Vol éphémère.
Assise à côté de ce thé vert qui semble jaune dans cette tasse
rose, j'ai le blues. Un peu. Une première vague de vacances qui vient
lècher mes pieds et qui se désintègre. Neb homme de moi a repris le taf
ce matin. Comme un grand, il a obéi au réveil qui a grésillé à sept
heures. Et moi, sans lui, je suis une handicapée des vacances. J'ai
encore "presque" deux semaines devant moi.
(Presque parce que
la semaine prochaine, c'est la pré-rentrée. Ouais, c'est encore les
vacances. Pour moi, ça commence quand la première sonnerie retentit et
que j'ai mes nouveaux monstres en face de moi. J'ai d'ailleurs rêvé
d'eux cette nuit. Si si, sans les avoir jamais vus. M'enfin, je mégare.)
Oui,
toute seule, je suis une handicapée des vacances. Et pourtant, mon Neb
homme de moi n'est pas du genre "prise d'initiatives" et "organisation
de journées bien bouclées"... Au contraire. Mais je ne me sens pas de
sortir seule. Pour faire quoi, aller randonner seule, aller au zoo, au
cinéma? Et oui. Pourtant, va bien falloir ma grande. Il est hors de
question que tu passes les deux semaines qui restent à te morfondre
devant la télé. En plus, regarde, le soleil revient t'encourager.
Alors, tu vas prendre ton appareil, et tu vas te balader... C'est vrai
que j'ai plein de choses à faire, de petits bonheurs à emmagasiner
encore, qui doivent, comme les autres, scintiller, éblouir...
Puis petit coup de blues aussi parce que notre
escapade est déjà si loin derrière nous, comme de petites vignettes de
BD, il en reste si peu. Quelques clichés, éphémères.
Il me reste par exemple ce soleil couchant en face de moi, qui transperce des nuages épais et la montagne, cette pente d'herbe à dévaler qui m'appelle et un jeune homme dans mon dos qui me susurre presque tendrement "et maintenant, tu vas faire un bisou au soleil". Je lance mes jambes, quelques pas encore lourds et ce n'est plus la même gravité... Le vide de plus en plus profond sous mes jambes et la puissance du vent au-dessus de moi. J'ai volé.