Traversée...
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Rimbaud, Bannières de mai.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Rimbaud, Bannières de mai.
Journée de "rien à faire", alors je traine, ici et ailleurs, je laisse des posts, des commentaires, je flane dans d'autres contrées, je me pose sur mon lit avec un livre, je me couche dans l'herbe du jardin. Cours ce soir, aucune envie. Encore à la campagne. Le vent qui entre par les portes et les fenêtres, qui soulève les voiles. J'écoute Idir et je respire. La journée d'hier aux puces m'a permis de passer du temps avec ma soeur. Nous avons beaucoup ri. Observé les gens, la diversité, les gentils et les méchants, les pressés du dimanche, les cons dans toute leur puissance aussi qui s'indignent car on refuse de leur vendre un carton de livres à un euro. Je reste sur l'image de cette dame au milieu de la foule de l'après-midi qui défile entre les stands de ce marché aux puces. Tout le monde marche, traine la patte. Elle roule, assise dans son fauteuil, poussée par un mari ou un ami. Eux deux respirent le bonheur. Ses yeux ont tellement ri qu'elle en a les marques. Je la trouve jolie car on voit son bonheur. Et tous ces cons debout qui ralent et s'engueulent et froncent les sourcils auraient bien besoin d'un bon pied au cul.
La semaine repart. Eternel recommencement. Il n'en reste que trois maintenant avant ce mois de vacances. Je réfléchis de plus en plus à la signature du contrat pour l'année à venir. Je ne sais pas si c'est ma place, si j'arriverais à m'y épanouir. Faut encore que j'aille acheter de la confiture (dans cette petite boutique perdue dans la forêt où il font de la confiture avec tout) pour envoyer un pot à Nico qui me l'a demandé au téléphone l'autre soir. Gros pot framboise-groseille (pas très original pour le coup). Plus dans le colis le petit truc insolite qui devra rentrer dans le pot quand il sera vide. C'est le défi.
Vous connaissez l'écriture automatique? Mais pourquoi danser comme ça et se poser autant de questions dans le brouillard de la vie? Je ne sais plus pour ma part si je vis pour écrire ou si j'écris pour vivre mais ce que je sais, c'est cette interdépendance entre les deux. Les mots sont comme une drogue acidulée dont la consommation me rassure, me soulage, me stimule. Alors parfois, trop souvent, je me demande dans le feu d'une action, quels mots je vais utiliser pour retranscrire ce que je vis. Quel mots seront les plus justes et les plus percutants pour qu'en les relisant dans le temps, je puisse ressentir ce que j'ai ressenti alors. C'est surtout ça qui est important. Et voilà des années que cette obsession me poursuit. Au point souvent de m'en vouloir de tant de futilité et surtout de passer à côté de la nature même des choses, la peur de ne pas vivre à 100%. Je vis donc les événements pour les raconter après? Je suis dans une fiction? Si c'était le cas, ma vie serait terriblement creuse et c'est bien le contraire, je la sens pleine à éclater, gonflée et tumultueuse. Tout ce que je vis est plein et fort. J'accorde de l'importance à chaque détail.
J'avais sept ou huit ans quand j'ai commencé à noter les choses. Besoin déjà alors d'organiser les idées, de mettre mes souvenirs en ordre par peur de les oublier. Je collais dans mes cahiers des images, des fleurs et j'écrivais des recettes de gateaux. Il fallait cacher le trésor des yeux curieux de la petite soeur particulièrement intriguée.Il y avait beaucoup de "et puis" et de "et alors". Peu d'impressions, surtout des chronologies. Plus tard, avec les jours difficiles de l'adolescence et des premiers amours déçus, mon journal était le refuge des tristesses que l'on pense insurmontables et cruelles. J'y collais les billets de train, de concerts. Jamais de photos. J'y mettais des dates précises, les lieux et les heures, le temps aussi qui joue tellement dans mes jours à cause de la lumière. Aujourd'hui, mon cahier est toujours un Clairefontaine, il me faut cette aisance de la plume sur le papier pour cela. (Pour le reste, la correspondance, les nouvelles, les textes, je me contente de tout: le dos d'une enveloppe, un cahier de brouillon, le verso d'une photocop'...). Je n'y colle plus grand chose. Il y a toujours une régularité. Je n'y dis presque plus "je". Ellipse. Puisque je sais que c'est moi et que personne ne lira.
Depuis plus d'un mois, j'écris ici. Je ne savais pas trop au début ce que je venais y chercher, ce que je pouvais trouver en plus. Au fil des semaines, je trouve une autre fluidité, j'apprivoise le clavier et je développe une aisance que je n'avais pas au début. Ma seule trouille: voir mes écrits disparaitre. Tous mes cahiers sont dans un lieu sure, mais qu'en est t-il des ces mots ici?
OUI? JE SAIS, c'est pas l'heure, et alors?! Quand on me demande à Noël, je ne sais jamais que répondre.... Alors, comme ça, je me prépare... Père Noël, j'aimerais:
Je cherche, mais je vois rien de plus pour le moment père Noël et je me dis que finalement, j'ai vraiment pas de quoi me plaindre, je suis heureuse et j'ai tout ce qu'il me faut...
[LISTE POUVANT ETRE COMPLETEE A TOUS MOMENTS]
* objet d'une prochaine liste: tout ce que j'ai jamais le temps de faire... Je l'avais jamais dit? J'adore faire des listes, ça me rassure, me demandez pas pourquoi.
Ménage. J'ai rangé mon antre. Demain, souerette et frèrot et moi, on fait un marché aux puces alors, j'ai vidé les plaquards. C'est la première fois que je fais ça. Et comme ça fait huit ans que je vis ici, les babioles ont eu le temps de s'entasser et de prendre la poussière. C'est ma voisine M. qui se fout toujours de moi quand je cherche un truc, je garde tout / je jette rien, alors quand faut fouiller au fond des placards, c'est une expedition. J'ouvre des tiroirs et je passe des heures à dépoussièrer des bricoles que je n'avais pas prises en main depuis des années. Dans la salle de bain, j'ai trouvé un flacon de parfum, tout collant, que je mettais quand j'étais en Martinique. Stupidement, je l'ouvre et je colle mon museau dessus. J'en ai eu sur la peau et depuis, pas moyen de me sortir l'odeur du pif. Un mélange de pomme et de cannelle, dixit l'étiquette, moi je dirais plutôt désodorisant pour les toilettes. Comment ai-je pu mettre un truc pareil?
Donc voilà, quatre gros cartons qui trônent au milieu du loft. J'hésite à embarquer de vieux magasines, des disques et des bouquins... C'est que ça va faire lourd, et que j'ai quand même quelques étages à descendre.
Je regarde autour de moi. Ce rangement me fait réfléchir. Neb et moi avons parlé de déménagement. Pour me rapprocher de mon lieu de travail. Pour commencer sur une nouvelle base tous les deux. Pour du plus grand ou mieux agencé en tous cas. Faut dire qu'ici, y'a trop de passé. Quantre ans avec le Furet, puis quatre ans de célibat endurci. Difficile après de faire de la place à un nouveau venu. Bien entendu, j'adore cet endroit. La lumière qui entre en entier. La hauteur du plafond. Les pouttres partout et le parfum de bois qu'elles dégagent. Les souvenirs que j'ai ici. La vue sur les toîts de la ville qui ressemblent à un décor théâtral...
Il faut que j'y pense encore, surtout pas qu'il me brusque, je suis trop attachée à ce lieu pour qu'on me force la main. J'aimerais un appartement plus grand, avec plusieurs pièces. Ici, c'est immense mais pas de murs. Un peu de verdure aux alentours aussi, pas plein centre ville. Des murs blancs et des grandes fenêtres. Oui, de la lumière....
C'est vrai, j'ai pas vraiment pris le temps de me présenter. Je suis arrivée ici, j'ai trouvé ça plutôt douillet et je me suis installée comme si y'avait personne autour alors que niveau voisinage, ça ressemble à une plage de Saint-Trop' un jour de juillet. Ceux qui lisent comprennent pas tout. Je pourrais dire "je m'en fous, je n'écris pas pour les autres", mais si c'était le cas, je me contenterais de quelques pages sur word.... Alors je vais essayer d'être polie et de dresser au fil des jours un portrait de moi à travers mes posts en donnant davantage de détails sur ma vie. On arrète de la jouer perso!
Si j'en viens à ça, c'est parce que j'ai déjà eu de nombreuses questions sur mon emploi, qui, il faut le dire, me perturbe les derniers temps. Je ne suis pas prof de français. Je suis formatrice indépendante. J'enseigne plusieurs matières, à plusieurs niveaux et le domaine d'intervention numéro un est la méthodologie. Et forcément, comme je le fais remarquer à Nushy, dans cette polyvalence, je n'atteins aucune perfection. Je touche à tout. En ce moment, j'enseigne effectivement le français, l'histoire et la géographie, mais dans le cadre particulier d'un établissement privé à enseignement spécifique (j'entrerai pas dans les détails). J'ai jamais voulu passer de CAPES ou autre diplôme qui m'aurait ouvert les portes magiques de l'éducation nationale. [Je sens le coup de gueule qui revient] En effet, je ne vois pas l'intéret de trimer plusieurs années sur la préparation d'un concours qui va vous envoyer loin de votre chère région le temps de faire vos preuves sur un poste en ZEP que personne ne veut. Je ne vois pas l'intéret d'emmagasiner des connaissances en ancien français ou en latin pour faire la flicaille dans une classe de 5eme parce que les parents ne savent plus ce que signifie l'éducation, et n'ont même plus aucune notion de ce qu'est la politessse et que, du coup, les enfants se fondent dans un moule. Je ne veux pas être dépendante du ballets incessants des changements de gouvernements qui s'accompagnent de réformes plus novatrices les unes que les autres, pondues par des gens qui n'ont jamais vu à quoi ressemblait un élève de 4eme. Non, je ne veux pas des presque quatre mois de vacances. Je ne veux pas non plus entendre les syndiqués en salle des profs râler à longueur de journée parce que le rectorat ou le ministère sont "que des cons". Je ne veux pas travailler aux côtés de gens blasés, planqués, frustrés, qui ressortent chaque année les mêmes photocopies et qui comptent leurs jours jusqu'à la retraite. Je ne veux pas considérer les élèves comme une "classe", mais comme des individus, qui ressentent des choses, qui ont une vie en dehors de la salle dans laquelle on intervient.
[Je souffle]
Alors, j'enseigne un peu partout. Mes journées ressemblent à un puzzle dont je cherche les pièces aux quatre coins du département. Si je parle si froidement de l'éducation nationale, c'est que j'y ai fait des remplacements plusieurs années (et j'y ai rencontré des gens géniaux, contrairement à ce que les lignes là-haut pourraient laisser entendre). Maintenant, j'ai donc un poste dans un établissement un peu particulier, à mi-temps. Et je donne des cours à des jeunes en rupture de scolarité, pour raisons médicales ou psy. Je donne des cours particuliers classiques aussi. Et j'aime beaucoup le rapport qui peut se développer dans ces conditions: la confiance et le respect (que l'on peut obtenir dans une classe aussi bien entendu). Je fais en quelques sortes ce que des gens ont cru inventer il y peu de temps et qu'ils ont baptisé coaching (z'auraient pas pu trouver un mot français). J'encadre des enfants, des jeunes et des adultes, je leur redonne les moyens de se sentir en confiance. Cours de methodo, d'expression orale, écrite, cours de théâtre, etc... Mais je recherche toujours autre chose. Ma quète? Un établissement, un contexte, dans lequel l'enfant, le jeune, est considéré comme une personne et non un pion, avec tout le potentiel qu'il peut avoir, tant emotionnel que manuel ou intellectuel. Un contexte dans lequel le prof n'est pas considéré comme celui qui fait règner l'ordre et qui applique des règles, mais comme quelqu'un qui transmet un savoir, dans un cadre de respect et de partage ("j'ai aussi quelque chose à apprendre de vous, je ne suis pas Dieu").
Je ne crache pas sur le systême scolaire actuelle (quoique...). Il est ce qu'il est et j'ai rencontré des gens merveilleux qui avaient réussi à y trouver leur place et à s'y épanouir. Je trouve juste que ce n'est pas ma place et que ce systême n'est pas adapté à beaucoup, dont on ne tient pas compte et qui vont être catalogués "échec scolaire". Aujourd'hui, du haut de mes 26 ans, je cherche donc à m'épanouir. Le cadre dans lequel j'évolue actuellement ne me le permet pas. J'étouffe. On me demande de mettre à execution un règlement carcéral avec lequel je suis en total désaccord. J'assiste tous les jours à des scènes de conflits entre élèves et "supérieurs" pour des raisons de discipline ou d'autorité. Les cris me fatiguent. Et je suis presuadée que cette ambiance n'est pas de la responsabilité des élèves (dont l'éducation est bien souvent "en pointillé") mais bel et bien celle de la direction.
Alors pour le moment, ça continue encore et encore, c'est que le début d'accord, d'accord.
Ouais, je me dis le temps passe. Non, pas gratuitement comme ça. En fait, je me sens de plus en plus incrustée de principes. Mon insouciance fout le camp. Je m'explique. Certaines choses m'énervent. Avant, je m'en balançais profondément, je m'en cognais le coquillon. Maintenant, je sens en moi des grognements, des grondements, dans certaines circonstances.
Exemples évidents: la route. Je maudis les gros tas pêtés de tunes qui se croient invincibles et qui se fourrent les doigts dans le nez à 180 sur l'autoroute en gémissant dans leurs portables. Je méprise les mamans qui s'imaginent que la vie est comme un épisode de "notre belle famille" et qui collent leur mioche sur le siège avant sans ceinture parce qu'il a eu une bonne note à l'école (il mérite bien de traverser le pare-brise). Je déteste les gens qui pensent que le clignotant est en option sur certains vehicules. Je suis parfaitement intolérante face à ceux qui ne maitrisent pas leur voiture ou qui justement pensent la maitriser en toutes circonstances. Et, j'y viens, je mettrais volontiers ma main dans la tronche à tous ces sacs à merde qui prennent le volant en ayant bu.
Autres éléments révoltants qui me font penser que je prends un bon "coup de principe". J'ai en horreur les jeunes (j'ai moi même moins de trente ans et c'est pour ça que je me sens vieillir) qui crachent systématiquement sur tous le fonctionnement politique et social français. Je ne peux entendre sans réagir des paroles du type: "de toute façon, ils se mettent tout dans les poches", ou encore "on paye des impots pour qui?". Ces gens là, la plupart du temps, n'ont jamais débourser un centime et profitent de la sécu et d'autres avantages depuis leur naissance. Je déteste cette révolte prémachée (par des groupes ou des artistes qui ne pensent souvent qu'à faire de l'argent) contre la justice et les forces de l'ordre. Et pourtant, je suis ouverte d'esprit, consciente que certaines choses ne fonctionnent pas dans notre pays et profondément concernée par la situation sociale de ce dernier, je vote à gauche depuis que j'en ai l'occasion, même si la solution n'est peut-être pas là. Je n'aime pas du tout entendre des gens véhiculer des idées qu'ils ne comprennent même pas car ils ignorent tout de ce qui se passe autour d'eux, mais simplement parce qu'elle sont à la mode.
Il y en a encore des paquets. En bref, j'aime pas les gens qui ralent tout le temps mais qui ne proposent jamais aucune solution, facile de voir où sont les problèmes. J'aime pas ceux qui font chier leur Saint-bernard au milieu de la pelouse fleurie. J'aime pas ceux qui fument n'importe où (j'ai pourtant fumé 10 ans et la fumée ne me dérange pas). J'aime pas les gens qui crachent dans la rue. J'aime pas les porcs qui balancent leur sac Mc do après s'être goinfrés. J'aime pas ceux qui pensent tout savoir et qui utilisent des mots dont ils ignorent le sens. J'aime pas les gens qui crient, les mères qui tapent leurs gosses et les traitent comme des merdes en public (ou ailleurs). Les couples qui se claquent des engueulades en permanence ou au contraire, qui se lechouillent tout le temps
On croirait entendre Baccri. Mais faut pas croire, j'aime beaucoup de choses et beaucoup de gens, et même qu'on me dit souriante. quoiqu'il en soit, ça fait du bien de vider son sac. Essayez! ( et toutes mes "confuses" pour le peu de vulgarité)...