne toujours dans ses salles qui sentent la transpiration, la réflexion et l'encre pour tableaux blancs. Je ne suis plus du même côté du bureau. Et pauvre de moi, hier soir, j'ai repris la place d'élève. Pas juste pour rigoler, pas par défi lancé par un élève cette fois. Un réel objectif que je me suis fixé et sur lequel je m'engage pour l'année. Des cours de langue qui vont me permettre de valider la mention FLE que je passe par le CNED. Pour ce qui est du choix de la langue, j'en parlerai plus tard. Abordons déjà l'énervement intense provoqué par celle qui avait ma place habituelle. On ne peut être que critique quand on connaît les ficelles.

Elle est assise à son bureau. Elle attend l'ensemble du groupe. Elle observe. Elle ne dit rien. Pas de contact. Puis le cours commence, à la minute. Elle se présente, avec un accent prononcé qui a son charme. Puis elle laisse chacun parler de soi et présenter les raisons de sa présence ici. Jusque là, tout va bien. J'attends la transmission du message. Je suis là pour apprendre, avide de savoir et de connaissances. Il va lui falloir le tableau, elle fouille les tiroirs du bureau et constate qu'elle n'a rien pour écrire. Je lui prète un de mes feutres. Elle commence à gribouiller son nom, qu'elle écrit dans sa langue. Elle continue à marmonner face au tableau, on ne comprend rien. Elle se retourne, demande de répeter. Personne. Elle continue. Elle aborde l'alphabet. Pas assez vite, pas ordonné. Elle commence puis réalise que ce n'est pas la méthode la plus claire, elle efface et recommence. Dix minutes plus tard, elle estime judicieux de nous rajouter des lignes. Effectivement, ça change tout. Elle barbouille avec ses doigts, essaye d'effacer avec la paume de sa main, laisse de longues traînées noires, elle râle et recommence son gribouillage. Le type à ma gauche s'énerve et rature son cahier tout propre-tout neuf qu'il avait acheté exprès. Elle note des lettres à côté de chaque signe, équivalent phonétique. Je lui parle de l'API, dont elle n'a jamais entendu parler. Je tombe des nues: une prof de langue qui ne connaît pas l'API. Je n'insiste pas car elle me regarde méchamment. Je voulais juste faciliter les choses. Une heure et demi comme ça. Arrive enfin la fin du cours. Elle nous annonce qu'elle ne peut pas nous donner les photocopies dont elle nous parle depuis le début parce qu'elle ne les a pas faites (bonne raison ceci dit). Une fois que tout le monde file, elle me redemande les raisons de ma présence qu'elle ne semble pas comprendre alors que je lui ai expliqué clairement. Mon voisin qui est en train de ranger ses affaires me regarde avec un grand sourire qui dit "courage" et s'éclipse. Je lui réexplique mais elle ne comprend pas. Je finis par me sauver, agacée et déçue. On va rire, je le sens...

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Commentaires
P
Bigre ! Je suis mauvaise langue de penser que tu pourrais être remboursée, cette prof n'a pas l'air de savoir enseigner à des débutants :(
Diane Groseille
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