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Diane Groseille
15 septembre 2005

Ses mots (2)

Couchée vers une heure du mat. Maux de tête, comme une perceuse-visseuse dans ma tête. Maintenant, ça va mieux. Encore des mots de ce jeune homme ce matin dans ma boîte mail. Plein de mots. Trop peut-être, trop en même temps. L'impression soudaine d'être ici observée. Je n'avais jamais eu cette sensation. Jusqu'à maintenant, je voyais toujours les visiteurs comme des personnes de passage. Mon blog comme un hall de gare. Certains passent plus souvent que d'autres, ils ont pris un abonnement. D'autres passent furtivement. Tous me voient, mais ne me regardent pas forcément. Il y en a qui se sont attardés, avec lesquels j'ai échangé quelques mots. Un retour utile. J'ai toujours souhaité ce retour, souhaité que ce blog soit un point accueillant. Mais là, ces mots changent les règles du jeu. Mon hall de gare se transforme en une vitrine devant laquelle on va vraiment s'arrèter, observer chaque détail... Je me sens momentanément épinglée comme un papillon à chaque fois que je tape des mots ici. Je ne sais pas s'il comprendra. Il est huit heures et mes classes seront au garde-à-vous dans une demi-heure. Il faut que je me sauve. J'aurais le temps de mettre des mots plus précis sur cette étrange sensation cet après-midi.

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14 septembre 2005

Message pour la prof d'anglais.

Tu parles trop
Tu n'écoutes plus personne
Et plus personne ne t'écoute

Donnez-lui quelque chose à manger
Ou bien quelqu'un à embrasser
N'importe quoi pour l'occuper
Pour l(a) faire taire sans se fâcher

Pousse-toi, laisse passer les anges
Et les modestes et les timides
Tais-toi, tu gagneras au change
Fais se remplir quand on se vide

Et ce n'est pas que ton discours
Ne semble pas intéressant
Tu parles peut-être même d'amour
Ouais, mais tu parles
Tu parles tout le temps

Tu doubles tout le monde et tu te vautres
Tu sais, c'est du pareil au même
Quand on passe à côté des autres
On passe à côté de soi-même

La Rue Kétanou, En attendant les caravanes, 2000.

***

Elle meuble la salle des profs avec ses mots. Ils viennent se glisser dans tous les espaces vides, dans les conversations des autres, entre moi et mon écran, dans les casiers et se faufilent jusque dans les couloirs. Des mots vides mais lourds malgré tout. Le divorce de sa soeur, le prix de l'essence, l'anniversaire de sa nièce, le trajet jusque chez elle, ses insomnies, son régime alimentaire, ses anciens collègues, le bruit de la photocopieuse, ses nouvelles chaussures, la dernière expo qu'elle a vue, le site internet "trop bien" où elle a trouvé de la doc... Et pire, il faut qu'elle glisse des mots anglais partout. Vous pensez ! Je la connais depuis trois semaines. Et j'aimerais tellement moins la connaître.

14 septembre 2005

Avis de recherche.

Depuis le 23 juillet, pas de nouvelles de Lily Bauer. Lily, reviens!

14 septembre 2005

Un petit con.

Jusqu'à maintenant, c'était comme sur des roulettes. Pas la moindre contrariété. Les rouages étaient bien huilés: toujours les photocops sous le bras, les copies dans les temps, des cours calculés à la minute, le sourire aux lèvres et des jeunes en face qui respirent la motivation et la bonne humeur (...).

Hier: bug. Premier couac. Nouvel arrivant. Tout petit grincement dans cette machine qui fonctionnait si bien.  Il doit avoir une vingtaine d'années. Se tient sur sa chaise comme s'il n'avait pas de colonne vertébrale. Me sourit bêtement en permanence avec ses dents pourries: foutage de gueule en puissance. Coupe la parole à tout le monde, pour, surtout, avoir le dernier mot. Chipote. Fait preuve d'une mauvaise fois sans limite. Refuse d'enlever ses lunettes de soleil prétextant qu'il s'agit de ses lunettes de vue. Et mon cul c'est du poulet? En tous cas, je vais te botter le tien mon petit gars, tu ne feras pas long feu. Pas moyen que tu m'empoisonnes une classe (dont le niveau était déjà ras des pâquerettes) avec ta petite gueule de caïd. Je vais pas jouer au flic, j'ai autre chose à foutre. Alors tu vas dégager vite fait. Ici, c'est moi le chef. Et je t'emmerde !

13 septembre 2005

Ses mots.

Deux longs messages d'un jeune homme dans ma boîte mail ce matin. Il me cherche je crois. Ce que j'écris semble lui plaire. Il croit me voir derrière des mots. Il joue aux devinettes. Il pense que ses messages me dérangent. Il ne veut pas trop en dire, ou mal dire. Il cherche ses mots. Il ne sait pas à quel point ça me touche. Je lui répondrai. Longuement sans doute. Quand j'en aurai le temps. Il le mérite. Merci.

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12 septembre 2005

Mal aux dents.

Bougon. décidément. Pourtant le soleil revient et faudrait que je mette les contrariétés de la veille au placard. Je fais tout pour. J'écoute Bogaerts: "c'est des rhododendrons, ça sent bon". Je fais des efforts. J'ai souris aujourd'hui. Plein. A tout le monde. Pour rien. Juste pour y arriver au bout du compte sans y penser, pour y croire.

D'ailleurs P.  me fait sourire. Jaune. Lui aussi il a un gros nombril. Alors il demande aux gens "comment tu vas". Il demande tout le temps, plusieurs fois par jour. Mais la réponse, il s'en pête comme de l'an douze. C'est comme un trampoline pour parler de lui. Vous remarquerez d'ailleurs, les gens, quand on leur demande comment ils vont, répondent sans même y réfléchir "ça va". Par pudeur, par politesse par économie de temps. Parce qu'on se voit mal répondre, qu'en fait, non, ça va pas fort, personne ne nous écoute, on a les impôts à payer, cette facture de gaz, plus une tune pour le plaisir, la vidange à faire et qu'en plus on est constipé (ce ne sont bien sur que des exemples). C'est plus simple de répondre "ça va". C'est plus simple quand on a pas P. en face. Parce qu'avec P., il vaut mieux raconter sa vie avant qu'il ne le fasse, ou alors se sauver vite. J'opte de plus en plus souvent pour cette deuxième solution. Et pas seulement pour P. en fait. Je fuis les gens.

Puis, oui, tiens, j'ai mal aux dents. Et merde. Vaut mieux que je la ferme.

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12 septembre 2005

Constat.

Les crevasses d'hier sur la tronche. Sale gueule. Mes paupières sont gonflées. Je voudrais les gommer et avec elles la journée passée. Ces mots acides, toute cette colère et cette déception. On ne choisit pas sa famille. Et pourtant, qu'est-ce que je les aime! Puis dans la soirée, avec Neb homme de moi, nous avons aligné des mots d'explication, encore. Je veux qu'il comprenne, je veux pas qu'on en reste là. Je ne veux pas non plus faire semblant.

Ma voisine Marie au téléphone l'autre soir. Elle me parle. Pendant exactement 26 minutes. Elle se plaint, chouine, explique sa vie pour mieux la vivre (ce que beaucoup d'entre nous font). Au bout de 26 minutes, il faut qu'elle me laisse. Elle raccroche. Je reste assise. Elle n'a pas demandé une seule fois comment j'allais. J'ai l'impression d'avoir regardé une mauvaise série à la télé.

Le nombril des gens est peut-être ce qu'ils ont de plus important. Ce qui les rattache à eux-mêmes. Mon nombril est ici. Je ne le montre pas pendant 26 minutes à mes amis.

Je me sens seule.

11 septembre 2005

Les dimanches soirs puent.

Je me sens seule ce soir.
Je me sens lourde.
Incomprise.
Trahie.
Journée pourrie.
Des tensions.
Des mots tranchants.
Des larmes.
Goût de trop de sel dans la bouche.
On se fout de moi.

Je suis sans doute faite pour vivre seule.
L'impression d'être sale.
Le regard des autres se fait de plus en plus blessant.
Leurs mots, au lieu d'apaiser me pèsent.
Et les miens sonnent creux, on ne les entend pas, on ne les comprend pas.

J'ai marché tout à l'heure, pour ne pas trop montrer mes larmes, je suis partie avec elles.
Je suis montée dans la forêt le long des chemins mouillés, gorgés.
Je souhaitais ne croiser personne.
Seule.
De plus en plus.

11 septembre 2005

Ambition.

Que celui qui n'a jamais traversé ne se moque pas de celui qui s'est noyé.

Proverbe africain.

10 septembre 2005

La première fois.

Il a été gentil avec moi. Il a peut-être vu mes mains trembler quand j'ai sorti l'instrument de sa boîte. Je n'ai pas fait grand chose. Il m'a parlé de lui, je lui ai parlé de moi. Il m'a montré comment tenir correctement mon instrument. D'après lui, pas d'archet pour le moment, pas avant deux bons mois. Et je suis tellement impatiente. Ne pas aller plus vite que la musique. Alors, jusqu'à mon prochain cours, je dois enchaîner ces mouvements, pour que l'instrument vienne se caler tout naturellement au creux de mon cou. Et cet enchaînement qui n'a en fait rien de naturel ressemble plus à une mauvaise macarena qu'à des gestes artistiques et souples. Mais je suis contente de pouvoir déjà le manipuler, en sachant que c'est juste, que c'est ma persévérance qui est mise à l'épreuve, qu'il faudra du temps. Le toucher est toujours tellement sensuel.

clavicule1


***


Fête de quartier ce week-end. La famille qui a mangé ici hier soir. Sympa. Tour en vélo en vue, même si le soleil se planque. Je suis heureuse, satisfaite d'aller au bout de certaines choses, des rêves qui se réalisent, une année qui s'annonce bien. Chut... Faut pas le dire...

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